33. Debriefing

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33.     Débriefing

 

Il prit Clémence par la main et l’entraîna vers les escaliers,

— Viens, on a encore des choses à faire à l’étage Clémence.

Elle sourit en le suivant,

— D’accord, je te suis… Bon après-midi à vous, lança-t-elle aux trois autres qui les regardait quitter la pièce.

Ils grimpèrent rapidement à l’étage. Une fois en haut, Christophe interpella fébrilement Clémence,

— Alors, dis-moi, ça s’est passé comment avec ma mère ?

— Ah, tu veux savoir hein !

— Oui, je veux savoir, elle m’a dit qu’elle voulait me parler de Sophie quand je suis venu l’aider pour les mousses au chocolat.

— Elle se sent coupable de n’avoir rien vu à l’époque Christophe, et du coup, elle a décidé de ne plus faire confiance à tes potentielles copines.

Un peu énervé, il s’exclama :

— Et du coup, elle doit te prendre en grippe !?

— Non, je ne pense pas qu’elle me prenne réellement en grippe, elle est juste un peu jalouse.

— De quoi ? De toi ?

— Du fait que tu m’aies parlé du moment où ton père t’a retrouvé à temps, lorsque tu étais déprimé. 

— Et quoi ? J’en parle avec qui je veux !

Christophe semblait en colère, Clémence lui caressa les joues et lui expliqua,

— Elle se sent exclue, mais je lui ai dit qu’il n’était pas évident pour toi d’en parler.

— Je n’ai pas envie de lui en parler, c’est ma mère…

— C’est ce que je lui ai dit.

— Et quoi d’autre ? Vous êtes restées pas mal de temps ensemble.

— Oui, je lui ai aussi bien expliqué que je n’étais pas Sophie, que mes intentions envers toi n’étaient pas les mêmes et que je voulais construire quelque chose de solide avec toi.

— Hmm.

Elle le trouva tout d’un coup « fermé ».

— Quoi ?

— Et elle a réagi comment ?

— Elle n’est pas contraire, mais je vais devoir l’apprivoiser pendant un certain temps et toi, je pense que si tu prends le temps de parler avec elle de ce qui la tracasse, cela arrondira les angles aussi.

— Tu crois ?

— Oui, elle se sent coupable d’avoir apprécié ton ex et frustrée du fait que tu ne parles de tes états d’âme qu’avec ton père.

Christophe souffla,

— Ouaips… Je n’ai pas vraiment envie de parler de Sophie avec elle, c’est vrai, dans mes souvenirs, elle en parlait comme de celle qui allait me rendre heureux, avec qui j’allais fonder famille et lui donner plein de petits enfants.

— L’attente était énorme pour elle, si je te comprends bien. Elle a dû être mal, elle aussi, après la rupture.

— Hmm…

Le voyant à nouveau se fermer, elle le prit dans ses bras et lui dit,

— Ok, tu prendras le temps de lui causer quand tu le sentiras Christophe, maintenant, on voit ce qu’on va faire cette semaine ; tu reviens chez moi ? À partir de quand ? Tu veux rester chez toi quelques jours ?

— Oh, que de questions !

Il sourit

— Oui, plein de questions.

Il la serra dans ses bras à son tour,

— Je ne sais pas si je pourrais me passer de toi pendant un jour ou deux Clémence… Mais il est vrai que j’aimerais régler rapidement cette affaire avec ma mère et pour ça, je dois être ici.

— Oh, tu ne vas pas avoir une crise de manque en quarante-huit heures, si ?

— Si ! Je serais en manque de toi dès la première heure de séparation…

— Oh, mais dit, le jour où je devrais partir en voyage d’étude avec mes étudiants, je te retrouverais mal rasé, mangeant des raviolis froids à même la boite de conserve assis dans le fond de la cuisine ?

Il éclata de rire,

— Ah, non, pas à ce point-là !

— Ouf, je me sens mieux là !

— Tu dois aller nourrir Kleenex, j’imagine.

— Oui, mais j’ai demandé à ma sœur de passer hier, il ne sera pas mort de faim, juste en manque de câlins. Ça te dirait de la rencontrer ?

— Qui ?

— Ma sœur.

— Pourquoi pas, histoire de contrebalancer mon côté où tu es déjà connue comme « l’officielle ».

— Oui… C’est vrai que c’est rapide tout cela…

Clémence se fit songeuse, elle eut un léger soupir. Christophe l’invita à s’asseoir avec lui sur le divan.

— Eh ? Tu trouves que c’est trop en une fois ?

Il l’enserra dans ses bras, un peu anxieux de la voir réagir comme cela.

— Non, j’ai peur que cela s’arrête… Tu sais, que je me réveille et que je ne me rende compte qu’il ne s’agissait que d’un rêve.

— Ah, je peux te prouver que tout cela est bien réel, tu sais...

Elle pouffa de rire,

— Je te reconnais bien là ! C’est tellement… Harmonieux, tu vois, on se parle, on se comprend, on s’entend bien, physiquement et intellectuellement. J’ai l’impression que c’est trop beau pour être vrai.

— Tu ne penses pas qu’après avoir vécu des horreurs, tant toi que moi, qu’on a bien le droit de vivre quelque chose de beau ? Non ?

— Oui, tout à fait, mais tu vois, comme je te le disais cette semaine, j’ai peur que mon passé et la façon dont je me sentais à l’époque refassent surface, que je me compare non-stop à cette partie de ma vie. C’est ma seule expérience de couple Christophe, et ce que je vis avec toi m’a l’air tellement… Idéal… J’ai peur de me réveiller un jour de ce beau rêve.

— Et qu’est-ce qui pourrait briser ce rêve, hein ? Personnellement, je ne vois pas.

— Que je ne te convienne plus, que tu trouves « mieux » ailleurs… Je sais, c’est débile, mais je n’ai pas l’habitude de me sentir aussi bien, ça me fait peur.

— Je pense que tu vas devoir t’habituer à te sentir bien, ma petite biche, je prendrais le temps de t’apprivoiser.

Elle sourit.          

— On fait quoi alors ? Tu viens chez moi à partir de quand ?

— Mercredi, comme la semaine passée ?

— D’accord, moi ça me va, mais je veux profiter du temps qu’il me reste avec toi ce dimanche pour faire des réserves de câlins, sinon, c’est moi qui mangerais des raviolis froids, assise par terre dans ma cuisine dès lundi soir.

Ils rigolèrent et firent leurs réserves toute l’après-midi.

Début de soirée, il la reconduisit à la gare, ils se quittèrent sereins.

Le mois se déroula de la même façon, Christophe en profita pour discuter avec sa mère, entre eux, les choses s’apaisèrent.

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