La Fin...

12 minutes de lecture

- Ian, attention ! Redresse !

Une frégate rongée par les flammes rase notre navette. Elle tombe en chute libre, droit dans les campagnes anglaises, s’époumonant d’un grincement de métal.

La navette se stabilise enfin. Pas trop tôt. Des chasseurs nous ont repérés et filent sur notre position. Je cède ma place à Julia et reprends les rênes.

- Tout le monde à son poste ! Ennemis en approche. Artilleurs en position !

- On n’en a pas Ian…

- Prends sa place ou c’est toi que j’envoie par-dessus bord.

Un homme obtempère. Je n’ai aucune idée de qui il s’agit. Un membre d’un autre régiment, monté en catastrophe sans doute. Je m’installe au poste de conavigateur.

La navette virevolte déjà vers la mêlée. Les renforts sont là, prenant en tenaille l’armada orientale, illuminée au rythme des obus et des fusées jaillissant de tous côtés. Une rafale embarque un de nos ailerons, une autre perce la coque. Quelqu’un hurle derrière moi. J’essaie de ne pas y prêter attention, la concentrant sur l’un des plus gros aérostats. Le deuxième après le vaisseau-amiral, flottant à son tribord. Rutilant, les flancs crachant la mort, torpillant des alliés plus massifs.

Celui-là est pour nous.

- Accrochez-vous ! crie une voix grave.

La mienne peut-être, je ne sais pas. La seule chose qui me parait clair, éclatante, se rapproche à toute vitesse. Pendant que nous louvoyons dans l’ombre d’un transporteur chargé d’éther, j’active l’éperon, qui se déplie en crissant.

- Julia, charge la coque de cet enfoiré !

- C’est… On va se tuer !

- C’est un ordre ! Charge ou je m’en charge ! Vise la cale ! On ne pourra jamais remonter, surtout avec une épave comme la nôtre.

Elle hoche la tête, tremblant légèrement. Je ne me reconnais pas. Jamais je n’ai parlé comme ça à mes hommes. Puis le monde explose.

L’instant suivant, je suis étalé au sol, au milieu de débris. Du laiton, du cuivre, un peu de diamant noir. Ça pique. Un éclat a pénétré mes côtes, rougissant mon plastron cabossé.

Je roule, gémissant. La navette a fracassé le fuselage, se délitant elle-même dans la collision. En périphérie de mon champ de vision, rougi par les vaisseaux sanguins éclatés, j'aperçois du monde. Mon régiment, enfin ce qu’il en reste, ainsi que des ennemis. Ennemis, alliés… Tous restent des hommes. Des mortels agonisant sur le plancher brisé.

Non… Pas ça… Pas encore… Ian… Ian…


Ma joue s’embrase soudainement, m’ouvrant les yeux.

Julia me surplombe, jambes écartées. Son regard est à nouveau inquiet. Mais toujours déterminé. Elle lève la main de nouveau, prête à m’en retourner une.

- Non, c’est bon. Je suis réveillé, dis-je en me relevant.

Elle soupire. Soulagement ? Agacement ? Je ne saurais dire et ce n’est pas la seule chose. Derrière elle, dans les décombres de la navette, mon régiment se relève, époussetant les débris pour certains d’entre eux. Je regarde autour de moi. Aucun moribond. Pas de mon bord en tout cas. Et d’ailleurs…

J’inspecte mon torse. De plaie il n’y a goutte, d’éclats il n’y a trace. Tapotement, mais tout va bien, juste quelques contusions. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi…

N’importe ! Nous avons réussi. Nous sommes sur le navire ennemi. Je tire mon sabre en nitrure de bore et d’un hochement de tête, je sonne la contre-attaque.

Nous nous faufilons dans les coursives, éliminant chaque individu croisé. Du plus crasseux des matelots au plus innocent des mousses. Pas de pitié en temps de guerre. J’ai préféré oublié sa signification en m’enrôlant.

Des secousses agitent l’aérostat. Quelque chose éclate sur les ponts supérieurs, suivis de cris et de détonations. Sans prévenir, l’équilibre bascule. Le sol se dérobe, s’incline comme si le dirigeable allait s’écraser. Nous accélérons, jusqu’à enfin trouver un escalier circulaire métallique. Les marches grincent de manière inquiétante. Un coup d’œil vers le haut m’apprend qu’il ne tient plus à grand chose.

De fait, nous avons juste le temps de parvenir au faux-pont où des artilleurs bataillent, que les degrés s’effondrent dans un fracas couvert par les tirs meurtriers esquintant les murs. L’un deux me laboure le bras gauche.

Il devrait y avoir quelque chose. Autre qu’un choc. De la douleur. Il n’y a rien. Rien que du rouge et des silhouettes floues se trémoussant dans la mêlée des corps.

- Harfangs, à l’assaut ! crie-je, chargeant la foule.

On me frôle. Soldats, marins, pirates. Tout est confus. Les lames tournoient, s’entrechoquent, étincelant sous les reflets du feu céleste. Je ne compte plus le nombre de fois où cette danse s’est répétée. Des dizaines, non des centaines. Au fusil, à la lame, au lance-flamme, par les cieux, sur le bitume, toujours les morts cascadaient au fil de mon avancée.

Seulement des dépouilles humides, du rouge et un pont glissant, visqueux, presque collant de raisiné et de naphte. Mes jambes me paraissent si lourdes, mes mains gourdes, pourtant je pare, j’avance et je fends. Ma vie se résume à ça. Parer, avancer, tuer, commander.

Je sens des tirs me frôler, inciser ma chair desséchée, la marquer pour l’éternité. En retour, ma lame s’abat. Je roule, attrape un pistolet pistonné et fusille la moindre silhouette. Tirer, tirer, jusqu’à ce que la fin nous sépare mon arme et moi.

Entre deux rafales, je m’arrête, aspirant l’air chaud, écœurante, dans mes poumons en feu.

Inspiration. La fureur parait si calme d’un coup dans l’immobilité. Le temps s’étiole, se suspend, effleure l’infini. Seul, enfoncé dans la pestilence et le chant des canons lointains, où les crânes par milliers tombent vers la terre. Rouge. La Terre rouge, parcourue de rigoles noires, recouverte des restes d’une humanité en décomposition.

Expiration. Mes poumons hurlent, crachent les relents toxiques que vomissent les combattants. Fin de l’éclaircie. Une paroi en zinc se gondole, s’arrache, explose au contact d’un chasseur aveuglé. Une dernière valse. Pour le beau geste.

Je bondis en arrière, cours vers une volée de marches proche, sous le fracas du métal et de la chair écrasée. Elle mène vers le pont. Je le sais. D’ici, je vois le ciel embrasé par la destruction.

Lorsque je débouche enfin à l’air libre, le vent fouette mon visage. Sans doute me ramène-t-il aussi à la raison, si tant qu’elle m’ait jamais quitté, au contraire de celle supposée gouverner le monde. Ce qu’il en reste, du moins. Car devant moi, s’étalent ses ruines incandescentes. Un orage secoué par le feu, la foudre, semblable aux vestiges d’une étoile mourante. De ciel, il n’y a plus que le nom, de Terre, seulement l’écorce pleurant sous la fission atomique.

Alors, elle est de retour… Celle qui a causé notre Chute, deux siècles auparavant, ensevelissant la belle Amérique et le cauchemar qu’elle avait engendré à l’aube d’un millénaire nouveau, sous le voile du soleil couchant. J’en lâcherais presque mes armes, si la clameur de l’affrontement n’avait pas gagné en intensité.

Une personne s’écrase devant moi. Son corps désarticulé rebondit sur le titane et glisse vers le vide. Je n’ai pas le temps d’empêcher la chute, qu’une brusque embardée penche l’aérostat.

- À BÂBORD ! TIREZ, ARRÊTEZ CE VAISSEAU ! hurle une voix rocailleuse.

Par réflexe, je me retourne. Mes yeux s’écarquillent malgré la pluie. Un zeppelin, notre zeppelin, L'Équinoxe, fonce droit sur nous, faisant fi des attaques ennemies embrasant son corps parcouru d’arcs électriques. Sans réfléchir, je m’agrippe à la première surface me paraissant la plus stable. Une de mes mains se raccroche au mât catalyseur, parcouru de nombreuses entailles et déversant des grappes d’éclairs sur le sol. Je m’y cramponne tout de même. Un grand type fait de même. Baraqué, fraîchement rendu borgne par un éclat d’obus, un bras enveloppé dans une lourde armature de métal, que son manteau déchiré laisse apparaître dans toute son abomination.

Qu’est-ce que tu es toi ?

- À TERRE ! braille le borgne de sa voix rocailleuse.

À quelques secondes de l’impact, mon regard se pose à nouveau sur ma deuxième maison. À la proue, sur l’éperon chargé d’électricité, mon capitaine mène la danse sabre en avant, sa bouche grande ouverte en un cri indistinct.

Le temps semble s’étioler. Les gouttes chargées d’acides s’écrasent au ralenti, au même rythme que les dernières navettes qui s’arrachent à la quille de L'Équinoxe. Le Capitaine Gaborit est son dernier membre d’équipage encore présent. Le premier et le dernier. L’Alpha et l’Oméga. Pourquoi cela sonne de manière aussi familière dans mon esprit ?

Un capitaine sombre toujours avec son navire. Qu’il soit du ciel ou des mers.

Était-ce lui qui m’avait dit ça, il y a de cela des années ? Je ne sais plus, ma vision se brouille, mon esprit s’embrouille, au moment où la proue s’apprête à déchirer le flanc du mastodonte. Je parviens à discerner la silhouette de mon supérieur bondir, juste avant la collision, puis la gravité disjoncte.

Le choc est terrifiant. La proue de L'Équinoxe éventre la coque endommagée ennemie dans un mugissement assourdissant. Son ballon perce puis s’embrase, explosant en un champignon éthéréen. Le pont du mastodonte se brise en deux, pendouille mollement sous les rafales de tonnerre, retenu tout juste par le ballon en proie aux flammes.

Le monde part à la renverse. Je me retrouve suspendu au-dessus du vide, mes mains glissant sur le mât, devenu épieu. Des hommes, des femmes, dévalent, hurlant le long du pont perpendiculaire à la terre, de plus en plus proche. L’engin perd de l’altitude. Une nouvelle explosion, toute en nuances céruléennes, vaporise le ballon déviant violemment ce qui reste de l’engin vers le vaisseau-amiral.

Impuissant, je ne peux que fixer la paroi blindée qui s’apprête bientôt à offrir ses boyaux cuivrés à la mère nourricière. Une seconde, une demie, moins de…

- Merde, c’est quoi ça ?! gueule le borgne, encore suspendu à côté de moi, le visage écarlate.

Des ailes. D’immenses ailes noires s’agitant au fond des nuages quasi-carmin. Une lueur bleuâtre pulse un bref instant, une micro-seconde, au milieu du chaos. Là-bas, l’œil des tempêtes m’observe, flottant parmi le chant des vagues. Des vagues de chaleur, brûlantes, roulant sous les quilles des navires en ruine.

Ce n’était pas là la dernière fois.

Rien n’était comme ça. Pas de chocs d’éléments, ni d’ogives. Seulement la pluie, le cri des armes et la fin d’une vie.

Le vaisseau-amiral est éventré, s’embrase sous l’œil du seul Roi véritable.

La fin… de tout.

Crois-tu vraiment qu’elle s’apparente ainsi ? À un ciel de feu ? Un désert de cendres ? Le souffle d’une supernova ? Et que fais-tu du Temps ? Celui que tu parcoures comme une rivière indomptable depuis l’abandon.

Cette voix... qui êtes-vous ?

Le seul pour qui tout ceci n’est qu’une douce berceuse.
Un Roi, un Dieu, un Démon oublié parmi les étoiles, sous la terre, au fond des mers, ici dans la voûte vaporeuse. En chacun de vous, jusqu’à la fin des temps. Les seuls qui vous survivront. Les seuls que tu ne pourras fuir qu’au bout de la nuit. Lorsqu’Il aura décidé d’assujettir l’infinie.

Qui ?

Ton roi.
L’arrogant voulant défaire la Seule qu’il ait jamais crainte.

QUI ?


La pluie martèle le métal. Fumée et décombres, partout, tout autour, tanguant, oscillant à chaque bourrasque.

Je suis accroupi, à la recherche d’un appui nécessaire à ma survie. Sur le pont calciné où j’ai miraculeusement atterri, les ombres s’affrontent. Pourquoi ? Pas pour survivre, car nous tombons à nouveau. Nous allons tous mourir. Pour la victoire, dernière fulgurance avant de hisser un nouveau pavillon au sein des lanternes.

- HUǑ !

Cette voix a des accents d’Orient. La gorge qui l’a modelée a fait le tour du monde pour vomir la mort sur Albion. Un rayon déchire la tempête. Bleu, étincelant, craché par la gueule du vaisseau-amiral, sous mes pieds. Au loin, l’horizon étincelle, s’illumine silencieusement d’abord, puis vient le grondement, l’onde de choc. L’aérostat s’incline, se fend, mais parvient à conserver l’équilibre précaire de son ballon miraculé.

Je creuse le titane de mon sabre. Ainsi arrimé, mon regard se perd dans l’homogenitus radioactif. Si beau et si cruel. En bas, les campagnes sont devenues cendres, braises et fléau. L’Homme n’a pas besoin de s’inventer un Dieu pour créer les calamités qu’il engendre de lui-même.

- GÒULE !

À nouveau, je me retourne. Debout sur le pont, incliné de manière inquiétante, se tient un homme, cheveux au vent. Ni grand, ni petit, banal de carrure, mais enveloppé d’un long manteau décoré d’un dragon d’or. Un autre et une femme le rejoignent, épées tirées.

- Nǐmen dūhuì sǐ ! braille le dragon, le visage déformé par la rage, tentant de couvrir le tourbillon de folie de sa voix haut perché.

Je ne comprends pas un mot de ce qu’il raconte. Les soldats éparpillés sur le pont non plus. Ou ils n’écoutent tout simplement pas. Trop occupés à faire chanter les armes pour une poignée de globules pourpres. L’un d’eux s’avance, lentement. Ses vêtements sont brûlés par endroits, au contraire de ses mains serrées autour des deux sabres maculés d’un liquide sombre et épais.

Capitaine ?

Oui, il était là. Avec nous, sur le front, comme toujours. Croisant le fer et l’éther contre son dernier adversaire. Le même qui se tient devant nous, encore…

Quelque part, quelqu’un tire, balaye le pont de rafales de plombs. Certains tombent, d’autres titubent, puis tout ce petit monde s’entrechoque. J’arrache mon sabre à l’étreinte du métal et me joins à mes alliés. J’y aperçois Julia, fière et belle, repoussant l’adversité de sa lame liquéfiée, un Verne joutant contre un colonel des airs, un type vaguement familier tirant des charges à n’en plus finir sur des grappes de pirates aveuglés par la brume radiative.

Les lames du capitaine virevoltent, contrent, frappent d’estoc sur les généraux. L’un d’eux me revient. Son bras métallique se craquèle à chaque taille du capitaine, qui bientôt le projette contre le grand mât d’un coup de botte. À côté de moi. Ma lame naturellement s’abat sur l’épaule de l’homme, qui grogne et tente de briser mon sabre.

Je me recule, lui se relève. Sa main fuse. Elle n’est que la terminaison d’un bras cuirassé. Une simple armure pour insuffler la peur. Il est tout sauf un mécananthrope.

Mécananthrope ?

D’un aller-retour, mon sabre le dessoude. D’une parade, le fait tituber et d’un coup d’estoc va lui labourer les entrailles. Fin du général.

Détonation. Une balle va s’encastrer dans ma mâchoire. À mon tour de tituber, le crâne bourdonnant, pulsant au rythme de mon pouls dépassé. Il devrait y avoir de la douleur, une chute, l’impuissance, mais ma vision est nette, claire.

C’est la fin…

Crois-tu ?

SILENCE !

- CHARGEZ ! hurle… quelqu’un

Je hurle sans doute aussi, lors que je m’élance entre les spectres. C’est tout ce que nous sommes maintenant. Des fantômes d’un temps qui n’est plus nôtre. Qui n’existe pas. Plus. Emporté par les flammes, les probabilités.

Un temps dont je ne suis qu’une chimère.

En face, mon ancien Capitaine emporte dans sa chute l’Amiral. Le Lion du Nord face au Dragon de l’Est. Tous tombent dans le néant, fauchés entre le ciel et la terre, quand la foudre frappe une fois de trop la membrane brûlée du zeppelin mère.

Je me revois. Loin dans l’avenir, mon passé, que le présent distordu compresse en une poutre incandescente sur un membre fantôme. Sur la terre, au milieu d’un brasier venu des cieux, rongeant peu à peu mes dernières forces.

Seulement, je ne suis pas sur la terre, mais en l’air. Sur un navire, un vaisseau flottant seul sous l’œil du jugement. Un œil tout grand ouvert, me fixant depuis la brume flamboyante. Ces ailes… immenses entre les nuages.

J’ai un dernier message pour toi.
Venez donc me retrouver dans les étoiles inhumées.
Pour l’apothéose.
Pour une heure d’éternité.

Quoi ?

Tu n’oublieras pas.
Personne ne peut m’oublier.

Surtout après quarante-deux années de silence.


Je ferme les yeux. Il n’y a plus que les ténèbres, leurs bras langoureux enserrés autour de ma poitrine suffocante. L’air est lourd, s’infiltre dans un organisme… le mien ? Tout est si différent. Un goût métallique, des crissements familiers, longtemps douloureux, que les ténèbres rendent presque apaisantes.

J’entends des voix. Loin… proche… survolant mon corps étendu sur une paillasse effilée. Oh, je sais, j’ai compris. De fait, l’obscurité se déchire, laisse traverser la froide lumière du bloc opératoire. La scène me parait distante, comme à travers un écran entouré d’ombre. Je connais la suite. Atroce, cauchemardesque, l’impression de revivre, mais dans une entité qui n’est pas mienne.

Je les sens se greffer à moi. Puissants, invincibles, dans un alliage tombé du firmament. Je discerne l’airain remodeler mon organisme, me priver de ma nature, m’offrir un fragment d’éternité. Tout cela aurait pu s’arrêter, si les ténèbres ne se dissipèrent pas complètement un beau soir, emportant avec elle l’identité d’une époque révolue.

Alors qui es-tu ? Ian ? Reverdin ? Aucun des deux ?

Non, je suis…

Annotations

Vous aimez lire Naethano ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0