Le choix du roi

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Dans le grand hall, les visiteurs passaient, observant les talents de demain. Depuis que le nombre de reproducteurs potentiels avait diminué, de partout dans le monde, ce type de lieu était devenu autre chose. Un espoir peut-être.

Tout le long du mur, des paires de fesses dépassées. Autour de chacune d’elle se trouvait diverses affiches. Naniskar s’arrêta devant un joli fessier rosé. Un humain devina-t-il. Son propre sang bleu rendait leurs peaux toujours plus sombres et elles ne prenaient jamais ce type de teintes. Il chercha du regard l’affiche de présentation. Sous les trois-titres « humain », « 22 ans » et « mâle » se trouvait un sous-texte qu’il prit le temps de lire en s’appuyant légèrement sur le cordon de sécurité qui l’empêchait de venir directement tâter la marchandise.

Humain, espèce originaire de la planète BX-458, bipède à sang chaud, régime végétarien à omnivore, capacité physique 0.2, intelligence 4.8
22 ans, maturité physique atteinte, espérance de vie sous Lactivine 150 ans, sous Prolactivine 220 ans
Mâle, genre inséminateur, opéré pour recevoir les vies de type A.R.S.T

Au-dessus des deux jolis globes fessiers, se trouvait une photo de son visage. Un joli minois, roux avec des tâches de rousseurs. Des yeux bruns cerclés de blancs comme cela se faisait chez les humains. Une bouche étrangement rosée à cause de ce sang rouge qui coulait dans leurs veines se rappela-t-il. C’était pour le moins exotique mais ce n’était pas le plus important. A.R.S.T. La compatibilité était assurée. Ce reproducteur pourrait lui donner au moins un petit. Ou peut-être plus ? Il chercha la notation de son système. C’était le dernier modèle. Jusqu’à 12 naissances.

Il se tourna vers la série de plug avec des formes de sexe standard auxquelles il avait pu être préparé. Cette partie-là ne l’inquiétait pas. Les humains et eux étaient pleinement compatibles à partir du moment où l’humain savait se détendre.

Lorsqu’un autre visiteur s’approcha, il lui jeta un long regard qui suffit à le faire partir. La première phase de découverte était publique ce qui l’agaçait au plus haut point. Il fit appeler l’un des organisateurs pour postuler avec ce jeune humain. Il était vingt-quatre à l’avoir choisi, mais outre son rang, le coefficient d'extinction de son espèce le placerait sans le moindre doute en tête de liste. Après tout, ils n’étaient plus que cinquante-deux dans le monde entier. Douze petits… Ce serait surprenant. Leur fertilité était réduite alors même une seule naissance serait un petit miracle. Ses trois porteurs de matrices n’avaient jamais réussi à lui donner un enfant.

Après une courte attente, l’hôte lui ouvrit le passage pour qu’il puisse poser les doigts sur la chaire tiède de l’humain. Naniskar admira les frissons le long de cette peau qui se construisaient au fur et à mesure de sa caresse. Il écarta les chairs pour observer l’entrée fripée de son corps et fut surpris de la trouver lâche. Pour obtenir un tel rendu, l’humain devait se retenir de se contracter depuis le début de la démonstration. Joli.

Il ne prit pas le moindre plug, il ne lui ressemblait physiquement pas. A la place, il inséra ses doigts pour aller chercher l’entrée de la matrice. Le corps resta malléable autour de lui, un peu trop à son gout. Sèchement, il pinça le pourtour de l’anus et aussitôt, l’humain sursauta et son corps se resserra gentiment. Il flatta sa peau pour le féliciter. C’était bien mieux.

Il tâta son intérieur jusqu’à trouver les traces de l’opération. Rien qu’aux petits mouvements de l’humain, il sut que cette zone avait été nervurée. Parfait. Il poussa plus loin, tentant de vérifier sa profondeur. Il n’avait jamais eu d’humain mais il fut surpris de le sentir aussi court, là, à l’intérieur. Il imagina se frotter à ce fond et sourit. Ce serait bon.

Il retira ses doigts sèchement et se tourna vers l’hôte.

- Je le prends.
- Nous transmettrons votre candidature à cet humain.
- Non. Je le prends.

L’hôte s’immobilisa, mal à l’aise devant son regard prédateur et Naniskar soupira, se souvenant à quel point ces personnes étaient mauvaises pour les distinguer. Il tendit l’un de ses poignets pour que sa propre fiche apparaisse. Tout était rendu flou pour quelqu’un qui ne possédait pas les habilitations nécessaires, néanmoins, le plus important apparut.

- Majesté.
- Faites le sortir et qu’il vienne avec moi.
- Désirez-vous avoir accès à une chambre immédiatement ?
- Non, je préfère être chez moi. Faites-le simplement gravé au chiffre quatre.

***

Présenter ainsi son arrière-train n’avait rien d’évident pour Yakin. Du haut de ses vingt-deux ans, il avait pourtant été préparé à cette cérémonie pendant une période relativement longue. Il avait appris à se détendre, à rester détendu, à encaisser des pénétrations larges et imposantes.

Ils étaient nombreux dans le même cas. Le vaisseau qui était passé les recruter les avait opérés tous ensemble, à la chaîne puis ils avaient choisi leurs spécialités. Il avait même répété. Mais s’il y avait une chose qu’il détestait c’était de se présenter ainsi, de s’offrir aux regards curieux et aux doigts intrusifs. Ils ne devaient avoir aucun apriori sur eux.

Les premiers doigts qui le touchèrent étaient frais et délicats. Les caresses le firent frémir jusqu’à être pincé. Il couina et se resserra sans même le vouloir, mais c’était sans doute la décision de ce partenaire alors ce n’était pas très grave même s’il était un peu déçu. Retrouver son état premier avant le prochain serait difficile. Les doigts lui firent du bien, vraiment du bien et un début d’érection le prit, puis tout s’arrêta. Il n’y eut pas de prochain. On le fit immédiatement descendre. Il observa ses amis tout autour de lui, un peu perdu.

L’un des directeurs du lieu arriva à pas vif.

- Oh ! Yakin ! Tu as énormément de chances, tu as été choisi par le dernier roi Yup’pikan.
- Comment ça choisi ?
- Il pense que vous êtes compatibles. Marii ? Faites-le graver immédiatement au chiffre quatre.
- Mais… je suis censé sélectionner le partenaire.

Le directeur s’arrêta et l’observa un instant avant de soupirer. Les humains manquaient de connaissances techniques sur les différents peuples et c’était vraiment des plus dommages.

- Son espèce est en voie d’extinction. Rien que ça suffirait. Il pourrait te forcer à le choisir à moins qu’un autre candidat d’une espèce aussi rare ou plus encore ne se présente et il n’y en a pas un seul aujourd’hui. Mais en plus, il est roi. Il a plus de pouvoir ici que tu ne l’imagines. Même s’il décidait de tous vous prendre, on ne pourrait pas l’en empêcher. Alors va au gravage et sois-sage.
- Non.
- Non ? demanda le directeur d’une voix sombre.
- Non ! Enfin… Je ne l’ai même pas rencontré.
- Tu le rencontreras dès que tu seras gravé.
- Quand ce sera trop tard pour le refuser ?
- C’est déjà trop tard.

Yakin résista un instant en se tournant vers ses amis mais tous baissèrent la tête, admettant leurs défaites. Et ce fut à cet image là qu’il comprit à quel point il n’avait aucun choix. On prit son bras et on traça la marque souhaitée, un carré près de son poignet.

Tout le monde semblait pressé et stressé de perdre du temps. Ce fut cette ambiance plus que tout le reste qui lui apprit qu’il pouvait craindre cet alien inconnu. Pourtant, quand il se retrouva quelques minutes plus tard dans son vaisseau qui était appareillé à la salle d’exposition, il ne vit rien de si particulier. Le sol semblait doux sous ses sandales. La tunique qu’on lui avait fait enfiler à la va-vite ne dénotait pas dans le paysage. Tout était dans des tons crème très paisible.

Puis, il le vit. C’était un être assez grand, gris, très différent d’un humain bien que bipède lui aussi.

- Bonjour. Murmura-t-il impressionné par ses yeux froids.
- Bonjour, répéta l’être avant d’ajouter, je suis satisfait que tu sois enfin là. Nous partons.

Et presque aussitôt, le vaisseau se désarrima et se mit en mouvement.

- Tu es aussi tendre que chaud à l’intérieur. Ce sera très plaisant.

Yakin se mit à rougir aussitôt et l’autre s’approcha pour caresser sa peau tiède. C’était parfait. Il aimait beaucoup cette chaleur et imaginer ses petits grandir dans une poche chaude lui plaisait énormément.

- Voulez-vous… voulez-vous immédiatement procréer ? demanda timidement l’humain.
- Non. Non… Pas maintenant.

Et effectivement, à la grande surprise de Yakin, l’être attendit. Ce furent d’abord des jours qui s’écoulèrent et qu’il compta lentement. Incertain. Puis les jours devinrent semaines et il s’habitua à ce lieu de vie. Finalement, les mois passèrent et ils rejoignirent un autre vaisseau plus important où il rencontra les trois autres qui avaient été sélectionné avant lui et qui n’avait pas su lui donner la moindre progéniture. Il ne comprenait pas la raison de cette abstinence mais un beau jour, alors qu’ils voyageaient aux confins du monde, Naniskar se présenta à eux quatre, intégralement nu.

Aussitôt les autres se dénudèrent à leurs tours et leur roi fondit en eux. Observer des coïts vifs et brutaux à quelques centimètres de lui mit l’humain mal à l’aise, mais il finit par se déshabiller avec un peu d’aide. Cela fut pris comme un signal et presque aussitôt Naniskar se jeta sur son corps. Il l’embrassa et s’enfonça en lui. L’humain avait continué à pratiquer avec des jouets, alors il encaissa correctement ce long sexe qui le pénétrait. Mais l’envie qui le saisit, elle, lui était parfaitement étrangère. A chaque poussée, Naniskar s’enfonçait un peu plus loin, repoussant les frontières de son corps, le modelant pour qu’il lui corresponde. Il chuchota des mots à son oreille, dans un langage incompréhensible, mais il aima les sons. Les autres vinrent le caresser alors que son corps rebondissait sous les coups de butoirs, faisant jaillir un peu plus de désir encore.

- Tu dois jouir pour qu’il t’offre sa semence. Lui chuchota l’un des autres, celui qui avait un cercle tatoué sur le poignet tout en avança la main pour pincer doucement ses tétons.
- Tu dois ressentir autant de plaisir que lui. Lui murmura le mâle possédant une croix sur le poignet tout en glissant ses doigts le long de sa verge.
- Tu dois l’aimer aussi… murmura le dernier, le mâle au triangle, tout en lui mordillant l’oreille.

L’aimer ? Il avait vécu des mois à ses côtés, à découvrir ses différentes facettes et s’il ne savait pas s’il l’aimait, il savait qu’il était heureux de vivre ici à leur côté. Il aimait le climat de paix que Naniskar parvenait à imposer. Oh certes, le roi savait aussi se mettre en colère et chasser quiconque se mettrait sur sa route, mais il parlait d’eux cinq comme d’une famille et il y avait toujours quelque chose de délicat quand il se tournait vers eux.

L’aimer… Il n’en savait vraiment rien mais il se prit à vouloir réellement lui faire cet enfant promis. Son sexe pulsa. Il jouit. Un liquide froid se répandit presque aussitôt en lui. Son roi l’avait honoré de sa semence. Mieux encore, il se pencha pour l’embrasser, espérant de tout son cœur qu’une petite vie naîtrait bientôt.

A tour de rôle, il caressa le visage de chacun de ses amants et ce fut lui, l’alien froid et étrange qui expliqua le plus simplement du monde qu’il les aimait tous les quatre. Lorsqu’il sortit de son amant, il pinça de nouveau son anneau pour l’aider à se refermer, puis il les prit dans ses bras afin de les garder près de lui. Il n’aurait peut-être jamais d’enfants, mais il serait heureux en essayant.

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