Partie 4

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  La princesse vida la fin de son verre. Lorsqu'elle le reposa sur la table, elle surprit le regard d’Adrianus, qui la fixait avec étonnement.

  –Un souci ? demanda-t-elle.

  –Hum, non, désolé... J'ai juste été pris de court. Vous avez une sacrée descente.

  Mama esquissa un sourire en coin et se pencha en avant.

  –Serait-elle meilleure que la vôtre, Altesse ?

  Une lueur de défi naquit dans les yeux du prince. Il saisit sa boisson et la termina d'une traite.

  –Pas mal, admit Mathilde. Mais vous n'en aviez plus autant que moi.

  –C'est vous qui le dites.

  –Pourquoi ne pas nous départager dans les règles ? Une peinte complète. Le premier qui la finit a la meilleur descente.

  –Marché conclu.

  Sans le quitter des yeux, elle somma le tavernier de remplir leur verre. Puis ils les descendirent et les finirent au même moment. Alors ils recommencèrent, encore et encore ; Mathilde réussit à suivre le rythme du prince sur les quatre premières bières, mais arrivée à la cinquième, elle perdit en vitesse et Adrianus finit par l'emporter. Elle émit un rire ridicule.

  –Vous avez gagné.

  Il s'adossa à la banquette et esquissa un sourire suffisant avec l'attitude de celui qui n'a jamais douté de ses capacités. Mathilde soupira de contentement. Cette assurance était loin de la laisser indifférente, d'autant qu'il avait passé elle ne savait combien de temps en léthargie.

  Beau, sûr de lui, bon buveur, déterminé, plutôt ouvert... Décidément, le bel endormi au physique de dieu qu'elle avait réveillé possédait plus de facettes qu'elle ne l'aurait imaginé. Et même si elle ne saurait l’expliquer, elle était certaine qu’elle n'avait fait qu'en effleurer la surface. Il lui faudrait creuser davantage pour le connaître plus en profondeur et cette idée ne lui déplaisait pas le moins du monde. Un éclair d’excitation la parcourut à la perspective de découvrir ce bellâtre, dans tous les sens du terme.

  –Vous êtes un homme intéressant, prince Adrianus.

  Il pencha la tête sur le côté et la couva d'un regard charmeur ; ses cheveux mi-long cascadèrent jusqu'à son épaule

  –Je vous en prie, appelez-moi Daan.

  Un frisson la secoua.

  –Oh..., nous passons déjà au surnom ?

  Dieux que ses ondulations avaient l'air soyeuses. L'envie de glisser ses doigts dans ces mèches blondes ou sur sa peau la gagna d'un coup, mais elle refoula gentiment cette idée dans un coin de son esprit.

  –Après notre petit tournois, je pense que nous pouvons nous le permettre, répliqua-t-il. Et vous ?

  –Cela me paraît tout à fait acceptable, Daan.

  Elle fit rouler ce nom sur sa langue afin de s'en imprégner tandis que le sourire de l’intéressé s’agrandissait.

  –Dans ce cas, comment puis-je vous appelez ?

  –Mama.

  Adrianus haussa les sourcils d'un air incrédule. La princesse, qui flottait sur son petit nuage depuis un moment, eut l'impression de revenir brusquement sur Terre.

  –Un souci ? s'inquiéta-t-elle.

  –Non, j'ai juste été surpris. Dans ma langue « mama » signifie maman.

  –Oh ! (Elle éclata de rire et fut de retour sur son petit cumulus.) Je peux en effet comprendre votre étonnement et votre réticence à m'appeler ainsi... Enfin, utilisez le nom qu'il vous plaira.

  Il l'étudia à nouveau avec intensité, mais il y avait désormais une pointe de douceur dans son regard et Mama eut l'impression de le sentir caresser sa peau.

  –Sweetheart.

  –Plaît-il ?

  –Je pense que je vais vous appelez Sweetheart.

  Mathilde ne connaissait pas ce terme mais une douce chaleur se répandit en elle en l'entendant. Son accent étranger n’arrangeait rien. C’était d’un sexy.

  –Que signifie-t-il ? murmura-t-elle.

  Cette question sembla fissurée l'assurance de Daan et un rouge très léger gagna ses pommettes. Mama faillit fondre.

  –Eh bien..., vous n'avez qu'à le découvrir.

  –Un nouveau défi donc ? J'accepte, mais nous devrions mettre une récompense à la clef, cette fois-ci. Qu'en pensez-vous ? Si je découvre ce que ce mot veut dire, disons… dans l'heure, vous devrez...

  Un énorme rot lui échappa soudain. Sa puissance créa des vaguelettes à la surface de leur Licorne Elsass, fit trembler les cloisons en bois qui séparaient les différents box et souffla toutes les conversations. Lorsqu'il cessa, plus aucun bruit ne s'élevait dans l'auberge et Mama croisa le regard incrédule de Daan. Pour la première fois, l'idée d'avoir choqué un homme avec ces manières quelque peu discutables lui pinça le cœur.

Dire que la soirée se passait si bien…

  –Toute mes excuses, Altesse, déclara-t-elle dans un soupir. Et adieu, j'imagine.

  Aucune réaction.

De mieux en mieux...

Vous pouvez y aller, l'incita-t-elle en lui désignant le couloir. Je ne m'en offusquerai pas. Vous ne serez ni le premier ni le dernier.

  –M'en aller ? répéta-t-il, toujours dans un état second. Pourquoi m'en irai-je ?

  –Parce que je viens de vous roter à la gueule, peut-être ?

  –Et ne viens-je pas de faire exactement la même chose ?

  Mathilde cilla plusieurs fois alors que Daan éclatait de rire. Non, elle ne pouvait pas avoir compris ce qu'elle pensait avoir compris.

  –Bon dieu, je vous ai battu en descente, fit-il hilare, mais alors là... Vous m'avez battu à plate couture.

  Elle retint son souffle.

  –Vous voulez dire...

  –J'ai aussi éructé, mais votre rot a complètement couvert le mien. Bon sang je n'en avais jamais entendu d'aussi puissant. Je suis sûr que les fondations de l'auberge ont été secouées.

  Sa mauvaise habitude faisait rire cet homme. Elle le faisait sincèrement rire aux éclats. Lui, un prince ! Mama n'aurait jamais cru cela possible. Mais surtout...

  –Nous avons donc roté au même moment ?

  Malgré son murmure à peine audible, Daan cessa tout de suite de rire, se tourna vers elle et ils se perdirent dans les yeux l'un de l'autre. Ils comprirent alors que la même pensée traversa leur esprit au même moment :

Ce rot en communion... Cette symbiose... est-ce là... un signe ?

Voulez-vous poursuivre cette soirée dans un endroit plus privé ? souffla Daan.

  –Avec plus de bières et des pizzas ? renchérit Mathilde.

  –Devant un Disney ou un film d'horreur ? Que je puisse vous serrer contre moi ?

  –Un Disney ? Un film ? Qu'est-ce donc ?

  –Aucune idée, my love... Ces mots me sont venus tous seuls.

  –Oh... Eh bien... Oui. Ça me va. Ça me va même très bien.

  Un sentiment de bien-être – et un peu de tension sexuelle – se déversa dans leurs veines et, ensemble, ils disparurent dans la chambre où Daan avait été ramenée.

  Nul ne sait ce qu'il se passa de l'autre côté de la porte, cette nuit-là, et s'ils regardèrent ce fameux film ou ce fameux Disney qui ne disaient rien à personne ; mais au petit matin, le prince et la princesse avaient disparu.

  Peut-être se marièrent-ils. Peut-être eurent-ils beaucoup d'enfant. Cela, l'histoire ne le dit pas.

  Ce qui est sûr, en revanche, c'est que ce rot leur avait montré qu’il n’avait pas à changer pour trouver l’amour : ils étaient faits l’un pour l’autre.

  Et puis, marié ou non, il ne se génèrent pas pour coucher ensemble !

Fin !!!

Ou pas 8D

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