Les journées se ressemblent trop, je vois du monde pourtant, enfin de temps en temps, c'est une fois tous les cinq jours. Donc le temps est long et c'est fatiguant, même Shadowcat semble morose. On s'ennuie à deux.

 Ma mère ne m'a pas appelé depuis une bonne semaine et demie, ce qui est vraiment très rare. Elle pense sûrement que je ferais mieux de trouver un boulot. Je cherche maman. C'est vrai que je ne lui ai pas dit qu'après ma déconvenue avec Crossroads je ne me suis pas remis à chercher tout de suite du travail.
 J'étais vraiment déçue et d'autant plus démotivé. J'avais envie de tout envoyer boulerpour ne penser à rien. Finalement je me retrouve dans cette situation où je n'ai pas de travail, je n'ai plus beaucoup d'argent, ça commence à craindre et moi aussi je crains.

 Je fais semblant que tout va bien, quand mamie me demande si je mange bien à l'appart, je lui répond aussitôt qu'elle n'a pas à s'inquiéter que tout se passe bien puis je ponctue le tout avec un sourire. Elle semble ravie et de la savoir apaisée ça me réjouit.

 Ca fait un moment que j'ai pas téléphoné à mon grand-père maternel, lui aussi a ses problèmes, son amie est névrosée, en bout de vie, fatiguée, triste, déprimante. Elle entraîne mon grand-père avec lui. Ca me fait de la peine pour lui. Personne ne devrait jamais être boulet pour quelqu'un qui vous a confié son coeur. Il a toujours été là pour elle, même quand elle a prit son coeur et qu'elle l'a jeté soit-disant parce qu'il n'avait pas assez d'argent.
 Tout dans la vie se paye un jour, heureusement pour elle que mon grand-père n'est pas aussi cruel. C'est sûrement une histoire de karma si tu n'as aujourd'hui plus le goût de rien. Mon grand-père est bon, et j'ose croire que la suite se passera bien pour lui... même s'il se sent incroyablement seul. Moi aussi d'ailleurs.
 J'aimerais trouver une solution pour lui, trouver l'argent nécessaire pour lui offrir une maison ou un appartement assez confortable vers chez moi ou vers chez les parents.

 On passe son temps à s'inquiéter pour les gens qu'on aime. On passe notre temps à espérer que les gens sont heureux et lorsqu'on les sait triste, alors on se sent beaucoup trop impuissant. Alors les gens, ceux que vous aimez, se disent qu'ils ne doivent rien dire de leur peine, de leurs misères. Parce qu'ils ne veulent pas que vous soyez triste à votre tour.

 Aujourd'hui y a Ro et Vi qui m'ont appelés, ils voulaient prendre de mes nouvelles. J'étais en train de bronzer allongé sur mon lit en plein soleil. Quand j'ai décroché j'étais un peu dans le flou. Mais ça m'a fait plaisir d'entendre leurs voix.
 J'avais pas grand chose à leur raconter vu qu'on s'étaient déjà eu au téléphone juste avant que leur vacances scolaire ne commencent. Les démarches de Ro concernant l'erreur de sa banque, avancent. Il devrait normalement toucher seize-mille euros, c'est une somme énorme mais quand on sait qu'il a littéralement crevé à en pleurer sur les bancs de la fac quand il avait sa mère au téléphone, cette même mère qui lui disait qu'elle n'avait pas d'argent à lui envoyer alors qu'elle s'était bien fait plaisir en piochant sur son compte depuis qu'il avait passé sa majorité.
 C'est l'une des pires choses imaginables ce qui lui est arrivé. Elle lui a tout prit sur son compte. La banque a fait mine de ne rien avoir vu, ils vont lui devoir cette somme énorme, et ils ont de la chance parce qu'il ne compte pas demander de frais en plus en portant plainte contre eux.

 Ils m'ont proposés de venir passer quelques jours chez eux dans le sud. Je suis pas du tout rassuré à l'idée de partir seul aussi loin. Je suis même terrorisé. J'ai essayé de regarder les bus ou les trains pour y aller, de façon à me dire qu'en préparant ce séjour ça serait sûrement moins effrayant. Pourtant ça ne l'est pas.
 Enfin, hier j'ai donné ma lettre de motivation et mon cv au taff de Va. Je ne sais pas du tout si j'aurais une chance d'être pris, je pense que ça risque d'être la seule option que j'ai si je veux gagner de l'argent. Et puis, si j'ai du taff, ça sera sûrement plus compliqué de partir quatre-cinq jours dans le sud.

 Demain aprem je vois Ais et Lé, j'espère qu'il va faire beau. Je suis tellement dégoûté, j'ai deux énormes boutons qui ont poussés autour de mon oeil. J'en comprends absolument pas la raison parce que je ne mange pas plus gras que d'habitude.
 Les gens de mon ancien McRo me manquent. J'ai été les voir hier aprem, c'est vous dire à quel point je me sens seul sur les hauteurs de ma ville. J'ai véritablement besoin de voir des gens. Je dirais pas que c'est vital, si ça l'était à ce point je pourrais sûrement appeler des gens histoire de leur proposer qu'on se voit plus.
 Quoique... je ne voudrais obliger personne à devoir me supporter aussi souvent. Nan, sérieusement je n'aime pas m'imposer ni même mettre les gens au pied du mur. (C'est sûrement pour ça que les personnes qui font ça me sont autant antipathiques).

 Je sais que Ais n'arrête pas de me dire que je ne l'embêterais jamais, qu'elle m'aime plus haut que les étoiles et même plus. Je suis fou de cette fille, c'est l'une de mes plus belles rencontres en vingt-quatre ans d'existence.