Dans ton sac

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La jeune femme s'installa sur la chaise devant son bureau et regarda devant elle. Elle approcha ses mains d’un clavier d’ordinateur. Mais la machine était éteinte et elle dut l’allumer d’abord. Quand ce fut fait, elle alla sur Internet, et se connecta à sa boite mail où elle écrivit un nouveau courrier.

Cher Sacha

Cela fait longtemps que tu n’as pas eu de mes nouvelles. Je le sais, tu ne t’attendais pas à en recevoir. Peut-être avait-tu réussi à m’oublier, même si je sais que ce n’est pas quelque chose de simple pour toi. Tu t’attaches énormément aux gens quand tu les rencontres, surtout quand c’est une fille. Ce n’est pas toi qui m’aurait quitté, ou alors il t’aurait fallu une raison vraiment importante.

Je t’ai quitté parce que je pensais que tu ne m’aimais pas pour moi. Que tu n’étais avec moi que pour coucher avec moi. Je me disais : " il va trouver quelqu’un d’autre très vite après, rebondir, comme tous les mecs". Je pensais que tu me prenais pour une merde. Aujourd’hui, je sais que je me trompais.

Cinq ans ont passé depuis que je t’ai interdit de m’approcher. Je n’ai eu aucune autre aventure amoureuse. Je ne me sentais pas prête. Je n’avais confiance en aucun garçon. J’imaginais qu’ils voulaient tous la même chose, coucher avec moi, et qu’ils se fichaient du reste. Exactement comme je pensais que c’était ce qui te motivais.

Il y à quinze jours, j’ai retrouvé un de tes sacs. Au départ, j’ai pensé que c’était peut-être à un de mes frères ou une de mes sœurs. Je l’ai ouvert et l’ai vidé entièrement sur le parquet de ma chambre. Elle contenait un livre,et deux cahiers, l’un était plus petit que l’autre, c’était plus un carnet. Il y avait aussi un crayon.

J’ai reconnu ton écriture, rapidement. Et j’ai failli m’en séparer, mais je ne l’ai pas fait. Je me suis souvenu de cette soirée spéciale chez moi entre les anciens de la classe de première. J’avais levé l’interdiction car tu faisais partie de mes camarades et je voulais tous nous réunir. Nous ne nous étions pas parlé, ce soir-là. Tu avais fini bourré et on avait dû te ramener chez toi.

Ce que tu m’as dit ce soir-là, même si c’était sous l’effet de l’alcool m’a blessée. Et j’ai de nouveau demandé que tu ne viennes plus du tout chez moi et que l’on ait aucun contact. De ce fait, tu n’as jamais récupéré ce sac. Tu le sais, je suis curieuse, tu m’avais dit que tu écrivais, mais tu gardais souvent ça pour toi.

Le carnet comportait des notes sur des lieux et des personnages. Je me suis reconnu dans l’un d’eux, ainsi que quelques membres de ta famille et des amis. J’ai ensuite entamé la lecture du grand cahier. Il y avait là, une histoire, du style de la fantasy. Comme le livre qui était aussi dans le sac.

Ce que j’ai lu, je ne l’oublierais jamais. Il m’a fallu toute la volonté du monde pour dormir, à un moment. Je voulais continuer ma lecture. Je l’ai fait, le lendemain, et j’ai continué les soirs et matins suivants, lisant pendant les repas. Ainsi, tu m’aimais à ce point-là, au point d’écrire un livre où je serais ta partenaire.

On dit qu’un auteur s’inspire de sa vie pour créer son œuvre. Tu t’es inspiré de notre histoire, du moins en partie. Dans ton texte, tu as raconté qu’on se revoyait,des mois,des années plus tard. Et qu’on redevenait amis, puis tu as fait en sorte que l’on ressorte ensemble. Le héros de ton histoire s’inspire de toi, mais celle qui est la plus proche de lui, est inspirée de mon souvenir.

Ce récit m’a fait changer d’avis, je veux te revoir, je t’autorises à revenir. Au moins, viens chercher tes affaires. Comme celle à qui tu prêtes mes traits dans ton histoire, je suis prêt à être à nouveau à tes côtés. Pas simplement en tant que simple amie, ton histoire laisse transparaître tes sentiments pour moi. Et depuis que j’ai fini ton récit, je les partages. Je veux qu’on se remette ensemble.

Je ne prenais pas la peine de signer, mon adresse lui indiquerait que c’était moi qui écrivait. Je relisais une fois le mail avant de l’envoyer. Je remis tout, c’est à dire, le carnet, le grand cahier, le livre et le crayon dans le sac.J’étais stressée, imaginant qu’il ne me répondrait jamais. Et pourtant, il l’a fait, à la fin de la semaine durant laquelle j’avais envoyé ce mail, j’eus une réponse.

Il acceptait de me revoir, et de discuter avec moi. Ce rendez-vous se passa plus que bien, et il revint régulièrement à l’appartement. Parfois, il oubliait son sac mais cela ne me gênait pas, au contraire, ça me faisait extrêmement plaisir. C’était le signe qu’il reviendrait le chercher ou qu’il comptait dormir là ce soir. Il m’autorisa à lire tout ce qu’il écrivait.

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