- CHAP†TRE QUATRE -

7 minutes de lecture

« C’est comme un voleur d’espoir, la tristesse est un brigand. »

- Dooz Kawa

Namata repoussa une mèche de ses cheveux rouges en arrière en se redressant. La foule hurlait et les tambours grondaient. La jeune femme tourna sur elle même, face au public, les bras levés. Les deux combattants au sol avaient rendu leur dernier souffle. Les portes Nord et Est de l’arène se levèrent et quatre hommes armés jusqu’aux dents déboulèrent. Tous ressemblaient à des montagnes de muscle. L’un d’eux devait bien faire trois fois la taille de Namata. Leur armure était sale mais par endroit on voyait tout de même le soleil s’y refléter.

Quand les quatre hommes furent au centre de l’arène, face à la jeune femme, la foule devint silencieuse. Les tambours avaient cessés leur chant et même les oiseaux se refusaient de rompre le silence. Namata lança un regard vers l’estrade royale et attendit, son arc à la main.

Le roi mit presque une minute avant de taper dans ses mains pour lancer le début du combat. Certains auraient pu penser que c’était simplement afin de faire languir la foule.

Le premier combattant se jeta sur Namata. Il courait, son épée levée. La jeune femme lança son arc par terre et sortie son épée de son fourreau. Le bruit du métal qui s’entrechoque résonna et la foule se remit à hurler.

  • Vous ne trouvez pas tout ces combats un peu primitif ?
  • Madame, vous saurez apprécier ce genre de divertissement un jour je l’espère. Je ne sait pas comment sont les votres dans votre pays mais ici nous aimons cette arène.
  • Mais il n’y a qu’un seul survivant à chaque fois ? Les morts sont ils vraiment nécessaire majesté ?
  • Ceux qui rentre dans l’arène sont des condamnés, des voleurs, des tueurs, dans bandits de tout genre. Ils laissent donc les dieux décider de leur sort.
  • Pourtant cette dame, celle aux cheveux rouge, cela fait déjà plusieurs semaines qu’elle se bat pour sa vie non ?
  • C’est elle qui a décidé de rejoindre l’arène plutôt que d’être exécutée sur la place publique. Cela va bientôt faire trois mois qu’elle combat. Elle résiste encore….
  • Dans tous les cas c’est une mort promise… Pourquoi se rattacher tant que ça à l’espoir de vivre ?
  • Regardez la plutôt que de vous poser trop de questions qui n’ont, pardonnez-moi, pas de réponse.

La vieille dame vêtue de bleu à droite du roi baissa la tête, soucieuse. Sa majesté semblait fascinée par les combats de l’arène. Il n’en manquait jamais un seul. Et chaque jour il ordonnait à la garde blanche d’aller chercher des prisonniers, de les habiller, de leur donner une arme, et de les lâcher dans la fosse. Là où lui voyait un jeu, la dame elle contemplait avec malheur des hommes et des femmes luttant pour leur vie, en vain. Personne de gagnait jamais, sauf cette fille… Trois mois de combats acharnés pour une seule vie. Et de ce qu’elle avait pu entendre, la jeune femme se battait tous les jours sans exception. Certains aristocrates disaient même qu’elle était immortelle et que les dieux refusaient que le roi ne la tue. Et le roi, lui, semblait se délecter de ça. Il la torturé chaque jour dans cette arène. Chaque jour il la forçait à tuer ou à être tuée. C’était la loi du plus fort. Mais même les forts étaient censés périr en ce lieu. Les plus septiques et superstitieux racontaient que c’était l’endroit sur terre où le sang avait le plus coulé. Les enfants racontaient toutes sortes d’histoires de fantômes et d’esprit vengeurs qui frapperaient les plus mauvais des truands. L’arène donnait des frissons à tous, petits sommes grands. Le soir on pouvait entendre des pleurs, les dernières lamentations des condamnés. Parfois certains chantaient des prières, suppliant les dieux de leur donner la force de survivre. D’autres, trop effrayés pour le combat préféraient mettre un terme à leur jours eux mêmes. Et chaque matin on voyait un homme graver des noms sur la grande stèle à l’entrée de l’arène, les pertes de la veille et de la nuit. Chaque jour, chaque nuit se remblaient. De cet enchainement naissait une routine bien funeste. Le roi y voyait un moyen de contrôler son peuple.

Capturer, exhiber, tuer, recommencer.

Et cela faisait trois mois que Namata avait rompu cette fameuse routine. Trois mois et elle était toujours là. Mais pour combien de temps encore ?

Le roi s’avança sur son trône, passionné par la tournure que prenait le combat. Namata venait d’être envoyé valdinguer par le plus grand des quatre homme. Il était le seul qui restait encore debout. L’un hurlait encore à plein poumon, regardant ses jambes inertes à quelques mètres de lui. Le colosse grognait de rage. Lui aussi voulait vivre et il le faisait savoir. La jeune femme toussa et se releva. Elle courra, glissa dans le sable, attrapa son arc et décocha une bonne demi douzaine de flèches. Trois s’enfoncèrent dans le bouclier du Goliath, par contre trois autre finirent leur courses dans sa hanche et sa cuisse. Déstabilisé il posa un genoux à terre. Namata se jeta sur lui et réussi à se saisir de l’épée du géant. Le temps que ce dernier se redresse elle accrocha le lasso attaché à sa ceinture au manche de l’immense épée. Elle se recula et en puisant dans ses forces elle envoya voler l’épée qui se logea dans le mur Ouest de l’arène. Le Goliath courait de nouveau vers elle. Namata ne réfléchit pas, elle s’élança en direction du lasso qui pendait sous l’épée, l’attrapa et commença à grimper. Une fois l’épée atteinte elle se hissa dessus, attendit que le géant soit sous elle avant de fondre sur lui.

Dans la foule on entendit un gros bruit de fracas puis plus rien et le nuage de poussière qui s’élevait empêchait quiconque d’apercevoir si l’un d’eux était toujours en vie. Le public se réduit une nouvelle fois au silence, mais cette fois ci c’était par inquiétude. Le roi s’était levé. Lorsque la poussière se dissipa on pu enfin voir l’essor du combat. Namata était accroupie sur le géant à terre. Ce dernier avait deux flèches plantées dans ses orbites. D’un mouvement lent la jeune femme à la crinière rouge se redressa et poussa un cri qu’on aurait pu pensé sorti tout droit des enfers. La foule en frissonna. Namata hurla de plus belle, de rage. Elle banda son arc et visa le roi. Le silence semblait de plus en plus lourd. En haut des murs tous les soldats de l’armée blanches avaient soit leur arc, soit leur lance pointée sur elle.

  • IL Y A TROP DE MORT ROI ! QUAND VA TU COMPRENDRE QUE TU NE ME TURA PAS ?
  • Tu t’es bien battu petit rouge gorge.
  • ARRETE D’ENVOYER DES INNOCENTS ET VIENS M’AFFRONTER TOI MÊME ! SERAIS-TU TROP LÂCHE POUR ME TUER TOI MÊME ?!

Le roi grogna et commença à sortir son épée de son fourreau quand la vieille dame en bleu posa sa main sur le bras du roi avant de lui glisser doucement :

  • Abhinav ne tombez pas dans son jeu. Elle n’attend que ça. Si vous vous abaissez à ça tout le monde commencera à vous traiter de lâche pour essayer d’avoir votre tête. Pensez à votre femme, que penserait elle de tout ça si elle était là ?

Le roi rengaina sa lame avant de s’adresser à nouveau à la jeune fille.

  • Très bien petit rouge gorge, arrêtons tout ceci. Dis moi ce que tu veux. La liberté ? La gloire ? La richesse?
  • VOUS NE ME FEREZ JAMAIS LIBRE !
  • Très bien. Le roi s’avança et s’adressa au public toujours silencieux. LE ROUGE GORGE À GAGNÉ SA LIBERTÉ. QU’ELLE SE REPOSE CE SOIR, SE LAVE ET DEMAIN MATIN NOUS LUI ACCORDERONS LA LIBERTÉ. LES DIEUX ONT PARLÉS.
  • Majesté vous ne pouvez pas faire ça… Que va penser le peuple ? Ils ne comprendront pas. Vous n’avez pas le droit ! S’écria le chevalier derrière le roi.
  • MAIS PUISQU’UNE VIE EN VAUX UNE AUTRE C’EST SIR KLASK QUI SE PORTE VOLONTAIRE POUR PRENDRE LA PLACE DE MON ROUGE GORGE.
  • Majesté non vous ne pouvez pas !
  • Emportez le dans ses « nouveaux quartiers ».

L’homme en armure hurla pendant qu’il était emmené dans l’ancienne cellule de Namata qui restait ébahit par ce qu’il venait de se passer. Elle serait libre demain matin ? Vraiment ?

Quatre gardes s’approchèrent d’elle, suivis de trois femmes de chambre. Le groupe accompagna Namata au château pendant que la foule hurlait le surnom que le roi lui avait donné. On la fit monter les grands escalier jusqu’à un immense couloir tout de marbre blanc recouvert et fini sa route dans une chambre qui devait faire au moins cinquante fois la taille de la cellule qui fut la sienne pendant trois mois. Une des trois femme la déshabilla pendant que l’autre versa de l’eau chaude dans une baignoire. La troisième s’attela à une tache plus ennuyeuse : le nettoyage de ses armes. Le roi leur avait donné leur instruction : Namata devait être encore plus propre qu’un nouveau né et ses armes devaient sembler neuves. La jeune femme aux cheveux rouge ne disait rien et laissait une des trois femmes lui laver les cheveux. Cela faisait tellement longtemps qu’on ne s’était pas occupé d’elle. La dernière fois, sa mère était encore en vie…

La porte qui s’ouvre fit sursauter la jeune femme. Deux autres dames de chambres entrèrent avec plusieurs robes de différentes couleurs. Elles lui montrèrent une par une lui demandant laquelle lui plaisait le plus mais Namata s’excusa en leur répondant qu’elle préférait garder ses propres vêtements. Lorsque le bain fut terminé les cinq femmes laissèrent Namata dans la chambre. Quand elles partirent, la jeune femme vit que les quatre gardes étaient toujours devant la porte. Elle se dit dans un soupire qu’ils resteraient surement plantés là jusqu’au lendemain et que dormir dans un vrai lit ne lui ferait pas de mal.

La nuit commençait à tomber sur Némésis.

Un vieil homme meurt, et une jeune femme vie. Telle était la loi ici.

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