Le sable nacré brille sous les éclats de la Lune brisée. C'est une nuit glacée qui enveloppe la désolation de la cité abandonnée. Ensevelie par les siècles passés et les volutes de silice, elle se dresse silhouette de pierre, dernier témoin de la splendeur et l'abondance de jadis. Statues érodées, colonnes écroulées, péristyles effondrés, fontaines asséchées et lui qui avance dans ces pas d'autrefois. Il se souvient...

Des rires des enfants, de l'onde claire des bassins, des colliers de fleurs parant les jeunes filles, des hommes qui riaient, plaisantaient, se disputaient aussi en vidant des chopes de bières ambrées dans les tavernes. Il croit entendre cette musique qui incitait les femmes à former des rondes. Alors, elles emportaient dans leurs joies leurs amants, et dansaient jusqu'au bout de la nuit. 

La douleur l'emporte, il souhaiterait pleurer, mais toutes ses larmes sont épuisées. Agrippée à ses doigts une montre d'argent qui, inlassablement continue d'égrener le temps. 

Tic tac, tic tac, tic tac... 

Ce leitmotiv solitaire se mêle au bruit de vent, il s'y accroche désespérément. D'autres réminiscences ; il essaye de les fuir ! Mais, elles persistent : guerre, sang, désespoir, violence, cris, cruauté, barbarie…

Le chagrin et les pleurs, et les malédictions en direction des dieux ; la cité qui sombre inéluctablement !

Tic tac, tic tac, tic tac, tic ?

La montre s'est arrêtée. Une bourrasque plus forte ; les maisons, les rues, les remparts, les anciens palais et temples disparaissent peu à peu. Lui, alors que sa bouche se tord sous une souffrance silencieuse se délite à son tour.

Ne restent alors que les assauts du sable, la brillance de la silice et les morceaux de Lune qui se voilent et s'éteignent sur l'Ether finissant... Le Temps aussi vit ces derniers instants.