Le secret d'Aden

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France - Aux alentours d'Allègre.

Penny admira l'arbre qu'Aden lui désignait. Superbe et ancien, elle ne se rappelait pas en avoir déjà vu de semblable. Le jeune homme s'avança plus près du vénérable végétal. Il le saisit à bras-le-corps, colla son visage sur l'écorce rugueuse et ferma les yeux. Un sourire de joie pure illumina ses traits.

Surprise, elle contemplait cette scène inhabituelle et se sentait subitement exclue de ce moment où Aden semblait emporté dans une sorte de symbiose.

Qu'est-ce que cela veut dire ?

Alors que Penny se posait la question, une énergie provenant de l'arbre, entoura Aden. Ensuite, c'est de lui qu'émana une aura forte et douce à la fois qui se mêla à celle du vieux cèdre.

Elle comprit, intuitivement, qu'une communication s'établissait entre ces deux êtres dissemblables, cela l'émerveilla. Un vent léger se leva et agita doucement les ramures, mais aussi les cheveux bruns d'Aden. De légères effluves végétales se répandirent dans l'air.

Se parlent-ils ?

Cela l'intriguait...

Aden s'écarta légèrement de l'arbre.

— Rejoins-moi, Penny...

La voix du jeune homme, belle et chaleureuse, irrésistible, l'incita à avancer...

Il prit une de ses mains, l'embrassa, la posa ensuite sur l'écorce rugueux.

— Ferme les yeux.

Elle obéit. Un flux d'énergie douce et intime l'entoura de bien-être, elle se laissa porter et Terre-Mère lui parla...

Ce ne furent pas des mots, mais de multiples sensations qu'elle traduisit sans mal en émotion : Bonté, joie, beauté ; mais aussi, chagrin, souffrance et amère déception. Par la même, elle appelait à l'aide. Penny en fût bouleversée jusqu'au fond de l'âme. Des larmes inondèrent ses yeux et dévalèrent ses joues.

Elle fit sienne à cet instant les déchirements de Terre-Mère, prit intensément conscience que sa planète allait à la dérive et qu'il lui incombait d'essayer de la sauver. Une conscience aiguë de faire partie d'un tout l'embrasa... Le combat d'Aden devint le sien...

Cette sorte de symbiose cessa et la laissa presque... orpheline. Ses yeux s'ouvrirent, elle était comme transfigurée, Le jeune homme à ses côtés souriait. Elle n'eut qu'un mot à son adresse : "Merci".

Ils ne s'attardèrent pas plus près du Cèdre.

— À présent, où que tu sois, tu pourras communiquer avec Notre Mère.

— Vraiment ?

Il l'assura, puis demanda :

— Cela t'ennuie de me parler de ton expérience ? Quand tu t'es évanouie ?

Elle n'hésita pas vraiment. Ils continuèrent leur marche, elle raconta...

Quand elle eut terminé, il demeura de longues minutes silencieux. Le jeune couple quitta le site.

— Tu vas devoir te mettre hors d'atteinte, non seulement de ce dragon, mais aussi de l'autre créature.

— Tu penses que je ne peux pas lui faire confiance ?

— Je crois qu'elle pense agir pour le bien commun, mais surtout pour se préserver. Si mes déductions sont justes, elle n'attend plus rien de l'humanité, d'où son désir de passer cette porte. En résumé, elle a le même objectif que le dragon, même si elle n'emploie pas les mêmes méthodes.

— Je peux rester avec ton grand-père, ma grand-mère et toi à la chaumière ?

— Oui, ce pourrait être la solution, mais il y a Côme. Je n'ai pas confiance en lui non plus.

— Que pourrait-il faire ?

Là, Aden ne sut quoi répondre, puis il lui prit la main, sourit et déclara :

— Retournons là-bas, ensuite nous verrons bien.

Confiante, elle acquiesça, ils poursuivirent leur chemin.

Chaîne de l'Himalaya

Rékaël dès ses affaires récupérées ne s'attarda pas. Il ne prit même pas la peine de s'appesantir sur les ecchymoses qui constellaient son corps. C'était la preuve que l'hominidé n'avait pas retenu ses coups. Le dragon s'en fichait. Seul obtenir ce qu'il voulait, même si c'était au prix de sa camaraderie avec Votaël, lui importait.

À présent, sa priorité restait de se rendre auprès de Penny, et donc de ne pas perdre de temps. Il se retransforma rapidement, saisit entre ses griffes le talisman d'améthyste et disparut aussitôt ; il s'envola et fila en direction de l'Europe, en laissant derrière lui une amitié de plusieurs siècles s'éteindre définitivement.


L'hominidé reconnut aussitôt l'aura particulière de la licorne. Encore blessé de l'attitude du dragon, il ne ressentait guère l'envie de communiquer. Il gronda à voix haute :

— Qu'est-ce que tu veux ?

— J'ai senti ta peine, ton chagrin. Je suis désolée.

— Pourquoi ? Ce n'est pas de ta faute ?

— Eh bien... commença-t-elle à répondre. Elle se tut ensuite.

Votaël perçut sa gêne.

— Quoi ? Que se passe-t-il ?

Elle décida d'être honnête.

— Je vais te faire voir plutôt.

Elle lui montra les images des incendies ravageant l'Amazonie, de son habitat qui se réduisait comme peau de chagrin, elle lui communiqua les images de Penny, lui parla de la porte, de ses interactions involontaires avec le dragon et des desseins de celui-ci. Quand elle eut terminé, Votaël consterné s'exclama :

— Comment as-tu pu te montrer aussi égoïste ?

La licorne en resta muette de surprise et d'indignation. Il ressentit sa contrariété.

— Oh, je t'en prie, ne te drape pas dans cette colère malvenue à mon sens. Tu sais au fond de toi que j'ai raison.

La justesse des propos de l'hominidé la toucha. Cependant, elle plaida :

— Que pouvais-je faire d'autres ?

— Respecter ton serment envers Terre-mère et rester avec elle jusqu'au bout, quoi qu'il t'en coûte.

— C'est trop tard, nous ne pouvons plus la sauver, les hommes sont sourds.

— Quand bien même, tu ne devrais pas quitter le navire, c'est lâche de ta part et encore plus de mettre cette jeune fille en danger pour sauver ta vie.

Lophalia cette fois n'entrevoyait plus d'arguments à servir à l'hominidé. Celui-ci se redressa et fixa sa cabane réduite en cendres. Il soupira pour lui-même : "Et à présent, où puis-je aller ?"

— Peut-être sortir de ta retraite et puisque tu penses que j'ai mis Penny en danger, faire en sorte de la rejoindre pour la protéger, après tout n'est-ce pas ton rôle ? intervint Lophalia.

Elle conclut avant de laisser son esprit se retirer :

— Mais c'est à toi de voir.

Votaël se retrouva de nouveau seul, un petit peu moins abattu qu'auparavant. Les dernières paroles de la licorne faisaient son chemin dans son esprit. Il s'avança vers les ruines encore fumantes de son logis et commença à les fouiller...

France - Aux alentours d'Allègre.

Alors qu'ils arrivaient devant la chaumière. Aden dit à la jeune fille :

— Je ne te l'ai pas précisé, mais personne ne connait mes capacités particulières, donc...

Elle le coupa et assura :

— Mes lèvres resteront closes.

Penny conclut ce serment d'un bref baiser sur la joue du garçon. Le garçon surpris et troublé eut un petit rire nerveux. Il sembla même à l'adolescente qu'il rougissait. Il ne lui laissa pas le temps de s'appesantir sur cette impression, il l'entraîna dans la maison.

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