Mon Dieu, qu'est-ce que j'aime la vie ! J'en suis fou amoureux. J'aime tout en elle. Respirer, m'empiffrer des mille senteurs autour de moi. Les champs de lavandes. L'air iodé de la mer. La caresse du vent. Les rayons du soleil qui me font bronzer.

Vous allez me dire : c'est normal qu'il aime tant la vie vu qu'il vit dans un lieu sans pollution.

Mais j'aimerais quand même la vie si j'habitais dans une grande ville gorgée à ne plus savoir qu'en faire de substances polluantes. J'en savourerais l'architecture, la populace, les multiples distractions. Je danserais dans toutes les boîtes de nuit, me bourrerais la gueule jusqu'à rouler par terre. Je me goinfrerais dans les meilleurs restaurants. J'irais aux spectacles, aux soirées. Je profiterais de tout sans réserve.

Car j'aime la vie.

J'aime mon homme, mes chats, mon chez-moi.

J'aime m'amuser avec mes amis, ma famille.

J'aime parcourir le monde, m'ouvrir aux autres, apprendre à les connaître, à les aimer, à les détester.

J'aime, lire, écrire, chanter, écouter de la musique, regarder des débilités à la télévision, mater des séries à n'en plus finir.

J'aime m'enfermer dans mon monde, imaginer, rêver, créer.

Je voudrais que jamais cela ne s'arrête.

Oui, jamais.

Malheureusement, malgré mes quarante-trois ans, plus jamais je ne vivrai.

Je suis allongé dans mon lit d'hôpital, une perfusion dans le bras, ma famille autour de moi, scrutant mon corps décharné par la maladie.

C'est la fin. Je le sais. Car elle est là, au bout du lit, toute de noir vêtue.

La mort.

Elle s'approche de moi. Elle prend ma main. Je la suis.

Mon Dieu, qu'est-ce que j'aimais la vie !