Chapitre 13

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Sept mois que je suis dans cette ville. Je retrouve de jour en jour le goût de la vie et ses plaisirs.

Mon visa a été prolongé de six mois.

Cameron, en a donc profité pour officialiser en direct, un soir de match, notre relation. Je m'en souviens encore.

Un samedi soir, au coup de sifflet final et malgré la défaite des Broncks. Cameron a quitté le terrain , pour se rendre dans la tribune où j'étais installé. Il s'est mis face à moi, a retiré son casque, il avait son sourire victorieux . Cameron m'a fixé droit dans les yeux, me montrant à travers eux, tout l'amour qu'il ressentait pour moi. Avant de conclure, par un baiser sensuel déposé sur mes lèvres, devant des milliers de spectateurs. Ce que j'ai ressenti ce jour-là était puissant. J'avais chaud, un feu intérieur prenait possession de mon corps, j'en voulais beaucoup plus, mais la foule dans le stade, me rappellai que nous n'étions pas dans notre chambre.

Il a pris par la suite, le micro d'un des journalistes pour annoncer qu'il n'était plus un homme célibataire, puisque la femme qu'il aimait se trouvait juste à ses côtés.

Noah m'avait contacté par téléphone le lendemain, pour nous féliciter. J'étais tout simplement heureuse.

Mais, voilà une bonne nouvelle, ne vient pas sans une mauvaise. Deux semaines plus tard, un jeudi matin plus précisément. J'ai reçu un appel d'Ingrid, la belle-mère de Noah, m'annonçant une très mauvaise nouvelle. Mon cœur s'est serré et broyé. Pour moi c'était tout bonnement impossible et pourtant, mon frère et sa famille venaient d'avoir un accident grave.

Les enfants selon ses dires s'en sont sortis indemnes, cependant ce n'était pas le cas pour ma belle sœur, elle est morte sur le coup. Mon frère, lui, est dans un état critique, il a été plongé dans un coma artificiel et ses jours seraient comptés.

J'ai cru à cet instant, que l'on me poignardait, tellement la douleur ressentie me compressait le ventre, je suis tombée au sol en larmes et en hurlant sous le choc de cette annonce.

Cameron est accouru pour me prendre dans ses bras, me berçant comme une enfant. Il a reprit la communication puis a raccroché, il est devenu blanc comme un linge, avant de se ressaisir pour expliquer la terrible tragédie qui venait de me toucher.

*********************

Ce lundi matin , je me trouve en compagnie des garçons, dans un avion, en direction de Bordeaux. Je suis blottie dans les bras de Cameron, qui tente de m'apaiser, mais en vain. Depuis cette annonce, rien ne va plus, mes larmes ne cessent de couler depuis trois jours, je suis vidée, exténuée.

Mon corps est épuisé, il me maintient tout juste. J'essaye de tenir le choc, en pensant à mon neveu et ma nièce. Ils sont beaucoup trop jeunes pour affronter la mort de leur mère et le coma de leur père, à tout moment ils peuvent perdre leur dernier parent et moi mon frère.

Arrivée dans le hall de l'aéroport, je suis légèrement plus calme, je reprends ma respiration au fur et à mesure, expirant, respirant . L'eau salée, qui ruisselle de mes yeux s'arrête un court instant.

Cameron ne me lâche pas du regard. Il se doute qu'à n'importe quel moment, je peux à nouveau m'effondrer. Il est plus doué que moi, pour contenir sa douleur, tout comme Thomas et Gareth. Je sais une chose c'est qu'ils se sont tous défoulés à la salle de sport plusieurs soirs d'affilés.

Dehors, un taxi nous attend à la sortie. Nous déposons nos valises dans le coffre, avant de grimper à l'intérieur. Je reprends deux à trois goulées d'air frais avant de m'asseoir et de refermer la portière.

Le temps du trajet vers l'hôtel se fait dans le calme et le silence. Cameron me sert la main en guise de soutien, je tourne mon visage légèrement sa direction et esquisse un sourire lorsqu'il dépose un doux baiser sur ma joue.

– Ça va aller mon ange, tout va bien d'accord.

– J'ai peur, tu ne sais pas à quel point, murmure- je.

– Je sais, mais Noah est un combattant. Il n'abandonnera pas ses enfants sans se battre.

– J'espère que tu as raison, prononcé je tout bas.

– Monsieur, madame, excusez-moi de vous déranger, mais vous êtes arrivés.

Nous remercions le chauffeur et on lui demande de nous attendre car nous devons nous rendre à l'hôpital.

Cameron sort les bagages de la voiture. Je me saisis de ma valise d'une main et de l'autre tient celle de mon fiancé. Nous pénétrons dans le bâtiment, il est somptueux, il y a de magnifiques chandeliers en verres suspendus au plafond, les murs sont en pierres apparentes. A l'accueil, le comptoir est en chêne avec de magnifiques rosaces sculptées, le décor est à couper le souffle.

L'hôtesse d'accueil après nous avoir demandé nos pièces d'identité, nous souhaite la bienvenue et nous remet les clés des chambres. Nous déposons nos affaires et ressortons quinze minutes plus tard.

Les véhicules prennent cette fois-ci la destination de l'hôpital. La pression monte, mes mains tremblent et ma vision se trouble. Les taxis nous déposent devant l'énorme bâtisse en béton face à nous. Cameron paye la course et nous nous dirigeons à l'entrée principale des urgences. Je m'immobilise quand je sens poindre une nausée et une douleur au ventre. Je tire le bras de Cameron en arrière, pour lui faire comprendre que je ne me sens pas bien.

– Blanche, qu'est-ce qu'il y a ? m'interroge t-il inquiet.

– Je sens que je vais vomir.

– Ok, respires mon ange et assieds toi. On va attendre un peu.

– Je n'y arrive pas.

Cameron annonce aux garçons qu'il m'emmène dans un parc verdoyant, qui se trouve à côté de l'établissement. Assise sur le banc, je vois des jeunes enfants jouer tout autour de nous. Ma nausée devient de plus en plus forte, je me lève et cours à l'extérieur. Je me retrouve devant un buisson et régurgite le peu de contenu que j'avais dans mon estomac. Cameron me tient les cheveux d'une main et me tend un mouchoir de l'autre, une fois que je me redresse.

– Je ne vais pas pouvoir y aller, c'est impossible.

– Blanche, je sais que c'est dur, mais on est tous là avec toi.

– Je ne peux pas.

– Regarde moi dans les yeux, tu en es capable, ne te laisse pas submerger par tes craintes. Penses à Louis et Swanne tes neveux ont besoin de leur tante, plus que tu ne le crois. Mon ange.. tu nous a prouvé à tous que tu étais capable de te relever. Alors je te le demande maintenant, reprends toi pour eux, dit-il d'un ton ferme.

Il a raison je dois le faire, ils ont besoin de moi .

Après avoir repris un semblant de contenance, je lui saisis la main, lâche un soupir et m'avance déterminer.

– Blanche tout va bien ? demande Thomas, qui est aussi effondré que moi.

– Oui, on y va, prononcé je déterminée.

Nous pénétrons tous ensemble, soudés comme jamais. Je pars demander des renseignements à la secrétaire d'accueil qui me demande de patienter un instant. Elle saisit le téléphone et compose un numéro. Quelques minutes plus tard, un homme d'une cinquantaine d'années, se présente à nous il est imposant, cheveux poivre et sel, des lunettes au bout du nez vêtu de sa blouse blanche.

– Bonjour, messieurs, dame, je suis le docteur Roy, c'est moi personnellement qui ai pris en charge monsieur Safred à son arrivé.

– Bonjour, merci, comment va-t-il ? demandé-je inquiète.

– Si vous voulez bien me suivre, nous allons en discuter dans mon bureau, annonce le médecin.

Nous passons un couloir avec des portes coupes feux, avant d'arriver devant une porte blanche où se trouve la plaque du chirurgien

Il sort une clé de sa blouse, ouvre et nous demande de rentrer dans la pièce.

- Asseyez-vous, je vous en prie, dit-il en indiquant les deux chaises.

Seul Cameron et Gareth restent debout, tandis que Thomas et moi sommes assis en face du chirurgien.

– Je m'excuse d'avance de ce que je vais vous annoncer, mais monsieur Safred est arrivé dans un état critique. Il souffre de multiples fractures aux jambes, au niveau des côtes, il a également de multiples contusions sur le corps et une perforation aux poumons. Nous avons fait tout notre possible pour le soigner. Nous l'avons plongé dans un coma artificiel pour lui éviter toute souffrance.

La main sur mes lèvres, j'évite de hurler. À l'entente de ces paroles, mes yeux se noient dans l'eau qui sort de mes canaux lacryniens. Je ne sais même plus quoi dire ou faire ?

Heureusement que Cameron et Gareth sont présents pour continuer cette discussion qui est atroce à entendre.

– Blanche, est-ce que tu veux poser une autre question ? demande Gareth.

Je tourne la tête de gauche à droite pour informer que non, quand soudain, je me souviens de Swanne et Louis.

– Docteur, excusez-moi, mais pouvez-vous me dire comment vont les enfants ?

– Je vous demande pardon mademoiselle ?

Je me racle la gorge ou une boule s'est logée dans le fond.

– Les enfants ?

– Ils vont bien, quelques contusions ont été constatées, mais rien de grave. Mes confrères les gardent tout de même en observation. Vous pouvez les voir si vous souhaitez ils sont dans le troisième bâtiment.

– Merci beaucoup.

Après avoir quitté le bureau du chirurgien, celui-ci nous laisse devant la chambre de Noah. Nous avons revêtu une combinaison et des chaussons, afin d'éviter la moindre infection pour Noah.

Je m'aperçois que les garçons attendent que je prenne la décision d'entrée, mais je n'ai pas assez de force mentale pour y aller maintenant. Je n'arrive même pas à articuler un seul mot distinct, je préfère pour l'instant rester assise sur le fauteuil en face de la pièce.

Cameron s'abaisse à mon niveau les mains posées sur mes genoux, il me demande si je veux y aller la première. Je fais signe que non, il m'annonce que c'est Gareth qui va entrer dans ce cas en premier.

Je lève mon pouce en l'air pour lui signifier que je suis d'accord.

A travers mes yeux vitreux, je le vois face à la porte, il hésite et après un soupir, Gareth appuie sur la poignée puis la pousse, je peux entrevoir les jambes de Noah recouvertes d'un drap blanc. Puis plus rien le battant s'est refermé. Il ressort au bout de quelques minutes, les larmes aux yeux, vient ensuite le tour de Thomas qui en ressort également dans le même état. Je ne vais pas pouvoir le voir s'ils sortent tous en pleurant.

Quand mon tour est venu, en me relevant, ma tête se met à tourner, mon corps tremble, mon cœur s'accélère, j'ai dû mal à reprendre ma respiration.

C'est pas vrai, pas maintenant !

– Blanche ! Assis toi, inspire, expire. C'est bien continue mon ange, dit Cameron affolé par mon état.

Mais je n'y arrive pas, un médecin qui passait par là, vient immédiatement me prendre en charge. Il demande ce qu'il m'arrive, mais je suis dans l'incapacité de répondre cherchant d'abord à respirer.

– Très bien, l'un de vous peut il m'aider à lever et emmener cette jeune femme dans une salle de consultation, prononce-t-il aux garçons.

Une fois arrivé à la pièce souhaitée par le médecin, on m'allonge et le docteur m'osculte, avant de se prononcer.

– C'est une très grosse crise de spasmophilie mademoiselle, je vais vous faire une injection de magnésium et vous prescrire un petit calmant, à prendre deux à trois fois par jour pendant deux semaines.

– D'accord, articulé je difficilement.

– Très bien, vous allez vous reposer ici le temps que vos vertiges et votre respiration reviennent à la normale . Une infirmière viendra vérifier dans une heure vos constantes, si tout est bon je vous conseille d'aller prendre l'air avant de rejoindre le box devant lequel vous vous trouviez.

Je hoche la tête puis ferme les yeux, tentant de réguler ma respiration.

Après le passage de l'infirmière et mettre aérée. Je me décide enfin à pénétrer dans la pièce où est Noah. Il dort paisiblement, j'ai des hauts le cœur en voyant l'état de son corps, ainsi que tous les fils auxquels il est relié. Son si beau visage est marqué par de nombreuses plaies et contusions. Des frissons d'effroi me parcourent l'échine, je n'ose même pas le toucher et m'approcher, n'arrivant tout simplement pas à croire ce que j'ai devant les yeux. Je suis en plein cauchemar. Les mains dans mes cheveux je m'assois cinq minutes reprenant mes esprits. Je dois lui parler pour qu'il se batte.

– Bonjour Noah, si tu m'entends je voudrais que tu luttes de toutes tes forces pour tes enfants, tes potes et moi. On a encore besoin de toi dans nos vies. Alors s'il te plaît, bats toi, tu dois gagner ce combat tu m'entends. On t'aime et tu n'as pas le droit de nous abandonner, finis-je par dire d'une voix entrecoupé de spasmes tout en déposant un doux baiser sur son front avant de quitter la chambre, le cœur lourd de le laisser seul.

Cameron m'observe avant de pénétrer à son tour, je croise son regard qui ne me quitte pas, il s'approche, m'embrasse puis disparaît de ma vue. Je me retrouve alors dans les bras de Thomas, nous essayons mutuellement de nous soutenir.

Dix minutes après la sortie de Cameron, nous nous dirigeons cette fois-ci vers le troisième bâtiment. Où une nouvelle épreuve m'attend, Ingrid et les enfants.

Fin de ce chapitre.

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