Les odeurs...

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Il faisait chaud. 

Terriblement chaud. Les trottoirs grouillaient de moutons ce collant les uns les autres, c'était écœurant. Chaque contact contre une de ces peaux luisantes de transpiration l'était encore plus. Le pire était peut-être les expressions fermées que chaque passant arborait, leur lassitude peinte sur leur visage était abjecte. Il détestait la ville comme la ville le détestait. Les mains dans les poches de son manteau et le nez bien enfoui dans son écharpe malgré la chaleur, il marchait dans cette masse noire de monde. Il baissait la tête regardant par terre, trouvant de toute façon les pieds aussi expressifs que leurs propriétaires. Le monde dans lequel il vivait le désolait. Pourtant replier sur lui-même, il continuait à avancer. 

Mais d'un coup de vent qui emportait son écharpe, il fut exposé au monde. Il essayait vainement de la rattraper avant de se résigner, il lui faudrait supporter les senteurs de la ville. C'était encore pire qu'il l'aurait imaginé. La puanteur du gazole lui prenait la gorge comme celle des cigarettes. La saleté même avait une odeur en ce lieu tellement elle y était présente. Le simple petit plaisir de la fraîcheur des magasins disparaissait sous le parfum du neuf. Les restaurants sentaient la friture et les bars le café trop fort. Vraiment, la ville puait ! 

Mais sans prévenir comme une page que l'on tourne, un effluve lui emplie les narines. Aussi subtile qu'un murmure et aussi rapide qu'un coup de vent... Le vent voilà, c'était le vent. Cette odeur était celle du vent où plutôt celle de la liberté. Il s’arrêta net, se retournant pour apercevoir d’où provenait ce parfum. Mais il avait déjà disparu. Avant même d'avoir pu continuer sa route une odeur enivrante lui prit le nez. Elle était beaucoup plus forte que la précédente, plus marquante et surtout plus communicative. Sans même s'en rendre compte, il se mit à sourire, cette odeur était celle de la joie. D'un mouvement précipité, il put cette foi apercevoir un homme courir à travers la foule son téléphone une main et un sourire béa sur son visage. Ce fut autour d'une petite fille accompagnée de ces parents, pour elle, ce fut l’excitation. Pour le couple s'embrassant, ce fut une décharge d’arôme représentant l'amour. Pour cet étudiant plongé dans ces bouquins, ce fut le stress. Le père avec son fils, ce fut la fierté. Pour un adolescent écoutant du Beethoven, c'était la dépression. Puis vint l'odeur de l’inquiétude, celle de la gratitude, de la colère, de la tristesse, celle de l'amitié... 

Tant d’effluves si belles et tristes à la fois. Tellement qu'il en oublia le dégoût qu'il avait pour ce monde et au milieu de tout ça, il sentit une petite senteur si infime qu'il pensait l'avoir rêvée, mais elle était bien là. Elle venait de son manteau, non de son cou en fait de son être en entier. Et en reniflant son col il sourit. Il avait compris... C'était l'odeur du

bonheur...

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