Se perdre

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- Allez Antony, dis-moi tout ce que tu sais.

Le dit Antony se raidit sous la poigne de Nino qui l’observait avec un air sévère. La ruelle était mal éclairée, mais bien assez pour lui permettre de voir le reflet colérique dans ses yeux.

- J’en suis sorti, Nino.
- Personne n’en sort et tu le sais. Réponds-moi.
- Si je te dis quoique ce soit, je suis perdu.
- Oh non, amore mio, tu survivras… Tu survis toujours.

Nino se pencha, tenant fermement son amant par les cheveux pour renverser sa tête avant de l’embrasser. Les choses avaient toujours été difficiles entre eux.

- Ne fais pas ça. Murmura Antony, tremblant entre ses bras, jetant des coups d’œil inquiet à l’entrée de la ruelle.

Si on les surprenait, ça finirait mal pour eux deux. Nino n’avait pourtant pas l’air inquiet, du tout. Il l’embrassa de nouveau et Antony se perdit dans sa douce odeur. Cela faisait des mois qu’il avait envie d’un tel contact avec cet homme, pourquoi fallait-il que ça arrive dans de telles circonstances ?

- Neuf disparus, Antony, tu ne peux pas faire comme si tu ne savais rien. Ils sont tous passés par ta boutique…

Antony haleta.

- Tu le sais ?
- Je sais énormément de choses.

Et son amant plaqua sa paume, large, sur son entrejambe tendue bloquée par son pantalon serré. Il haleta encore et plaqua sa main contre sa bouche pour bloquer le son. Si des badauds les entendaient et s’approchaient, ils les surprendraient dans un moment d’intimité bien plus important qu’il ne l’aurait souhaité.

- Je sais que tu aimes que je te touche…
- …
- Je sais que tu aimes l’idée que l’on puisse te voir…
- …
- Je sais que tu es en train de bander comme un âne, amore mio.

Antony gémit, parce que c’était vrai. Sans le vouloir il se frotta un peu contre sa main. Oh qu’il pouvait aimer ça.

- Tu penses que je ne remarquerais pas les liens ?
- J’espérais…
- Tous tes amis, Antony.
- Pas tous, mais presque… chuchota-t-il comme un secret faisant reculer son ancien amant d’un bond.

Nino avait compris et il le fixait de son regard noir flamboyant.

- C’est toi alors.
- Je te l’ai dit, j’en suis sorti.
- C’est toi depuis le début.

Antony détourna un peu le visage et écarta doucement les jambes dans une attitude quémandeuse. Il en voulait plus. Il avait honte mais il en voulait plus quand même. Nino revint à son contact, le plaquant un peu plus fort contre le mur sale et lui mordillant le cou dans une attitude affamée. Antony fit de son mieux pour ne pas faire de bruit, mais c’était dur, il gémissait et lorsque la morsure se fit plus franche, il poussa un petit cri. Aussitôt il se raidit pour observer l’entrée de la ruelle, attendant, le cœur battant la chamade de voir si quelqu’un allait apparaître pour surprendre deux hommes ensemble. Nino ne semblait pas s’en inquiéter, il vint mordiller le lobe de son oreille, provoquant milles frissons chez son partenaire pour lui demander.

- N’as-tu pas honte ?

La question était double mais Antony acquiesça doucement. Oui, il avait honte et plus étrange encore, ça lui plaisait.

- Où sont-ils partis ?
- Ils sont loin, Nino… C’est tout ce qui compte.

En représailles, Nino tira sur sa chemise jusqu’à en faire voler les boutons, dévoilant largement son torse glabre. Antony couina et tenta de se couvrir en urgence, mais il ne put rien faire. Son amant s’était penché sur lui et il mordillait l’un de ses tétons, jouant avec sa pointe de chair déjà durcie. Il la fit rouler dans sa bouche, en jouant avec sa langue. Il souffla dessus pour qu’elle forme une pointe encore plus raide et la reprit, la forçant à se détendre en la suçant. S’arrêtant un moment, Nino se redressa un sourire aux lèvres et demanda, malicieusement :

- Tu as dit qu’ils étaient où déjà ?
- Nino… Pas ici… On va nous voir.
- Réponds simplement à la question.
- Loin…

Il cria alors que les mains de son amant dégrafaient son pantalon. Il ne tenta pas de le retenir néanmoins, pas parce qu’il avait peur, mais parce qu’il aimait trop ça… et Nino le savait parfaitement alors il pourrait en jouer à loisir.

- Ce n’est pas bien du tout de me mentir, amore mio… Pas bien du tout. Je vais devoir te punir pour que tu me dises la vérité ?
- Nino… Nino…
- Choisis tes mots avec soin.

Ils avaient déjà joué à ça. Antony observa la ruelle, il n’y avait toujours personne… Mais ça pourrait changer, son cœur battit plus fort dans sa poitrine. C’était le moment de se lancer et il se sentait très anxieux. Il finit néanmoins par se jeter à l’eau.

- Choisis tes actes avec soin, angelo mio. Si je dis loin, tu te perdras avec moi. Si je dis nuit, tu me quitteras.

Nino grogna en comprenant le jeu et la proposition.

- Personne n’en sort.
- Neuf disparu. Pourquoi pas onze ?

Nino fixa son amant, il était sérieux, véritablement sérieux. Il ne savait pas quoi en penser, mais c’était maintenant qu’il devait choisir. Oh qu’il pouvait l’aimer, ce petit brin d’italien au regard sombre et à la peau olivâtre.

- Tu me rendras fou. Dis-moi, quel est ton mot ?
- Loin.

Antony redressa sa poitrine, l’un de ses tétons rougit, et l’observa avec toute la tranquillité du monde. C’était à son tour de répondre. Il venait de lui proposer de partir avec lui et de disparaître. A présent, il devait répondre, rentrer dans le jeu ou le briser. Ce fut dans ce bref moment d’attente qu’il comprit à quel point il pouvait l’aimer, son amant de toujours.

- Tu es très vilain. Je vais devoir sévir. Je vais être forcé de te prendre, juste là, dans cette ruelle où n’importe qui pourrait te voir te dandiner sur ma queue ou t’entendre miauler.

Antony rougit mais ne remua pas, heureux. Il était d’accord. Il rentrait dans le jeu. Il choisissait sa partition avec les conséquences que ça aurait. Nino le retourna d’un geste brusque, plaça deux fessées sur son pantalon avant de le baisser, le laissant tomber sur ses chevilles. Antony couina, sous la surprise, la honte puis le froid qui caressa son intimité. Tout se passa très vite, il couina alors que déjà, son amant se frottait à lui, utilisant son précum comme lubrifiant naturel, ajoutant un peu de salive pour améliorer les choses et bientôt le pénétrant tout en le serrant contre lui, l’empêchant de partir vers l’avant.

- Tu vois ce que tu me forces à faire ? Sortir ma queue ici ? Qu’est-ce qu’on dit, amore mio ?
- Pardon… Pardonne-moi.
- J’hésite.

Il remua plus fort, faisant couiner, gémir et haleter son amant. Antony adorait ça. Ses hanches étaient à moitié caché par les pans de la veste de Nino, mais il se sentait à la merci du premier passant et pourtant, il n’y avait personne. Il rougit en tentant d’étouffer ses gémissements.

- Que veux-tu amore mio ?
- Plus… S’il-te-plait.
- Plus ? Comme ça ?
- Oui… oui… OUI !

L’angle était parfait. Il bougeait au rythme de son amant et tout était parfait. Il jouit le premier et observa, honteux, sa semence sur le mur sombre. A l’intérieur de lui, Nino continuait de bouger à un rythme régulier, impassible.

- Plus ?
- Oui…

Oui. Le visage rouge, le regard bas, l’anus douloureux mais oui. Il aimait ça. Il fut presque déçu quand son amant jouit à son tour. Presque seulement parce qu’en remontant son pantalon, se cachant enfin, il savait que le meilleur était à venir. Nino avait choisi ses actes et à présent, ils allaient agir. Antony saisit la main de l’homme qu’il aimait et le traîna à pas vif jusqu’au club le plus proche. Dans la cave du club, ils accédèrent aux égouts de la ville. Des égouts, ils rejoignirent un lieu reculé où les attendaient une voiture volée. Au bout de la route, un camion. Après le camion, un bateau, puis à nouveau une voiture.

On n’en sort pas.
Mais parfois, on se perds et l’on disparait.

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