Partir là-bas

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« Si l’homme marche, si l’homme court,
S’il peut sur terre rêver au grand jour
Comme j’aimerais si je pouvais partir là-bas. »

« C’est qui celle-là ?! T’as un sosie ? Elle s’est présentée comme étant « la grande sauveuse » du Prince. Une p’tite chansonnette et v’là t’y pas que mon frère est complètement sous le charme ! Comme s’ils se connaissaient ! C’est quoi ce cirque ? Et c’est pas la meilleure ! Tu peux m’expliquer c’que c’est ? »

Les mots de Satine sont comme les vagues qui m’ont poussées à m’échouer sur leur monde. Celui que j’aspirais tant à rejoindre. Tout est perdu désormais. Elle me montre le parchemin où j’ai tracé les lettres de mon prénom et d’autres provenant d’un drôle d’ouvrage. Des esquisses du château de mon père, un alphabet et des inventions de mon chez-moi parviennent à me sortir de ma torpeur.

« Nom d’un Triton, j’en étais sûre ! Tu viens d’Atlantica ! »

Je ne peux qu’acquiescer.

« Ariel. C’est comme ça que tu t’appelles, c’est ça ? Écris. Je veux tout savoir. »

Frénétiquement, je lui expose tout. Entre explications et déchiffrage, nous parvenons enfin à nous comprendre. Résolue, froissant le papier, elle me lance :

« Alors nous n’avons plus une minute à perdre ! »

En si peu de temps, j’ai appris à apprécier la sensation d’avoir des jambes. Maintenant, l’expérience est une véritable torture. L’impression que des poignards me transpercent les pieds me met en supplice. Si je tiens bon, ce n’est que grâce à Satine qui semble guidée par une brusque inspiration. Nous arrivons au port, noyé de monde. Perdues dans cette effervescence liée au mariage du Prince, nous parvenons, à nous introduire dans le navire. Cachées, elle m’expose son plan :

« C’est très simple. Comme tu me l’as expliqué, notre objectif est de détruire le coquillage que cette femme porte à son cou. Nous devons… »

Un rire, mesquin nous répond :

« Désolé mes beautés, mais vous n’irez nulle part. Ursula m’a mandaté pour une mission et je compte la mener à bien. Abandonne capt'aine, tu n’es plus rien sans moi. »

Endymion nous débusque et nous révèle au grand jour. Les invités ainsi que les futurs époux se tournent dans notre direction. Je vois le pirate glisser quelque chose dans le dos de Satine, mais n’ai pas le temps d’agir.

« Regardez ce que nous avons-là ! »

La sorcière des mers s’avance vers nous, le menton levé avant qu’elle ne simule la consternation puis la peur :

« Nous ne les avons pas invitées… et elles comptaient nous assassiner ! Jetez-les par-dessus bord ! »

Elle révèle un petit couteau qu’Endymion a dissimulé dans la ceinture de Satine. Tout est fini.

Le soleil est sur le point de se coucher. Le vent siffle à nos oreilles, j’ai peur. Je regarde, impuissante, le corps de mon amie être poussé sans ménagement dans le vide. Ma bouche s’ouvre et libère un cri à l’instant où le coquillage se fend, percé par le bec d’Eurêka.

« Satine ! »

Mes jambes ne me soutiennent plus, je retrouve, dans un supplice, mes attributs de fille de l'eau. Soudain, le temps est comme figé. Deux choix s'offrent à moi. Je suis coincée entre deux mondes. Celui de la terre, du Prince Éric dont le regard vient de changer et de reprendre sa vivacité. Celui de la mer, vers Satine. Je ferme les yeux pour tenter d’échapper aux acclamations d’une Ursula victorieuse.

« Ariel ! »

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