Chapitre 4 - Evasion

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Je suis dans la voiture de mon père avec Estella tandis que les autres rentrent en taxis.

- C’est la dernière fois que je t’amène à une fête aussi peu encadrée, s’exclame-t-il furieux. Même si tu es majeure, j’appellerais les parents avant chaque soirée.

- Mais ce n’est pas juste, je ne suis plus une enfant ! je m’écris.

- Nous ne sommes pas en France Marina, tranche-t-il.

Je ne dis plus rien et je me tourne vers la vitre.

- C’est la première fois qu’une chose pareille arrive monsieur Portier, plaide Estella.

- Et ce sera la dernière ! s’énerve mon géniteur.

Plus personne ne parle jusqu’à ce que nous ayons passé les portes blindées du quartier. Lorsque nous arrivons devant la maison, Estella m’indique qu’elle passera demain. Je m’apprête à rejoindre ma chambre mais ma mère m’interpelle dans les escaliers.

- J’espère que ton père a été clair sur le sujet, commente-t-elle. Plus de soirée sans avoir parlé aux parents.

- Puis-je aller me coucher maintenant ? je grommelle.

Ma mère n’ajoute rien mais je peux entendre cette dernière phrase dite à mon père.

- Ce serait peut-être mieux de déménager dans un autre pays ou de trouver un poste en France, soutien-t-elle.

Je n’entends pas ce que mon père répond puisque je grimpe sur mon lit après avoir fermé la porte. Si ce qu’il s’est passé ce soir était flippant, cela ne me décourage pas. Je compte bien sortir visiter la ville en cachette. Je sais qu’aucune de mes amies n’approuveraient, alors je ne vais parler à personne de mon plan.

***

Quelques jours plus tard après la soirée, je rejoins mes parents dans le salon. Les journaux ont parlé de l’incident. Il s’agit d’un échange avec des dealers qui a mal tourné. Heureusement, il n’y aucun mort ni blessé, les tirs étaient juste une « petite blague » pour nous faire peur. A ce stade, je ne sais pas lequel du lycéen concerné ou du dealer est le plus tordu. De plus, je ne compte pas laisser cet incident entraver ma liberté de bouger.

- Je vais chez Estella, j’indique à mes parents. Sa mère nous amène au centre commercial jusqu’à la fermeture puis je dormirais chez elle.

- Très bien, ne change pas ton organisation, commente ma mère. J’ai confiance en Estella et sa famille.

La première partie de mon plan fonctionne. J’ai tout peaufiné ses derniers jours car si je suis percée à jour, je serais privée de liberté à vie. Palma n’a malheureusement pas pu venir avec nous car elle devait aller voir sa grand-mère malade à l’hôpital.

- J’ai reçu un mail de Californie, m’indique mon père. Plusieurs résidences peuvent t’accueillir pour la rentrée. Il faudra que tu fasses bientôt un choix définitif.

- Génial ! Mon projet universitaire est en train de prendre vie. Je te dis dans les prochains jours.

Je quitte mes parents pour rejoindre la villa d’Estella qui se trouve à deux pâtés de maison de chez moi. Je m’en veux un peu de ne pas lui dire la vérité et de me servir d’elle pour atteindre mon objectif.

En arrivant, je serre mon amie dans mes bras puis nous rejoignons sa mère dans la voiture. Je suis toute excitée de faire du shopping et de découvrir les dernières tendances de l’été. J’ai pris un sac à dos assez grand pour pouvoir mettre mes achats. Cela est plus prudent si je ne veux pas me faire détrousser. J’ai choisi de porter une chemise blanche à manche courte, des sneakers et un short en jean.

L’air frais de la climatisation du centre commercial est vraiment bénéfique pour lutter contre la chaleur. Je me retrouve seule avec Estella et nous avons promis à sa mère que nous ne quitterons pas le périmètre.

- Regarde, ils ont des maillots de bain trop beau, s’exclame mon amie en me tirant dans le magasin.

Nous essayons plusieurs ensembles avant de faire notre choix. J’ai déjà des dizaines de maillots de bain mais celui-ci est vraiment original avec un bustier rouge composé de lanières à volants qui tombent avec légèreté sur mes épaules. Nous passons en caisse avant de choisir un autre magasin à dévaliser.

- A la fin du mois il y a la fête du quartier dans le parc, m’explique Estella. Le kiosque est magnifiquement décoré et la fête somptueuse. Il faut absolument que tu viennes !

- Mon père nous en a parlé mais je ne sais pas si nous serons rentrés de notre road trip mexicain, je réponds.

- C’est dommage, parce que cette robe en vitrine serait parfaite pour toi, dit-elle en me montrant l’article.

Le vêtement blanc possède un col en cœur avec de fines lanières tressées en or, une ceinture de la même couleur et des dessins géométriques brodés en bas.

- Regarde, elle est fendue sur le côté, c’est encore mieux, s’exclame mon amie en me tendant une robe à ma taille.

- Elle coûte l’équivalent de 350 euros, je réplique.

- Essaye-la au moins, insiste Estella.

Je me dirige en cabine pour faire plaisir à mon amie. C’est vrai que cette robe est incontestablement légère et agréable à porter.

- Tu ressembles à une déesse grecque, me complimente-t-elle. Il faut absolument que tu la prennes. Tu pourras toujours la mettre pour une autre occasion si tu ne viens pas à la fête du quartier.

- Très bien, tu as gagné, je souffle ne me dirigeant en caisse.

Estella sautille de joie et me désigne déjà un nouveau magasin dans lequel elle a envie d’aller. Nous passons ainsi toute l’après-midi à faire les magasins. A dix-huit heures, je décide de mettre la seconde partie de mon plan à exécution.

- Ma mère va bientôt venir me chercher, nous devons passer chercher quelque chose à la boulangerie française, je mens.

Bien sûr, je n’ai pas donné la même version à mon amie. Je ne suis pas censée dormir chez elle et ma génitrice doit me ramener.

- D’accord, je vais attendre sur le parking que la mienne vienne me chercher.

Je salue Estella d’un signe de la main avant de m’éloigner du centre commercial. Lorsque je ne je suis dans son champs de vision, je prends une carte de la ville, bois un coup d’eau puis je range mes achats dans mon sac à dos.

- C’est partie pour la découverte de Mexico, dis-je en français.

Ma carte en main, je regarde les quartiers que n’ai jamais explorés. Heureusement, je connais les quartiers à éviter.

Au bout d’une heure de marche, je suis attirée par de la musique. Une fois arrivée sur les lieux, je remarque un attroupement de danseurs et de musiciens. J’apparais dans un quartier populaire et je suis heureuse de pouvoir constater le bonheur naturel sur le visage de ces gens.

Je me pose à la table d’un petit restaurant pour écouter la musique et observer les gens. Des regards curieux et méfiants s’offrent à moi mais lorsqu’ils m’entendent parler parfaitement espagnol, certains se détournent.

Quelques minutes plus tard, la serveuse avec qui je m’entends bien vient me servir six tacos mexicains. Ils sont vraiment petits et délicieux. Le mélange de toutes ces saveurs et juste parfait. Je sors quelques pesos mexicains de ma poche que je tends à la serveuse avec un bon pourboire. Si pour moi ce n’est pas grand-chose, avec cela elle pourra s’offrir plusieurs repas.

Je me fraie un passage dans la foule d’habitants qui se tiennent autour des danseurs. Toutefois, je ne passe pas inaperçue et un jeune homme d’une vingtaine d’année aux cheveux crépus me tend la main tout en dansant. Je suis prise au dépourvu mais je décide de me laisser entrainer par l’inconnu. Je me retrouve alors au milieu des danseurs pour suivre leurs pas.

Epuisée, je finis par lâcher la main de mon partenaire. Je m’écarte du groupe pour boire un peu d’eau. Les danseurs sont à présent en file indienne et l’acrobate me tend à nouveau la paume pour que je le suive. Je m’incruste dans la chaine humaine pour faire le tour du quartier pendant ce qui me semble être une éternité.

Les dizaine personnes finissent par se disperser et je me retrouve presque seule dans un lieu qui est peu éclairé. Le soleil est en train de coucher. Je viens de me rendre compte qu’il est vingt et une heure. J’ai passé presque trois heures ici !

Je prends la carte que j’ai laissé dans la poche de mon short pour regarder où je me trouve. Le problème est qu’il n’y aucun panneau et je dois me rendre à l’évidence. Je suis perdue.

Je remarque des individus qui trainent à l’ombre des bâtiments et je ne suis vraiment pas rassurée. Je continue de marcher en utilisant le GPS de mon téléphone. J’ai l’impression qu’il a beaucoup de mal à fonctionner. Pourtant, il ne tarde pas à m’indiquer la route pour sortir d’ici.

Une bande de garçons surgit soudainement dans la pénombre. Mon sang se glace dans mes veines, je reste figée sur place en sentant la panique monter.

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