CHAPITRE I  : A LA RECHERCHE DES SOURCES

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Sais-tu qu’Amitayus n’est pas loin ? Concentre tes pensées et contemple cette terre de Bouddha, de cette façon tu accompliras les actes purs. Je vais te la décrire en détails avec des illustrations différentes, de sorte que tous les êtres ordinaires dans le futur qui souhaitent pratiquer le pur karma puissent aussi renaître dans cette terre de l’Ouest de suprême félicité[1]

[1]

Sutra de la Contemplation du Bouddha Amitayus (Amitabha dans son corps du Sambhogakaya ou Corps de Jouissance) énoncé par le Bouddha Sakyamuni. Cf http://www.amitabha-terre-pure.net

La vie du Bouddha

Ce livre aborde un aspect particulier du bouddhisme, celui de la terre pure ou du paradis du Bouddha Amitabha. Avant d’approfondir ce sujet, il est important de présenter celui qui fut à l’origine de cette religion, ainsi que les bases fondamentales de sa philosophie en quelques lignes.

Le bouddhisme est né au 6ème siècle avant J.-C., en Inde. A cette époque, le pays était imprégné par la religion depuis le deuxième millénaire avant J.-C. Il s’interroge sur la cosmogonie, la connaissance de soi et le devenir des êtres en évolution permanente. Ainsi, avant le bouddhisme, il y avait un courant religieux et mystique que l’on appellera par la suite l’Hindouisme , qui était le terreau dans lequel le bouddhisme a pu voir le jour.

C’est dans ce contexte indien de profondeur mystique que la naissance du Prince Siddhârta va se produire en 566 avant J.-C. à Lumbini dans une famille aristocratique du clan des Shâkya.

Lors de sa vingt neuvième année, sa vie tranquille et paisible fut troublée par la compréhension que son bonheur sans nuage était trompeur et illusoire. Cela grâce aux quatre célèbres sorties du palais de son père pour aller dans le parc situé en ville. Il fit à chaque fois une rencontre différente, à savoir celles d’un vieillard, d’un malade, d’un cadavre et d’un moine mendiant. Les trois premières découvertes, lui firent comprendre la réalité de la vieillesse, de la maladie et de la mort, inhérentes à toute vie et cela frappa sa propre conscience. Puis la vue du sage rayonnant de bonheur lui fit entrevoir que la joie profonde était possible en cette vie même. Afin de rompre avec son statut de prince et de suivre la voie d’ascèse, par une nuit calme, il s’enfuit du palais et il abandonna ses habits royaux et avec un sabre, coupa sa majestueuse chevelure[1].

Afin d’accéder au bonheur qu’il avait observé chez le sage méditant, il pratiqua une ascèse extrême pendant six ans, n’avalant qu’un seul grain de riz par jour. Mais trop fatigué, n’arrivant plus à se concentrer, ni à rester assis, il se demanda s’il avait choisi la bonne voie. En descendant de sa grotte, proche de la syncope, il rencontra une bergère qui lui amena un gobelet de riz et du lait, il reprit petit à petit des forces, il découvrit ce qu’il appellera plus tard « la voie du milieu ». Il se mit en posture de méditation sous un arbre (actuellement à Bod Gaya, au nord de l’Inde) et obtint le parfait Eveil.

Siddhârta ne laissa aucun enseignement écrit, mais ce sont ses disciples, qui lors de plusieurs conciles, mirent sur papier sa philosophie[2].

[1]

. Ainsi, en signe de souvenir de cet abondant de la vie mondaine, lors d’une ordination moniale, les aspirants se font couper une mèche de cheveu et se rasent le crâne. Cf. : DESJARDINS, Arnaud, Le lac des yogis, Paris : Alizé Diffusion, 1981 (1963), 52 minutes (vidéo)

[2] . Les enseignements furent divisés en ce que l’on appelle le tripitaka ou « les trois corbeilles » à savoir les soutras, ou les paroles énoncées par le Bouddha, l’abidharma ou l’aspect philosophique de la doctrine et enfin le vinaya ou les règles de discipline à respecter afin de progresser plus vite sur la voie.

Le Premier Sermon du Bouddha

Pour trouver une réponse à la souffrance, il enseigna la sagesse des Quatre Nobles Vérités. Il s’agit tout d’abord de la Vérité de la souffrance (sans. dukkha). Sâkyamuni nous dit que nous souffrons tous et qu’il s’agit d’une vérité universelle. Cela paraît évident que tout au long de notre vie nous éprouvons différents types de souffrances. Notre existence est jalonnée d’insatisfactions multiples, comme s’il nous manquait à chaque instant un état de plénitude. Il existe également des souffrances universelles qui sont celles de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort qui sont communes à tous les êtres vivants. Mais il y aussi la peur d’être séparés de ceux que nous aimons, la peur de perdre ce que nous possédons…Nous vivons dans la souffrance, nous sommes dans le samsara[1]et nous pouvons y vivre trois types de souffrances[2].

Vient ensuite la Vérité de la cause de la souffrance (skt. Samaduya). Pour le Bouddha il y a des causes à la douleur et s’il n’y en avait pas cela ne servirait à rien de se soucier de son origine. la souffrance vient des émotions perturbatrices (skt. klesha) dont les principales sont la haine, la colère, la jalousie et l’avidité et toutes se greffent sur l’ignorance (skt. avidhya) ; autrement dit, nous avons une vue fausse sur nous même. Le bouddhisme parle volontiers de « voiles » de l’esprit et prend pour analogie un ciel nuageux. Si nous levons les yeux, nous ne voyons pas le soleil et nous pourrions penser que ce dernier n’existe pas ; mais un fois les nuages dissipés, l’astre roi brille de tout son éclat ; il était présent à chaque instant mais il échappait à notre vision car nous n’avions pas réalisé la Troisième Noble Vérité, qui est la possibilité d’atteindre le nirvana (skt. Nirodha)[3]. Le mot « nirvana » veut d’ailleurs dire « extinction »[4] autrement dit, cela correspond à l’extinction de la souffrance. Le Bouddha, en déclarant l’existence du nirvana, nous explique qu’il existe en chacun des êtres cet état potentiel (skt. tatagatagarba), qui est notre nature véritable, qui est bonheur permanent au delà de tout concept.

Enfin, Il a prononcé la Vérité de la Voie (skt. Magga) : il existe un chemin pour se sortir de la souffrance, qui est la pratique de son enseignement. Le Bouddha a donné un grand nombre de méthodes pour atteindre l’Eveil. Ces pratiques visent à éliminer progressivement nos facteurs perturbateurs et elles permettent de s’ouvrir à notre véritable nature de Bouddha[5]. Nous pouvons considérer le Bouddha comme un médecin, nous-même comme des malades et son enseignement comme un remède[6]. C’est par la mise en pratique de la Vérité de la Voie que nous pourrons nous affranchir de la souffrance et réaliser notre propre potentiel de Bouddha.

Le Sûtra des Contemplations (en annexe) fût prêché à la reine Vaidehî alors que le Bouddha exposait le sermon du Sûtra du Lotus sur le pic du vautour, il « connaissait les pensées de Vaidehi et immédiatement ordonna à Mahamaudgalyayana et Ananda de la rejoindre par les airs; lui même disparut de la montagne et réapparut dans la chambre intérieure du palais royal ». Mais avant de voir en détail la terre pure, il est important de réaliser comme le Bouddha que notre esprit conçoit le monde à travers le jeu des illusions et des émotions[7]. Bouddha s’est totalement purifié des émotions perturbatrices et il conçoit les choses selon l’ « ainsité » (skt. thatata), dans leur pleine objectivité. Il n’y a plus en lui la notion de dualité entre lui-même et les autres, autrement dit son esprit est si vaste qu’il englobe tout. Il peut ainsi concevoir le monde dans toute sa pureté. Prenons comme comparaison le rêve, si dans notre état de veille nous sommes très perturbés par nos émotions il en résultera alors une nuit pleine de cauchemars et de perturbations. Un Bouddha est libre de ces émotions perturbatrices.

Les différentes voies bouddhistes

Bien que tous les enseignements du Bouddha mènent à l’éveil, on les distingue généralement en deux catégories à savoir les soutras et les tantras.

Les soutras sont des enseignements publics du bouddhisme. Ce mot signifie d’ailleurs « fil », ce qui représente les mots ou les entretiens qu’a eus le Bouddha avec ses disciples[8].

Les tantras quant à eux signifient « continuité »[9]et ils représentent l’enseignement ésotérique ou secret du bouddhisme.

On peut aussi distinguer le chemin bouddhique en trois voies ou « véhicules » (skt. yana) qui sont le hinayana, le mahayana et le vajrayana.

Le hinayana ou «petit véhicule » est le chemin qui permet d’atteindre l’éveil pour son propre bien. Cette philosophie du Petit Véhicule indique que chaque être humain peut trouver son salut par lui-même (pratimoksha en sanskrit). La vérité, la chasteté, l’ascétisme, le respect de soi, l’humilité, la bienveillance, le respect du karma, et la compassion sont les huit vœux du vinaya que chacun s’engage à respecter. Mais la voie du hinayana met aussi l’accent sur la discipline de la méditation selon l’exemple du Bouddha Sakyamuni. Il est surtout présent en Asie du sud-est et au Sri-Lanka. C’est la première étape que tout bouddhiste doit connaître.

Le mahayana ou « grand véhicule » part du principe que tous les êtres souffrent et ses adeptes décident d’atteindre la Délivrance pour pouvoir libérer les autres. Le Mahayana a une dimension plus universelle. C’est un deuxième degré de l’évolution de tous les bouddhistes qui doivent se soumettre à la discipline qui consiste à ne faire de mal à aucun être vivant et, dans la mesure du possible, de faire du bien à tous. Nous ne pourrons atteindre l’éveil que si nous avons aidé les autres et c'est à travers le karma accumulé par ces vertus que nous obtiendrons notre propre salut. Une fois cet état de Bouddha atteint, nous faisons la promesse de nous incarner de nouveau sur terre pour apporter la Sagesse transcendante à tous les êtres. Selon cette tradition du mahayana, si nous pratiquons l’enseignement de la terre pure en parallèle avec la voie des bodhisattvas, c’est à dire dans le but de venir en aide aux êtres, nous obtiendrons une renaissance dans le paradis d’Amitabha, appelé « sukhavati » ou « terre pure de félicité », c’est un vœu formulé par le moine Dhamarkaya qui deviendra le Bouddha Amitabha. Ce véhicule est présent en Asie du sud-est, en chine, au Japon.

Le troisième véhicule, le vajrayana est nommé aussi « véhicule du diamant »[10] ou « véhicule indestructible ». Pour Chögyam Trungpa la notion d’indestructibilité correspond à la découverte de l’éveil dans notre propre nature vajra. « On doit redoubler de prudence et rester très ouvert…l’expérience de l’indestructibilité ne peut avoir lieu que lorsqu’on se rend compte que la non existence est possible, c'est-à-dire qu’on peut être sans point de référence, sans définition philosophiques, sans même avancer la notion de non-existence. Cette expérience ne peut émerger que du rien, du non-moi. Selon le bouddha, le tantra est une libération, une discipline et une vision plus vastes. Mais cette libération se fonde sur le travail opéré sur ses propres énergies. Cela n’a donc aucun sens d’étudier l’indestructibilité si l’on ne comprend, ne serait ce qu’un peu, la non-existence » ou encore : « la notion tantrique d’indestructibilité ne comporte pas d’assise, de prémisse fondamentale ni de principe particulier, sauf celui de l’expérience du pratiquant, qui est extrêmement puissante et dynamique. Il s’agit d’être et non d’essayer de déterminer ce qu’on doit être ou comment être ». Puis il ajoute : « on ne peut atteindre l’état d’immuabilité ou d’indestructibilité en ayant recours à des supercheries. C’est sur notre propre expérience que se fonde l’indestructibilité …le mot sanskrit vajra (dorje en tib.) signifie détenteur des qualités du diamant….» Le Vajrayana est également appelé voie directe car si l’on rencontre un maître qualifié, et c’est indispensable dans cette tradition, et que notre potentiel est arrivé à maturité, alors il sera possible d’obtenir l’état de Bouddha en quelques années et même peut être en cette vie ?.

Le vajrayana se fonde sur le hinayana et le mahayana. Ce sont des chemins qui s’imbriquent les uns dans les autres, mais cela ne signifie en rien que l’un soit supérieur à l’autre.

[1] Cercle des existences

[2] . Cf. : GUENDUNE, Rinpoché, Une Source de bienfaits et de bonheurs, Perigueux : Dhagpo Kagyu Ling, 1984, p. 45 la « souffrance de la souffrance » : elles sont visibles et évidentes comme celles de la maladie, de la tristesse, de la douleur…, la « souffrance du changement », tout est impermanent ; nous nous attachons aux choses et aux êtres en croyant que nous les posséderons pour longtemps. Le troisième type de souffrance est celui inhérent à toute existence conditionnée et cela peut s’expliquer par le seul fait de naître, notre corps subira la maladie et les agrégats qui le composent se désagrégeront avec le temps ».

[3] . « État au delà de la douleur et des fluctuations du psychisme » Cf. : BOKAR, Rimpotche, Savoir méditer, Vernègues : Claire Lumière, 1993, p. 7

[4] CF Métaphysique de la mort, Schopenhauer, p.171 : « la foi bouddhiste nomme cette existence nirvana, c'est-à-dire extinction ».

[5] . A ce propos, il est intéressant de noter que le Bouddha n’a pas le pouvoir en soit de nous « offrir » l’éveil mais c’est grâce à nos propres moyens que nous y accéderons. Ce dernier disait que « désormais je vous ai montré la voie et le chemin qui mènent à la cessation de la souffrance mais cela ne tient qu’à vous de le parcourir ». Le Bouddha disait aussi volontiers qu’il ne fallait pas suivre et croire ce qu’il disait juste parce que c’était lui qui l’affirmait, mais il fallait réfléchir et voir par soi-même si ses propos étaient de bon sens. Il prônait le respect de toutes les religions ainsi que celui de tout être vivant.

[6] . Cf. : KALOU, Rinpotché, La voie du Bouddha, Arvillard : Le Seuil, 1993, p. 346

[7] L’illusion du monde comme volonté et représentation, Schopenhauer

[8] . Cf. : ERACLE, Jean, La doctrine bouddhique de la terre pure, Paris : Dervy-livres, 1973, p. 113

[9] . Cf. : Chogyam Trungpa le voyage sans fin p.35

[10] . Cf Chogyam Trungpa dans le voyage sans finle nomme aussi « véhicule indestructible » p.13

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