chapitre 6

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 La ville, ce soir, n’a aucune saveur. Elle est fade. Je n’ai plus la force de l’imaginer différente de ce qu’elle est réellement. Et puis, il est tard. Je me suis trompée de chemin. Je me trompe souvent. Je redescends les escaliers, déçue.

 Je rentre chez moi. Mon amour est là. Il m’attend toujours. Il s’appelle Amour. C’est mon chat. Quand je le regarde, je ne saurais l’expliquer, mais un voile entoure mon cœur. Il ne le serre pas au contraire, il le remplit de tendresse. Je ne ressens ça pour personne d’autre. Je reste des heures à le regarder dormir, chasser, jouer, se laver. Est-ce que je perds mon temps à le contempler ? Je ne pense pas. Il est mon fils adoptif.

 Mais pourquoi je l’aime, alors qu’il ne me regarde pas ? Je sais qu’il ne m’aime pas. Qu’il revient uniquement à l’heure du ventre. Cependant, je continue de l’aimer, de le choyer. Cela ressort d’un manque de dialogue. Il ne comprend pas ma langue ni moi la sienne. Je vais sur mon lit, me couche. Amour s’approche, monte sur le lit et s’allonge près de moi. Je sais bien qu’il ne fait cela que pour avoir un peu de chaleur, que je lui sers de radiateur. Mais une autre partie de moi, qui ne comprend rien au rationnel, imagine qu’il se sent en sécurité avec moi, qu’il me considère comme sa maison.

A bien y réfléchir, il représente, sans le savoir, l’envie d’aimer que je refoule : l’envie de m’aimer. Un cœur chaud, qui ne me juge pas, voilà ce qu’Amour est pour moi. Je suis donc le prototype vivant de la vieille fille. Mais tout le monde a un Amour. Peu importe quelle forme il prend : c’est votre chien, votre perroquet, votre journal, votre maison. Tout le monde a besoin d’un endroit chaud où personne ne vous regarde. Alors pourquoi juger les vieilles filles de pathétique ? Dans ce cas tout le monde est pathétique.

 Les hommes m'ont trop déçue. Le matin se réveille. Amour se tient toujours dans mes bras. Je me contorsionne pour ne pas le réveiller, m’habille, sors, me dirige vers le parc. Elle est là. Elle part. Je monte dans l’ascenseur. M’assieds devant l’ordinateur. On me dit de me dépêcher. Que nous sommes dans un rush. Que tout ira mieux après septembre. Mais le fait est qu’un rush entraîne toujours un autre rush.

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