Chapitre 1

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L’air est humide et froid, je frissonne à moitié malgré les plusieurs couches de vêtements qui me recouvrent. Le soleil se lève doucement mais les rayons peinent à percer la masse grisâtre qui recouvre le ciel. Il doit être sept ou huit heures, je me lève difficilement les membres tout engourdis. J’ai encore dormi dans une ruelle, sur des cartons humides. L’odeur de poubelle emplit l’endroit mais je m’y suis habitué. Je regarde mon poignet, aucun appel, je m’ennuie il serait temps que je bouge, cela fait bientôt trois semaines que personne ne m’a contacté. Je vais bien trouver de l’occupation quelque part. Je jette un rapide coup d’œil par terre et dans les alentours. Ni cadavres ni personnes inconscientes, c’est rare une nuit tranquille.

J’enfile mon bonnet noir, mes cheveux sont gras, il faut que je prenne une douche, même si ce n’est pas ma priorité on va encore me faire des reproches. Je crois que je n’oublie rien, même mon téléphone est encore dans ma poche. Je mets mon sac sur les épaules et sors de l’allée pour rejoindre l’artère principale la plus proche. Il y a du monde, j’imagine qu’ils vont tous au travail, on est quel jour ? jeudi ?. Non mardi je crois. En tout cas je vais devoir me contrôler, ne pas faire de vagues sinon il va encore m’engueuler. Je me dirige vers la bouche de métro la plus proche, je trouverais bien une destination intéressante là-bas.

J’aime observer la vie grouillante du matin, il y a tellement de choses à observer, entre les embouteillages, les gens pressés sur les trottoirs ou même les employés qui s’affairent derrière les vitrines des magasins. J’aime lire les gens, par exemple cet homme dans sa belle Porsche, je pose mes yeux trois secondes sur lui.

Un…il a la quarantaine bien tassée, un costume sur mesure mais abîmé, la poche droite est trouée et le col se décolore progressivement, une montre de luxe au poignet mais elle ne fonctionne plus, arrêtée au 15 mars.

Deux …il a une alliance vieille et en mauvais état, il n’en prend pas soin, son nœud de cravate est catastrophique. Il est parti trop vite de chez lui., une très légère tache de rouge à lèvres se distingue sur sa joue, sa femme ne l’embrasse plus avec amour.

Trois…il est tendu mais ça a l’air d’être une habitude. Il a des rides saillantes et des cernes très creusés, une grosse goutte de sueur sur la tempe. Ses yeux fixent l’heure sur le tableau de bord et ses mains tapent frénétiquement sur le volant. Le quartier d’affaire est à quinze minutes dans sa direction.

Conclusion : il est dans la merde, son couple bat de l’aile et il ne fait rien pour y remédier. L’argent commence à manquer mais il n’y est pas encore habitué. Il essaye de faire bonne figure, son job le stresse, un trader de seconde zone au bord du burn-out peut-être ?

Il me fait un peu pitié, je pourrais m’en occuper.

NON, ne pas faire de vagues j’ai dit, c’est le meilleur moyen pour s’attirer à nouveau des ennuis.

Je rentre dans la bouche de métro et me dirige au hasard vers une station, prendre la ligne la moins fréquentée est la meilleure option. C’est l’heure de pointe et une inattention pourrait vite créer une catastrophe. Je me retrouve assis dans une rame sale, on doit être une dizaine à l’intérieur, une vieille ivrogne est assise dans le fond, le regard vide. Une famille monte en même temps que moi. Les deux parents se disputent à propos de leur fille. Quelques adultes allant au travail sont déjà installés ainsi qu’une personne mentalement déficiente. En me voyant entrer la plupart de ces personnes me jettent un regard noir, je ne dois pas sentir super bon après plusieurs nuits dans la rue. Le jeune handicapé me fuit du regard puis, dès que je m’assieds, s’échappe rapidement de la rame. Je ne sais pas comment ils font pour ressentir ces choses mais il vient peut-être de sauver sa propre vie. Je mets mes écouteurs et lance une musique au hasard, quelque chose de lancinant. Le métro démarre, je ne sais pas quand je descendrais mais je vais attendre de m’éloigner du centre-ville. Je ne suis pas réveillé, il ne faut pas que je me rendorme mais la tentation est trop grande, bercé par la vitesse de la rame et le rythme de la musique, mes yeux se ferment progressivement...

Il fait noir, je cours après quelqu’un, je ne distingue absolument aucune couleur à part le rouge écarlate qui goutte des blessures de ma proie et qui recouvre aussi mes mains. La poursuite est effrénée mais je la rattrape et d’un coup sec, lui brise les deux jambes. Elle essaye de ramper et, avec son regard effrayé

-LAISSEZ MOI PARTIR !...je…je ne dirais rien à la police, pitié. Je ne vous connais même pas.

Je la bloque, la bascule et m’assieds au-dessus d’elle.

-moi non plus je ne vous connais pas, je fais juste ce qu’on me demande.

Ma lame tranche sa carotide, elle s’étouffe rapidement dans son propre sang puis le silence complet s’installe.

Je me réveille en sursaut, je me suis endormi, je n’aurais pas dû. Je regarde autour de moi. Toutes les personnes de mon wagon sont étalées par terre ou sur leur siège, il n’y a plus un bruit à part celui du métro. Je prends le pouls des passagers. Sept sont morts et quatre sont inconscients, heureusement l’enfant a survécu.

Et merde, j’ai recommencé.

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