Chapitre 14 :

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Iris ferma les yeux, allongée sur le lit de sa chambre du QG de l’association en Dheas. C’était deux jours après leur arrivée, et ils avaient eu le temps de se reposer. Suffisamment pour certain pour passer directement à l’action. Le matin était levé depuis bien longtemps, et Marianne avait tenu à entraîner Samuel dès l’aube. Iris s’était levée en même temps qu’eux pour déjeuner avec Samuel. Sauf qu’elle était retournée dans sa chambre ne voulant pas perturber l’entraînement au combat. Marianne allait apprendre à Samuel à s’endurcir, comme elle l’était, sauf qu’Iris n’était pas certaine d’apprécier que la jeune femme endurcisse son petit-ami. Le courant n’était pas très bien passée du côté d’Iris, du côté de Marianne n’ont plu. Les deux jeunes femmes ne s’aimaient pas, ce n’était même plus à la limite du supportable. Elles essayaient donc de s’éviter le plus possible. Iris se demandait comment elles avaient pu en arriver là alors qu’elles n’avaient même pas parler toutes les deux ensembles une seule fois. Seulement son comportement vis-à-vis des autres l’énervait, pour Iris, Marianne essayait de se faire apprécier de tout le monde, et éloignait beaucoup trop Peter de Samuel. Ce dernier avait besoin de rester souvent avec Peter, il avait tellement peur que son meilleur ami puisse, un jour mourir. Iris le savait, elle laissait le temps à Peter et Samuel d’être ensemble. Un duo si indestructible, une relation si forte… La jeune fille était heureuse que son compatriote surdoué est la chance d’avoir une relation si profonde et vraie, sans trahison. Elle n’avait pas vraiment eu cette chance, mais elle ne s’en blâmait pas. Iris voulait passer à autre chose, et devenir forte, et tant qu’elle se trouvait loin de Kilian, tout se passerait bien pour elle. La rouquine en était certaine, elle ne voulait plus revoir ses anciens amis. Ses pensées envers eux se manifestaient déjà trop souvent, elle n’avait pas besoin de les voir pour les avoir continuellement dans sa tête et près d’elle, cela lui semblait le pire. Elle n’arrivait pas à s’empêcher de se demander où se trouvait Kilian et Cassandra. S’ils étaient heureux, s’ils avaient revu Marin, Maryline et Kendra emprisonnées, s’ils leur avaient parlé ou s’ils remplissaient des missions pour l’état comme elle, elle le faisait pour l’association. La surdouée ne voulait plus se torturer avec ses anciens meilleurs amis, mais c’était trop difficile pour son esprit.

On toqua à la porte. Elle ouvrit les yeux et se redressa vite pour avoir le dos aussi droit qu’un piquet alors qu’elle était assise en tailleur sur le lit. Il n’était pas si mal finalement. La chambre était modeste et petite, mais Iris n’en restait pas perturbait. Elle lui semblait tout de même chouette après réflexion avec sa fenêtre donnant vision à une rue, un lit double place qui lui permettait de ne pas tomber par mégarde et l’armoire, certes petite mais suffisante. Un petit confort qui ravissait Iris après ses mésaventures dans le désert. La jeune fille repensa à Nicolas Past, l’odieux surveillant qu’elle détestait tant. Était-il donc parti à l’armée ? Était-il en vie ? La surdouée penserait quand se posant la question, elle aurait voulu y répondre qu’elle voulait le voir mort, mais ce n’était pas son ressenti. Elle ne voulait la mort de personne. Même pas celle de Kilian. Il y eut trois coups contre la porte, encore plus fort que les premiers sortant Iris de sa torpeur, criant d’entrée.

Ce fut Peter. Le jeune homme avait menti en disant qu’il irait mieux après le voyage en bateau. Il n’allait pas mieux, et il avait vraiment des talents d’acteurs pour montrer à Samuel qu’il n’allait pas mal, mais son ami avait toujours des doutes sauf qu’Iris n’avait pas le courage de lui avouer que son meilleur ami allait de plus en plus mal. C’était en quelque sorte, le secret des deux amis, ils en parlaient lorsque Samuel était à l’entraînement avec Marianne. Peter était réellement malade. L’adolescent était totalement perdu, il le reconnaissait. Il referma la porte derrière lui, tenant une boite dans ses mains, Iris fronça les sourcils et se décala pour lui laisser une place. Peter allait finir par commencer de lui faire peur. Que mijotait-il donc ? Samuel était-il au courant ? Elle se demandait ce qu’était cette boite. Cette boîte faisait plus grand qu’un dictionnaire de taille normale, elle n’était pas en bois mais dans un marron qui le laissait penser, Iris ne reconnut pas la matière et sa profondeur était la même qu’un micro-onde. La jeune fille fronça encore plus les sourcils en voyant un cadenas la sceller, qui plus est que Peter tenait aussi une petite clef grise dans l’autre main. Mais que fabriquait-il ? Cette boîte avait-elle de l’importance ? Le jeune homme s’assit au côté d’Iris.

— C’est quoi cette boite ? questionna-t-elle sans détour. Elle est importante pour notre mission ?

— Non, elle ne l’est pas. Tiens. Ne l’ouvre pas. Cache-là sous ton lit, je veux que tu l’aies, je sais que tu feras ce que je vais te demander. Je te fais confiance, Iris.

La jeune fille obéit et la glissa sous son lit avant de vérifier qu’elle ne soit pas visible de n’importe où. Puis elle fixa Peter et le regarda de la tête au pied. Avec elle, il ne se cachait pas. Le jeune homme ne pouvait plus cacher sa pâleur inquiétante, mais il était aussi extrêmement fatigué, et il commençait à avoir sérieusement du mal à respirer. La surdouée lui avait dit de prévenir l’infirmier et la docteur du QG mais Peter ne voulait pas. Si les deux adultes jugeaient sous état inquiétant, il serait obligé de rentrer, encore une fois loin de Samuel, et si Mme. Keys l’apprenait, il était certain qu’elle ne lui laisserait plus aucune liberté, et Samuel l’apprendrait. Iris avait tellement l’impression de le trahir, mais elle n’arrivait pas à juger ce qui pouvait lui faire plus de mal.

— Est-ce que tu pourrais m’expliquer à quoi va servir cette boite et à qui elle concerne autant d’importance à tes yeux ? Maintenant que je suis concernée dans cette histoire, je pense que j’ai un peu le droit de le savoir.

— Je vais partir.

— Quand ? Tu as décidé de parler au membre médial de l’association ! Tu es au courant au moins que puisque tu vas bientôt partir, Samuel va être au courant désormais que tu t’affaiblis vraiment de plus en plus. Es-tu certain que tu vas réussir à tenir le choc ? Penses-tu qu’il va réussir lui aussi ?

— Je vais très bien supporter. Je sais, Sam est sensible, mais tu es là. Tu sais l’épauler, et je sais que tout se passera bien s’il est avec toi. Alors rester le plus souvent ensemble, d’accord ? Puis, de toute manière, cela ne doit pas vous dérangez d’être ensemble, encore plus maintenant.

Iris se sentit rougir alors que Peter souriait.

— Cette boîte est pour Sam ? dit doucement Iris.

Cet élan d’affection de la part de Peter pour Samuel lui laissa une douce chaleur dans le cœur.

— Ouais… je voudrais vraiment qu’il soit le seul à avoir cette boîte. C’est… Pour quand je ne serais plus là, quand je ne reviendrais vraiment plus. Quand je ne reviendrais jamais, je voulais lui laisser une trace, enfin, une explication plus précise. C’est sûrement stupide de ma part, mais j’avais besoin de lui laisser quelque chose avant de mourir.

Iris ne sourit plus de tout, soudainement inquiète. Elle attrapa les mains de Peter qui releva la tête. Elle croisa son regard sombre et résigner alors que le sien était totalement désorienté, surpris et inquiet. Elle ne pouvait absolument pas oublier ce que venait de dire Peter. Cela ne la rendait pas bien, et cela aurait été pire sur Samuel. La surdouée ne savait pas vraiment comment réagir.

— Mais, Peter… Tu ne vas pas mourir. Hein ? Tu ne mourras pas. Attends, tu n’es pas aussi mal au point que cela. Mme. Keys nous a dis qu’il y avait pire que l’état dans lequel tu te retrouves. Tu ne mourras pas, tu m’entends. Tu ne peux pas.

— Iris ! Même si mon état n’est pas au plus mal il est signalant. Il n’est peut-être pas au dernier stade de la maladie, mais il est loin d’être au premier non plus. Je vais mourir. Je le sais. Je le sens. Mais je ne veux pas en parler à Samuel, je voulais profiter d’un dernier instant avec lui. On a beaucoup parlé hier…

— Ne fais pas de bêtise avant ton départ ! gronda Iris se crispant.

— Bref, contourna le jeune homme. Lorsque je serais mort, donne-lui cette boite. Compris ?

— Oui…

— Parfait !

Il se releva et Iris ne le quitta pas du regard. Il atteint la porte mais elle s’ouvrit avant même qu’il puisse prendre la poignée. Il se la prit en pleine tête et tomba. Iris se leva pour l’aider. Loan qui avait ouvert la porte, fut plus rapide. Il s’excusa mais Peter lui assura qu’il ne pouvait pas savoir qu’il était derrière la porte. Il se remit sur pied sans aucun mal, comme si rien ne le rongeait de l’intérieur. Iris en resta désemparée. La jeune fille se demandait si elle devait le dire à Samuel contre l’avis Peter, la jeune fille en demeurait torturée. Elle fit un signe de la main à Peter lorsqu’il sortit de la pièce, puis reporta son attention sur Loan. L’agent de l’association avait une tablette dans une main alors que l’autre restait sur la porte. Il tendit l’objet électronique à Iris, et elle le prit, toujours les sourcils froncés. Elle se passa une main sur la figure et fixa le code marqué sur un post-it collé. 1007. C’était la date de naissance de Kilian. Iris se souvenait très bien de ceux de ses amis. Elle avait eu dix-sept ans il n’y a pas si longtemps, mais elle n’en avait parlé à personne. Et Samuel aurait dix-huit ans fin octobre.

— Pourquoi est-ce que j’ai cette tablette ? voulut-elle savoir.

— Amanda voulait te causer un peu, elle va appeler d’une minute à l’autre. Je sais qu’elle a mis des heures, même des jours pour avoir l’autorisation de t’appeler, alors attend patiemment et ne rate pas son appel. Mme. Keys ne la laisserait pas t’appeler une deuxième fois.

Loan partit et l’adolescente referma la porte derrière lui. Amanda semblait donc être en froid avec la chef d’après les sous-entendues de l’autre agent. Pourquoi ? Amanda avait toujours été l’agent préféré de Mme. Keys, et les deux femmes s’appréciaient beaucoup. Comment y avait-il pu avoir un conflit entre elles ? Iris trouvait cela impensable. Elle se trompait lourdement, un petit rien pouvait tout faire. La jeune fille était extrêmement bien placer pour le savoir, elle l’avait vécu. Et elle n’était pas la seule dans le monde à la voir vécue, d’autre personne pouvait comprendre. La jeune fille se réinstalla dans son lit en déverrouillant l’appareil, tapotant sur l’écran. La rouquine était si impatiente de reparler à Amanda seule à seule. C’était une des personnes en qui elle faisait le plus confiance avec Samuel. Une amie toujours présente. La jeune fille regrettait de ne pas être en Thuath contrairement à Lilian et Sandra. Elle se demanda si elle pouvait l’appelé d’elle-même, mais si elle était toujours en mission d’infiltration, elle ne pouvait pas prendre le risque de griller la couverture d’Amanda. La scientifique ne mit pas beaucoup de temps avant d’appeler, Iris décrocha directement. C’était un appel vidéo. Amanda semblait reposer, plus en forme, remise vraiment d’aplomb. Iris était rassurée de la voir dans un bel état. Cela n’avait pas toujours été le cas dans le désert, et en Thuath aussi, sûrement. La vingtenaire bien passé lui sourit.

— Iris ! Comment vas-tu ? Le changement ne te perturbe pas trop ? Les pays sont vraiment différents, il y a très peu de point commun. Je pense que tu vas vite t’y faire. Cela va mieux depuis le désert ?

— Je vais bien et toi ?

— Cela va. Nous venons d’accoster au nord de l’Opartisk, nous avons trouvé les réponses qu’il nous fallait en Thuath. Même plus que l’on espérait. Lilian et Sandra ont été géniaux avec les deux Thuathiens que nous avons recueilli. Ils ont fait un sacré boulot même si je ne te cache pas que Lilian et Sandra ont bien failli y risquer leur peau, leur vie même. Mais maintenant, nous allons organiser un plan pour évader Maryline et Marin.

— Mais Kendra ? s’inquiéta Iris.

— Elle a miraculeusement réussi à s’enfuir grâce à une révolte. Les deux autres n’ont pas réussi, mais Kendra si. Elle est quelque part dans le désert. Nous ne l’avons pas encore localisé et trouver à ce que je sache. Mais je pense que cela ne tardera pas. Je pense qu’elle est entre de bonne main. En tout cas, mieux que celle de l’État.

Iris frissonna en imaginant Kendra, morte de peur, tout seul dans le désert, mourant de soif et de faim en ne trouvant personne pour l’aider. Elle ne voulait pas imaginer cela. Kendra ne pouvait pas mourir, encore moins comme cela. Elle se mit à espérer qu’il y ait des gens gentils et accueillants dans le désert pour qu’elle puisse s’en sortir. Mais Iris ne resta pas optimiste. Les agents de l’association, dans le désert retrouveront sûrement le corps de la fillette sans vie. C’était trop dur pour Iris. Kendra n’avait pas à mourir.

— Qu’avez-vous découvert ?

— Plein de chose intéressante. Nous ferons un bilan lorsque nous serons tous retournés en Opartisk. C’est certain. Comment vas-tu toi ? Tout se passe bien en Dheas ? Comment c’est là-bas ? Je n’ai pas eu la chance d’y voyager, l’association ne m’a jamais envoyé en mission là-bas. J’ai cru comprendre que cela n’allait pas fort depuis le désert… je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais je suis là pour écouter si tu veux.

Iris soupira. Amanda ne l’appelait pas juste pour lui demander de ses nouvelles. La jeune fille le savait pertinemment, l’infiltrée professionnelle spécialisée dans le domaine scientifique voulait l’informer de quelque chose. La surdouée n’était pas assez dupe pour l’ignorer. Elle aurait aimé qu’Amanda aille droit au but, elle ne voulait pas parler d’elle et de cette situation après le désert. Iris eut la soudaine envie de dormir et chercha une réponse. Finalement, elle se ressaisit, elle pouvait avoir confiance en Amanda. Elle lui dirait la vérité et tout ce qu’elle avait sur le cœur. Amanda était un peu comme une confidente. Et même si Iris se confiait essentiellement à Samuel, elle ne pouvait pas mentir à Amanda. Elle lui faisait confiance.

— Je vais mieux…

— Ces derniers jours ont été éprouvants pour toi.

— Non, pas vraiment. Enfin, physiquement non. Mentalement si.

— Kilian et Cassandra ?

— Surtout Kilian, avoua douloureusement la jeune fille à mi-voix. Je pensais qu’il était mon meilleur ami, et qu’il me suivrait partout, qu’il approuverait tous mes choix et qu’on serait toujours d’accord sur n’importe quel point. Mais je me suis trompée.

Amanda ne répondit pas dans l’immédiat. La jeune femme avait écouté, mais ses pensées se dirigeaient plus vers les découvertes qu’elle avait faites en Thuath avec Lilian et Sandra. Tout cela l’intriguait et l’effrayait encore, elle ne pouvait pas ce le retirer de l’esprit. Malheureusement, même si elle voulait tout dire à Iris dès qu’elle le pouvait, elle n’en avait pas le droit. Mme. Keys lui avait interdit, et en ce moment, il ne valait mieux pas s’opposer à la volonté de la chef. Amanda pensait que son amie était trop stressée, et qu’elle ne se reposait pas assez, sauf que cela entraînerait des mauvais choix, l’infiltrée le savait très bien, mais elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Elle n’était pas en mesure de la contredire, et en plus de cela, elle n’était pas encore au QG principal de l’organisation.

— Personne ne peut suivre indéfiniment les choix. A un moment ou à un autre, il était obligé de faire ses propres choix de lui-même, avec ses propres ressentis et non les tiens. Pendant des années il est resté avec toi, personne ne se ressemble totalement, c’était inévitable qu’un jour il ne te suive plus. Il a dû avoir peur, la maladie me fait moi-même assez peur. J’en ai vu les conséquences, et c’est horrible à voir. Honnêtement, je comprends sa décision, tu ne peux pas lui en vouloir tant que cela. La maladie peut frapper à tout instant, tu le sais autant que moi. Pour le moment, il peut potentiellement toucher Kilian, Cassandra, Peter. C’est assez humain. J’ai vu toutes les conséquences que cela pouvait causer et c’est si horrible de voir ça… Je comprends sa réaction.

— Peter est malade, lâcha Iris.

Elle regretta immédiatement de l’avoir confié même si elle faisait confiance à Amanda. La surdouée songeait à emberlificoter ses dires pour rétracter la vraie raison de cette annonce. Néanmoins elle ne le fit pas. Elle comprit qu’être la seule à savoir le vrai stade de la maladie de Peter lui pesait réellement. C’était un poids qu’elle n’arrivait déjà pas à gérer, tout avait évolué trop vite, ou alors Peter avait bien dissimulé ses symptômes au début. Cela ne pouvait pas être terminé pour lui, pas aussi vite. Amanda n’avait pas trop l’air de s’en inquiéter, ce qui troubla intensément Iris puisqu’elle avait pourtant une attention particulière pour la maladie et ses victimes.

— Ne t’en inquiète pas Iris, tu en prendras l’habitude. Depuis quasiment le début de sa vie, Samuel s’y est habitué. Il pourra t’aider à être moins stressée par rapport à cela.

Iris se tapa le front avec la paume de sa main droite. La prochaine fois, elle devait s’assurer que Peter n’avait pas d’autre maladie ou de syndrome avant de déclarer qu’il était malade. Cela prêtait forcément à confusion. Peter possédait vraiment une santé fragile. Il n’avait vraiment pas de bol. Iris laissa divaguer son regard pour ne pas fixer Amanda tout en tripotant des ourlets de la couette.

— On m’avait prévenue qu’il avait la santé fragile, je n’étais pas étonnée. Ce n’est pas cela que je voulais dire.

— Alors quoi donc ? Si c’est pour me dire qu’il n’arrête pas d’avoir des maladies de passages, c’est normal aussi.

— Il est malade ! Vraiment malade. Il a la maladie.

Il allait mourir. Comment Samuel réagirait-il ? Sûrement mal. Il avait beau avoir la tête sur les épaules, être logique et censé, il connaissait Peter depuis trop longtemps pour ne pas être affecté si le jeune homme mourait. Iris avait peur pour les deux amis. Cette fois, c’était impossible qu’Amanda n’ait pas compris. Iris fixa l’écran de la tablette pour observer son amie. La scientifique ne souriait plus et semblait abattue, effondrée. Une dure nouvelle à apprendre mais aussi à transmettre. Iris en était consciente. Elle ne pouvait plus parler. Elle se réinstalla en se demandant pourquoi Peter lui faisait confiance pour garder cette boîte. Pourquoi il ne parlait pas de cela à Samuel ? La réponse était simple : pour le voir jusqu’au bout avec le sourire même s’il était inquiet. Peter était un type bien, et il le demeurait jusqu’à sa mort. Savoir qu’il allait bien finir enterrer rendait Iris mal, surtout vis-à-vis des autres.

— Tu veux dire que…

— Il a la maladie, cette putain de maladie qu’on parle tout le temps ! Il dit qu’il va y passer. Je ne sais pas quoi lui dire pour le convaincre de ne pas baisser les bras.

— Est-ce que Samuel est au courant ? Et Marianne ? s’enquit Amanda en fermant les yeux, les mains jointes entre elles.

— Non, c’est bien cela le problème. Seul toi, moi et les responsables médicaux le savent. Personne d’autre.

La meilleure agente de l’association laissa échapper un rire nerveux qui laissa Iris perplexe. Pour elle, la situation était tout sauf drôle. La jeune fille commençait vraiment à comprendre pourquoi cette maladie faisait si peur à tout le monde. Elle commençait même à lui faire peur, à elle aussi. Elle dut lancer un regard noir à Amanda sans s’en rendre compte puisque cette dernière reprit une expression des plus graves et sérieuses bien vite.

— J’ai fait quelques découvertes sur la maladie, expliqua-t-elle d’une voix douce. Et avec l’étude que j’ai menée, je peux affirmer qu’il existe deux phases terminales à cette maladie, qui sont toutes aussi mortelles.

— Pourquoi ?

— Sincèrement, je ne sais pas. Cela dépend sûrement de l’organisme et de la personne. Je pense que tout est lié au système humanitaire qui produit pour pouvoir protéger le corps. Chez certaine personne, la maladie opère une influence, dessus, qui fonctionne, chez certaine personne non.

— Et… Cela serait-il trop indiscret de te demander concrètement ce qu’il se passe dans les deux cas ?

Amanda se renfonça dans sa chaise et soupira. Était-ce une information qu’elle n’avait pas le droit de révéler ? Ou alors, la jeune femme avait juste peur qu’Iris panique encore plus au sujet de Peter ? Cette dernière avait déjà été plus paniquée dans sa vie, même si l’état de Peter la préoccupait de plus en plus. Pire, son état avait relancé toutes ses inquiétudes et les nourrissaient sans aucun mal. Elle repensait à plein de chose. Si, elle avait cessé de penser à la guerre de temps à autre, elle était revenue encore plus féroce qu’avant, avec une seule idée en tête : la stopper. Mais maintenant qu’elle prenait connaissance des vraies conséquences terribles de la maladie, qui plus est, restait une des principales préoccupations de l’organisation, elle ne pouvait plus ignorer cette maladie comme elle l’avait fait auparavant. Peut-être même que cela finirait par la toucher, elle, Samuel et les autres surdoués. Elle frissonna.

— Tu n’as pas le droit d’en dire plus, constata Iris. Qui est-ce qui te l’interdit ? Tu es une infiltrée, tu n’as pas de secret professionnel qui compte de tes employeurs en Thuath.

— Tu as raison, soupira Amanda. Cela vient des membres plus hauts placés que moi dans l’association. Et même si j’ai certain avantage par rapport au simple agent et même contrairement à la plupart des espions, j’ai tout de même des limites qui sont fixés par certaine personne haut placée. Les chefs de l’association peuvent faire ce qu’ils veulent de n’importe qui.

— C’est Mme. Keys, devina amèrement la surdouée qui en fut certaine par l’expression du visage à Amanda. Pourquoi veut-elle me cacher des choses ? Que veut-elle me cacher ?

— Iris, commença l’agent dans un rire nerveux. Si c’est caché, c’est que je n’ai pas le droit de te le dire. Je ne devais déjà pas te dire tout ce que j’avais découvert sur la maladie. Je risque de me faire taper sur les doigts si elle regarde cette conversation vidéo. Je ne peux pas, Andréa pense qu’il est inutile de te rajouter davantage de charges d’inquiétudes.

— Dis-moi quand même. Je ne te laisserai pas tomber. Si elle vérifie les conversations, j’en assumerais l’intégralité des responsabilités. Tu m’aurais prévenue, mais je veux quand même savoir. Si une de nous deux doit être punie, cela sera uniquement moi et en aucun cas toi. Amanda… J’ai besoin d’en savoir plus. Peter est malade et je suis concernée par son sort. C’est idiot car je sais que c’est faux, mais avec la boite qu’il m’a donnée, j’ai l’impression d’avoir une partie de son sort entre mes mains. Cela reste vraiment une sensation désagréable et je ne veux faire mal et causer du tort à personne !

— Bon… de toute manière je suis suffisamment en désaccord avec Andréa pour le moment. Je t’en parlerai après, c’est important, tu m’y feras penser. Et garde ton sang froid.

La jeune fille fronça les sourcils et plissa les yeux en adoptant une expression refermée comme si elle était en pleine réflexion intense. Sauf que cela demeurait être le cas. Ce n’était pas intense, mais Iris faisait marcher son esprit. Pourquoi diable Mme. Keys voulait-elle à tout pris la ménager ? Elle n’était pas une petite fleur fragile où des passerelles d’elle s’arrachait au gré du vent. Elle pouvait se montrer forte lorsqu’elle le voulait.

— C’est une question de temps avant que les adultes et les surdoués de tout les pays soient contaminés, reprit Amanda d’une voix effroyablement calme. Je pense, que les produits nucléaires et chimiques ont pollué une partie de l’environnement qui entraîne la maladie, cela expliquerait que l’Opartisk soit le pays le moins touché.

— Tu m’as dit qu’il y avait deux phases finalement… Peter est dans laquelle ?

— La deuxième. Dans la première, la maladie s’attaque au système nerveux et perturbe peu à peu la respiration et le cerveau. Les malades sont de vraies légumes, et ils meurent comme étouffé.

— Et la deuxième ?

— Les malades se suicident. Je pense que Peter va finir par se suicider. Il arrive encore à marcher, à réfléchir et à penser surtout. Il n’est pas dans un état qui le prédestinerait à se transformer en un état végétatif. Pire, s’il t’a dit qu’il partait alors qu’il n’a pas prévenue les membres médicales, c’est qu’il a fait son choix. La maladie est en train de le remporter sur sa santé mentale.

Iris eut la soudaine envie d’ouvrir la boite que Peter lui avait fais promettre de la remettre à Samuel. Était-ce pour cela qu’il lui avait dis qu’il partirait ? Elle frissonna.

— Es-tu certaine que les victimes de la deuxième phases de la dernière se suicident ?

— La reine de Thuath s’est suicidée. J’ai appris plus tard, par son fils, qu’elle était une des rares adulte atteinte de la maladie. Cet événement m’a mise la puce à l’oreille. Donc oui, et je pense que ton ami est dans cette situation. Et il est tout bonnement impossible de l’en empêcher, il trouvera un moyen pour se tuer.

Iris ne fut vraiment pas ravie d’entendre cela. Ce n’était pas ce qu’elle voulait entendre, vraiment pas. Elle essayerait de trouver un moment pour parler à Peter, mais seul à seul.

— Qu’est-ce qu’il se passe exactement avec Mme. Keys ? Je pensais que vous vous entendiez bien. Vous aviez l’air d’être amie.

— Je ne sais pas ce qu’elle a en ce moment, mais elle est en train de faire les mauvais choix, ce qui nous met fortement en désaccord.

— Des choix ? Elle a pris d’autres décisions depuis que l’on est parti ? Que veut-elle réaliser ?

Amanda ne se détendit pas, bien au contraire. La jeune femme se releva et Iris ne vit que son buste alors que sa tête était hors champ. Lorsque le visage de la jeune femme réapparut, elle dissipa un nuage de fumée qui s’était installé devant la caméra et souffla sur le côté, tenant sa cigarette à sa main droite.

— Tu fumes ?

— Depuis que j’ai été en Thuath, là-bas, la vie n’est pas facile tous les jours, loin de là, elle ne l’est jamais. C’était vraiment pesant d’être affectée là-bas, et je n’avais le choix. Le jeu en a quand même valut la chandelle, mine de rien, expliqua Amanda. Pour en revenir à Andréa, elle a fait un énorme choix qui va avoir d’énorme répercussion que je crains beaucoup. Et je pense que tu comprends, que si j’en parle comme cela, c’est que je redoute les mauvais retours. Andréa a décidé de dévoiler au grand jour l’association.

— Quoi ? Non ! Elle ne peut pas faire cela ! C’est idiot !

— Je le sais bien Iris. Je lui ai dit, j’ai essayé de lui parler. Mais elle reste sur sa lancée, elle pense que si on dévoile que nous existons, certaines personnes, beaucoup de personnes, seraient prêtes à s’allier avec nous.

— Tu penses que c’est une bonne raison pour qu’elle décide de faire cela ? voulut-elle savoir en espérant une infime partie qu’elle avait des raisons de soutenir Mme. Keys.

— Non. Nous n’avons pas besoin de rendre publique l’association pour recruter de nouvelles personnes chaque jour. La rendre publique, cela serait booster encore plus la guerre civile de notre peuple. C’est une très mauvaise idée que je ne peux empêcher d’être réalisé… Je ne sais pas, quand elle a décidé de le faire, mais il va falloir se tenir prêt pour l’en empêcher. Je le ferais, que cela me coûte une place, ou non.

— Mais comment elle compte s’y prendre pour déclarer à tout le monde que l’association existe ?

— Il y a peu, les conseillers, certains de nos conseillers ont annoncé qu’ils devaient faire une annonce officielle très importante dans quelques semaines. Mais avant, certains conseillers partis à l’étranger doivent rentrer, et l’ensemble doit se retrouver pour débattre ensemble.

— Débattre de quoi ? Annoncer quoi ?

— Ils doivent sûrement débattre sur ce qu’ils vont annoncer. Ils ont encore rien dis, c’est bien cela le principe. Si on savait à l’avance ce qu’ils allaient nous dire, cela n’aurait plus aucun sens de faire une annonce officielle. Mais puisqu’ils la qualifient d’annonce officielle, je suppose qu’elle est d’ordre politique, avant tout.

— Mais comment compte-t-elle faire cela ? Je ne comprends pas. Si c’est une annonce officielle des politiques, aucuns civiles n’a le droit à la parole. Et de toutes manières, les conseillers ne font plus parler les citoyens depuis bien longtemps déjà.

— André a crée une toute nouvelle sous filière dans le domaine de l’infiltration qui n’a rien à voir avec le domaine. Avant, il y avait deux sortes de personnes qui travaillaient dans cela : les infiltrés sur le terrain, et ceux qui s’occupaient sous ordre informatique. Depuis quelques jours, elle commence une nouvelle filière qui devrait être à part, et qui aurait pu être bien si elle n’avait pas été créée spécialement pour sa volonté personnelle et non avec l’accord des autres chefs. Et cette nouvelle branche consiste à recruter des personnes qui pourraient faire office de garde du corps ou alors d’assaillant si la situation venait à s’envenimer, ce que je n’espère absolument pas.

— A quoi joue-t-elle ?

— Je ne sais pas ce qu’elle pense, mais je ferais tout pour l’empêcher de faire des bêtises. Je ne peux pas voir l’association couler comme cela, maintenant d’un coup sans avoir rien pu faire.

— Tu as l’air d’en avoir fais beaucoup pour l’association, d’en avoir beaucoup donné.

— Je ne sais pas… je ne pense pas, mais certaines personnes me l’ont déjà dit, mais cela me paraît juste normal. Je voulais le bien, Mme. Keys m’avait vendue le rêve de mettre tout en œuvre pour retrouver la paix dans notre pays, et plus tard, dans le monde.

— C’est Mme. Keys, qui t’a fait venir directement dans l’association ?

— Oui.

— Comment cela s’est passé ? questionna Iris, curieuse.

— C’était assez rapide. J’étais à la capitale lorsque j’ai rencontré Andréa. A l’époque, j’avais tout juste finis mes études en sciences, et je placardais partout des affiches pour lutter contre l’entrée en guerre… La cible parfaite mais ce n’était pas si simple que cela. J’ai dû changer de nom et de prénom que ce soit pour entrer dans l’association en tant qu’infiltrée

— Je savais que ton vrai nom était Klimb parce que j’ai rencontré ton frère, mais tu ne t’appelles pas Amanda ?

Le visage d’Iris se tendit de surprise. La jeune fille n’arrivait pas à imaginer d’autre prénom à la femme de sa vie. Celle qu’elle considérait comme la grande sœur qu’elle n’avait jamais eu. Elle ne s’attendait pas à ce que sa réelle identité soit Amanda Chasme, peut-être aurait-elle gardé son prénom. Mais son nom de famille, elle s’y attendait. Une fausse identité réussie, c’était une identité qui ne ressemblait pas à la vraie. Amanda était bien placée pour le savoir. Elle avait elle, sa vraie personne, et Amanda Chasme, sa couverture.

— Non. Amanda Chasme, dans son entièreté était mon identité de couverture. Même si le Amanda, un peu moins. Je n’aimais pas mon prénom, du coup tous mes amis m’appelaient Amanda, y compris ma famille. À cause de mon frère qui a délibérément dit à Past qui j’étais, je vais devoir changer une nouvelle fois d’identité pour m’assurer d’être complètement protégé.

— C’est quoi ton vrai nom ?

Amanda rougit comme si elle semblait embarrassée, les yeux brillants.

— Edma Klimb.

Iris fut prise d’un fou rire sortie de nulle part, qui n’avait pas de raison valable. Amanda, de son vrai nom Edma, se détendit et laissa transparaître un léger sourire sur son visage.

— Attends ! Tu es la fille à qui on t’a consacrée un article car tu avais prédis que les conseillers allaient faire n’importe quoi ! C’est toi la fille qui as tagué la statue de l’emblème d’Opartisk et qui a incendié une imprimerie qui imprimait pour les conseillers. Tu as pris la parole devant tout le monde lorsqu’ils ont annoncé l’entré en guerre.

Iris avait vu juste. Amanda n’avait pas toujours été d’un calme olympiens, elle avait appris avec ses différentes missions à s’assagir et à garder son sang froid pour ne pas faire d’excès. Son entrée dans l’association, avait tout de même quelques points positifs finalement.

— Andréa m’avait donc repérée, et elle savait que j’habitais dans la capitale. C’était spécialement pour moi qu’elle était venue. Elle m’a parlée de son projet, et j’ai totalement adhéré. Je suis une des premières membres de l’association, c’est un peu grâce à moi qu’elle s’est construite. J’avais un réseau d’amis qui avaient les mêmes idées que moi. Ils font partie de l’association, ils sont rentrés alors que je leur racontai tout.

— Tu avais l’air de t’investir à deux cents pourcents, observa finement Iris.

— Oh que oui ! L’association était devenue tout pour moi. J’en oubliai même de chercher un emploi et je passais mes temps réfléchir à des solutions, trouver des plans, vérifier chaque plan et recruter toujours et encore plus de nouvelles personnes. Je pensais que c’était ma vocation, ce que je devais faire. Mais ça a changé…

— Pourquoi ?

— J’ai dû faire des sacrifices car cela devenait de plus en plus concret. Le fait d’avoir passé autant de temps pour pratiquement tout savoir sur tous les clans n’est rien du tout. Mais devoir couper les ponts définitivement avec mes parents, c’était vraiment dur à faire et à en subir les conséquences. J’ai bien failli renoncer.

— Tu étais vraiment dans l’obligation de couper tout contact avec tes parents ?

— Non, pas vraiment. Sauf que je me devais de les protéger, et en étant toujours chez eux, ce n’était pas le cas. Mon frère travaille dans l’armée, il doit prévenir tout acte de rébellion qu’il a eu vent. Je ne sais pas pourquoi il m’a dénoncée, mais mes parents ne devaient pas connaître beaucoup l’existence de l’association. Ils se retrouvaient sûrement surveiller par des agents de l’État pour savoir si mon frère ne les trahissait pas mais aussi se que je devenais, sachant mon passé.

— Tu es donc parti sans rien dire ?

— On peut dire cela comme cela. Je suis partie définitivement lorsqu’ils étaient chez les voisins. Je leur ai laissé une lettre pour leur expliqué le minimum tout en leur laissant comme consigne de la brûler pour ne pas les mettre en danger. Je ne sais pas si l’on fait, j’espère.

— Tu ne les as plus revenus ?

— Non. Je ne sais pas s’ils ont été emprisonnés, ou alors s’ils vivent en paix. Les conseillers ont enfermé beaucoup de prisonniers, mais nos infiltrés, là-bas n’ont jamais réussi à obtenir leur nom. En tout cas, pas les anciens.

— Mme. Keys va sûrement te tuer après avoir visionné cet enregistrement, déclara amèrement Iris, chagrinée d’être la raison pour laquelle Amanda risquait sa place dans l’association.

— Je viens de repenser que j’ai un vieil ami dans la branche informatique. Il devrait pouvoir m’aider. Si ce n’est pas le cas, j’en assumerai pleinement les conséquences. La vie est faite comme cela. A bientôt Iris.

Ce fut Amanda qui coupa la communication. Iris soupira et s’allongea sur son lit. Elle était heureuse d’avoir pu parler à l’infiltrée, et comme d’habitude, elle avait appris beaucoup de chose de l’adulte. Mais cela ne demeurait pas de belle chose. La jeune fille balaya les nouvelles informations pour les envoyer valser au fin fond de son cerveau. Elle se releva et fixa le sol. Elle allait devoir lutter pour ne pas penser à ouvrir la boîte que Peter lui avait confiée. La surdouée sortit de sa chambre et arpentait les couloirs, d’un sol gris clair et aux murs de la même couleur plus foncée, à la quête de la salle d’entraînement. La jeune fille n’y avait jamais mis un pied, et n’avait donc aucune idée d’où elle se trouvait.

— Qu’est-ce que tu cherches ?

Iris se retourna. Peter venait de sortir de la grande salle qui faisait office de salon commun à tout ce petit monde. Auparavant, Iris ne l’avait jamais vu y entrer. Il devait donc passer lorsqu’elle n’était pas là. C’était une salle assez agréable, il y avait une chaleur ambiante grâce à la cheminée et plusieurs sofas y étaient entreposés où on pouvait écouter la radio des nouvelles d’Opartisk. Cette salle n’était pas équipée d’objet électronique comme des télévisions ou des ordinateurs. Cela semblait vouloir être une salle de détente, loin de tout. Mais ils ne se retrouvaient jamais loin de la réalité, c’était une erreur de penser cela.

— De quoi parlait Amanda ? Tu dois sûrement chercher la salle d’entraînement pour rejoindre Samuel dès qu’il aura terminé. Quand tu repartiras, tu tournes à ta droite, et c’est dans ce couloir, mais je ne sais pas exactement quelle porte.

Peter avait visité en douce, pendant la nuit le bâtiment avec Samuel. Les activités nocturnes dans le bâtiment avaient été proclamées totalement interdit et punis en cas de découverte, mais cela n’avait pas dissuadé Peter qui avait embarqué Samuel avec lui. Les deux adolescents ne s’étaient pas fait prendre et avait été assez rapide. Le plus grand passait son temps à traîner dans le bâtiment et sa chambre, mais il allait quelquefois à l’air libre lorsqu’il se savait seul et absolument pas surveillé. Iris fit un sourire triste avant de regarder son ami qui tenait toujours son bras gauche plié avec l’index montrant la direction.

— Merci Peter… Je… On est là tu sais. Moi, Sam et Marianne. Amanda aussi, si tu veux.

— Oui je sais, dit-il dans un éclat de rire qui gêna Iris. J’ai vu Sam et Marianne ce matin et ils sont sûrement en train de se battre. Et tu es devant moi, en chair et en os. À moins que tu sois un fantôme depuis le début mais je ne pense pas.

— Arrête, commença Iris en levant les yeux au ciel alors que Peter souriait comme un idiot. Ce n’est pas drôle, je t’assure. Tu m’as donnée cette boîte, et c’est super flippant. Arrête de rire ! Amanda… Amanda m’a parlée des deux phases de la maladie.

Elle avait réussi à faire perdre son sourire à Peter. La jeune fille n’en était pas vraiment fière, mais il voulait qu’il reste sérieux pendant cette discussion. Elle n’avait pas trop envie de rigoler avec lui avec cette affaire de maladie qui s’amplifiait. C’était son ressenti sous l’acte accompli, peut-être qu’elle arriverait à relativiser plus tard. Mais impossible pour le moment, il lui fallait attendre encore un peu.

— Iris…

— Maintenant je sais que tu n’arriveras pas à changer d’avis, et que tu n’as pas parlé au infirmier. Mais je t’en pris, commença-t-elle d’une voix cassée et soufflée. Essaye. Va les prévenir et dit leur juste que tu ne veux pas que Samuel le sache pour le moment. Il y a plus d’une personne qui tienne à toi, tu le sais. N’abandonne pas sans te battre.

Peter ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais les paroles ne sortirent jamais. Il prit le bras d’Iris pour l’attirer vers lui et la prit dans ses bras, tout tremblant, se laissant aller à échapper quelques larmes qui tombèrent dans le cou d’Iris qui réprima un tressaillement, ne s’attendant pas à sentir de l’eau tiède rencontrer sa peau. Elle referma ses bras et frotta doucement le dos de son ami pour le réconforter. Iris lui arrivait à un endroit du torse où elle put remarquer que Peter était légèrement plus grand que Samuel.

— On est là. Tu n’as pas à t’en faire, on ne te lâchera pas comme cela.

— Tu diras à Marianne que je l’attends, s’il-te-plaît.

Il la lâcha et lui fit un sourire triste. Elle le regarda retourner au salon avant de suivre ses indications. Le couloir dans lequel il l’avait redirigé était un peu plus étroit que les autres, avec quelques portes en moins. Néanmoins, Iris ne se voyait pas faire du porte-à-porte, mais il n’y avait aucune indication sur une d’entre-elle. Sauf qu’elles ne se ressemblaient pas toutes. Iris en déduisit que cela devait sûrement être la porte du milieu, la plus large. La surdouée poussa la porte, elle ne s’était pas trompée. La salle d’entraînement était équipée en tout genre : tapis, engins de musculations, tapis de courses, barres et placards où il y avait d’autres matériels. Le sol était du parquet, glissant à certains endroits, et deux murs étaient entièrement recouverts de miroir alors que le troisième avait un banc collé contre avec des étagères et une barre en bois si on voulait se tenir. Iris referma la porte et eut juste le temps de voir un long bâton en bois se pencher. Marianne se trouvait à terre, et Samuel la bloquait d’un pied et du bâton. Ils étaient fatigués, leurs respirations étaient saccadées. Pourtant, Marianne essaya de se libérer et elle aurait réussi si Samuel n’avait pas forcé encore plus son poids et le bâton contre elle. Elle finit par se détendre et respira en fermant les yeux.

— Bien joué Samuel. Tu apprends très vite à ce que je vois. C’est bien, tu seras vite paré en cas de soucis lors de tes futures missions.

Iris s’adossa contre le mur sans un bruit alors que Samuel retira son pied et fit tournoyer le bâton avant de tendre sa main pour aider Marianne à se relever. Un sourire naquit sur le visage d’Iris mais aussi sur celui de Samuel. Des sourires de satisfaction. Iris détestait Marianne, la voir se faire battre, qui plus est par Samuel, cela ne pouvait que la faire plaisir. Samuel tira sur son bras pour aider Marianne à se redresser alors qu’il relevait la tête puis sourit, les yeux pétillants lorsqu’il vit Iris. Il lâcha un peu trop tôt la main de Marianne, si tôt, qu’elle faillit perdre son équilibre, mais très sportive, la jeune femme n’eut aucun mal à se remettre sur les deux jambes.

— Ça va ? demanda-t-il à Iris avant de lancer un regard désolé à Marianne.

— Oui, je vais bien. Tu as l’air en forme, toi.

— Je vais vous laissez, déclara Marianne en préparant son sac, lançant un regard noir à Iris.

— Peter t’attend dans le grand salon, indiqua Iris en essayant de ne pas adopter une voix glaciale.

— Merci de me l’avoir informé.

Marianne ne mit pas longtemps à partir de la salle. Elle fut telle une ombre qui se dissipait lorsque le noir l’engloutissait. Iris souffla et s’assit sur le banc en bois et attrapa d’une main la barre, fuyant son reflet dans la glace, le reportant sur le reflet de Samuel qui s’approchait. Le jeune homme se penchait pour déposer un baisé chaste mais intense sur les lèvres d’Iris avant de fouiller dans son sac pour en ressortir une gourde d’eau bleu que Marianne lui avait offert pour avoir gagné son premier combat contre elle. Il garda une main à la barre en bois, sur celle de la surdouée. Iris l’observa laisser couler de l’eau sur ses mains pour après en asperger son visage et ses cheveux. Il répéta le geste plusieurs fois avant d’être complètement satisfait de la fraîcheur de l’eau sur sa peau qui avait été conservé par la gourde. Iris se mordilla la lèvre et en le voyant elle comprit qu’elle n’arriverait jamais à lui avouer le mal qui rongeait. Iris ne pouvait pas concéder de voir Samuel effondré avant l’heure, elle ne supporterait pas. Samuel la regarda, un sourire au coin et s’installa à ses côtés, la gourde à la main.

— Quand est-ce que vous allez finir par parler toutes les deux avec Marianne ? se renseigna-t-il avant de porter sa gourde près de ses lèvres.

— Pourquoi on devrait parler toutes les deux ? Elle n’en a pas l’intention et l’envie de toute manière. Moi non plus.

— Parce que, commença Samuel dans un soupire, nous allons être en mission tous ensemble, et il est prévu qu’elle rentre en même temps que nous en Opartisk. Cela serait mieux d’essayer un peu de communiquer même si cela ne vous fait pas vous appréciez. Même s’il faut bien l’avouer, c’est compliqué de justifier le fait que vous vous aimiez pas ! Pour chacune de vous !

— Caractère incompatible, répondit Iris d’une voix légère.

Samuel tourna la tête vers Iris qui tournait la sienne vers lui. Elle posa sa tête sur son épaule et Samuel passa la main dans ses cheveux auburn avant de passer son bras le plus proche autour de ses épaules pendant qu’elle lui prit la main pour entrelacer leur doigt.

— Ouais, deux caractères forts comme les vôtres cela fait des explosions à coup sûr.

— C’est sa faute. C’est elle qui a commencé à me chercher.

— Et comment ?

— En te proposant des cours particuliers. Elle savait que cela m’énerverait.

Samuel rigola en attirant un peu plus la jeune fille contre lui sentant son souffle dans son cou, inspirant l’odeur de son shampoing au passage.

— Donc… Je n’ai pas le droit de me défendre, répliqua Samuel alors qu’Iris levait les yeux au ciel. Tu es incroyable toi ! Juste pour cela. Tu es jalouse.

— Oui, je le suis.

— Et tu l’assumes.

— Je l’assume.

— C’est bien que tu t’entendes bien avec Peter, souleva Samuel en posant sa gourde. C’est mon meilleur ami, c’est important pour moi que vous vous appréciez tous les deux. On est peut-être pas dans un contexte facile, mais j’ai vraiment l’impression de passer l’une des meilleures époque de ma vie.

Le cœur d’Iris se serra un peu plus. Il venait de briser le peu de courage qu’elle avait de lui dire. Elle n’y arrivait pas. Le jeune homme déposa ses lèvres sur le front de la jeune fille avant de pauser sa tête contre la sienne.

— En faites… Kendra est dans le désert. Je ne sais pas comment elle a miraculeusement fait, mais elle s’est échappée.

— Formidable, j’espère qu’elle n’est pas morte de déshydratation, grogna Samuel avec sarcasme, soucieux de la petite fille. En faites, on m’a dit de te prévenir. La mission se retrouve repoussée de quelques jours.

— Pourquoi ? s’enquit Iris qui ne voulait pas perdre de temps, sachant que d’ici quelques semaines, un plan pour libérer Maryline et Marin sera achevé d’être élaboré.

— Pour nous préparer physiquement à la mission. Nous serons donc entraînés chaque jour.

Iris ferma les yeux, remplie par le désespoir. D’une part pour elle, car elle n’était pas la fille la plus sportive du monde, et était loin d’apprécier cette activité, mais aussi pour Peter, dans l’état dans lequel il allait terminer, il allait finir par être découvert. Il devait absolument en parler à l’infirmerie.

— Qui nous ?

— Eh bien Marianne, Peter, toi et moi.

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