Chapitre 29

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            Le soleil se couchait à l’horizon quand Rune quitta la ville de Life. Roulant dans le désert qui l’encerclait, elle jura de venger sa famille de Raptel Cure-Dent. Depuis des années, elle tentait d’oublier tout ce qu’elle avait subi entre ses griffes, mais elle n’y parvenait pas. Il continuait de la harceler, de la chercher, et ses amis risquaient leur vie à cause de lui. Pas moyen qu’elle laissait passer ça !

            Sur la route, elle croisa de grands camions dont la pub sur leur cargaison montrait les paquets de cookies.

            « Pour un bonheur absolu, mangez des cookies. »

            Un slogan idiot, mais tellement vrai. Il fallait qu’elle les arrête rapidement !

            À force de rouler, elle vit la tour dont parlait Saya se dessiner à l’horizon. Impossible de la louper à la vue de son architecture. Il s’agissait véritablement d’un pic à brochette gigantesque, avec son anneau au sommet accueillant un spatioport. Elle brillait de son métal rutilant, s’élançant vers les cieux pour tenter d’en percer les nuages.

            Rune laissa sa moto à une centaine de mètres, près de containers abandonnés, puis s’approcha à pied. Elle savait qu’elle ne risquait rien, de toute façon, Raptel la voulait vivante. Elle récupéra son fusil d’assaut et le chargea. Elle retira la sécurité, puis marcha jusqu’à l’entrée marquée par un grand grillage.

            Gardée par deux hommes avec une dizaine de cure-dents implantés sur le crâne, ils la tinrent en joue en apercevant toutes ses armes.

            – Putain, t’es qui toi ?

            – Dégage où on te bute !

            Un petit sourire s’étira sur les lèvres de Rune.

            – Je suis Rune Octald. Une ancienne esclave de votre chef Raptel. Il veut me voir, alors menez-moi à lui.

            Les deux gardes se fixèrent, intrigués. Ils rièrent à gorges déployés, se bidonnant face à une telle absurdité. Ils ouvrirent la porte, sans comprendre pourquoi ils continuaient de rigoler, puis Rune mit un pied à l’intérieur de l’enceinte. Il y avait des véhicules retapés dans tous les recoins. Pourvus de pic métallique, de grillage, de canon et autres systèmes loufoques comme des enceintes partout sur un camion, les hommes de Raptel se préparaient à la guerre. D’ailleurs, des soldats la scrutaient partout autour de la tour.

            – Voilà, il est là-haut, désigna l’un des gardes en pointant du doigt la tour Brochette. Il va falloir que tu tues tout le monde, puis que tu grimpes et que tu affrontes ses généraux. Tu t’en crois capable ?

            On dirait un mauvais scénario de dessin animé. Peut-être de manga ? Ils aimaient ça faire des endroits à grimper pour affronter les généraux du méchant les uns après les autres. Elle devait vraiment faire ça ? Il suffirait qu’ils l’escortent jusque là-bas pour en terminer.

            – Vous ne voulez pas plutôt m’emmener devant lui, que je lui pète la gueule ?

            Tout le monde s’esclaffa. Rune pensait en profiter pour commencer la bataille, mais une voie résonna derrière elle.

            – Tu as besoin d’aide peut-être ?

            Rune et les deux gardes firent volte-face. Elle écarquilla les yeux en reconnaissant le visage angélique de cette jeune femme, dont les cheveux roses coiffés en deux belles couettes s’agitaient avec le vent. Un objet rattaché à son oreille, courait jusqu’à son œil gauche jusqu’à une plaque de verre, comme s’il s’agissait d’une lunette. Chloé Payet.

            – Mais… Qu’est-ce que tu fous là ? demanda Rune avec surprise.

            – Bah on vient t’aider. Heureusement que Rody est là, n’empêche… Je le remercierai avec un programme de dingue !

            Rune ne préférait pas connaître ses intentions. Mais qu’allait-elle faire toute seule face à toute une armée.

            – Hey, la bimbo, la héla un garde. Dégage !

            Un sourire machiavélique se dessina sur le visage de Chloé.

            – Je vais tous vous crever… murmura-t-elle.

            Elle tendit les mains en face d’elle. Chloé portait d’étranges gants noirs. Surgissant de derrière elle, une trentaine de drones s’élevèrent dans les cieux grâce aux mouvements de ses doigts. Lorsqu’elle comprit ce qu’elle comptait faire, Rune frappa les deux gardes et se jeta contre la voiture juste sur sa droite.

            Les hommes de Raptel voulurent se défendre, mais ils n’en eurent pas le temps. Les drones tirèrent à l’aide de leur canon. Un rideau de balles déferla sur les soldats. Alors que Chloé s’amusait à viser chacun d’entre eux, les hurlements de douleur s’emparèrent de cette base tantôt plus calme.

            – Qu’est-ce que t’attends ? cria Chloé à l’intention de Rune. Va à l’intérieur !

            Elle hocha la tête, même si elle préférait ne pas se retrouver sur le champ de tir de Chloé. Rune se mit à courir vers la grande porte face à elle. Des hommes de Raptel sortirent de leur cachette pour l’en empêcher, mais Rune utilisa son fusil d’assaut pour les tuer avant eux. Les détonations retentirent dans le désert, brisant la quiétude d’habitude omniprésente.

            Arrivée devant le battant, Rune entendit encore les cris de souffrance du gang. En se retournant, elle vit les ravages provoqués par Chloé. Néanmoins, elle vit deux personnes se rapprocher d’elle par-derrière, armées de battes de baseball.

            – Attention ! hurla Rune.

            Mais Chloé n’y fit pas attention. Après tout, deux déflagrations résonnèrent dans la plaine, puis deux balles leur traversèrent la tête. Surprise, Rune chercha d’où pouvait bien venir le tireur, mais elle ne vit personne. S’il s’agissait d’un sniper, elle ne voyait que Yuki pour porter secours à son amie. Après tout, si Chloé se battait sur Terre, le reste de l’équipe suivait.

            Rune ouvrit le battant, et investit les lieux, fusil en main. Dès qu’elle pénétra dans la tour Brochette, elle pénétra un couloir menant à un ascenseur. Surprise de ne voir personne défendre cet endroit, elle osa un regard dans les pièces sur les côtés. Des cadavres jonchaient le sol des postes de sécurités, dont les ordinateurs semblaient tous détruit. Rune fronça les sourcils. Qui avait pu faire ça ? Une fois à l’ascenseur, elle eut la surprise de le voir éteint. Elle soupira et se contenta de monter les escaliers à côté jusqu’au prochain niveau.

            Un autre couloir s’offrit à elle, cette fois-ci, extrêmement gardé. Lorsqu’ils la virent arriver, Rune eut le droit à une pluie de balles. Elle se jeta sur la porte sur sa droite, la brisant sur le coup. Elle se cacha contre le mur de la salle de réunion, attendant que les tirs s’arrêtent, mais ils ne comptaient pas la laisser respirer. Des soldats pointèrent le bout de leur nez par l’autre entrée. Rune les cribla de billes, tandis qu’ils s’écroulaient par terre dans un râle.

            Elle ne pourrait pas tenir éternellement dans cette position. Elle devait jouer de ses grenades. Elle pesta, elle qui ne voulait pas les utiliser maintenant. Elle en retira une de sa ceinture, se rapprocha de l’entrée de la pièce, prête à la jeter.

            Un coup retentit dans la cage d’ascenseur. Perplexe, elle fronça les sourcils et fixa les portes. Elle vit des doigts métalliques sortirent de l’entrebâillement, puis deux bras mécaniques les ouvrirent de force. Les battants se tordirent dans un bruit horrible, et un robot au gros ventre et à la tête ronde en sortit : Rody !

            Rune était si heureuse de le voir. C’était bien la première fois qu’elle lui sourit de cette manière. Il pencha la tête sur le côté, pensif, alors que les soldats continuaient d’attaquer.

            – Allez-vous bien ? demanda-t-il alors que les balles rebondirent sur son corps.

            – j’ai connu mieux, avoua-t-elle. Tu pourrais m’aider ?

            – Bien sûr.

            Rody fixa ses ennemis. Sans bouger, plusieurs sas s’ouvrirent sur son ventre, puis des canons en sortirent. Il tendit la main en avant et imita un pistolet avec le pouce et l’index.

            – Canon de la mort qui tue ! FEU ! hurla-t-il.

            Ses armes crachèrent des obus qui dévastèrent le couloir. Les explosions réduire en poussières tout ce qui s’y trouvait, tandis que Rune se protégeait le visage des gerbes de flammes.

            Lorsque le silence fut maître des lieux, elle osa un regard dans le passage. Tout était détruit. Le sol s’effondrait sur l’étage d’en dessous, les corps calcinés fumaient, répandant une odeur de cochon grillé dans l’air. Rune se releva, tandis que Rody rangeait son arsenal.

            – Toujours aussi efficace, dit-elle en posant une main sur l’épaule du robot.

            – Pour vous, dame Rune.

            Il tendit un petit communicateur qu’elle mit à son oreille.

            – Allo ? dit-elle.

            – Ah enfin ! hurla la voix de Bardy.

            Rune fit une grimace.

            – Tu devrais avoir honte de nous avoir laissés en arrière ! gronda-t-il.

            – C’est bon… Désolée.

            – Vas-y Rody ! ordonna Chloé.

            Rune se tourna vers lui, curieuse. Il lui mit une claque si puissante qu’elle chancela. Elle frotta sa joue douloureuse, surprise. Jamais il ne l’avait frappé.

            – Aie ! T’es dingue ! se plaignit Rune.

            – Chloé m’a dit de vous punir, admit Rody.

            – Mais pas comme ça, s’emporta Chloé. Je t’ai expliqué, il faut de la corde ou des menottes, une cravache et…

            – LA FERME ! cria Rune. Ne va pas lui donner des idées à la con !

            – Hé les filles, les interrompit Zaz. J’ai besoin de concentration. Je suis au troisième et y’a beaucoup de monde. On s’occupera tous de Rune plus tard.

            – Comment ça ? s’emporta l’intéressée.

            Elle pesta et courut vers le prochain escalier, situé au bout du couloir, déterminée à aider son ami Zaz. Rody lui emboita le pas.

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