Quarante ans, toujours rebelle. Enfin un peu.

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Vivien arrive au taf.

En retard. Pas que ça change beaucoup de d'habitude, mais quand même, ça le fait un peu chier. Il se souvient d'une époque où il en aurait rien eu à foutre. Mais cette époque est révolue depuis longtemps, bien qu'il en ai gardé une ou deux habitudes.

Ah ! Le lointain souvenir des années lycée, son long manteau kaki de punk à chien sur le dos et ses clopes roulées à l'avance qui traînaient au fond de ses poches. Et ces années post-scolaires, quasi pré-emploi, où il avait monté un groupe avec ses potes. Un pur son « garage », comme ils aimaient. Merde ! C'est vrai que ça déchirait. Ils étaient passés à côté du succès à cause d'une connerie. Vrai de vrai ! La peur du succès, le refus de se taper des centaines de kilomètres pour une heure et demie de concert. Répète. Encore des centaines de kilomètres pour atteindre la date suivante. Argent facile, filles et coke. Mais bizarrement, tout ça, ça le bottait pas le Vivien. Lui il s'était senti rebelle toute sa vie et il l'était tellement (rebelle) que même vivre vraiment en rockeur, ça le faisait chier. Et il voulait se rebeller contre tout ça.

Du coup ils s'était trouvé un job peinard, une jolie gonzesse à qui il avait fait deux mioches et vivait comme ça depuis, heureux et presque sans regrets. De temps à autres, il lui arrive encore de pousser un coup de gueule, de râler avec sa roulée au bec, qu'il fume à l'intérieur malgré l'interdiction. Mais pas trop loin de la porte, sait-on jamais, le boss pourrait passer dans le coin.

Mais la plupart du temps, il se tient à carreau, fait son boulot. Et il le fait bien, si possible, parce que il a beau encore fumer un joint de temps en temps en ressassant ses vieux souvenirs, au fond, il aime bien les choses carrées. En ce moment, crise de la quarantaine oblige, il veux se faire tatouer la couv' d'un album de son groupe préféré, un obscur reliquat rock alternatif des 80's. Parce que un rebelle ça doit avoir au moins un tatouage, surtout si c'est un rockeur. Et puis ça lui permettra de briller en société, histoire de choper une ou deux nanas dans les concerts, quand il laisse sa femme à la maison.

Un rebelle, j'vous dit ! Qui à juste un peu vieilli...

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