Chapitre 16

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Tout est irréel pour moi, voire impossible. Mon frère, mon pilier, ne peut pas être parti ainsi dans la souffrance rejoindre les cieux laissant derrière lui ses deux enfants et sa sœur.

Pourquoi sommes-nous punis de la sorte ?

Ma tristesse est telle que je n'arrive même plus à me relever du sol et de ce mur qui me paraît glacial. Depuis l'annonce de sa mort, mon monde s'est effondré , je ne suis pas prête pour affronter tout ce qui m'attends. Pourtant je vais devoir être forte. Bientôt un enterrement sera à organiser, il y aura beaucoup de chamboulement dans ma vie , mais il y a surtout cette question que je me répète inlassablement et dont je n'arrive pas à apporter de réponse.

Comment puis-je annoncer la mort à une petite fille et à un garçon de l'âge de sept et quatre ans ?

J'aimerais tant posséder cette réponse à cette heure-ci, mais je ne l'ai pas. Pourtant, je vais devoir me relever et leur dévoiler la vérité. Je n'ai plus le choix ni le temps.

De rage et de colère j'essuie du revers de ma main les dernières gouttes de mon malheur. Je me relève de ce couloir où l'odeur de la mort règne pour retrouver un brin de joie de vivre à l'extérieur.

Cameron, Thomas et Gareth sont à mes côtés, ils ne m'ont pas quitté un seul instant, suite à cette annonce. Je dois leur présenter mes excuses et à la fois les remercier d'être autant présent.

C'est en me dirigeant avec eux dans le bâtiment où sont les enfants, que je les arrête et prononce mes premiers mots depuis quelques heures.

—Je suis désolée, ne m'en voulais pas. Vous êtes des amis et un amant extraordinaire. Noah a eu raison de m'envoyer vers vous. Vous avez réussi avec succès votre mission celle de me redonner le goût de vivre et d'aimer.

— Blanche... mon ange.

— S'il te plaît, laisse-moi juste finir. Je voulais juste vous dire, de ne pas vous inquiéter . Je vais savoir être forte, Noah a su me montrer le chemin calleux semé d'embûches, où nous tombons dans la souffrance et la douleur, mais aussi qui nous aide à nous relever pour devenir encore plus fort.

— Blanche, on est présent pour toi, tu es comme notre petite sœur, bon sauf pour Cameron, m'annonce Thomas en grimaçant légèrement.

— Merci, cela me va droit au cœur. Vous êtes très précieux tous les trois pour moi, prononcé je en les serrant dans mes bras.

— Tu as terminé ? Non parce que là on est tous à deux doigts de chialer, s'exprime Gareth.

— Oui j'ai fini, encore merci les gars.

— Putain ! Viens là mon ange.

Cameron s'approche en déposant ses lèvres sur les miennes, tout en poussant les garçons qui rigolent, face à la jalousie de leur pote.

Notre baiser interrompu me voici plus que décidée à retrouver deux petites têtes brunes, mon neveu et ma nièce. Je soupire , puises tout au fond de moi, les forces nécessaires pour me donner le courage de ne pas craquer. Je demande à mes amis de venir avec moi, chose qu'ils acceptent d'un simple hochement de tête. C'est ainsi que tous les quatre, nous ,nous apprêtons à franchir la porte du bâtiment et celle de la chambre. Cependant je suis retenue par Ingrid, qui souhaite déjà me parler de la garde de Louis et Swanne.

— Je suis désolée pour ton frère, je te présente toutes mes condoléances.

— Merci, mais je ne te crois pas ! Crache plutôt ton venin.

— Je veux avoir la garde intégrale de mes petits-enfants.

Je crois qu'à cet instant, mon cœur s'arrête quelques secondes pour à nouveau se relancer dans une révolte digne des plus grands combats.

— Il en est hors de question ! M'écrié je en serrant mes doigts pour former des poings.

— Ah et que comptes-tu faire ? Répond-elle hautaine.

— Ingrid arrête ça s'il te plaît, je prendrais un avocat.

La grand-mère des enfants explose de rire. Cette femme est une vraie diablesse derrière son visage lifté . Elle sait toucher ou ça fait mal et jouer parfaitement la comédie. D'ailleurs c'est ce qu'elle est en train de faire en se moquant royalement. Je vais me la faire c'est pas possible !

— Si, je te laisse devenir la tutrice légale, tu m'interdiras de les voir. Tout comme tu as tenté à de multiples reprises de séparer Noah de Louanne.

— Ce n'est pas vrai ! Crie-t-elle en se rapprochant de moi.

— Ah oui , c'est pour ça qu'ils se sont éloignés de toi !

— Dans ce cas, tu ne me laisses plus le choix, on se retrouvera devant un tribunal.

Je l'observe me menacer de son doigt et souris intérieurement en découvrant son visage pâlir et son regard devenir ténébreux. Je hais cette femme, tout comme elle me déteste à cet instant.

— Oui certainement, bonne après midi à toi, Ingrid, insisté je.

Je lui retourne son sourire d'hypocrite, alors que je n'ai qu'une envie au fond de moi, lui sauter à la gorge. Elle a semé la zizanie tout autour d'elle. Je ne la laisserai pas reproduire ce même schéma avec les enfants. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour devenir la tutrice légale de Swanne et Louis.

— Je te jure que nous n'avons pas fini, dit-elle en passant à mes côtés en me poussant.

Je la regarde s'éloigner et reprends au fur et à mesure une contenance. Ingrid à le don de faire ressortir le plus mauvais de moi. Je peut-être fière, car j'ai réussi pour aujourd'hui à ne pas flancher.

Cette interstice passée , je me concentre à nouveau sur les enfants.

Je soupire à plusieurs reprises avant d'enclencher la poignée et d'ouvrir la porte. Cameron me retient avant que je ne la franchisse en me demandant si ça va aller.

Je lui confirme que oui et que je n'ai plus le choix de toute façon. Ils ont le droit de savoir la vérité.

— Courage mon ange.

Dans la chambre suivie de prêt de mes amis, c'est l'euphorie, je retrouve un instant, un moment de bonheur auprès de mes proches. Je ressens ce besoin vital de me ressourcer dans leurs petits bras avant de pouvoir leur expliquer la situation.

— Alors mes petits amours, comment vous allez aujourd'hui ?

— Bien tu sais qu'on peut sortir demain, s'excite Swanne en sautillant dans la pièce toute heureuse.

— Je sais ma puce, j'ai vu le médecin.

— On va pouvoir voir papa alors ? M'interroge-t-elle.

Merde! Celle-là je l'attendais pas d'aussi tôt.

— Tatie ? M'interpelle Swanne.

— Oui chérie ?

— Papa il va bien, hein ?

Je dévie mon visage légèrement sur le côté et regarde les garçons perdus et troublés par les questions posées par ma nièce. Gareth décide d'intervenir, ressentant ma détresse. Il lui demande de venir lui faire un câlin, mais notre petite princesse préfère voler dans les airs, Gareth se prend au jeu, il la prend dans ses bras et fait tournoyer Swanne qui éclate de rire. Je souris face à ce spectacle et à tant d'insouciance . Mais la réalité me rattrape en observant Louis emmitouflé dans les bras de Thomas. Son visage dévoile sa peine, ses yeux sont larmoyant, un seul clignement de paupières et je suis sûre qu'un amas d'eau salée va s'écouler de ses pupilles bleues . La boule au creux de ma gorge que je pensais ne plus ressentir, refait soudain son apparition.

Je me rapproche de lui absorbée par ses yeux remplis de peur. Mes jambes, mes mains tremblent, ma respiration s'est accélérée et les larmes que je retenais jusqu'à présent menacent de s'écouler.

Thomas relâche Louis, puis vient se jeter à mon cou laissant échapper toute sa tristesse. Je le serre tout contre moi, mon petit bonhomme en a tant besoin.

— Louis, regarde-moi mon chéri.

Il décolle son visage pour m'observer, puis termine de m'achever, il a compris, mais comment ? Mon cœur alors est anéanti, je n'arrive plus à trouver les mots pour le rassurer. J'essaye tout de même de lui parler avec tout l'amour que je lui porte.

— Louis, je t'aime mon petit ange , je te promets que ça va aller.

— Tatie pourquoi Louis pleure ?

Avant de répondre à Swanne, je pars m'asseoir sur le fauteuil, tenant toujours fermement Louis dans mes bras. Une fois installée et avoir repris un peu le contrôle, je fais signe à Swanne de nous rejoindre.

— Écoute ma puce, maman et papa ne pourront pas venir vous voir.

— Pourquoi ?

— C'est difficile à dire, mais...papa est parti retrouver maman auprès des anges.

— Ce n'est pas vrai, tu mens, si papa était là, il te fâcherait !

— Swanne, ta tatie, te dis la vérité ton papa est parti au ciel, admirer les étoiles, le soleil et la lune avec ta maman.

Essaye de la rassurer Gareth, les yeux rougis en se mettant à sa hauteur.

— Pourquoi on ne nous a pas emmenés avec eux ?

— Ma puce vous êtes trop petits, c'est pour ça, murmuré-je la voix tressautante.

Swanne ne dit plus rien, elle quitte seulement mes bras pour retrouver ceux de Gareth. Louis prend exemple sur sa sœur pour se loger dans ceux de Thomas et moi, je me trouve collée au torse de Cameron qui me berce tout comme une enfant.

Pendant plus d'une heure, nous restons dans un silence de plomb, seules nos respirations, nos pleurs résonnent entre ces quatre murs.

Notre départ a été encore plus atroce, les gars ont su tenir le choc, mais moi… je me suis effondrée à nouveau dans le couloir en refermant la porte. J'avais cette sensation d'être une jeune femme ignoble et sans cœur car je devais laisser ma nièce et mon neveu seuls pour une nuit supplémentaire.

Fin de ce chapitre.

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