La pluie s'abat, fatale, sur la mer déchaînée. A l'horizon, le soleil décline, et Plouf ! Elle bascule dans les profondeurs infines de l'océan. Un éclair zèbre le ciel, l'orage gronde.

  Elle sent cette force qui l'aggripe, la tire vers le fond, qui l'empêche de remonter à la surface : c'est une liane. La mangrove ne veut pas la laisser partir, elle la garde prisonnière de ses racines.

  La lumière s'éloigne, elle tend la main, tente de l'attraper, mais elle lui échappe comme une pensée fluide, glissant entre ses doigts, et elle se sent emportée par le courant spitant. Cet oasis paisible, cet espoir inaccessible, ne sera finalement qu'un mirage. Malgré sa lutte, elle faiblit, elle abandonne, elle se laisse aller à vau-l'eau, se laissant engloutir par le noir.

  Les ténèbres se dissipent, ils laissent place aux couleurs floues de la réalité. La voilà qui se réveille aux côtés de l'objet de son songe : une aquarelle peinte avant de rejoindre Morphée.

  Au déhors, l'ondée s'arrête, elle laisse comme seul souvenir de son passage les gouttes qui ruissellent le long des carreaux, pareils aux larmes qui glissent le long de ses joues.