"Jamais elle n'aurait cru en être capable, pourtant..."

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    "Jamais elle n'aurait cru en être capable, pourtant..." ce soir-là, elle se jeta dans le vide. Elle s'était rappelé cette citation qu'elle avait lue un jour et notée dans son agenda, un Moleskine acheté à prix d'or et totalement vierge, si ce n'était quelques rendez-vous qu'elle n'avait pu s'empêcher de noter dans son téléphone juste après les avoir écrit sur papier. Saute, et le filet apparaitra, disait-elle. Elle l'avait tout de suite adoptée car cette petite phrase un peu sotte portait un souffle qui poussait à l'action. Elle se sentait capable de tout, rien qu'en la lisant. C'était son mantra.

Un verre à la main sur le balcon du petit appartement, elle le répétait encore et encore entre chaque bouffée de cigarette. Saute, et le filet apparaitra. Malgré les battements assourdissants de son cœur qui menaçaient de déchirer son chemisier et sans doute galvanisée par l'alcool, elle se lança. Elle termina d'un coup son verre de champagne, le posa sur la table, écrasa le mégot de sa cigarette dans un pot de fleur et rentra dans le salon. 


    Un groupe dansait mollement en échangeant sourires et signes de têtes. La musique assourdissante couvrit sa première injonction. Elle reprit, plus fort, en touchant l'épaule d'un garçon d'une vingtaine d'années en chemise blanche retroussées aux coudes : « Eh, connard! ».

Il se tourna vers elle. Les lumières colorées se reflétaient sur son front humide. Ses yeux trahissaient une consommation d'alcool excessive. Il la toisa quelques secondes dans la pénombre. Son visage s'éclaira quand il la reconnut enfin.

Il sourit. « Eh, salut... ». Il ne se souvenait pas de son prénom. Elle n'en fut pas surprise mais s'en trouva d'autant plus agacée. « Tu me replaces? » Il fit une moue et secoua la tête tout en continuant à sourire benoitement, ce qui la fit sortir de ses gonds. Elle se rua vers l’iPod qui jouait sur la chaine stéréo, coupa le son et se retourna, les yeux fixes et la mâchoire serrée. Un silence aussi soudain qu'envahissant se fit dans l'appartement. « Voilà, t'entends maintenant? » 

Elle criait comme si la musique était encore là. « Regarde-moi. Regarde-moi bien. Ça ne te revient toujours pas? »

Il la fixait, interdit. Une terrible seconde s'écoula. Elle pouffa nerveusement. Les larmes envahirent ses yeux. Ses épaules s'agitèrent. Le temps semblait s'etendre indéfiniment quand tout à coup, quelque chose à l'intérieur d'elle céda. Elle aboya: « C'est moi la conne que t'as tringlé samedi dernier chez Bastien! Cette nana pétée à la vodka qui disait non mais qui n'avait pas l'air farouche. C'était moi t'entends? » Elle hurlait tandis qu'il restait coi, incapable de bouger. Comme il ne semblait pas comprendre, elle ajouta dans un cri rauque : « Tu m’as pas demandé mon avis, enfoiré. Tu m’as violée! Tu comprends ça ? » 

D'une main tremblante elle saisit alors une flute à champagne qu’elle brisa sur le bord de la table et tendit vers lui. Elle tremblait de tout son corps. Personne n’osa s’approcher. L'assistance retenait son souffle. Elle fit un pas dans sa direction, hésita un instant. Elle fit un autre pas, hésita encore. Tout à coup ses yeux roulèrent, elle lâcha le verre et s'écroula sur le flanc...

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