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Et voilà, comme promis on se retrouve. Bonne lecture...

Quatre heures ! La journée est enfin finie ! Lasse, je laisse échapper un profond soupir. Un mois que j’ai commencé ce nouveau boulot et j’ai encore beaucoup de choses à mémoriser pour être totalement opérationnelle. Assise depuis bien trop longtemps, je m’étire sur mon siège après avoir éteint mon ordinateur. Quand mes muscles me remercient de cette délivrance, je rassemble mes affaires et sors d’un bon pas de l’entreprise. En arrivant à ma voiture, je ne rêve que de me prélasser sur mon canapé !

Malheureusement pour moi, ma journée est loin d’être terminée. En tout premier lieu, je dois récupérer ma fille pour, ensuite assurer mon deuxième travail : celui de maman célibataire. Je sais que je ne suis pas à plaindre, j’ai la chance d’avoir ma mère pour m’épauler. Elle est d’ailleurs la seule personne sur laquelle je peux compter pour garder ma petite Lyloo âgée de cinq ans. En m’installant derrière le volant, je jette négligemment mon sac sur le siège passager quand j’aperçois une enveloppe dépasser. Non ! Finalement, je ne suis pas près de me relaxer ce soir ! J’avais complètement oublié, mais je dois d’abord faire un petit détour par la banque pour déposer mon premier chèque de salaire. Avec mon compte dans le rouge, je ne peux pas me permettre de patienter ne serait-ce qu’un jour de plus ! Mon canapé attendra… Agacée, je m’engage dans les bouchons en direction du centre-ville. Après une demi-heure, j’arrive enfin devant la banque. Je rêve ou la chance semble être avec moi ? D’ordinaire, je dois me rabattre sur un parking à un bon quart d’heure de marche et là, une place m’attend bien sagement sur le trottoir d’en face !

Une fois le moteur arrêté, je me presse de prendre mon sac sur les genoux et commence à farfouiller à l’intérieur à la recherche de mon téléphone. Pff… Quel fourbi là-dedans ! Un jour, il va bien falloir que je me décide à le ranger un peu ! Enfoui sous mon carnet de chèques et un paquet de mouchoirs, je le trouve enfin. Sans traîner, je sors de la voiture, mon mobile à la main et mon sac encore ouvert au bras, puis je verrouille les portes de mon Picasso. Alors que je m’apprête à traverser la route, je compose à la va-vite le numéro de ma mère. Même si ce petit détour ne devrait pas me prendre plus de dix minutes, je préfère l’avertir de ce contretemps. La connaissant, quelques minutes de retard et elle risque d’alerter les flics et tous les hôpitaux de la ville ! À la deuxième sonnerie, on décroche et j’entends la voix mélodieuse de ma puce me répondre :

— Allô, maman ?

— Lyloo ! Comment t’as su que c’était moi ?

— Bah ! Il y a ton nom d’écrit sur le portable de mamie, tu sais bien ! rétorque-t-elle en rigolant.

— Ah, oui ! feinté-je l’étonnement. J’avais oublié… Que je suis bête ! Ça va, ma puce ?

— Oui.

— T’as passé une bonne journée avec mamie ?

— Oui. On a été au cinéma. Et puis, on a fait de la peinture, répond-elle, enjouée, d’ailleurs, je t’ai fait un beau dessin. Tu rentres bientôt ?

— Oui, mon bébé. Passe-moi mamie, s’il te plaît.

— D’accord. À tout de suite, maman. Je t’aime, murmure-t-elle en m’envoyant un baiser bien bruyant dans le combiné.

— Moi aussi ma puce, je t’aime de tout mon cœur.

— Ma-mie… hurle-t-elle alors que sa voix se fait plus lointaine. C’est maman.

Des pas, un grésillement.

— Mégane ?

— Salut, m’man…

— Tu arrives bientôt j’espère, parce que ce soir j’ai un rendez-vous, me coupe-t-elle sans me laisser le temps de finir ma phrase.

— Oui, je sais, je n’ai pas oublié, la rassuré-je, je voulais juste te prévenir que j’aurai un léger retard. Je dois de toute urgence déposer mon chèque à la banque, sinon le loyer.

Je préfère passer au guichet qui l’enregistrera plus rapidement que si je me contente de le balancer dans la boîte aux lettres. Toujours en pleine discussion, je sonne à l’interphone et attends, impatiente qu’un employé se décide enfin à me déverrouiller la porte. Lorsque le bip d’ouverture retentit, je la pousse de l’épaule tout en raccrochant. Mais au moment de ranger mon téléphone dans mon brique à braque, ce dernier m’échappe et s’écrase en plusieurs morceaux sur le goudron. Zut, zut, zut et rezut ! Ce n’est pas possible d’être aussi maladroite ! Dans un réflexe, je me précipite pour récupérer les pièces de mon Smartphone éparpillées sur le sol. Jouant de malchance, mon fourre-tout, toujours ouvert, se déverse autour de la dépouille de mon mobile. C’est pas vrai ! J’ai la poisse ou quoi ?

Accroupie, je retiens la porte à l’aide de mon dos, tandis que je me hâte de ramasser tout mon bazar révélé à la vue de tous. « Quelle étourdie ! » laissé-je échapper afin d’essayer de garder la face devant les clients de la banque qui me dévisagent sans vergogne. Je suis sur le point de mettre le dernier objet dans mon sac, quand il me semble que le ciel s’abat sur moi. Un poids mort me bloque violemment face contre terre, rendant ma respiration suffocante. À peine ai-je touché le sol, que je ressens des corps passer au-dessus de moi, m’enjambant avec précipitation. Affolé, je peine à reprendre mon souffle à l’instant où je prends conscience qu’une main me maintient la nuque et que quelque chose de froid est pressé contre mon crâne. Un flingue ? Tout s’est passé si vite ! Incapable de bouger, je dois me rendre à l’évidence : un canon de révolver est bien plaqué contre ma tête et me dissuade d’ébaucher le moindre mouvement. Paralysée par la peur, mes sens sont comme aiguisés. À l’intérieur, les cris des clients m’alertent. De là où je suis, je réussis vaguement à entrevoir des formes noires se déployer en un temps record. Mon Dieu ! Des braqueurs viennent de pénétrer dans la banque à cause de moi, de ma maladresse !

Le poids sur mon dos se fait plus léger, tandis que son emprise sur ma nuque et ma tempe s’intensifie. Il n’aurait pas envie d’aller faire joujou avec ses petits camarades plutôt que de se vautrer sur moi, celui-là ? Mais quand un : « Allez les gars, phase deux » retentit, partiellement étouffé à quelques centimètres de mon oreille, je sursaute et me mets réellement à paniquer. Pas de doute, le gugusse qui s’agrippe à moi n’est autre que leur chef. Rien que ça ! En écho, les hommes s’activent, se faisant plus menaçants. C’est alors que j’aperçois leurs armes…

— Tout le monde à terre, sauf le personnel qui lève les mains en l’air ! hurle un des types qui, comme ses complices, a le bas du visage masqué par un foulard.

— Et que personne ne joue aux héros, beugle sans aucune délicatesse un deuxième gars que je ne peux voir, sinon, on n’hésitera pas à vous tirer comme des lapins !

— Maintenant, les employés, rejoignez les clients et couchez-vous aussi, ordonne à nouveau le premier.

Mais dans quel merdier je viens de me fourrer ? N’étant ni à l’intérieur ni à l’extérieur, mon instinct me dicte de m’enfuir. Mais c’est sans compter sur l’homme collé à moi !

— Qu’est-ce que tu me fais, toi ? grogne-t-il comme s’il pouvait lire dans mes pensées. Allez, debout, et grouille-toi !

Il est marrant, lui ! Comment veut-il que je me relève ? Je ne sais pas combien il doit peser, mais à vue de nez, un bon quatre-vingt-dix kilos. Disons que ma pauvre carcasse d’une cinquantaine de kilos à peine risque d’en pâtir légèrement !

La main qui me pressait jusque-là la nuque, vient de m’empoigner l’épaule, tandis que l’autre braque toujours l’arme fermement contre ma tempe. Je suis soufflée par la rapidité qu’il a mise pour me relever ! Alors que mon corps a un mouvement de recul, mon assaillant lâche brusquement sa prise pour me coincer le cou avec son bras, me comprimant contre son torse. Quand sa bouche s’approche de mon oreille pour me susurrer, menaçant : « nan, nan, n’y pense même pas ! Toi, tu restes avec moi ! », ma respiration devient rauque et douloureuse. Fort, il me pousse à l’intérieur. Ce qu’il me reste de raison me souffle un « pourquoi moi ? » auquel je ne peux répondre. Ses gestes et sa voix dénotent un empressement contrôlé. Ce type connaît son affaire. Il ne panique pas, semble sûr de lui. Plaquée contre sa poitrine, je suis tout à coup frappée par sa fragrance qui, paradoxalement à son comportement brutal, m’apparaît étonnement fruitée.

Sans me laisser le loisir de m’agrémenter de mon sens olfactif, il pousse nerveusement mon sac, ainsi que tout mon bazar avec le pied. Désormais coincée entre lui et son arme, je n’ai pas d’autre choix que d’obtempérer. Avec fracas, je débarque au milieu de la banque, les yeux exorbités, avant qu’il ne claque furieusement la porte derrière nous.

Trop tard… Je suis prise au piège !

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