Chapitre 8

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Je rajoutai mon ordinateur dans mon sac avant de descendre, un semblant de sourire aux lèvres. Cependant, je le perdis bien vite en constatant, une fois de plus, l'absence de mon paternel. A ce moment-là, je regrettai de tout mon coeur de ne pas avoir une mère aimante à mes côtés, pour embrasser ma joue et faire mon déjeuner chaque matin. Je ne bus qu'un verre d'eau, le coeur au bord des lèvres et me décidai à partir le ventre vide. Je me rendis au lycée à reculons et me sentis terriblement oppressé par toute cette foule bruyante et beaucoup trop proche de moi. A cet instant, je décidai d'ignorer ma sensation de mal être et rassemblai mes esprits pour gagner un coin plus tranquille, sur le côté du bâtiment.

Aujourd'hui, il m'était impossible de traverser la foule compact. Le gong annoçant le début des cours sonna mais je n'eu pas le courage de rentrer. Le parvis se vida peu à peu et je décidai de sortir de ma cachette pour m'installer près du portail. Je m'assis sur le bord du trottoir presque à bout de souffle, à cause de la panique et tentai de faire disparaitre l'étau qui se resserait autours de ma cage thoracique en souflant plus doucement. Je tirai nerveusement sur mes manches en respirant profondement, les yeux à demi-fermés. Une main se posa sur mon épaule, je sursautai en braquant mes prunelles vertes sur la personne responsable de ma frayeur. Je pris peur pour de bon en voyant le CPE.

— Nathanaël ? Tu viens, m'encouragea-t-il d'une voix douce, l'informaticien nous attend.

J'opinai du chef tout en me relevant difficilement. Je le suivis en m'inquiétant de ce qui allait m'arriver. Le CPE m'avait surpris alors que j'étais presque en train de sécher ! L'heure de colle me guettait ! Je paniquai ainsi pendant le court trajet jusqu'au bureau mais il ne fit aucun commentaire sur ma présence à l'extérieur malgré notre rendez-vous. Je me présentai- au deuxième homme dans un murmure et m'assis sur la chaise que l'on me proposait.

— Bon, tu as pris ton ordinateur comme je te l'avais demandé ?

J'acquiesçai et sortai l'appareil de mon sac. Le visage de l'informaticien s'illumina et il me demanda de le déverouiller. Il se connecta au réseau du lycée et fit quelques manipulations. Il sortit quelques papiers de sa pochette et trafiqua quelque chose sur ce qui semblait être le site de l'établissement. Je baissai les yeux, parce que je ne me sentai pas vraiment à ma place dans cet endroit rempli de dossier d'élève et d'affiche pour des ventes de gâteaux.

— Tu pourras enfin rattraper tes cours.

Je croisai le regard de l'homme.

— Les profs mettent tous les cours sur ce site, tu pourras également voir tes retards, absences, ton emploi du temps où encore les mots de tes professeurs. En bref, ça va te faciliter la vie ! s'entousiasma le CPE. Bon, il y forcément certains de tes professeurs qui ne l'utilisent pas vraiment mais je suis sûr que si tu te rapproches de tes camarades, ils te prêteront volontiers leurs anciens cours.

Le ton beaucoup trop enjoué m'effraya un peu et je me surpris presque à regretter de ne pas être en cours d'histoire-géographie. Et ce même si le professeur, dans cette matière, semblait plus que détestable.

— Monsieur ? le coupa l'informaticien. Je vous l'empreinte un instant, j'ai quelques petites choses à lui expliquer.

— Bien sûr !

L'informaticien tourna l'écran dans ma direction et commença à me montrer plusieurs choses. Je l'écoutai attentivement malgré mon air fermé et notai chacunes des informations dans un coin de mon crâne. Cela dura toute l'heure, me faisant louper l'entièreté du cours d'histoire-géographie.

Le reste de la matinée passa rapidement, parce que je passai plus de temps à écrire mes poèmes qu'à écouter mes professeurs.

A onze heure et demi, je rejoins mon petit coin tranquille et sortai mon ordinateur pour tenter de rattraper les cours. Je soupirai en tentant de ne pas songer à la solitude qui me rongeait depuis ce matin. Je devai être efficace et rattraper les cours rapidement pour ne pas me retrouver noyer sous la masse de travail. Je ne voulai pas redoubler et surtout, décevoir mon père...

Je me débattus difficilement jusqu'à midi. Gabriel entra dans mon champs de vision et s'accroupit près de moi. Je sentis qu'un poids se retirait de mon coeur mais je feignai l'agacement.

— Va-t-en, marmonnai-je sans détourner les yeux de mon écran.

— Tu galères, je peux t'aider, nan ?

Je ne répondis pas.

— Allez, m'ignore pas joli coeur.

Je m'étouffai sous le coup de la surprise et enfouis mon visage dans mes mains. Il sourit, heureux de son effet et en profita pour s'asseoir correctement, tout en se collant à moi.

— Bon, qu'est-ce que tu fais ?

Il zieuta mes documents, me poussa un peu, sans aucune gêne, pour faire défiler les pages qui s'affichaient à l'écran et prit un air sérieux. Il rectifia quelques-unes de mes notes et marmonna pour lui-même. Cela lui donna un air de fou à lier qui me tira une ébauche de sourire. Il se tourna dans ma direction alors j'effaçai toutes traces d'amusement sur mon visage.

— Allez, c'est pas compliqué, fais moi confiance.

Je soupirai. Malgré la sensation de vide qui persistait en moi, je n'avais qu'une seule envie et c'était celle d'être seul. Or, lorsqu'il était à mes côtés, Gabriel ne pouvait s'empêcher de faire le pitre dans le but de me tirer un sourire alors qu'actuellement, je n'aspirai qu'à la déprime. Cependant, il fallait reconnaitre que je ne m'en sortirai jamais seul. J'étais clairement à la ramasse et j'avais besoin d'aide.

— C'est bon, j'accepte mais seulement pour rattraper les cours que j'ai manqué...

— Promis ! Il y a quelque chose avec lequel tu aimerais commencer ?

— Physique.

Une fois de plus, il sourit. J'eu cette impression étrange qu'il souriait à chacunes de mes phrases et me demandai s'il n'était pas encore en train de se foutre de moi

— T'es un littéraire toi !

Je supposai que ma mine se faisait plus encore blasée qu'à l'accoutumer.

— T'es censé m'aider, pas commenter.

Il rit.

— C'est pas grave tu sais, ils sont cool les littéraires ! Poètes dans l'âme, écrivains, c'est super ! Personnellement, je suis doué partout !

— Mouais... je marmonnais, pas vraiment sûr d'avoir ce genre de talent.

— En plus t'écris ! se rémémorra-t-il. Je pourrais lire, un jour ?

Il surprit mon regard noir et sourit à nouveau, pour s'excuser cette fois-ci. Pendant un instant, il sembla se rendre compte que sa curiosité et sa manière de faire étaient bien trop intrusives.

— On fera physique alors, s'empressa-t-il de dire pour se rattraper. T'as commencé ?

— Vite fait, j'ai rien compris...

— Je croyais avoir deviné, pouffa-t-il. On voit ça demain alors !

La sonnerie retentit, pour nous avertir qu'il était temps de retourner en cours. Je me détournai en empochant mes affaires et le vide, qui avait presque disparu, reprit aussitôt sa place.

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