- 17 -

7 minutes de lecture

Bon, nouveau chapitre. Je ne suis pas contente de moi, mais comme l'autre fois, je le partage quand même. J'ai l'impression de ne pas réussir à vous retranscrir la scène tel que je la vois dans ma tête. Bonne lecture...

Dans la cour, je suis saisie par la fraîcheur de la nuit. Ma peau se couvre de frissons, mais c’est agréable. Hum… L’air me fait du bien. Plus de deux jours que je suis enfermée dans cette piaule ressemblant davantage à une cave, alors je profite de cet intermède salvateur.

Le moteur de la moto tourne déjà. Une fois devant le bolide, il me tend son blouson posé sur la selle, ainsi qu’un casque. Dans un silence convenu, je les enfile rapidement. Il grimpe le premier sur la bécane, avant de se retourner pour m’inviter à l’imiter. Tremblante, je m’installe derrière lui. J’ai si peur que je m’empresse de lui enserrer la taille de mes bras. Approuvant mon geste, il pose sa main gantée sur mes doigts et les tapote amicalement. Nous sommes prêts à partir quand Dave se plante devant nous en nous foudroyant du regard.

— J’aime pas qu’on change les plans ! ronchonne-t-il.

— Fais pas chier, Dave, lui rétorque-t-il sans animosité.

— Pff… siffle son complice en dégageant le passage. On se rejoint là-bas ?

— À toute, vieux frère. Prends garde à toi. Allez, fais pas la gueule ! Tout va bien se passer, lui assure-t-il avant d’abaisser sa visière et de mettre les gaz.

Heureusement que j’étais agrippée à lui, sans quoi, je me serais retrouvé les fesses par terre ! Le voyage promet… Comme je le craignais, nous roulons à une allure folle. Je ne suis pas du tout rassurée. Voit-il quelque chose dans cette nuit noire ? Parce que moi je ne distingue strictement rien ! Mais je dois avouer qu’il semble connaître son affaire, une moto entre les jambes. Peut-être que j’aurais dû lui confesser mon aversion pour la vitesse. Je préfère fermer les yeux. Chaque kilomètre avalé est un kilomètre qui n’est plus à faire ! À force de lui écraser les côtes, il paraît saisir le message. Tendrement, sa main se pose sur les miennes dans un geste qui se veut réconfortant. Son assurance et sa douceur ont raison de mon stress et je commence peu à peu à me détendre.

Finalement, nous trouvons notre vitesse de croisière et je me surprends même à apprécier ce voyage. Le fait d’être pressée contre lui n’est certainement pas étranger à ce revirement de situation. Depuis un long moment, je ne fais pratiquement plus attention à la route. Mes mains, posées sur son ventre, déclenchent en moi une avalanche d’idées plus érotiques les unes que les autres… Ah ! La magie des balades nocturnes !

Nous devons rouler depuis une bonne heure, quand deux motos de police nous prennent en chasse. Je me demande s’il s’agit d’un simple contrôle, ou si la raison est en rapport avec l’aiguille du compteur bloquée contre la butée. Franchement, niveau discrétion, il repassera ! Sans grande surprise, Sunny décline l’invitation de s’arrêter. Le moteur rugit. La moto, que je pensais au maximum de ses capacités, s’emballe. La sensation est étrange : grisante et enivrante. Et bizarrement, la peur ne fait pas partie de ce panaché d’émotions.

Encore une course poursuite… La deuxième en deux jours…

D’ordinaire, j’aurais été terrifiée par la vitesse. Mais aujourd’hui, blottie contre ce brigand au charisme de dingue, je me sentirais presque en sécurité. Pourtant, en cavale avec les flics au cul, on ne peut pas dire que notre escapade parte sous de bons augures !

Agacé qu’ils ne nous lâchent pas, Sunny se retourne brièvement, avant de tourner brusquement en direction d’un sous-bois. Wowowo… Il aurait quand même pu prévenir ! J’ai bien cru que j’allais faire un roulé-boulé sur le bas-côté !

Je suis bien consciente que le moment est plutôt mal choisi pour réclamer une petite pause, mais tout de même ! Si je me retrouve les quatre fers en l’air, on y aura gagné quoi ?

Les sentiers escarpés, remplis de cailloux et de branches mortes, ne nous laissent aucun répit. Secouée dans tous les sens, je resserre mon étreinte. Il doit avoir l’impression de transporter un marteau piqueur tant je ne peux retenir ma tête qui tape régulièrement entre ses deux épaules. Concentré sur sa conduite, il évite les embûches et nous nous enfonçons rapidement dans la forêt.

Le paysage défile à une allure vertigineuse. Je ne peux rien anticiper et à part lâcher prise, je n’ai pas grand-chose à faire. Heureusement, sa ruse fonctionne parfaitement. Pas de bol pour eux, leurs routières n’ont pas vraiment apprécié la séance de cross. En particulier la traversée de rivière qui les a définitivement laissés sur la touche !

Déjà, le rythme de notre promenade se calme. Ma respiration s’apaise. Ce n’est que maintenant que je m’aperçois que mon cœur battait à tout rompre… En tout cas, je ne manquerai pas de le féliciter ultérieurement d’avoir eu le flair de voler un trial. Sans cela, nous serions encore à tenter de les semer sur une route de campagne paumée au milieu de nulle part !

Nous poursuivons un bout de chemin à travers les bois. Enfin, nous récupérons une départementale. Mon corps me paraît toujours vibrer sous l’assaut de notre parcours tout-terrain.

Nous mettons un temps infini avant de regagner une agglomération. Et quand je dis agglomération, nous sommes loin de la ville telle que nous nous la représentons ! Après un long bâillement disgracieux qu’heureusement à part moi, personne n’entend, je me demande depuis quand nous sommes partis. Je crois bien avoir perdu la notion du temps avec tout ça.

Nous débarquons enfin dans une banlieue déshéritée. À mon grand étonnement, Sonny stoppe la moto dans une ruelle déserte avant d’arrêter le moteur. Surprise, je regarde tout autour de moi. Sommes-nous arrivés ?

— Descends, me dicte-t-il sèchement en se libérant de son casque.

— Pourquoi ? m’étonné-je en l’imitant.

— On doit changer de bécane à cause des flics. Viens avec moi, on va en trouver une autre.

Bien qu’éteint, le bruit du moteur ronfle encore dans ma boite crânienne. Après avoir mis la moto sur la béquille, il se penche sur moi, me relève le menton.

— T’as eu peur ?

— Non, enfin, oui. Un peu, avoué-je alors que je me retourne dans un sursaut lorsqu’une voiture passe dans la rue adjacente. J’espère juste qu’ils ne vont pas nous retrouver.

— Pourquoi ? rétorque-t-il, étonné, les yeux toujours rivés sur les miens. S’ils nous rattrapaient, tu serais libre.

— Peut-être… Mais tu aurais des ennuis et je n’en ai pas envie.

S’il ne me prend pas pour une tarée, j’aurai de la chance !

— T’es adorable, susurre-t-il en effleurant délicatement ma joue de sa main.

Je dois me retenir pour ne pas le serrer dans mes bras. Cette douceur m’appelle à d’autres gestes, beaucoup trop intimes pour les rapports que nous devons conserver. Mon cœur n’a pas le temps de se ressaisir qu’il attrape ma paume. Je commence à beaucoup trop apprécier son toucher. Cette fois, le contact de sa peau sur la mienne me fait presque vibrer.

Il me donne de la force…

Sans nous retourner, nous courons à travers le quartier délabré. Enfin, au détour d’un passage, il stoppe notre sprint avant de s’approcher d’une moto stationnée dans un coin sombre.

Alors qu’il tente de la démarrer, je scrute nerveusement les alentours. Putain… Mais je débloque carrément cette fois ! Je suis en train de faire le guet pour un braqueur de banque ! En faisant ça, suis-je toujours son otage ou accédé-je au statut, ô combien honorifique, de complice ? Sachant que mon comportement n’a rien de rationnel, puisqu’au lieu de profiter de l’incident en trouvant le moyen de me barrer d’ici, je fais mon maximum pour protéger mon kidnappeur.

Dix minutes plus tard, j’ai le tournis à force de lancer des œillades dans tous les sens. Soudain, je distingue au loin un groupe fondant droit sur nous.

— Sunny, chuchoté-je en me rapprochant de lui, une main sur son épaule pour appuyer l’urgence.

— Attends, Meg, rétorque-t-il, concentré, j’y suis presque.

— Sunny. Relève-toi, vite ! soufflé-je en me redressant pour faire face à trois hommes à une dizaine de mètres de nous.

— Attends, je te dis… s’impatiente-t-il alors qu’il s’affaire à trouver les fils dans le noir.

— Non, Sunny… Lève-toi ! crié-je en agrippant sa manche.

Dans un soupir marquant son agacement, il tourne la tête et découvre, stupéfait, les types prêts à se jeter sur moi. Il se relève d’un bond, vient s’interposer entre nous. Oh ! Il va vraiment finir par me faire craquer…

— Qu’est-ce que vous foutez là ? nous agresse un grand chauve, vêtu d’un marcel, d’un pantalon militaire et de grosses chaussures noir style rangers. C’est notre territoire, ici. Alors, barrez-vous ou vous allez le regretter !

Malgré la pénombre, je sens le corps de ma gueule d’amour se crisper. Les poings serrés et les jambes bien ancrées au sol, il paraît prêt pour une altercation. Je le retrouve comme je l’ai connu : animé par sa cause et cette fois-ci, son objectif est de me protéger.

— Oh, les morveux ! crie Sunny d’un charisme supérieur.

Je fonds…

Annotations

Vous aimez lire Alexandra LP ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0