Chapitre 50 - Retour à la maison

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La nuit a été longue, Vicente n’a pas arrêté de bouger dans le lit et de grogner dans son sommeil. De plus, aujourd’hui je dois rentrer chez mes parents et leur présenter mon petit ami. Est-ce cela qui le gêne ?

Le criminel semble dénué de toutes émotions et pris dans ses pensées. Parfois, je lui pose des questions mais il ne me répond pas. Après avoir attiré son attention, il finit par grommeler quelque chose.

Mon cœur se serre car je sais que quelque chose d’important le tracasse depuis l’explosion de l’entrepôt. Je sais qu’il ne me dira rien tant qu’il ne sera pas prêt. De ce fait, je prends sur moi, même si je ne me sens pas très bien.

Je somnole quelques instants avant de sentir que Vicente n’est plus près de moi. En ouvrant les yeux, je constate qu’il est debout face à moi.

- Il est l’heure de partir Marina, déclare-t-il d’une voix lourde.

Mes affaires sont prêtes et il les prend pour les mettre dans sa voiture de sport. Je reste quelques minutes dans la chambre, dans laquelle nous avons partagé beaucoup de choses. Un mauvais pressentiment s’impose à moi lorsque je sens un nœud au cœur de mon ventre et une chaleur désagréable dans le plexus solaire. Allons-nous être attaqué encore une fois ?

- Marina ! m’appelle mon amant.

Je prends mes béquilles puis je le rejoins devant la maison. Il m’aide à monter dans le véhicule puis nous partons.

Tout au long du trajet, Vicente est silencieux, concentré sur la route. Au fur et à mesure que nous approchons de mon quartier, je me sens de plus en plus mal. Impossible de repousser cette sensation car je sais qu’il y a quelque chose là-dessous.

Le criminel s’arrête loin de la grosse porte en métal de la résidence. Il est vêtu avec un sweat à capuche et des lunettes noires pour ne pas être filmé par les caméras du quartier.

Mon cœur fait un bond lorsque je remarque au loin Roberto, notre portier parti en congé quelques mois plus tôt. Ça y est, je suis de retour chez moi après deux mois.

Mon amant se tourne vers moi puis je me perds dans son regard vert profond avant qu’il ne remette ses lunettes. Il se penche vers moi pour me donner un long baiser tout en me caressant la joue.

- Je suis désolé, souffle-t-il.

- Qu’est-ce qu’il y a ? je demande du tac au tac.

L’homme que j’aime ne répond pas, il sort de la voiture puis commence à décharger ma valise et mon sac à dos. Je descends tant bien que mal pour le rejoindre. Nos yeux s’accrochent une nouvelle fois. Malgré la teinte marron, je décerne du regret ainsi que de la douleur dans son regard.

- Tout est finit Marina, conclu-t-il d’une voix assurée. Avec moi, tu n’auras jamais une vie tranquille et je ne veux pas que tu me voies mourir parce que je sais que ça arrivera dans quelques années.

- Tu ne peux pas me faire ça ! je m’écris en sentant des larmes couler sur mes joues.

- Si je le fais, c’est parce que je t’aime et que tu mérites d’être protégée, se justifie-t-il. Je t’aimerais toujours mais dans cette vie nous ne pouvons pas être ensemble.

Je ne sais pas quoi dire, je me sens trahit et mon cœur explose dans ma poitrine. Si mes béquilles ne me soutenaient pas, je crois que je serais tombée. Je n’arrive pas à imaginer que je ne le reverrais plus alors qu’il m’avait promis une alternative pour notre couple.

Vicente me contourne puis regagne sa voiture. Avec mon handicap, je ne parviens pas à l’arrêter. A travers la vitre, je croise une dernière fois son regard vert puis il démarre. Sans pouvoir contrôler quoi que se soit, je hurle jusqu’à que la voiture ait disparu.

- Est-ce que tous vont bien mademoiselle Marina ? demande Roberto qui s’approche de moi en courant.

Je ne réponds rien mais il remarque que quelque chose ne va pas.

- Je vais vous reconduire chez vous, dit-il en prenant mes affaires. Nous allons prendre ma voiture de service.

Trop sonnée pour réfléchir à ce qui vient de se passer, je suis l’employé jusqu’à sa cabine. Avec une énorme clé, il ouvre une petite porte qui donne de l’autre côté.

Le trajet jusqu’à chez moi se déroule calmement mais j’ai l’impression qu’il dure une éternité. Roberto dépose mes affaires devant la porte puis s’éclipse. Je n’ai pas la force de sonner mais le bruit a dû alerter ma mère car elle ouvre la porte.

- Marina ! s’exclame-t-elle en me voyant.

Elle me saute aussitôt dans les bras mais j’ai l’impression qu’il s’agit d’une autre personne. Ma génitrice est vêtue d’une tenue décontractée et son visage est tout rouge comme si elle avait pleuré.

Mon père et ma sœur débarquent sur le perron et se réjouisse de me voir avec eux. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ils réagissent comme si j’étais partie pendant un an.

- Bonté divine ! s’écrit mon père. Comment as-tu fait pour revenir en un seul morceau ? Depuis plusieurs jours, les services secrets sont à ta recherche. Nous avons découvert trop tard que tu as été enlevé.

A ces mots, c’est comme si tout mon être reprenait vie. Un sentiment de terreur doit déformer mon visage et je ne suis pas sûre de pouvoir gérer tout ce qui me tombe dessus le même jour.

- Est-ce qu’ils t’ont fait du mal Marina ? questionne ma mère. Raconte-nous ce qu’il s’est passé !

Je crois que mon cerveau subit un cours circuit car je m’effondre dans les bras de ma mère.

***

Lorsque je finis par ouvrir les yeux un laps de temps plus tard, ma mère bondis du fauteuil du salon. L’inquiétude déforme ses traits et je commence à reprendre conscience de tous ce qu’il s’est passé depuis le début de la journée. Le poids sur ma poitrine ne me quitte pas car la trahison de Vicente est des plus douloureuse.

- J’ai appelé l’ambassade, les services ont arrêté leurs recherches mais ils chercheront coûte que coûte à t’interroger Marina, dit-il à mon intention. On a échappé à un incident diplomatique.

- Je vais répondre à leur question, j’approuve en lui faisant signe que je suis réveillée.

Je sais que la police ne me lâchera pas alors je vais leur sortir des bouts de vérités et des filets de mensonges. Même si l’homme que j’aime m’a trahi, je ne mettrais pas sa vie en danger. Non, je ne serais pas celle qui gâchera son existence.

- Je ne pensais pas te revoir vivante, pleurniche ma sœur qui vient d’entrer dans le salon.

Voir ma famille ainsi me brise le cœur. Mais ce qui me préoccupe le plus, c’est comment mon père a-t-il été au courant de mon enlèvement ? Il semble lire dans mes pensées et s’assoit sur le deuxième fauteuil.

- Nous pensions communiquer avec toi depuis plusieurs semaines, explique-t-il. Il y a six jours, mon portable a rendu l’âme lorsque j’étais à l’ambassade alors j’ai emprunté celui d’un collègue pour appeler tes grands-parents qui m’ont confirmé que tu n’étais pas avec eux. J’en ai parlé à Estella et j’ai vite compris qu’elle était au courant de quelque chose.

- Quand nous avons appris que tu avais été enlevée par un criminel nous avons cru mourir, intervient ma mère qui ne semble pas se remettre de ses émotions. Nous avons arrêté de communiquer avec toi quand nous avons compris que quelqu’un d’autre avait pris ta place.

- Et ce sont des bons ces mecs en matière d’informatique et de logistique, poursuit mon géniteur. Je n’ai pas ébruité l’histoire qui se déroule entre l’ambassade et les services secrets mexicains. Depuis plusieurs jours, ils essayent de te trouver et voilà que tu te pointes tranquillement devant notre porte.

Plus personne ne parle et tous les yeux sont braqués sur moi. Je comprends alors que c’est à mon tour de parler, alors c’est ce que je fais. Je commence par mon enlèvement, les brutalités que j’ai subies et la peur que j’ai ressentie. Ensuite, j’enchaine sur nos rapprochements en omettant tous les trucs que j’ai pu apercevoir de l’organisation. Je termine en parlant de ma relation avec Vicente et de ma blessure.

- Ce n’est pas de l’amour Marina ! s’exclame ma mère. Comment peux-tu être aussi naïve et penser que se sont des gens bien ? Je n’arrive pas à croire que ce criminel a violé et battu notre fille !

- Il t’a ramené tranquillement comme ça ? demande mon père en fronçant les sourcils.

- Inutile de faire analyser les caméras de surveillance, je le devance. La plaque d’immatriculation est fausse et la voiture a été repeinte plusieurs fois.

Ma famille arbore une tête ahurie. Je me doutais que personne n’allait comprendre ma situation. Pourtant, ça va être une autre paire de manche lorsque je vais discuter avec les services secrets. Toutefois, j’espère ne pas subir trop de pression puisque dans les faits, c’est moi la victime.

Lorsque mes parents ont compris pour leur plus grand désarroi que je ne dénoncerais pas le criminel, je grimpe dans ma chambre. Je ne la reconnais plus malgré le fait qu’elle n’a pas changée d’un poil.

- On rentre en France et ce n’est pas négociable ! hurle ma mère depuis le salon.

Je m’allonge sur mon lit puis je pose un coussin sur ma tête. Comment ai-je pu en arriver là ? Tout à si vite changer et je ne sais plus quoi faire de ma vie. Il faut absolument que je me recentre sur moi si je ne veux pas décrépir.

Même si mon cœur est déchiré, je sais parfaitement que je ne reverrais plus jamais celui que j’aime. Il va me falloir beaucoup de temps, mais je suis sûre de parvenir à tourner la page. Malgré tout, je ne regrette pas ce qu’il m’est arrivé et je sais au fond de moi que j’aimerais toujours Vicente.

A suivre…

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