Chapitre 11 :

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Lors des journées Iris et Samuel avaient joué aux échecs avec un plateau et des pièces d’échecs qu’ils avaient eux même créer avec du papier. Ils avaient posé le papier quadrillé par terre ou ils avaient colorié des cases en noirs, et les pièces étaient composées de plusieurs couches assemblées, et collées pour qu’elles puissent tenir debout. Peter était paisiblement en train de dormir alors qu’il n’avait cessé de vomir. Le jeune homme n’avait jamais cessé de vomir dès qu’il était réveillé. Il était épuisé de se vider de ses forces, et la nourriture ne lui en donnait pas plus puisqu’il les éjectait après chaque repas. Peter essayait donc de dormir pour garder les quelques forces qu’ils gardaient en lui. Il n’avait qu’à être patient, après le bateau, il n’avait qu’une petite heure de voiture devant lui. Même s’il savait que les longs trajets en voiture lui faisaient le même effet. Samuel, lui, était assez inquiet. Peter était son meilleur ami, et il avait fait beaucoup de trajets avec lui, et de ce qu’il avait remarqué l’angoissait beaucoup. Peter n’avait jamais fais de crise aussi violent, auparavant.

À l’extérieur le vent soufflait très fort et donc créa des vagues qui faisaient tanguer le bateau au plus grand damne de Peter, qui, heureusement pour lui, dormait encore. Le vent soulevait légèrement les cheveux noirs de Samuel qui fixait la mer de ses yeux bleus perçants. Le jeune homme restait pensif. Le voyage touchait à sa fin, et il espérait secrètement que la Dheas avait une atmosphère plus légère et douce que l’Opartisk. D’après ce qu’il avait compris des quelques nouvelles que Loan avait obtenu, la Thuath n’était vraiment pas un pays idéal pour avoir le moral. Samuel soutenait ses deux amis de loin, très loin. En Opartisk, l’histoire-géographie ne parlait que très peu des autres clans, juste les quelques fois qu’ils évoquaient la guerre.

Maintenant que leur pays en faisait, elle aussi partit, les cours devaient sûrement servir de propagande pour influencer les enfants, pour que plus tard, ils fassent de bons soldats qui n’aient aucunes pitiés pour les clans ennemis à l’Opartisk. Tout cela était d’un terrible gâchis, et Samuel l’avait réalisé depuis longtemps. Le jeune homme trouvait tout cela, extrêmement désolant et stupide. Le pire était qu’il savait très bien qu’il ne pouvait pas faire grand-chose. Sauf que le jeune homme aimerait pouvoir échapper la doctrine aux enfants Opartiskains. D’éviter qu’ils se fassent manipuler, d’éviter qu’ils laissent place à la haine envers les autres peuples et les éviter de penser que la guerre était bien. Car c’était faux, la guerre ne faisait qu’empirer les choses depuis des siècles, et elle ne s’arrêtait toujours pas. Elle ne s’arrêterait jamais. Pour cela, il fallait les libérer des bâtiments du désert. Malheureusement ce n’était pas encore d’actualité, et personne ne pensait sans doute à cette idée. Sauf que le surdoué avait deviné où voulait en venir les conseillers : ils créeraient des écoles militaires pour préparer les garçons à la guerre. Samuel était certain que cela n’allait pas tarder à se construire et à être mis en place… Heureusement que lui et Peter étaient loin des conseillers maintenant. Loin, mais toujours vulnérable. Le jeune homme ne l’oubliait pas. Les autres garçons n’avaient pas cette chance, et Samuel ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir un peu.

Le jeune homme ferma les yeux. Ses parents commençaient à lui manquer vraiment beaucoup depuis qu’il avait réalisé qu’il n’était pas passé très loin d’eux. Le surdoué avait beau savoir que c’était la mission d’abords, que les intérêts personnels devaient passer après ceux du groupe, Samuel avait eu l’impression de trahir encore une fois ses parents. Pourtant, c’était ses parents qui l’avaient envoyé dans le désert, car ils étaient résignés, le jeune homme l’avait bien remarqué. Le fait de se savoir loin d’eux aidait à être moins triste. Il se devait de les revoir dès qu’il retournerait en Opartisk. Samuel se devait au moins de s’assurer de l’état de ses parents.

— Tu m’as l’air bien pensif, toi. Bien plus que d’habitude à ce que je vois, déclara une fois de jeune femme derrière lui.

— Ah ouais, répondit-il dans un rire. Comment arrives-tu à remarquer cela sans me voir en face ? Tu m’observes ? rajouta-t-il avec un petit sourire au coin.

Il se retourna et Iris n’eut pas le temps de se cacher alors que ses joues viraient pivoines. La jeune surdouée s’appuya à la rambarde et fixa Samuel, qui lui, même la fixait, attendant une réponse de sa part. Les cheveux auburn de la jeune fille voltigeaient dans tous les sens, alors que le vent donnait un air désinvolte à son ami. Iris finit par se détacher du regard de Samuel pour le poser sur la mer.

— Je n’en sais rien… C’est juste que c’est dans ta nature d’être pensif même si tu ne le laisses pas paraître d’habitude. Tu es souciant depuis le début du voyage. Cela se voit et se ressent aussi. Je pense que c’est aussi parce que Peter est là aussi. Il y a un truc avec lui qui te préoccupe, n’est-ce pas ? Pour tout te dire, moi aussi. En plus de cela y a tout le contexte en ce moment, répondit la jeune fille en tournant la tête vers son ami.

— Okay. Donc je dois en conclure que tu m’observes sans que je ne m’en rende compte. Je vais devoir apprendre à devenir encore plus observateur, jugea Samuel en scrutant le visage d’Iris qui levait la tête pour le regarder.

Il lui fit un doux sourire qui illumina le regard de l’adolescente. La jeune surdouée remarquait que Samuel faisait exactement une tête de plus qu’elle. Elle avait dû grandir un peu en deux semaines. La surdouée releva les yeux et ne manqua pas de tomber sur le regard profond de Samuel, qui se tenait de dos en tenant la rambarde.

— Parle-moi, intima Iris. Dis-moi ce qui te tracasse.

Samuel soupira. Il ne voulait pas qu’Iris se préoccupe de lui comme s’il était un enfant de quatre ans. Il était plus âgé qu’elle. À ses yeux, c’était à lui de veiller sur Iris, et non inversement. Malgré tout, le jeune homme avait besoin de se confier un peu à quelqu’un de confiance, et il avait une totale confiance en Iris, comme cette dernière envers lui. C’était cela qui les unissait si bien.

— Cela me tue que les conseillers se servent de tout le monde comme des pions pour arriver à leur fin. J’ai beaucoup réfléchi ses derniers temps, et je me suis rendu compte qu’éviter la maladie et d’étudier les enfants pour comprendre n’étaient les seuls avantages des bâtiments. Je suis persuadé que les conseillers y avaient pensé.

— Penser à quoi ?

— Eh bien… Imagine que tu es chef d’État. Tu décides de mettre ton pays en guerre. Plein de militaires meurent, ou alors il n’y en a pas assez, ou tu veux juste tout gagner et détruire les autres pays. Que ferais-tu ?

Iris comprit immédiatement où le jeune homme voulait en venir. Pourtant elle n’y avait jamais pensé, elle se sentit idiote.

— Il faut qu’on en parle à Mme. Keys. Nous ne pouvons pas laisser les conseillers envoyer à la mort tous les garçons d’Opartisk !

— T’inquiète pas pour cela, les fils de riches aux placés seront bien conservés, grogna Samuel.

Samuel avait raison. Certains d’entre eux allaient être épargné, notamment lui qui était loin des conseillers, mais surtout les enfants de riches, sauvés par leurs parents qui n’hésiteraient pas à sacrifié ceux des autres. Les deux surdoués savaient pertinemment que cela fonctionnait comme cela. Tout le monde savait que tous les choix concernant les personnes se faisaient en utilisant la hiérarchie. Ce qui poussait les révoltes encore plus loin car ses choix mettaient en avant les injustices des pauvres. Les choix des conseillers ne faisaient qu’empirer la situation, ce qui ruinait encore plus leur image. Tout cela pouvait entraîner bien pire que de violentes manifestations ou révoltes : une révolution. Dans ce cas-là, le peuple serait si violent que personnes ne pourraient les arrêter, et ils feraient n’importe quoi au lieu de faire quelques choses de sensées. Les conséquences seraient vraiment terribles. Samuel n’avait pas vraiment envie de voir ça. Sauf que cela n’allait pas tarder.

— Et pour Peter ? Je ne t’ai pas vu te disputer avec lui, et je ne pense même pas que vous vous disputez. Vous vous entendez trop bien pour cela. Alors je ne vois pas vraiment quel est le problème, reprit Iris en effleurant doucement la main du beau brun.

Il laissa ses pensées divagantes pour se remémorer la question d’Iris avant de baisser la tête pour la regarder. Cela lui faisait plaisir que la jeune surdouée se soucie de lui, mais Iris avait tellement de chose en tête qu’il ne voulait pas qu’elle s’inquiète trop pour lui. C’était lui qui était là pour se préoccuper de tout le monde. Iris soupira avant de lui serrer la main.

— Sam ! Je ne suis pas médium mais je sais très bien ce que tu penses. Tu n’es pas le seul à t’inquiéter pour tout le monde. D’accord, je ne m’inquiète pas pour tout le monde, actuellement je suis inquiète pour nos amis qui sont loin, et ceux qui sont prisonniers. Je suis aussi inquiète pour toi, et c’est comme ça. Ce n’est pas parce que tu me diras de ne pas l’être que j’arrêterais. Tu peux me parler.

Le concerné s’assit et Iris fit de même. Le bateau tangua et Iris qui partait vers l’avant se retrouva assise à l’endroit qu’elle voulait grâce à Samuel qui l’avait tiré plus fort en arrière, non sans rire. Le fait qu’Iris n’avait aucun sens de l’équilibre n’était un secret pour personne. Le surdoué ne l’avait pas oublié, comme lors des bombardements dans le désert, il avait pu voir le talent de chuteuse d’Iris. Maintenant, il essayait de l’aider. Admirer quelqu’un tomber n’était pas quelque chose de très sympathique, Samuel le savait très bien. Le jeune homme rigola en voyant la tête d’Iris, tout déboussolée.

— Sans vouloir te vexer ma chère amie, je crois qu’il va vraiment falloir que tu te mettes à travailler ton équilibre. Cela pourrait te porter préjudice à certains moments. Si on devait fuir, par exemple, affirma Samuel en lui rappelant la nuit du bombardement que les conseillers avaient organisé contre leur propre bâtiment qui abritait les surdoués.

— Tu me reproches d’être tombé tout le temps, ou d’être partie chercher Amanda, souffla Iris en tournant la tête vers le jeune homme.

La jeune fille pouvait comprendre que Samuel lui en voulait un peu, sauf qu’elle n’avait pas pu se résigner à voir Amanda mourir, et telle une tête de mule elle avait foncé sans réfléchir. C’était tout de même pour la bonne cause, car à l’époque, Iris avait réussi à récupérer les informations qu’Amanda avait trouvé, et l’infiltrée avait réussi à passer dans les mailles du filet et avaient réussi à retourner en Opartisk, grâce aux membres de l’association du désert. Samuel souffla et baissa la tête pour trouver le regard d’Iris.

— Iris… Je ne te reproche pas de tomber tout le temps, ni de considérer Amanda comme la femme de ta vie et ton modèle ultime. Je te reproche juste de mettre ta vie en danger. Je te rappelle que si les conseillers n’avaient pas prévu leur coup, tu serais morte, et Amanda avec toi. Et ça, je ne te l’aurais jamais pardonnée.

— Ce n’est pas qu’Amanda est mon modèle ultime. Je reconnais juste qu’elle m’a sauvée et remplis ses missions maintes et maintes fois. Et toi… C’est gentil de tenir à moi comme cela, murmura la jeune fille.

— Et toi alors ? Tu veux qu’on en parle ? répondit-il dans un rire nerveux.

Iris eut un petit rire. Samuel n’avait pas tort, avec son numéro « je sais que tu ne vas pas, parle-moi », elle était aussi classée dans la partie attachée. De toute manière elle ne pouvait s’en empêcher, il était seulement à quelques centimètres d’elle mais elle s’inquiétait comme s’il était à l’extrême opposé. Le jeune homme ne s’en rendait pas vraiment compte, mais la jeune fille était aussi attachée à lui qu’il l’était pour elle. La jeune femme plissa les yeux pour observer chaque parcelle du visage de Samuel. Son expression était contractée et son regard se perdait dans le vide auquel il faisait face, signe qu’il était encore soucieux. La jeune femme passa une main dans ses cheveux noirs pour attirer son attention.

— Alors… À quoi penses-tu ? insista la jeune fille aux cheveux auburn.

—Tu ne me lâcheras, pas non ? rigola le jeune homme. Tu veux tout savoir de moi, murmura-t-il doucement. Je ne sais pas si t’aimerais vraiment tout savoir de moi. Si je te raconte certaines choses sur moi, je te ferais vraiment pitié après. Je te le jure.

Iris fronça les sourcils en souriant un peu. Samuel, lui faire pitié ? La jeune fille avait du mal à y croire. Le garçon qui n’avait pas hésité à la suivre, à la soutenir, à l’écouter. La personne qu’elle qualifiait comme bien plus qu’un confident. Une des seules personnes en qui elle avait absolument toutes confiances. Son seul et unique pilier qui lui resta, et qui avait complètement remplacé Marin, Cassandra et Kilian.

— De toutes manières, je peux te garantir qu’un jour je saurais tout sur toi. Je ferais tout pour en tous cas.

— Je dois donc estimer que tu ne me lâcheras pas tant que je ne te dirais pas tout ce qui me tracasse et que tu arriveras à deviner si je ne te dis pas tout, raisonna Samuel. Bon… Je pensais déjà à mes parents. On est passé pas si loin de chez moi et Peter, tu sais, et de les savoir si près de moi depuis si longtemps. Cela à réanimer en moi mon manque d’eux. C’est si égoïste, mais cela m’a donné encore plus envie de les revoir. Sauf que pour le moment, je sais que c’est impossible. La mission et l’association avant ses besoins personnels, c’est une de ses devises. Puis, nous avons embarqué, et nous allons pas tarder à arriver en Dheas. En plus d’être un des autres clans, c’est un continent où l’Opartisk ne se trouve pas.

— Ne dis pas n’importe quoi. Tu es la personne la moins égoïste que je connaisse. Tu es la personne la plus adorable du monde. Tu n’as pas à te torturer avec des parents, et dès qu’on rentrera de la Dheas, je te promets que l’on fait un détour pour aller les voir. Je te le promets, déclara Iris en encadrant les joues du jeune homme pour le forcer à la regarder dans les yeux. Et Peter ?

Samuel souffla avant de prendre une des mains d’Iris et de la serrer avant de tracer des cercles de son index, sur le dos de la main de la jeune fille. Le beau brun cherchait ses mots, pour ne pas avoir besoin de bégayer et donc se sentir ridicule devant son amie.

— J’ai peur pour lui, avoua-t-il en fixant sa main dans celle d’Iris. Je ne pense pas que se soit une bonne chose qu’il nous accompagne. Pas que je ne l’aime plus comme avant, c’est faux, il restera pour toujours mon meilleur ami. Ni parce que j’ai le sentiment de devoir veiller sur vous deux, cela c’est juste moi qui pense toujours au pire pour trouver une solution pour vous sauver si cela arrivait. Sauf que le truc, c’est que j’ai vraiment peur pour lui. Tu vas sûrement me trouver trop pessimiste et trop inquiet sur les bords, et tu auras assez raison, je pense. Je m’inquiète pour Peter car, j’ai l’impression qu’il commence à contracter la maladie, continua Samuel, sachant déjà ce qu’il dirait à l’avance alors qu’Iris serra un peu plus sa main en espérant que cela puisse le soutenir peu. Je… Je l’ai accompagné à pratiquement tous ses voyages, j’ai toujours été là. Et, nous avons déjà fait une croisière. Je peux t’assurer avec certitude, qu’avant aujourd’hui, Peter n’avait jamais de crise aussi violente.

— Tu as peur que c’est parce qu’il ait la maladie, termina Iris.

— Ouais, je le pense. Mais je ne l’espère profondément pas.

— Je comprends, tu ne veux pas le perdre, c’est normal… Tiens, dis-moi quelque chose sur toi, que je ne sais pas. Quelque chose que très peu de gens savent. Quelque chose que tu n’aurais habituellement pas forcément envie d’en parler à un ami !

Cela avait directement rappelé quelque chose à Samuel puisqu’il laissa échapper un rire nerveux en lâchant la main d’Iris pour passer la sienne dans ses cheveux. À son regard, on pouvait directement remarquer que ce n’était pas le genre de chose duquel on aime parler. Iris lui sourit et pressa ses épaules en secouant la tête. Samuel n’en revenait pas. Il allait dire à Iris quelque chose qui allait le faire passer, pour lui, comme un imbécile auprès d’elle. Le pire, c’était qu’on fond, cela ne le dérangeait pas tant que cela de lui dire. Il garda dans un coin de sa tête, de réussir à subtiliser des informations sur le passé d’Iris, un de ses jours. La jeune fille se confiait d’instinct à lui, cela ne serait donc pas trop compliqué pour le surdoué.

— Bon, je te préviens, tu ne me verras plus jamais comme avant après que je t’ai racontée cela. Et si tu te moques de moi, ou, on va dire, tu exprimes n’importes quelle émotion comme la pitié, je sais pas ce que je te ferais, mais tu peux êtes certaines que je me rendrais justice.

— OK ! s’exclama Iris en levant les mains, pour faire signe qu’elle ne ferait rien et que si c’était le cas, elle ne ferait rien de mal. À t’entendre, on dirait que je vais apprendre, un dossier sur toi, calme-toi ! Je suis pas une balance, et s’il y a bien une personne que je protégerais ou que je ne trahirais pas, c’est bien toi.

Les joues d’Iris s’empourprèrent aussi vite qu’elle eut finis, après s’être rendu compte de ce qu’elle avait dis à la fin. C’était sorti spontanément, cela venait du cœur. Les deux adolescents ne furent pas gênés puisqu’ils rougissaient tous les deux. Samuel fit le même geste d’Iris en faisant un petit geste de la tête pour lui faire comprendre qu’il lui faisait pleinement confiance, mais qu’il ne voulait juste pas que cette histoire change le regard que la jeune fille avait sur lui et qu’elle soit répétée au quatre coins du monde.

— Bon, comment commencer… Heureusement que Peter n’écoute pas, il prendrait tellement un malin plaisir à me charrier. Sur le moment, c’était pas drôle, mais avec le recule, je me trouve tellement ridicule. Tu ne peux même pas imaginer. Bon, comme tout adolescent, j’ai été au collège. J’ai dix-sept, et il se trouve qu’à mes quatorze ans, je suis tombé amoureux d’une fille. Éperdument, certains le diront, comme Peter et mes parents. Mais je préfère soutenir que non. C’était juste qu’à l’époque j’étais très sensible, mais vraiment très sensible. Tout et rien me blessait, je n’avais jamais vraiment vécu un événement qui m’avait vraiment marquée au point de m’endurcir ou de me changer complètement. Je suis donc tombé amoureux d’une fille, et on est sortie ensemble. Puis elle m’a quittée. Cela faisait un an, et je me suis pris cette annonce comme une grosse claque. Tu sais, c’est une de ses claques qui te fais revenir dans la réalité et qui fais vraiment très mal. C’était horrible pour moi. Comme je te l’avais dit, à l’époque, j’étais vraiment sensible. Cela n’a pas plus affecté la fille que cela, mais moi… Cela m’a limite détruit. Je n’allais jamais bien, je voyais tout noir, j’avais extrêmement du mal à revenir à l’école. J’ai fait une sorte de dépression pendant quelques mois, avant d’aller mieux.

— Et… Tu trouves que cela t’a changée ? s’enquit Iris en regardant les yeux de Samuel qui fixait l’océan, désormais calme.

— Oui. Je me suis plus endurci. Je veux dire, je fais plus attention à qui je donne ma confiance. Je ne fais plus confiance à n’importe qui, et je ne prends pas la peine de m’attacher aux personnes qui n’en vaut pas la peine. J’essaye de me préserver pour préserver les gens que j’aime, et qui je sais, valent la peine que je m’inquiète.

— Donc… J’en vaux la peine ?

— Bien-sur.

Iris lui prit la main. Elle trouvait que Samuel était vraiment mignon. Elle avait rarement rencontré quelqu’un d’aussi calme, d’aussi poser, d’aussi à l’écoute, sans jugement. Elle avait rarement connu quelqu’un qui la comprenait vraiment. Et, elle devait avouer qu’elle avait été assez jalouse de cette fille qu’elle ne connaissait pourtant pas, mais qu’il avait aimé mais qui avait osé le laisser tomber alors que n’importe qui aimerait avoir quelqu’un comme Samuel à ses côtés. En tout cas, elle avait envie de l’avoir tout le temps à ses côtés. Iris, avait l’impression, que plus les jours passaient, plus elle était en train de devenir dépendante de son ami.

— J’espère que tu as oublié cette fille, dit Iris en souriant timidement. C’est bête que tu es autant souffert, juste par amour. Je sais que tu es quelqu’un de sensible, mais je ne pensais pas que ce genre de chose pouvait t’atteindre facilement. En tout cas, entends-moi bien, et crois-moi : cette fille est une idiote. Elle ne sait pas ce qu’elle a perdu, et elle a perdu la meilleure personne qui puisse exister au monde.

Samuel expira et retourna la tête pour regarder Iris.

— Toi aussi tu n’as pas connu que des hauts en amours. Je pense que je le sais tout autant que toi. Je ne sais pas pourquoi… Mais j’ai toujours réussi à te comprendre sans même te connaître totalement.

Iris frissonna. Elle savait très bien de qui Samuel parlait. Elle aurait espéré, que cela passe inaperçu ses chez amis surdoués, mais Samuel était vraiment beaucoup trop observateur. Elle soupira avant de poser sa tête sur l’épaule de Samuel.

— En y repensant, j’ai tellement l’impression d’être idiote, murmura-t-elle.

— Il ne faut pas. C’est la vie, qui est comme cela, répondit le brun, à l’oreille de la jeune fille en frottant le dos d’Iris avec une main en signe de réconfort.

— En faites, je crois que je l’ai aimé. Mais je ne crois pas que je l’aimais pour lui, pour ce qu’il était, pour ce qu’étaient ses choix et sa personnalité. Je l’aimais car je le connaissais depuis toujours, et que je le connaissais par cœur. En faites, je pense que je me suis perdue entre amour et forte attachement au fil du temps. Et, il s’en est jamais rendu compte, il ne s’est jamais douté de rien, et il ne se doute encore de rien. Je ne sais pas si je veux qu’il sache. J’ai l’impression que c’est humiliant pour moi, mais en même temps je sais que je ne l’aime pas, ou plus, je ne sais pas trop. C’est assez étrange, à vrai dire. J’ai vraiment honte, là.

— Pourtant, je t’assure que tu ne dois pas l’être. Je sais que tu t’apprêtes à dire « n’importe quoi, c’est faux, en plus je suis stupide ». Sauf que là ma petite, c’est toi qui à tort. Et, je suis donc obligé de te reprendre. Tu n’es pas idiote, et la honte que tu ressens et parfaitement normale. Tu as honte car tu sais que tu as confondu attachement et amour. Ce n’est pas un crime, et c n’est pas grave pour le monde. Très sincèrement, je pense que cela arrive à tout le monde, tu n’as pas à te blâmer ou à de prendre la tête juste pour cela. Ce qui est fait, et fait, et cela te permettra de ne pas le faire deux fois. Je t’assure Iris, tu n’as pas à en faire tout un plat.

Samuel avait raison, pourtant Iris avait l’impression d’avoir commis un sacrilège, quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû faire. Surtout à Kilian, qui, à l’époque, était son meilleur ami. Comment réagirait-il s’il l’avait appris ? Sûrement mal, et Iris trouvait cela logique. Néanmoins, Samuel avait raison, et entendre sortir ses mots de sa bouche l’aidait à relativiser. La jeune fille laissa sa tête posée sur l’épaule du jeune homme tout en la levant un peu pour pouvoir le regarder.

— Parce que cela t’es déjà arrivé de confondre amour et attachement ? risqua Iris.

— Moi, pas vraiment. Peter ? Totalement, et je le récupérai à la petite cuillère à chaque fois, car oui, cela est arrivé plusieurs fois pour Peter. Je n’ai jamais eu de doute, j’ai toujours su qui j’aimais, qui j’appréciai, qui je détestais. Mes sentiments vers les gens changent rarement avec le temps, même si quelques fois cela arrive, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire.

Iris fronça les sourcils et tripota la fermeture éclaire de la veste à Samuel qui sourit en la laissant faire.

— De quoi veux-tu parler lorsque tu dis que cela peut entraîner des bonnes choses, et d’autres, pas super génial ? poursuivit-elle.

— Eh bien, soupira-t-il. Quand des sentiments changent, par exemple des sentiments amicaux qui se transforment en sentiments amoureux, cela peut très bien se faire comme pas du tout. Tu as peur de l’abandon de l’autre, du rejet, de son regard qui change sur lui. Je parle de ses petits détails comme cela qui forme une relation entre deux personnes, et qui influencent donc sur la vie, et un peu, leur futur. Les choses peuvent bien se passer comme mal.

Iris redressa la tête pour le regarder face à face lorsqu’il avait la tête tournée vers elle.

— À t’entendre parler, on dirait que tu as déjà vécu cela… Tu ne me raconterais donc, pas tous ? s’indigna faussement la jeune fille dans un éclat de rire.

— Qui sait… Peut-être que je l’ai déjà vécu auparavant ou non ! déclara-t-il en esquissant un sourire alors qu’Iris remarqua que ses joues avaient commencé à virer vers un rouge très léger. Dans tous les cas, je peux te dire que j’ai tellement insisté à Peter dans ce cas-là. Le pire c’est que je connais tous les détails de ce qu’il ressent et de son état car il me dit tout à la minute même qu’il le ressent. Quelques fois à la seconde. Je te jure, je ne compte même plus le nombre de fois qu’il m’a réveillé, à m’appeler la nuit, juste parce qu’il avait besoin de se confier et que cela ne pouvait pas attendre le lendemain matin en cours, car, « soi-disant », c’était trop urgent pour attendre. Cela, juste pour me dire qu’il était triste ou désespéré pour un truc insignifiant.

— Ouais, mais tu l’as vécu aussi, je le vois dans tes yeux.

— Et je te conseille de ne pas chercher à approfondir ce terrain-là. Tu te heurteras à un mur. Je ne dirais rien pour le moment.

Iris sourit. Cela l’amusait de voir Samuel comme cela, d’essayer d’être sur de soie. De toute manière, la jeune fille trouverait le moyen de trouver la personne qui avait bien pu rejeter Samuel. Elle en était convaincue. Même si elle devait forcer. La jeune fille était quand même amusée de voir que son ami ne voulait pas qu’elle sache. Elle s’avachit contre la barrière du bateau.

— J’ai quand même, extrêmement du mal à croire, que quelqu’un puisse de rejeter. Je veux dire… On parle de toi, Samuel Lop, garçon intelligent, adorable et super beau. Qui pourrait donc te rejeter sans même essayer ? Cette personne devait être totalement pas saine d’esprit.

Samuel lâcha un rire et voûta son dos pour pouvoir poser ses coudes sur ses cuisses, et ses mains sur ses joues pour encadrer sa tête.

— Crois-moi, je suis certain que beaucoup de personne ne prendrait pas le Samuel surdoué, jugé par la plupart des gens dix mille fois trop vulnérables et gentils, et trop observateur à leur goût, car il aurait l’impression d’être épié, espionné tout le temps.

— Tu es trop humble. Tu es nettement mieux que ce que tu te décris, ne te blâme pas. Ses gens sont juste idiots et ne mesurent pas la chance qu’ils peuvent avoir, qu’une personne comme toi, tienne à eux. Tu n’as juste pas rencontré une personne censée, à l’heure d’aujourd’hui, si c’était le cas, tu ne penserais pas cela, et tu ne serais pas seul. Et je pense que ce jour arrivera vite. Tu as tous.

— Je n’ai pas tout… Mais tu as touché mon ego là ! Tu me flattes, et faut que je fasse gaffe à ne pas prendre la grosse tête maintenant et à ne pas être confiant.

— Tu devrais l’être.

— Alors toi aussi.

Iris tourna la tête avant de sentir son cœur battre, plongée dans le regard profond de son coéquipier. Elle trouvait que Samuel, était vraiment parfait. Il ne s’en rendait pas compte, et il ne savait même pas qu’il arrivait à l’utiliser à son avantage. Elle sentit le souffle du jeune homme sur sa joue et sourit en prenant la main du jeune homme. Puis elle releva son regard et son cœur fondit au sourire du jeune homme. La jeune femme sentit le besoin de se rapprocher du garçon, comme si elle était un aimant, et Samuel le métal. Elle n’était pas la seule à ressentir cette sensation. Quelque chose tomba dans l’eau juste à côté d’eux, les éclaboussants légèrement.

— Désoler de casser l’ambiance romantique qu’il y avait entre vous deux, mais vous vous embrasserez plus tard, déclara une voix au-dessus d’eux.

Les deux surdoués devinrent aussi rouges que des tomates alors qu’ils échangèrent un regard gêné avant de tourner la tête. C’était Peter. Le jeune homme c’était réveillé, il les fixait tous les deux avec un teint livide. Il n’avait pas l’air d’aller très bien, sûrement parce que le bateau était encore en train d’avancer. Iris avait pitié pour lui. Pas qu’il ressemblait à un pauvre petit gamin fragile, mais le mal du transport ne devait pas être quelques choses à vivre tous les jours. Même s’il fallait bien l’avouer, il était rare de voyager très souvent puisque les clans avaient beaucoup de mal à coopérer entre eux.

— Je croyais que tu dormais. Il y a un problème ? Immédiatement, tu as deux solutions mon pote, sois retourné au lit si on peut appeler cela un lit, soit tu te penches pour vomir dans l’océan.

— On doit aller se cacher dans les cargaisons vides, exprès pour nous. C’est pour vous prévenir que je suis là, je ne pense pas que vous voulez vous retrouvez directement en prison dès votre arrivée en Dheas. Je me trompe ?

Avant que Samuel ait pu répondre à son meilleur ami, ce dernier prit les barreaux de la barrière puis se pencha pour vomir dans la mer. Iris détourna son regard alors que le regard de Samuel se fit plus inquiet et suspicieux. Cela donnait envie à la surdouée de regarder Peter. Sauf qu’elle y renonça. Loan arriva et fit quelques tapes dans le dos de Peter qui toussotait. Samuel et Iris se relevèrent pour rejoindre leurs coéquipiers. Peter avait l’air en forme malgré le fait qu’il rejetait tout le contenu de son estomac en moins d’une minute. En tout cas, il s’était bien reposé à dormir pendant toutes ses journées de traverser, d’ailleurs, Loan aussi. L’agent, faisant partie des meilleurs de l’association, le pauvre, n’avait pas beaucoup de répits et de temps pour lui, ni pour voir sa famille. Il enchaînait les missions avec des pauses de quelques jours puis, devait immédiatement se remettre dans l’action. La vie des agents pouvait être très durs, et sur un rythme très soulevé, notamment pour les agents de terrains. Loan faisait partie de ses agents. Néanmoins, il avait l’air de le vivre bien.

— Pourquoi devons-nous nous cacher ? Je veux dire, l’Opartisk est allié avec la Dheas, pourquoi les deux peuples ne peuvent pas se déplacer dans l’autre pays comme bon leur semble ? se renseigna Samuel.

— Car nos conseillers sont extrêmement vigoureux. Ils ne veulent pas que la mauvaise attitude de certains cassent leur alliance, expliqua Loan. Si un pays perd toutes ses alliances, c’est quasiment certains qu’il finira ruiné et totalement détruit. Cela pourrait aboutir à de graves conséquences d’ailleurs. Ce que je veux dire, c’est que les conseillers d’Opartisk et ceux de Dheas interdisent que n’importe quelle personne étrangère hormis les équipages de bateaux et les pilotes d’avions aille chez le pays étranger. Ils tiennent beaucoup à leur alliance, et donc, ils font tout pour ne pas la fragiliser, même si pour le moment, elle n’a absolument rien qui la fragilise. De toute manière, le système électif des chefs est le même, cela les arrange bien. C’est aussi plus facile pour eux de se comprendre.

— La Dheas fonctionne aussi par un système de conseillers, souleva le surdoué, intéressé par les systèmes étrangers.

— Oui, mais il n’y en a que quatre en Dheas. C’est un pays qui tient à la parité, il y a deux femmes et deux hommes. Le procédé de vote n’est pas pareil non plus. En Opartisk, ce sont les riches qui manigancent entre eux pour élire un conseiller lorsqu’un précédent meurt. En Dheas, les conseillers peuvent très bien se désister de leur poste s’ils sont trop vieux où qu’ils ont des problèmes de santés trop conséquents, et tout le peuple élit le nouveau conseiller. Chaque individu est pratiquement au même pied d’estrade, là-bas. L’égalité n’est pas totalement présente partout, mais c’est sûrement le pays le plus égalitaire.

— Un régime sans classe sociale, souffla Peter émerveillé.

Il était vrai qu’en Opartisk, la classe sociale était beaucoup plus avantagée que la classe moyenne et la classe pauvre. Les deux garçons avaient donc hâte de voir comment cela se passait en Dheas, si les habitants de ce pays s’en sortaient mieux qu’en Opartisk.

— Bon, si quelqu’un doit parler à quelqu’un en privé, qu’il le fasse maintenant, si cela dure trop longtemps, j’irais les rechercher.

Loan s’appuya à son tour contre la rambarde alors que Samuel empoigna le bras de Peter pour l’emmener à l’écart sous le regard d’Iris qui fixait le surdoué. Les deux meilleurs amis se déplacèrent un peu plus loin, Samuel voulait être certain que ni Loan, ni Iris ne puissent entendre la discussion qu’il voulait avoir avec son meilleur ami. Peter dégagea une mèche rebelle de son visage et se pencha vers un tonneau vide pour vomir encore. Cette fois-ci, Samuel regarda Iris, ne voulant pas voir une nouvelle fois ce qui se passait devant lui : son meilleur ami qui vomissait tout le contenu de son estomac, étrangement mêlé à du sang.

— Alors, commença Peter en relevant la tête puis grimaça. Tu as fini par avouer ta flamme à ta chère et tendre Iris ?

— Arrête ça, grogna Samuel alors que Peter ricana en souriant. Je ne lui avoue rien du tout, c’est juste toi qui t’imagine des choses qui n’ont pas lieu d’être.

— Bah tiens donc ! C’est à moi que tu veux faire gober cela ? C’est raté mon pote, je te connais par cœur. Est-ce-que je dois te rappeler que l’on se connaît depuis toujours ? Je pourrais prédire toutes tes réactions.

— Si tu le dis… Peter, je ne compte rien lui dire. Déjà parce qu’elle se casse déjà assez la tête avec Kilian, mais aussi parce que je m’inquiète pour toi. Ne fais pas cette tête-là ! Peter, tu sais tout autant que moi, que ce qui t’arrive n’a vraiment pas l’air d’être normal. Si tu crois que je n’ai rien remarqué, tu te trompes.

— Sam, je vomis un peu de mon sang, pas mes organes. Cela ne va pas me tuer, le voyage touche bientôt à sa fin, sur terre ferme, j’irai mieux. Il faut juste que je reprenne mes forces, et pour cela, il faut que je mange. J’ai dormi pendant tout le trajet, je pourrais faire trois nuits blanches d’affilée volontairement. Je t’assure que j’irai mieux une fois sur la terre.

— Pourquoi est-ce que tu me mens ?

— Je ne te mens pas Sam, je te protège.

— Protège de qui ? Si c’est de toi, je n’ai rien à craindre. Tu n’es pas psychopathe.

— C’est juste que… Si un jour je meurs, tu seras tellement mal, et l’inverse aussi d’ailleurs. Je ne supporterais pas de te voir et de te savoir mort. Tu n’en as pas envie non plus. Sam, je t’assure que je vais parfaitement bien.

Samuel serra la mâchoire et se mordilla la lèvre, fixant le tonneau dans lequel Peter avait vomi. Peter avait beau essayer de lui faire croire que tout allait bien, le surdoué savait pertinemment que c’était faux. Peter n’allait pas bien, et Samuel ne pouvait pas l’ignorer. Il connaissait son meilleur ami encore mieux qu’il se connaissait lui-même. Le jeune homme ne savait pas si son ami avait la maladie, si c’était les premiers symptômes, ou s’il était à un stade avancé. Peut-être que c’était juste lui qui psychotait pour rien. Peut-être que c’était parce que Peter n’avait jamais subis un aussi long trajet que celui-ci, qui plus est, en bateau. Dans tous les cas, Samuel continuait de s’inquiéter. Le regard bleu mais sombre du jeune homme se posa sur son meilleur ami alors qu’il enfouit sa main dans la poche de sa veste noire. Peter fronça les sourcils en fermant les yeux un instant, puis s’accrocha au barreau avec ses mains. Le surdoué sortit des petits post-it jaunes qui ne collaient plus. Ils étaient pliés en quatre, mais des traces de stylos se voyaient des deux côtés, sans pouvoir lire les inscriptions écrites dessus. Samuel les avait toutes lues, et le jeune homme avait reconnu sans aucuns doutes l’écriture de Peter, la forme de ses lettres, les espaces entre. Il avait été déconcerté et triste de lire ses quelques notes inscrites à la va-vite mais avec réflexion ou spontané. Samuel n’avait pas la force de lui en parler. Il ne voulait pas créer un fossé, une embrouille, une dispute entre lui et Peter. Il se contenta de tendre le bras pour lui rendre les post-it qui lui appartenait. Le visage de Peter se décomposa et une larme solitaire tomba si rapidement qu’elle ne se vit même pas, sauf que le jeune homme l’avait sentie couler. Samuel ne l’avait pas vu, il voyait juste son meilleur ami tirer une tête d’enterrement. Pour ce dernier, s’il y avait bien une personne à laquelle il ne voulait absolument pas que ses petites notes soient lues, c’était bien Samuel.

— La prochaine fois, cache les mieux, annonça le beau brun d’une voix lugubre.

— C’était… Tu n’étais pas censé les lire, bredouilla Peter. Je ne voulais pas que tu les lises, pas toi. Pas à cette période en tout cas. Je ne sais pas si j’aurais eu le courage de te les faire lire. Ce n’était pas contre toi, c’était pour toi. J’aurais bien voulu me confier à toi, mais c’était trop dur. C’était certain que tu allais t’inquiéter pour moi, sauf que tu n’arrêtes pas de t’inquiéter pour tout le monde. Inquiète-toi pour toi avant de t’angoisser pour les autres.

— Peter, tu es mon meilleur ami, bafouilla Samuel le regard embué. C’est normal que je m’inquiète pour toi, même si j’ai tendance à l’inquiéter pour tout le monde. Tu es le pilier de ma vie, et la personne la plus importante. Ne sois pas contrarié que je veuille prendre soin de toi. On se connaît depuis toujours, nos vies gravitent l’une autour de l’autre depuis toujours. Jamais je ne te lâcherai pour qui que ce soit, ou à cause d’une décision que j’aurais pu faire, ou que toi t’aurait pu faire. Tu resteras pour toujours mon meilleur ami. Je ne peux t’en vouloir de rien.

Peter serra les lèvres en secouant la tête et enfouit les post-it dans sa poche arrière de son jean. Puis il releva la tête et Samuel lui adressa un sourire triste avant de le prendre dans ses bras. Le surdoué en avait lui aussi les larmes aux yeux. S’il y avait bien deux personnes qu’il ne voulait pas perdre en ce moment, c’était bien Peter et Iris. Le jeune homme était un de ses plus grands piliers dans la vie et le connaissait depuis longtemps. La jeune fille, elle, avait beau être débarquée récemment, elle avait pris une place bien à elle dans sa vie à lui, et il ne regrettait absolument pas de l’avoir rencontré malgré le fait qu’elle l’embarquait un peu dans des situations qu’il n’avait jamais imaginé pouvoir vivre, voir même, ne serait-ce qu’exister. Sauf que le jeune homme savait que depuis la décision des conseillers de remettre l’Opartisk en guerre, tout avait changé. Tout venait de cette décision, et leur période dans le désert n’était que le début de leur rébellion. Il en avait bien l’impression.

— Sam, n’en parle à personne. Tu ne dois pas en parler, pas même à Iris. D’accord ? insista Peter en reculant.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de ne pas en parler, mais c’est tout souhait, donc je le respecte. Mais je ne préviens Peter, tu n’as pas intérêt à te mettre en danger, et si je vois que ton état empire de plus en plus dans le mauvais sens, je n’hésiterai pas à prévenir Mme. Keys pour qu’elle te rapatrie en Opartisk.

— Bon, d’accord, marché conclue, marmonna Peter en serrant la main de son meilleur ami d’un air blasé.

Samuel allait continuer de veiller sur Peter. Il ne pouvait pas laisser son ami sans lui, surtout pas après la discussion qu’ils venaient d’avoir. L’inquiétude de l’adolescent persistait depuis la découverte des post-it. Ce qu’il avait lu ne le rassurait pas du tout, et ce n’était pas cette entre-vue qui allait apaiser toute cette angoisse. Les deux garçons rejoignirent Iris et Loan. L’agent de l’association passait un coup de file depuis déjà quelques minutes, et Iris restait pensive en attendant qu’ils aient tous finis ce qu’ils étaient en train de faire. L’adolescente repensait à sa discussion avec Samuel et à sa proximité avec lui. En espace d’un instant, ils avaient été si proches l’un de l’autre. La jeune fille y repensait encore. Elle se demandait bien de quoi Samuel voulait parler à Peter, et à en voir leur expression respective, leur discussion n’avait guère l’air d’avoir été très joyeuse. Samuel passa derrière Iris et enleva sa veste pour la mettre sur les épaules de la jeune fille qui tremblait un peu. Le vent marin était suffisamment froid pour la jeune fille. Peter regarda Samuel malicieusement. Lorsque ce dernier releva la tête, les mains toujours posées sur les épaules de la jeune fille, le plus grand lui lança un regard auquel il répondit par une expression désespérée. Peter alla se placer au côté de Loan pour essayer de décrypter sa conversation téléphonique.

— Merci, murmura Iris en sentant sa tête contre le torse du jeune homme et releva la tête.

— Y pas de quoi, c’est normal. Tu tremblais comme une feuille, souffla le jeune homme en baissant la tête pour la regarder.

Elle lui sourit alors qu’une bourrasque s’abattit sur eux au même moment où Loan raccrochait. David arriva près du petit groupe. Il n’était pas avec Gaspard cette fois-ci. Les deux matelots apparaissaient rarement l’un sans l’autre.

— Vous allez bien ? Venez ! Il est l’heure pour vous, de vous cachez dans les caisses, le temps que l’on accoste. Il n’y aura pas de problème, il y en a jamais eu. On vous ouvrira lorsque tout sera hors de danger. On a eu l’habitude avec Loan, vous n’avez pas à vous inquiéter, déclara David en leur faisant signe d’emboîter le pas.

Les trois adolescents s’échangèrent des regards suspicieux en suivants les deux adultes.

— C’est Marianne qui est censée nous récupérer, une fois sur la terre ferme, sortis des caisses, informa Loan.

Un sourire éclatant illumina le visage de Peter, qui avait hâte de retrouver son amie. Ils retournèrent vers les cargaisons qui se trouvaient au sein du bateau. La plupart des cargaisons étaient des cubes d’un mètre cinquante de longueurs. Certaines caisses étaient en bois, d’autres en métal. Iris et Peter tombèrent sur des caisses en bois alors que Samuel et Loan eurent la chance de tomber sur des caisses en métal, bien que la matière était gelée. Dans sa caisse, Iris se recroquevilla sur elle-même en serrant fort la veste de Samuel, Peter ruminait, Samuel essayait de mettre un peu d’ordre dans ses pensées alors que Loan réfléchissait déjà à un plan B si jamais ils se faisaient prendre par la police de Dheas. Ce qu’il n’espérait pas, puisque cela risquait d’être extrêmement compliquer pour la suite de leur mission, et pour leur vie et l’association aussi. S’ils se faisaient attraper, ils seraient livrés aux conseillers, d’autres surdoués seraient donc à la merci des dirigeants et ils pourraient encore plus facilement mettre en péril les ambitions de l’organisation. Ils devaient absolument réussir à rejoindre le QG sans problème, puis, Marianne était aussi là. Elle saurait sans doute quoi faire en cas d’ennui. La jeune femme trouvait toujours un moyen pour se tirer de n’importe quelle situation, même les plus dangereuses ou inespérées. Pendant plus d’une demi-heure, ils restèrent enfermés dans leur cargaison alors que le bateau n’avait pas encore accosté. Peter fut bien content lorsque le bateau s’arrêta, la très petite bassine que lui avait prêté David était quasiment pleine. Il gémit et s’appuya contre la caisse. David et Gaspard descendirent pour procéder à la vérification avec les autorités Dheasins. Quand ils s’assurèrent que les policiers soient hors de vues, ils sortirent en premiers les caisses contenantes les quatre agents en mission. Leur occupation allait enfin pouvoir commencer. Ce n’était plus qu’une question de jour maintenant qu’ils étaient sur le sol de Dheas. David et Gaspard placèrent d’autres cargaisons pour les cacher lorsqu’ils les feraient sortir de leur cachette. Les quatre Opartiskains finirent par sortir des cargaisons. Le vent était encore frai, mais il faisait nettement plus chaud qu’en Opartisk. La Dheas était un pays tropical, ils allaient avoir chaud. Les bâtiments étaient très colorés et un drapeau avec des taches de couleurs rouge, orange, jaune, vert, violet et bleue voletait au vent. Ce n’était pas vraiment des tâches bien répartis, on aurait dit que des pinceaux avaient été secoué dans le même sens mais dans des couleurs différentes. La Dheas s’annonçait être un pays très coloré. Les trois adolescents espéraient donc que l’ambiance du pays était plus légère et plus heureuse qu’en Opartisk.

— Bien, je pense que l’on se reverra quand vous retournez en Opartisk, c’est souvent nous qui partons lorsque l’on doit faire passer des personnes illégalement en Dheas. Bonne continuation, et faites gaffe à vous en Dheas, ne vous perdez pas, par exemple, déclara Gaspard en s’éloignant pour décharger une nouvelle caisse.

David ricana et les salua d’un geste de la main avant d’aider Gaspard à décharger le bateau. Loan fit signe aux adolescents de ne plus parler, mais surtout de le suivre. Ils hochèrent la tête, et les quatre hors-la-lois sortirent de leur cachette. Les bâtiments formaient un paysage de toutes les couleurs, encore plus vastes qu’un arc-en-ciel. Les trois adolescents n’étaient très habitués à ce type de paysage et de construction. Ils longèrent un bâtiment avant de passer à une autre rue. Loan consulta sa montre et se pinça la lèvre. Marianne n’était pas encore arrivée, ce n’était pas normal. La jeune femme était toujours à l’heure, elle pouvait même arriver à la minute près. Cette fois-ci, elle n’avait vraiment pas le droit d’être en retard. Pourtant, elle avait bien l’air de l’être. Il regardait dans chaque rue qu’il pouvait, mais il ne repérait aucune voiture qui pouvait potentiellement transporter des personnes qui n’étaient pas censé être dans ce pays. L’agent de l’association se résigna : il allait devoir trouver une voiture lui-même. Peter et Samuel surveillaient les alentours, assez méfiant de ce qui pouvait se passer. Iris avait enfilé la veste de Samuel malgré le fait qu’il ne fasse pas si froid que cela, et fixait Loan pour essayer de comprendre ce que l’adulte cherchait à faire. Peter faillit pousser un juron. Ils étaient en train de tourner en rond, de ne rien faire d’utile, et le comble de tout, Marianne n’était toujours pas arrivée. Cela agaçait beaucoup Peter car il avait vraiment hâte de retrouver son amie. Pendant qu’il était resté cacher dans le QG de l’association en Opartisk, le jeune homme avait souvent parlé à Marianne lorsqu’elle revenait de ses missions ou qu’elle était en pause. Ils tournèrent dans une rue où plusieurs stands étaient entreposés, il y avait particulièrement beaucoup d’enfants. Ses derniers étaient en train de créer des instruments de musique facilement transportables, ainsi que des décorations et des déguisements. Les adolescents furent surpris alors que Loan eut un rictus. Puis se tourna vers les adolescents.

— Nous allons changer de rues, il y a trop d’agitation ici, ordonna-t-il en rebroussant le chemin.

— Que font-ils ? voulut savoir Iris

— Comme chaque jour après les cours, les enfants se préparent au carnaval. Je ne serais pas vous dire exactement la signification de cette fête, mais dans tout le pays, il y a un carnaval tous les jeudis. Si vous voulez en savoir plus il faudra demander à Marianne, je ne suis pas très calé sur ce sujet.

Le petit groupe prit donc une autre rue, à la recherche d’une voiture. Iris était surprise de remarquer, que pour le moment, elle n’avait vu qu’une seule voiture en Dheas. C’était dans la rue où ils se trouvaient actuellement. Les différences avec l’Opartisk s’annonçaient être nombreuses. En Opartisk, il n’y avait aucun carnaval, aucune fête de ce genre, ils ne fêtaient jamais rien là-bas, il n’y avait rien à fêter. Dans leur pays natal, tout était loin d’être coloré comme en Dheas, les bâtiments étaient de couleurs ternes parfois tagués en noirs et blanc ou quelques fois en couleurs, mais c’était plus rare. Puis, en Opartisk, on trouvait des voitures dans quasiment toutes les rues de n’importe quelle ville et village. Cela n’avait pas vraiment l’air d’être le cas en Dheas. Loan regarda sur les côtés et traversa la rue pour s’approcher de la voiture, tel un voleur qui se rapprochait de plus en plus de sa cible. Il fit un geste de la main pour ordonner aux trois adolescents de se baisser sous le parterre de fleurs encadrées de pierre. Les adolescents s’assirent, dos contre la pierre, face au mur rose pastel d’un bâtiment.

— Et bah dites donc… Cela a l’air spécial la Dheas, déclara Peter en clignant des yeux à cause du soleil.

— C’est normal, déclara Samuel en haussant les épaules. On est dans un autre pays, donc c’est différent de l’Opartisk. On doit juste s’adapter. Plein de détails diffèrent de notre pays d’origine, chaque pays à sa propre essence, sa propre culte. C’est pour cela qu’on trouve tout ça assez bizarre pour le moment.

— Arrête de faire le gars qui sait tout, tu ne l’es pas, rigola Peter en lui donnant un coup amical sur l’épaule de Samuel.

Le jeune homme rigola en rendant le coup à son ami alors qu’Iris fit un petit sourire en voyant la complicité des deux garçons. Leur amitié vendait vraiment de l’or. La jeune fille avait eu le droit à cette amitié à l’époque, mais la différence, c’était que celle de Peter et Samuel duraient toujours, car même avec les coups durs, les deux garçons restaient soudés. C’était beau. Elle en retenue des larmes alors qu’elle repensait à quelques moments de complicités avec Kilian et Cassandra. Au fond, ses amis l’avaient trahie, mais ils lui manquaient encore, et ce, malgré leur avis divergent de sien.

— Je ne fais pas le gars qui connaît tout sur tout, se défendit Samuel dans un rire puis en levant les yeux au ciel.

— De toute manière, il n’y a personne qui connaît tout, c’est impossible, en plus on recherche des choses en ce moment même, ce qui veut dire, qu’il est impossible de connaître tout sur tout, répliqua Iris en jouant avec la veste de Samuel.

Peter marmonnait des phrases sur le fait que les surdoués pouvaient être agaçant avec leur réflexion et Samuel fia les mains d’Iris qui jouait avec sa propre veste. Le jeune homme avait la chance de ne pas avoir trop froid, de toute manière, il n’aurait pas eu le courage de réclamer sa veste à Iris. Même si le vêtement lui appartenait et semblait un peu trop grand pour la surdouée, il trouvait que sa veste lui allait plutôt bien. Son amie lui semblait fatiguée, mais il savait bien qu’elle avait dû mal à dormir. Il n’avait pas beaucoup dormi la deuxième semaine. Dans un premier temps, il l’avait observé dormir après de longue heure à rester éveiller, mais après, les deux surdoués s’étaient mis à discuter pour faire passer le temps, en attendant que le sommeil vienne les cueillir subitement.

Samuel sourit, il ne savait pas comment lui et Iris trouvaient le moyen de se parler pendant longtemps sans se confier l’un à l’autre. Les moments où ils se confiaient ne faisait pas partie d’une grande discussion, ils se confiaient lors d’une discussion qui démarrait sur des confidences, puis sur des sujets plus larges, mais pas l’inverse. La jeune fille voulut se pencher pour voir où en était Loan dans son cambriolage de voiture. Alors que Peter allait crier, le début de son cri fut étouffé par une main, ce qui n’empêcha pas Samuel ne se retourner, et, lui cria en reculant, entraînant Iris avec lui. Sauf qu’ils se cognèrent contre deux autres hommes, des policiers. Ils se retrouvaient encadrés, et Loan ne se retrouvait pas dans une meilleure posture qu’eux. L’agent avait été violemment plaqué contre la voiture qu’il avait essayé de voler. Il ne s’était pas laissé faire et avait riposté les coups immédiatement. Il était donc en train de se débattre contre plusieurs contrôleurs. Une chance pour eux, les gendarmes étaient certes nombreux, mais ils n’avaient pas d’armes, ce qui les rendait moins menaçants et moins dangereux. Sauf qu’ils étaient en supériorité numérique, et cela compensait beaucoup, car les adolescents n’étaient pas préparés au combat.

Peter se retrouva immobilisé au sol, une coupure sur toute la longueur de sa joue qui était contre le sol. Il se tortillait dans tous les sens, sans aucune réussite et laissa échapper des jurons. Iris fut tirée en arrière et projeté violemment contre la façade rose pastelle. La jeune fille serra les dents face au choc mais elle ne ferma pas les yeux, elle ne laissa pas son dos glisser contre le béton et ferma les poings. Elle s’écarta du mur pour ne pas être bloquée par son assaillant, elle envoya son poing mais il lui attrapa le bras et l’attira brusquement vers lui. La surdouée fut emportée part l’élan mais elle lui envoya un coup de pied dans l’estomac avant d’être projetée à terre. Elle grimaça et se releva en bondissant, elle plaça ses mains devant elle, en réflexe de défense puis regarda tous autour d’elle. Des policiers les entouraient en bloquant la fuite, des deux côtés de la rue. La jeune fille repoussa une mèche de cheveux rebelles de sa main tout en soufflant. Ils étaient vraiment mal partis pour échapper aux autorités Dheasiennes. Au même moment, Samuel essayait de s’en tirer du mieux qu’il le pouvait. Le jeune homme ne s’était jamais vraiment bagarré, mais il se souvenait de la fois où il avait donné un coup de poing à un surveillant des bâtiments qui allait assommer Iris. C’était la première fois qu’il agissait volontairement violemment contre quelqu’un. Et recommencer ne le remplissait guère de joie, mais ils avaient une mission à accomplir, et le jeune homme ne tenait pas spécialement à revoir les conseillers. La dernière fois qu’il en avait vu un, il avait fini assommer. Le conseiller Christian n’avait sans doute pas apprécié d’avoir été agressé de la sorte, par quelqu’un qui faisait partie des classes inférieures, qui n’était pas majeur et qui était censé être leur ‘‘sujet’’ et les aider à trouver des tactiques de guerre pour pouvoir prendre gagner en pouvoir. Le jeune homme fit tomber un des policiers en lui lançant un coup de pied en pleine tête alors qu’un autre lui prit par les bras. Il réussit à se détacher de son emprise, grâce à ses jambes et se retourna face à son attaquant qui répliqua dans l’immédiat par un coup de poing qui se solda dans le vide car Samuel eut l’automatisme de se baisser. Le jeune homme avait l’impression d’être sur un ring de boxe où il pouvait se servir de ses jambes et des coups de pieds en plus de ses poings. Il avait déjà fait pratiquer ce sport, mais jamais des combats, juste des cours. Il envoya un de ses poings en pleine tête du policier, comme avec le surveillant du bâtiment.

Malheureusement pour lui, le représentant des forces de l’ordre était bien plus entraîné et coriace que le surveillant qu’il avait mis à terre en un seul coup de poing. Le beau surdoué reçu un coup de poing au côté et l’autre à l’épaule. Le jeune homme s’efforça à se dire que la douleur n’était que faible et passagère, il aurait encore plus mal après à cause des bleus. Il rétorqua donc contre son adversaire qui faisait une tête de plus que lui, il devait avoir la taille de Peter. Ses poings heurtèrent donc la poitrine et la nuque de l’homme. Samuel entrevue une grimace sur le visage de l’homme qu’il attaquait lorsqu’il lui assena un coup de pied en aillant prit un petit élan. Le soldat eut un rictus de douleur mais puisa dans ses forces pour attraper la cheville du jeune homme et fit tournoyer le brun avant de le lâcher. Samuel se réceptionna assez bien, il serra les lèvres en sentant picoter les égratignures sur ses mains et ses genoux. Le jeune homme, quand il fut à quatre pattes, finis par se relever alors qu’il arrêta le bras d’un autre policer dans son élan, il voulait lui frapper la tête par l’arrière. C’était grâce au visage d’Iris qu’il avait deviné. Tout se passa vite. Loan réussit à s’en sortir et commençait à attaquer les autres qui essayait de neutraliser les trois adolescents. Alors qu’il se dirigeait faire eux, tous les soldats qui bloquaient un côté se retrouvèrent immobiles, à terre, comme s’ils étaient morts. Ceux d’en face se regardèrent inquiet, prêts à passer de l’autre côté. Ce manque d’attention permis à une mystérieuse personne d’en assommer deux pour ouvrir une faille.

Armée d’une barre de fer, qu’elle faisait parfois tournoyer tel un bâton de majorette, elle neutralisa les gardes de l’autre partie en seulement quelques secondes alors même qu’ils se jetaient sur elle. Les autres policiers qui essayaient d’aller à bout du quatuor prêtèrent plus attention à la nouvelle venue. Loan en profita pour en assommer un et le jeter sur un autre alors que la jeune femme à la barre de fer aida Samuel à venir à bout des deux autres sous les regards ébahis de Peter et Iris qui restaient immobiles, par terre, à les contempler. La jeune femme était aussi grande que Peter, sa peau était très bronzée et elle avait des cheveux blonds foncés raides qui étaient regroupés en une queue de cheval lui arrivant dans le dos. Ses yeux verts déconcertants transmettaient son regard déterminant et confiant qui ne laissait aucune question sur le sang-froid qu’elle possédait. Elle sourit et fit un clin d’œil à Samuel qui la dévisageait, la bouche entre-ouverte puis elle aida Peter qui la serra dans ses bras. Iris vint rejoindre Samuel, accompagnée de Loan.

— Bah dis donc Loan… Je vois que tu arrives toujours à te fourrer dans des situations compliquées. Je ne sais pas si tu aurais réussi à t’en sortir cette fois si je n’avais pas été là, et je ne préfère pas savoir.

— Marianne, toujours aussi sûre de toi, à ce que je vois, rétorqua Loan en la fixant. J’ai peut-être failli foutre en l’air la mission, tu n’es pas arrivée à l’heure je te rappelle.

— Mon ami, on ne va passe disputer pour une mission qui a eut plus de complications que prévu. Cette mission est accomplie, nous allons pouvoir renter au QG. Puis, si tu avais été plus patient, et non pas en attendant rien, tu m’aurais peut-être vue me garer avec une voiture. Il suffisait d’attendre. Ne perdons pas de temps. Rentrons, déclara-t-elle.

— Je vais juste prévenir David et Gaspard de partir dès qu’ils auront tout décharger. Où t’es-tu garé ?

— Dans ma rue juste en face, nous allons t’attendre ici, va !

Loan fit un petit geste de la tête avant de partir en courant pour prévenir ses amis. La jeune femme adressa un regard à Pete en souriant et se retourna vers les deux qui ne dirent pas un mot, trop occuper à examiner en détail la fameuse Marianne qu’ils avaient tant entendu de la bouche de Peter. Elle semblait tout simplement badass. Peter la regarda avec fierté, bombant le torse au côté de la jeune femme, à la posture militaire.

— Tu dois être Iris je suppose. Mme. Keys m’a beaucoup parlée de toi, et de ta détermination. J’espère qu’on formera tous une bonne équipe, Mme. Keys n’en doute absolument pas. Et toi, tu es le fameux Samuel. Tu es le sujet de discussion préféré de Peter. Je ne savais pas que tu étais assez doué pour le combat. Pendant les temps libres que nous pourrions avoir je t’entraînerais un peu, cela se voit que tu n’es pas très habitué au combat comme vous tous d’ailleurs, mais tu as du potentiel. Avec un peu d’entraînement et des techniques de défenses et d’attaque, je suis persuadée que tu pourrais être redoutable.

Peter pouffa de rire en voyant Samuel rouge comme une pivoine et Iris qui commençait à mal regarder Marianne. Bien sûr que Samuel était génial, mais la sublime blonde complimentait beaucoup trop Samuel à son goût. De voir Iris aussi jalouse donnait envie au meilleur ami du concerné d’éclater de rire. Il s’en voulait presque d’avoir interrompu leur discussion qui avait l’air de concrétiser ce qu’il pensait depuis longtemps. Sauf qu’il savait que pour Marianne, c’était normal de dire cela. Elle venait de voir quelqu’un qui se débrouillait plutôt bien au combat, cela se faisait de plus en plus rare pour la jeune femme qui cherchait toujours à en trouver. Marianne n’allait pas hésiter à prendre Samuel sous son aile pour faire de lui un combattant affûté. Cela rassurait Peter, il savait que son meilleur ami serait entre de bonnes mains experts. C’était l’une des meilleures choses qui pouvait lui arriver. Peter était très content que Marianne est décidée de prendre son meilleur ami à sa juste valeur. Le jeune homme se laissa glisser contre le mur en toussotant alors que l’ancienne militaire Opartiskaine s’assit en tailleur en face de lui.

— Tu n’as pas l’air au top de ta forme, fit remarquer la belle blonde en examinant le visage pâle du jeune homme.

— Le mal du transport, précisa Samuel. Même en passant plusieurs jours sur le bateau, il n’a pas réussi à s’adapter. Une de ses plus grosses crises, je connais tous ses antécédents. Il a beaucoup dormi mais il a surtout vomi ses trips et tout ce que contenait son estomac. Il faut juste qu’il avale un peu de sucre pour le rebouter. Ne te décourage pas Pete, il ne reste juste que quelques heures de voitures à faire. Le bateau t’a pas mal éprouvé mais je pense que tu vas survivre.

— Bien sûr qu’il va survivre, confirma Marianne en souriant. Il ne se laisse pas vaincre aussi facilement le petit Peter !

— Je ne suis pas petit, protesta faiblement le jeune homme dans un rire.

— Pour moi vous êtes tous les trois des bébés par rapport à moi. Vous êtes plus jeune, vous n’êtes même pas encore majeur même si tu t’y rapproches. Donc si, je ne cesserai pas de dire que tu es petit mon cher petit Peter, rétorqua Marianne.

Samuel vit le bonheur dans le regard et sur le visage de Peter. Cela suffisait à diminuer sa peur pour son meilleur ami, même s’il restait toujours angoisser. S’étant agenouillé près de Peter, il se releva et se tourna pour s’éloigner, laissant les deux amis entre eux. Iris s’était éloignée encore un peu plus loin. Samuel ne le vit pas, mais Peter posait un regard sur lui qui voulait dire ‘‘finis cette discussion et lance-toi’’. Le surdoué alla la rejoindre et se plaça en face d’elle. La jeune fille essayait d’éviter son regard mais elle fit l’erreur de relever le sien pour scruter son visage. Elle se perdait dans ce qui lui semblait être l’océan.

— Quelque chose ne va pas ? commença-t-il d’un ton qui se voulait inquiet. Nous avons réussi la première mission pourtant, et nous allons rejoindre le QG, nous serons à l’abri là-bas.

— Ce n’est pas ça…

— Alors c’est quoi ?

— C’est juste que, je trouve Marianne agaçante. Elle a été géniale, elle nous a littéralement sauvé la vie, mais je ne l’aime pas trop pour l’instant, je ne sais pas, je ne l’aime pas trop.

— Iris, on vient à peine de la rencontrer. On doit juste apprendre à la connaître. D’accord, elle paraît peut-être un peu trop sûre d’elle, mais c’est une amie de Peter, donc je suis sûre qu’elle est cool. Mais tu ne vas pas me faire croire que tu ne l’aimes pas juste pare que le feeling n’est pas passer de ton côté. Je commence à te connaître par cœur, si tu t’es isolée comme cela, c’est que ce n’est pas qu’une question de feeling.

Iris sentit ses joues virées aux rouges en fixant les lèvres de Samuel s’étendre en un sourire plus que craquant. Au moins, les charmes de Marianne n’avaient pas l’air de faire le même effet sur Samuel qu’à Peter. Ce dernier était totalement sous le charme alors que le surdoué avec plutôt l’air d’être indifférent malgré les beaux compliments que lui avait réservé l’agent.

— C’est juste que… Elle t’a complimentée, lâcha Iris en prenant sur elle pour ne pas baisser le regard.

— Et donc, souffla Samuel avec un sourire. Je n’ai pas le droit de recevoir de compliment ? C’est mal ?

— Non ! Ce que je veux dire, c’est que je n’aime pas trop qu’une autre personne que moi te complimente. Surtout que cette personne soit une fille qui semble totalement irrésistible et badass.

Le sourire de Samuel s’étendit encore plus, si bien qu’il en devenait contagieux sur Iris. Il lui prit une main avant de relever le regard sur la jeune fille, qui fixait leur main et profitait de la chaleur que lui fournissait la main de jeune homme. En l’espace d’une seconde, le monde bascula, comme s’ils n’étaient plus en Dheas, qu’il n’y avait pas de guerre, n’y avait pas une maladie ravageuse. Juste eux deux, ensembles, mains dans la main, à parler calmement, posément. Et elle sentait son cœur battre à tout rompre et sa respiration devenir saccadé lorsqu’elle pouvait sentir le souffle du jeune homme sur son visage.

— Tu es mignonne d’être jalouse pour quelque chose de totalement insignifiant, murmura-t-il.

— Parce qu’un compliment n’est pas important ? riposta la jeune fille.

— Ils sont importants lorsqu’ils viennent de toi et de personne d’autre. Car tu es la seule qui arrive à me rendre confiance en moi. Tu vois en moi une personne parfaite, alors que ce n’est pas vrai. J’ai des défauts et des faiblesses, et tu ne le remarques même pas.

— Je les vois, mais c’est ce qui te rende toi, qui te rende parfait et humain. Tu me dis que je suis mignonne, alors que tu es irrésistiblement parfait. Le monde tourne sérieusement à l’envers, continua Iris en finissant dans un rire.

— Le monde ne tourne pas à l’envers, c’est nous qui le faisons tourner. Chacun à son monde.

— Alors cela ne me dérangera absolument pas de faire partir du tien. Tu fais déjà partie du mien, et, il est hors de question que tu t’en ailles. J’aimerais bien te garder pour toujours dans ma vie. Vraiment pour toujours.

La surdouée avec l’impression hyperventiler alors qu’elle respirait juste saccadent et plus fort que d’habitude alors que son cœur, lui, faisait les montagnes russes sans pouvoir s’arrêter. La jeune fille prit l’autre main du garçon et entremêla leur doigt tout en continuant de le fixer dans les yeux. Ses beaux yeux qui la perdaient toujours, qui la sondaient toujours, qui l’admiraient toujours comme si elle était une merveille du monde. Ce n’était peut-être pas une merveille du monde pour elle ou d’autre personne, mais pour Samuel elle l’était. Elle était la merveille du monde, sa merveille à lui, son rayon de soleil, la lumière qui éclairait plus important que sa vie, mais son cœur. Il savait que sa vie n’était plus comme avant, et qu’elle avait tout chamboulé, qu’elle était rentrée dans sa vie, et qu’elle n’y ressortirait plus jamais. C’est à ce moment-là qu’il sut que son cœur appartiendrait toujours à la jeune fille. Il ne pouvait plus rien y faire.

— Iris, je t’aime.

La jeune fille papillonna des yeux en souriant. Elle ne savait pas si c’était ce qu’elle souhaitait entendre était réelle tellement qu’elle l’avait souhaitée. La jeune fille n’avait pas voulu réaliser à quel point elle aimait Samuel, par peur d’être blessé et de le perdre. Elle tenait beaucoup trop à lui pour le voir s’en aller loin d’elle. Elle avait peur qu’il songe à l’abandonner. Mais son intérieur avait beau l’aider en refoulant ses sentiments, lorsqu’elle avait pris conscience, elle ne pouvait plus l’ignorer. Samuel l’aimait aussi… C’était un rêve, la jeune fille avait l’impression d’être une petite fille. Elle se dressa à la pointe des pieds en lâchant les mains de Samuel pour les passer derrière le coup du jeune homme. Ils comblèrent l’espace entre eux, entre leurs corps, leurs peaux, leurs visages, leurs lèvres. Samuel passa une main dans la chevelure de la jeune fille et l’autre sur la joue de cette dernière. C’était si doux. Leurs cœurs tambourinants comment s’ils libéraient un feu d’artifice dans leur corps, le temps s’arrêtant, savourant chaque seconde. Ils étaient dans un autre monde, dans un monde où il n’y avait plus de guerre, où il n’y avait plus de trahison, plus de catastrophe planétaires, plus personne d’autre hormis eux, me monde à Iris et Samuel. Leur monde. Ils se séparèrent l’un de l’autre, le souffle court et chaud, les pensées en fouillis, mais le cœur battant, le sourire aux lèvres et le regard amoureux. Iris remis ses pieds, bien encrée au sol, les mains de Samuel sur ses hanches, les siennes sur le torse de ce dernier. Elle releva doucement la tête, un sourire timide aux lèvres et se plongea dans son regard.

— Je t’aime aussi, Samuel Lop.

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