Un goût de déjà vu

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Nick

Allongé sur le canapé, je ne dors pas, malgré l’heure tardive. J’ai passé la soirée à regarder une série en compagnie de Stella. Si quelqu’un venait à me demander de quoi elle parle, je serais incapable de répondre. Les images ne faisaient que se succéder sous mes yeux sans que je ne leur prête de l’attention. Une personne retenait toute la mienne…

Tout ce qui m’importait, c’était sa présence si proche de moi. Une chance… Celle de pouvoir être à nouveau à ses côtés. J’avais envie de me confondre en excuse, de lui dire qu’elle comptait toujours pour moi. Sauf que ce n’était pas la raison de ma visite. Il y avait un moment pour tout. Ce n’était pas le bon.

Immobile, le dos enfoncé dans l’assise, je tentais d’observer les images défiler sur l’écran. Du coin de l’œil, j’apercevais les longues jambes de Stella. Je faisais de mon mieux pour me concentrer sur la série. C’était peine perdue. J’avais beau entendre le son de la télévision, je ne suivais pas l’histoire. Le silence nous entourait si l’on omettait les personnages qui parlaient. Bien loin de nos discussions enjouées d’auparavant. Pour mettre fin au malaise, Stella était partie se coucher.

À présent, je suis là. Je ne dors pas. Et elle ?

Sa proximité me travaille. Je n’ai que quelque pas à faire pour aller la retrouver. Cependant, je n’en fais rien. Elle m’accepte déjà chez elle, je ne veux pas pousser le bouchon trop loin. Je devrais être content que nous soyons dans la même pièce.

L’envie de me lever pour faire quelques pas me prend. Je me retiens. Si je l’empêche de dormir, je doute que Stella veuille encore de moi, dans son appartement. Du coup, j’agite ma jambe dans un mouvement vain pour faire disparaître l’anxiété qui grandit en moi.

Retrouver Stella me fait plaisir, mais les conditions ne sont pas les meilleures. J’aurais dû l’interroger sur les menaces pour me faire une idée de ce qu’il se passe. Tout comme j’aurais dû lui parler des changements dans ma vie. Au lieu de ça, je suis resté muet.

Comment lui prouver que je ne suis plus le même ? J’ai envie de lui montrer que je suis devenu meilleur. Que plus jamais, je ne voudrais lui faire du mal. Une partie de moi est fière du chemin parcouru alors que l’autre sait que je ne pourrais jamais obtenir le pardon.

Cependant, mon cerveau s’accorde sur un point : s’il lui arrive quelque chose, je serais incapable de l’accepter. J’espère qu’elle se sentira assez à l’aise pour travailler en ma présence. Après tout, ce n’est pas la première fois que je l’accompagne en shooting…

Je ferme les yeux. Et moi, alors ? Comment je vivrais ça ? La voir si belle, en sachant que plus jamais nous ne partagerons le même degré de proximité. Je ne serais pas honnête avec moi-même si je niais que j’ai envie de la serrer dans mes bras comme avant, de prendre sa main dans la mienne, d’embrasser ses lèvres chaudes.

Vus ainsi, nous sommes tous deux gênés par la présence de l’autre. Ça ne va pas être simple. Sauf que les raisons de cette gêne sont, pour moi, liées à mes sentiments. Si je suis ce raisonnement alors cela veut dire qu’il y a une possibilité pour qu’elle m’aime encore…

Un sourire se dessine sur mon visage à cette pensée. J’ai envie d’y croire. D’imaginer que peut-être nous pourrions retrouver la belle harmonie que j’ai brisée. Avoir de l’espoir n’est jamais une mauvaise chose. Après tout, je suis dans l’appartement de Stella en sa compagnie. Il y a une semaine, cela m’aurait paru incroyable. Même lui adresser la parole aurait été impossible. Elle ne le souhaitait pas. Pour le mal que je lui ai fait, je me devais de respecter ses volontés.

Je m’imagine encore la tenir dans mes bras… Sentir son corps contre le mien… Je rêvasse… C’est beau de se bercer d’illusions. De croire que je pourrais aller la rejoindre dans sa chambre et qu’elle m’accepterait. M’aie d’avis qu’elle me mettrait à la rue… Raison de plus pour ne pas tenter le diable.

Si je veux que les choses évoluent, je dois y aller progressivement. Par exemple, je pourrais lui préparer son petit déjeuner demain matin : yaourt à la vanille, café bien chaud et tartines beurrées avec confiture de cerise. À moins que je n’aille à la boulangerie avant qu’elle ne se réveille. Stella adore les pains au chocolat. Mais cela veut dire sortir donc la laisser seule. Pas une idée qui me fait plaisir.

En même temps, c’est bien beau de jouer les protecteurs, mais demain, je dois aller travailler. Il faut que je lui en parle, qu’elle sache que je ne bosse plus dans le monde de la nuit. Plus de discothèque, plus de bar… Nick est un autre homme.

Je me redresse sur un coude pour me retourner dans le canapé. Nick est le mec idiot qui a dit qu’il ne voulait qu’on le mette en mode lit pour dormir. Maintenant, je ne fais que m’agiter pour tenter de trouver une position confortable. Est-ce que mon cerveau espérait, inconsciemment que Stella m’invite dans sa chambre ?

À présent, je prends mon mal en patience. J’ai fait le plus difficile : le premier pas. Puisque Stella m’a accepté chez elle, nous allons pouvoir passer du temps ensemble. Des moments pour se retrouver…

Mais je digresse. Le bonheur de pouvoir la revoir et lui parler me fait croire qu’il pourrait y avoir plus entre nous deux. Qu’elle pourrait me pardonner, que nous retrouverions notre vie d’avant… Je délire… Mes actes ont des conséquences. Trop souvent, je l’ai oublié. Je voulais être celui qui vit sa vie comme il l’entend sans prendre en compte mes liens avec mes proches. J’ai blessé ma sœur, j’ai blessé ma copine… C’est beaucoup pour un seul homme. Tant de destruction pour comprendre que le problème venait de moi.

J’appuie sur l’oreiller avec ma tête. Quand j’y réfléchis, je prends conscience que j’ai agi comme un enfant au lieu de dire clairement les choses comme un adulte.

Un bâillement m’échappe. Ce n’est peut-être plus le moment de penser à tout cela. Je ne trouverais pas de solution miracle sur l’instant. D’ailleurs, mis à part revenir dans le passer pour m’empêcher de faire des conneries, je doute qu’il en existe une.

Du repos, c’est de cela dont j’ai besoin. Ça m’aidera à voir les choses de façon plus claire. Peut-être pourrait retrouver l’amitié de Stella. En tout cas, je ferais tout pour réussir.

Je rabats la couverture sur mes épaules. Allongé sur le côté, je cherche le sommeil qui m’aidera à comprendre la myriade de sentiments qui a peuplé ma journée. Après tout, la nuit porte conseil…

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