Visite impromptue

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Stella

De retour à la maison, je me suis débarrassée de mon maquillage, ainsi que de mes vêtements pour remettre une tenue plus pratique. Cette entrevue m’a vidé de toute mon énergie. Dans un soupir, je me laisse tomber sur le canapé avant de m’allonger de tout mon long dessus.

Je me sens perdue. À nouveau, j’ai envie de pleurer. Samuel a attribué ça au stress des menaces que je recevais. Ou alors, il n’a pas voulu me parler de Nick pour ne pas rouvrir des plaies encore à vif.

Pourquoi est-ce que je lui ai dit « oui » ?

Mes paupières se ferment alors que je me masse les tempes. Nick était différent. Je crois qu’il a changé. Ça n’enlève rien à ce qu’il a fait, mais savoir qu’il s’est remis en question après, me donne confiance pour le futur. Enfin… Pas un futur entre nous, juste le sien.

Des souvenirs traversent mes pensées. Le genre que je n’ai pas envie d’avoir en ce moment, alors que je suis seule chez moi. La douceur de ses caresses, le goût de ses baisers…

J’ai l’impression de me retrouver dans la même situation que lors de mon divorce avec Victorien. D’ici peu, je vais avoir des réminiscences de notre vie commune, et je vais déprimer pour deux ruptures au lieu d’une. Je suis un vrai cœur d’artichaut.

Je me redresse. Il faut que je m’occupe. Rester en boule et se lamenter, ne m’aidera pas. Pourquoi ne pas choisir une série à regarder ? J’en profiterai pour manger un yaourt à la vanille.

Prochain thème du shooting photo : je déprime en sous-vêtement. Ou comment être sexy en pilou-pilou et avec des grosses chaussettes… Je devrais vendre des calendriers sur ce thème. Je suis certaine que des gens parviendraient à trouver ça excitant.

J’ouvre mon frigo lorsque la sonnette retentit. Sans savoir pourquoi mon cœur se met à battre la chamade. Je n’attends personne. Si c’était… Je fonce dans le salon pour récupérer mon portable dans mon sac. Qui dois-je appeler ? Samuel ? Nick ?

Pour ne pas paniquer, je me force à relativiser. Il pourrait s’agir d’un voisin qui a oublié ses clés. Je m’avance jusqu’à l’interphone. Peu assurée, je décroche quand même le combiné.

– Oui ?

– Stella, c’est Nick. Je…

Il marque une pause comme s’il réunissait ses pensées.

– Je pense que c’est plus prudent que je vienne chez toi pour te protéger.

Hein ? Mais qu’est-ce qu’il me chante ?

– Tu m’ouvres ?

En tout cas, c’est bien sa voix. Je la connais assez pour le dire. Il n’a pas l’air d’être contraint, plutôt calme. Je passe la main sur mon visage et frotte mes yeux. Mes idées sont ridicules et je vire parano.

– Stella ? Tu m’entends ?

– Oui.

Tout en disant ces mots, j’appuie sur le bouton.

C’est Nick, il ne va ni m’enlever ni m’agresser. À la limite me casser les pieds, mais pas par méchanceté. Et je doute que quelqu’un l’ait soudoyé pour rentrer en même temps que lui.

Malgré tout, j’attends qu’il frappe à la porte. Un coup d’œil dans le judas m’apprend que c’est bien lui et qu’il est seul. Un tour de clé dans la serrure plus tard, il est entré.

– Qu’est-ce que tu fais là ?

– Et toi, pourquoi tu as une petite cuillère à la main ? C’est avec ça que tu vas te défendre.

Je lève les yeux au ciel.

– Non, c’est avec elle que je vais manger mon yaourt. Je te rassure, il ne menace pas ma vie.

Je m’avance dans le salon. Nick m’emboîte le pas.

– Du coup, qu’est-ce que tu fais là ?

– Je suis venu te protéger.

Mes sourcils se froncent sous le coup de l’agacement.

– Tu m’as fait peur.

Aussitôt, il perd son sourire. Je m’en veux un peu.

– Désolé… J’aurais dû t’appeler avant… Mais quand je suis rentré chez moi, je n’ai pas arrêté de penser à toi. Je ne me sentais pas de rester sans rien faire. Donc j’ai pris mes affaires, et je suis venu.

Il me désigne le sac qu’il porte en bandoulière sur son épaule. Cet accessoire ne me dit rien qui vaille. J’ai peur de comprendre.

– Tu vas faire quoi avec ?

– J’ai ramené mes affaires.

Je grimace.

– Qu’est-ce que tu entends par affaires ? Le genre « un fusil de chasse » ou le genre « mes vêtements » ?

Il me sourit.

– À ton avis ?

Mes idées se remettent en place. Nick n’a jamais eu de pistolet ou autres. C’est donc lui l’arme qui va me préserver de l’éventuelle menace.

– Nick, je n’ai pas besoin que tu me surveilles en permanence…

Il pose son sac de voyage à côté du canapé.

– Même si ça soulagerait mon esprit ?

Je préfère ne pas répondre.

– Assieds-toi. Tu veux un café ? Un yaourt à la vanille ?

– Un café, ça ira.

Si hier, on m’avait dit que je me retrouverais dans mon salon avec Nick, j’aurai ri. À présent, je suis dans ma cuisine à faire chauffer de l’eau, en baladant une petite cuillère. J’ai besoin d’une pause pour réfléchir. Trop de choses arrivent sans que je ne puisse y faire quelque chose.

Sur mon plateau blanc, je dépose les deux tasses, le yaourt. J’y mets aussi deux pommes, au cas où. On ne sait jamais.

De retour dans le salon, je m’installe à côté de Nick.

– C’est quoi ton idée ?

Autant parler franchement.

– Mon idée ?

– Tu n’es pas venu avec tes affaires pour prendre le café chez moi…

Nous échangeons un regard. Dans ses yeux, je distingue une pointe de malice.

– Je veux rester ici, pour te protéger. Au moins, la nuit…

Je prends une gorgée de café pour me calmer.

– Donc ton idée c’est de t’installer chez moi ? Nous n’avons jamais vécu ensemble, je te rappelle.

– Je sais. Mais je me fais vraiment du souci…

Il n’est pas le seul. À force d’en parler, je commence à avoir peur, moi aussi.

– Et alors ? Tu vas dormir au pied de mon lit pour me protéger ?

– S’il le faut !

Je le dévisage en secouant la tête.

– Tu seras bien installé…

Un ricanement m’échappe.

– J’aurais l’air intelligente avec toi qui dors par terre dans ma chambre.

En vérité, je tente de cacher mon désarroi par du sarcasme.

Nick posa sa main sur la mienne. Un frisson me parcourt.

– Je veux juste être certain que tu vas bien. Si jamais on te faisait du mal…

On tourne en rond.

– Bon, d’accord. Reste. Au moins pour ce soir… Le temps que je réfléchisse.

J’ai l’impression que son corps se détend lorsque je prononce cette phrase. Est-ce qu’il avait peur que je ne le renvoie chez lui ? C’est étrange. Tout ce qui m’arrive ces derniers temps l’est…

– Je voulais regarder une série, tu m’aides à choisir ?

Jambes pliées sur le côté, je m’installe confortablement. Avec la télécommande, je fais bouger le curseur. Nick me propose une série policière qui d’après lui me plaira. Je me laisse guider.

Tout semble normal. Comme avant… Comme si rien n’était venu troubler notre histoire… J’en ai la gorge nouée. Il suffirait que je me blottisse contre lui, pour retrouver l’homme que j’ai connu. Sauf que j’en suis incapable.

Nick ne fait pas de geste dans ma direction. Il reste de son côté. Quelles sont ses pensées ? Pourquoi est-il venu aussi rapidement ? Je me plonge dans la série pour oublier les interrogations qui m’assaillent.

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