Chapitre 40 - C'est la fin

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Je me redresse puis je longe le couloir pour rejoindre le bureau de Sam. Ce dernier lève les yeux vers moi quand je rentre. Il me dévisage plusieurs secondes et je m’effondre sur la chaise.

- Que s’est-il passé dans les toilettes ? demande-t-il. Je ne crois pas qu’il y ait de fantôme à cet endroit.

- Vicente m’a plaqué dans les archives puis il m’a embrassé, je m’exclame en me prenant le visage. Ensuite, il est parti sans demander son reste. Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça.

- Le pouvoir de l’amour, répond le juriste. Il a déraillé avant de se remettre sur ce qu’il pense être la bonne voie.

- Que dois-je faire ?

- Un homme amoureux revient toujours.

Je pousse un soupir avant de recommencer à trier les dossiers de Sam. Je les classe par ordre d’importance d’après des critères précis.

Je sens que quelque chose va vraiment capoter avec Vicente un jour ou l’autre. Notre séparation est inévitable et sera probablement très douloureuse. Mais comment expliquer ça à mes parents ? Chagrin d’amour avec un surfeur ? Je ne vois pas quoi dire d’autre face à cette phase dépressive.

Sam est venu m’apporter un café pour que je me sente mieux mais ce n’est pas vraiment le cas. Le comportement du criminel est plus que troublant. Moi qui pensais l’avoir cerné, je me suis lourdement trompée.

Le juriste doit quitter son bureau car il est dix-huit heures. Je décide donc d’attendre dans le hall de l’étage que le criminel vienne me chercher. S’il ne le fait pas, je vais prendre un taxi et engager les hostilités avec lui.

Des personnes continuent de travailler mais je tape du pied de plus en plus impatiente. L’horloge centrale indique dix-huit heures quinze. Je me redresse ne soufflant bruyamment puis je me dirige vers les ascenseurs. Au même instant, les portes s’ouvrent sur Vicente.

- Désolé, j’ai eu un contre-temps, dit-il simplement.

J’entre dans la cabine en lui jetant un regard furieux qu’il ne relève pas. De plus en plus irritée, j’ai une envie soudaine de le frapper dans l’espoir de le faire réagir. Le mythe de La pantera n’est plus qu’une illusion. Je n’ai plus peur de lui et je suis prête à lui montrer que je ne suis pas la petite chose fragile qu’il pense avoir recueilli.

- On ne fait pas attendre les dames, je single d’une voix dure. Ne te crois pas tout permis avec moi.

Je remarque ses muscles tendus mais il ne dit rien. Il utilise le silence pour éviter tout conflit. Ce n’est pas dans ses habitudes de laisser les autres grogner sur lui. Mais je suppose que je ne suis pas n’importe quelle personne.

Une fois à la maison, je grimpe directement dans ma chambre. Je fais exactement comme Vicente pour lui montrer à quel point son comportement est désagréable.

Je me change rapidement car je ne me sens plus très à l’aise dans ces vêtements. Je m’assoie sur mon lit pour réfléchir mais je suis interrompue par le criminel. Il est vêtu d’une tenue décontractée et rendu ses tatouages visibles.

- Je pense qu’il serait préférable que tu partes demain, dit-il.

- Non, je ne veux pas partir, je m’écris.

Le regard dur de mon amant ne me fait pas baisser les yeux. Je suis habituée à ces prunelles qui intimident tout le monde. A présent, j’aime les voir briller.

- C’est moi qui te kidnappe et tu ne veux pas partir quand je te l’ordonne, ricane-t-il d’un air mauvais.

Mon sang se glace une seconde en le voyant redevenir la personne cruelle qu’il était avec moi. Je saisis tout le courage que j’ai à l’intérieur de moi pour ne pas me laisser faire.

- Tu me prends puis tu me jettes quand ça te chante comme si j’étais une vulgaire poupée de chiffon, je crie de plus en plus en colère.

Je me mets debout sur le lit pour être à la même hauteur que mon interlocuteur. Il est hors de question que je me laisse faire et piétiner comme ça.

- Ça ne rime à rien tous ce qu’on fait. Je ne vais pas prendre le risque de te laisser ici. Rien que le fait de me connaitre te met en danger.

- Mais qu’est-ce que tu ressens pour moi ?

- Ça n’a pas d’importance, répond-t-il en secouant la tête. Mes chances de mourir sont élevées et je ne vais pas te condamner aussi. Te protéger est la seule chose que je peux t’offrir et je ne vais pas la laisser passer.

Je commence à comprendre que le discours de Vicente est sérieux. Il ne va pas céder du terrain. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’avoir encore de l’espoir.

- Mais nous…

- Il n’y aura jamais de « nous » Marina ! fulmine-t-il en me coupant la parole.

Je reste aussi immobile comme une statue. Des tremblements s’insinuent en moi et je commence à basculer.

- Tu n’es qu’un connard, un être sans cœur, je hurle. J’espère que tu finiras seul et que tu crèveras comme un chien dans la rue. Qu’est-ce que je suis contente de ne pas t’avoir donné ma virginité.

Mon ancien amant ne semble pas touché par ce que je lui dit. Il tourne son corps vers la porte mais il continue de me regarder.

- Viens me voir demain lorsque tu seras prête à partir. Si en début d’après-midi tu es encore là, je te ramènerais de force chez tes parents, me menace-t-il avec un regard sévère.

Le criminel sort en claquant la porte. Je ne retiens pas mes hurlements et je fracasse au sol tous ce qui passe sous ma main. Pourtant, je ne suis pas du genre à avoir des problèmes pour gérer ma colère. C’est la première fois que je suis amoureuse de quelqu’un et je ne sais pas comment diriger mes émotions face au rejet.

Je crois que c’est le moment d’appeler Estella. Je ne supporte plus de mentir mais j’ai vraiment besoin de parler à quelqu’un. De plus, je ne peux pas me permettre de broyer du noir en ressassent le passé. Cette histoire de surfeur me convint de plus en plus et je vais l’utiliser. La sonnerie se déclenche et je patiente les larmes aux yeux.

- Salut Marina, je suis contente de te parler, lance joyeusement mon amie.

- Moi aussi Estella.

- Qu’est-ce qui t’arrive ? demande-t-elle. Et ne me mens pas, je sais que tu ne vas pas bien.

Je souris en reconnaissant bien mon amie. Je renifle car mes larmes refont surface.

- J’ai rencontré un surfeur très sympa, je mens. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble et je suis tombée amoureuse de lui. Notre relation n’était pas très claire à mes yeux et j’ai finis par lui avouer mes sentiments. A partir de là, il est devenu distant et on se voyait moins. Je suis certaines qu’il a des sentiments pour moi mais il a dit que c’était mieux qu’on en reste là car on n’habitait trop loin et qu’il voyage beaucoup.

- Mon Dieu Marina, je ne m’attendais pas du tout à ça ! s’exclame mon amie. Même si je comprends ce qu’il veut dire, il ne devrait pas te rejeter comme ça.

- Il ne veut pas me faire souffrir.

- Mais c’est ce qu’il a fait, rétorque Estella. J’espère que tu n’as pas couché avec un connard pareil ?

Je rougis en pensant à ce que j’ai vécu avec Vicente.

- Non, je n’ai pas couché avec lui, je réponds pour ne pas qu’elle prenne mon silence pour un oui.

- Je suis sûre que tu trouveras l’homme parfait un jour. J’ai couché avec Juan et maintenant nous sommes plus proche que jamais. Je l’aime et nous sommes heureux ensemble mais je ne m’inquiète pas pour toi.

- Merci beaucoup pour tes conseils Estella, je réponds. Ça va mieux mais j’espère tout de même qu’il se rendra compte de son erreur et qu’il reviendra vers moi.

- S’il t’aime vraiment, il le fera, approuve-t-elle.

- Estella ! j’entends dans le combiné.

- Ma mère m’appelle, m’explique mon amie avec dédain. On peut se rappeler plus tard et ce serait cool que tu me tiennes au courant des changements de cette histoire.

Estella raccroche et je me sens terriblement seule dans ma chambre. Le soleil commence à décliner derrière les épais rideaux. J’ai envie de rien faire, pourtant je dois me forcer à réaliser quelque chose si je ne veux pas péter un câble.

Je me rends compte que cette histoire m’a pompé l’énergie lorsque je m’allonge dans le lit. Il est plus de dix-neuf heures mais j’ai toujours envie de rien faire.

« Un homme amoureux revient toujours » m’a dit Sam. J’espère vraiment qu’il a raison et que Vicente se rendra compte de son erreur. Mais peut-être que je me fais des idées et qu’il ne m’aime pas. Dans ce cas, son comportement est légitime et je parviendrais plus facilement à me faire à l’idée.

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