Chapitre 5 : La rencontre

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Matt

4H – Un bruit me réveilla en pleine nuit. Mon père devait être ivre car je l’entendis se cogner plusieurs fois dans les meubles. Je repensai aux événements de la soirée et enfouis ma tête sous les couvertures. J’essayai de me rendormir mais je ne pus. Au bout d’un moment, j’entendis des ronflements monter depuis la chambre d’en face ce qui m’assurait que mon père ne se réveillerait pas avant midi le lendemain. Sans bruit, je décidai de sortir me promener pour me changer les idées. Je pris avec soin mes clés et sortis dans la nuit encore installée. Sans grande inspiration, je pris la direction du terrain de basket qui me permettait de me relaxer beaucoup plus qu’à la maison. Il m’était déjà arrivé de penser à me barrer mais quel adolescent pourrait survivre seul dans ce monde et bien qu’il soit violent, je devais me l’avouer à moi-même, il restait mon géniteur et j’étais un meurtrier. À cette pensée, une larme coula le long de ma joue gauche et je m’arrêtai me frappant l’épaule de ma main. Je repris ma marche et arrivai au terrain vers 5H. Le lieu était vide – normal –. Je m’allongeai sur le banc et fermai les yeux. La soirée avait été rude et je devais regagner des forces pour affronter mon père dès que celui-ci serait levé. Je repensai à tous ces adolescents qui allaient sans doute passer un week end féérique tandis que j’allais rester enfermé dans ma chambre à supporter la colère de mon père. Le vent glacial me congelait sur place mais je préférais mille fois rester là plutôt que de dormir dans ma chambre. Je sortis de ma poche des écouteurs et me laissai bercer par la musique qui s’échappait de mon portable.

***

Les rayons du soleil me tirèrent de mon sommeil. C’était comme s’ils me brulaient les yeux. Je m’étais endormi malgré le froid qui jouait avec les parcelles de ma peau découvertes. Je décidai de rentrer car je voulais l’être avant que mon bourreau ne se réveille.

***

8H – Je poussai la porte d’entrée. Le silence se répandait dans tout l’appartement. Sur la pointe des pieds, je gagnai ma chambre et me laissai tomber sur le lit. Après réflexion, je décidai de préparer le petit-déjeuner et de retourner me vautrer sur le lit. Je pensai à mon week end. Je pris mon sac de cours et décidai de faire mes devoirs pour me libérer l’esprit. Heureusement, les professeurs ne nous avait pas épargnés, ce qui allait occuper une grande partie de ma journée. Je me plongeai donc avec intensité dans mes bouquins.

Vers 11H, j’entendis mon père sortir de sa chambre. Il grommelait, ce qui me semblait être mauvais signe, mais je devinai qu’il mangea sans râler le petit-déjeuner que je lui avais préparé. Je soufflai et retournai à mes exercices de mathématiques quand on toqua à ma porte. Je me figeai et me raidis. Je me préparai et me levai pour ouvrir la porte de ma chambre. Mon père se tenait debout dans l’encadrement de la porte. Il portait sa tenue de travail. Il me dévisagea et me lança une liste et de l’argent. Je devinai sans trop de peine que je venais d’être désigné pour aller faire les courses. Après m’avoir expliqué brièvement les quelques détails supplémentaires, il partit au travail. La porte claqua avec force et je me laissai glisser le long de la porte de ma chambre. Je réfléchis et décidai de partir en courses après le repas de midi.

Vers 14H, j’attrapai les sacs et me glissai par la fente de la porte d’entrée en n’oubliant pas de fermer derrière moi. Le supermarché se trouvait à une demi heure à pieds et la liste n’en finissait pas. Je soupirai à l’idée de devoir me farcir tous les sacs de course. Je mis mon mal de côté et entrepris ma pénible ascension vers ma destination.

***

14H30 – J’atteignis le supermarché. Une multitude de personnes se pressait devant les portes. Je pris mon courage à deux mains et entrai dans la grande surface. Des immenses rayons se dressaient devant moi. Je passai d’abord par l’étalage des fruits et légumes, sélectionnai de manière scrupuleuse la qualité des fruits et me rendis ensuite côté viande. J’enfournai dans mon cadis le poulet, le boeuf et le canard commandé par mon paternel et me rendis chez le poissonnier. J’observai avec ferveur les différents poissons qui me faisaient de l’oeil. Je choisis un saumon frais, des crevettes et me dirigeai vers les autres rayons. Plus j’errais dans les rayons et plus mon cadis se remplissait. J’avais peine à pousser le cadis quand je me présentai aux caisses. Je remplis trois gros sacs et soupirai. Avec force, je portai les trois sacs, un dans ma main gauche, le deuxième et troisième dans ma main droite. Je sortis dans la rue avec beaucoup de mal et commençai ma rude marche sous un soleil de plomb. Après 15 min de marche, il me fallait regagner des forces et je choisis de m’appuyer contre le mur, un moment, à l’ombre. Une petite voix me tira de mon repos :

« Vous avez mal monsieur ?

Je me tournai et découvris une petite fille haut comme trois pommes qui me tirait la manche. J’essayai de lui sourire mais mon sourire fut maladroit car elle ne semblait pas convaincue. Un garçon accouru essoufflé. Ses yeux noisettes rencontrèrent les miens. Je fis un bond quand je le reconnus.

— Je ne peux pas te quitter des yeux trente secondes. Se fâcha Alex Lecomte.

Il donna un coup sur la tête de la petite fille qui ne relâchait pas sa prise.

— Maman a toujours dit qu’il fallait aider ceux dans le besoin, enchaîna Anya innocemment.

Les yeux du garçon passèrent de sa soeur à mes sacs. Il semblait réfléchir, puis sans crier garde s’approcha de moi. Surpris, je regardai ce garçon, qui ne m’était pas indifférent, empoigner deux de mes sacs. L’enfant relâcha sa prise et me sourit.

— Vous habitez où ? me demanda-t-il avec tendresse. Il semblerait que ma soeur ne veuille pas vous laisser rentrer seul, enchaîna-t-il.

— Euh, je… bafouillai-je. Je repris de la contenance et m’avançai vers eux. Vous n’êtes pas… commençai-je, mais il me coupa directement.

— Comment voulez-vous porter à vous seul trois sacs comme les vôtres ? s’exclama-t-il.

Je ne pus répondre car le poids de ces sacs m’avait fait m’arrêter. La petite Anya se rapprocha de moi et se mit sur la pointe des pieds comme pour me chuchoter un secret. Ce à quoi je répondis en me baissant pour lui faciliter la tâche.

— Vous habitez où monsieur ? me susurra-t-elle. Si vous me le dites, je ne le dirais pas à mon grand frère.

Elle me l’avait dit avec un tel sérieux que je ne pus m’empêcher de rire. Décontenancé, Alex observait ce drôle de spectacle. Après la soirée que je venais de passer, je ne pensais pas pouvoir rire ce jour-là, mais avec son innocence et son petit gabarit elle venait de me le permettre. J’essuyai une larme de rire et lui tapotai affectueusement le haut du crâne.

— Eh bien puisque tu me le demandes si gentiment, je ne peux que te le dire » avouai-je vaincu par tant d’ardeur.

Un sourire illumina son visage et elle se retourna pour faire signe à son frère. Nous nous mîmes alors en route vers mon appartement et Anya ouvrit la marche avec joie. Son frère et moi la suivîmes sans dire un mot. Elle commença à chanter une musique que je ne reconnus pas au départ. Et à ma grande surprise, son frère chanta avec elle. Ce spectacle donnait du baume à mon coeur et je priai pour qu’il ne s’arrête pas trop vite. Nous atteignîmes mon appartement en un petit quart d’heure et il m’aida même à les monter devant ma porte.

« Au fait, tu es lycéen me lança-t-il soudainement. Je suis au lycée Van Gogh et toi ? me demanda-t-il d’une manière insouciante.

— Euh… moi aussi, répondis-je timidement.

Il me fit un grand sourire et m’adressa une tape dans le dos.

— Eh bien, il se peut que nous nous croisions une autre fois. Sur ce je te laisse, car nous devons rentrer. Ravi d’avoir fait ta connaissance… hésita-t-il.

— Matt… mon prénom c’est Matt, lui informai-je.

— D’accord Matt. Moi c’est Alex et la petite puce c’est Anya, ma soeur » affirma-t-il.

J’acquiesçai d’un signe de tête et les saluai de la main jusqu’à ce qu’ils disparaissent dans la cage de l’escalier. Une fois la tornade envolée, je rentrai chez moi et rangeai les courses. De retour dans ma chambre, je ne pus reprendre de suite mon travail comme je l’avais prévu. Je m’allongeai au sol en m’étirant de tout mon long. Alors comme ça il a une soeur pensai-je et je souris alors que je visualisai leurs deux visages. Bien que le week end ne s’avérait pas des plus passionnants, j’avais à présent un souvenir mémorable pour tenir jusqu’au lundi matin.

Alex

16H30 – Anya et moi atteignîmes la maison. Je déposai sur la table à manger la nourriture pour nos poissons tandis qu’elle alla se loger dans les bras de notre mère assise dans un fauteuil.

« Vous en avez mis du temps, s’étonna-t-elle.

— Nous avons eu un léger contre-temps.

Et je me lançai dans les explications avec l’aide d’Anya.

— C’est bien mes chéris, nous félicita notre mère, je suis fière de vous. »

Le coeur léger, je pris congé et montai dans ma chambre. Avant d’attaquer mes devoirs, je me posai un petit moment sur mon lit et écoutai de la musique.

Le soir avant de m’endormir, je repensai à ce drôle de garçon. Sa tête ne me paraissait pas étrangère mais j’arrêtai assez vite de chercher dès que je reçus un sms de Juliette. Elle me racontait sa journée en famille et voulait que l’on se voit le lendemain. Au vu de la montagne de devoirs que j’avais à faire, je lui proposai de venir à la maison et de travailler ensemble. Elle accepta avec joie et me souhaita une bonne nuit en terminant son message par des coeurs. Je ne comprenais pas pourquoi les filles adoraient ajouter dans leurs messages des tonnes d’émoticones. Nous n’habitons pas vraiment dans le même monde, murmurai-je, puis je m’endormis en pensant à la journée du lendemain.

***

14H – J’ouvris la porte à Juliette que je pris dans mes bras dès qu’elle franchit le pallier. Mes parents regardèrent la scène depuis le salon et s’amusèrent de nos regards gênés. Ma petite amie les salua et nous nous posâmes dans ma chambre. Ma mère nous apporta des rafraîchissements que nous acceptâmes avec grand plaisir. Juliette fit le tour de ma chambre et s’assit sur le lit. Je ne comprenais pas pourquoi elle devait choisir ce lieu mais je m’assis à côté d’elle. Avant de nous mettre à travailler, elle m’expliqua l’entrée fracassante de son oncle ce matin même. Il avait débarqué sans prévenir et était venu chercher son père pour aller à la pêche. J’éclatai de rire en imaginant la tête du père de Juliette, lui, qui aimait tout prévoir, avait vu sa matinée chamboulée. Anya qui avait entendu du bruit débarqua dans ma chambre. Elle fut surprise de nous trouver tous deux assis sur le lit. Malgré son air bougon, elle salua Juliette et rejoignit maman au salon après que je lui ai bien fait comprendre qu’elle devait nous laisser. Après avoir bien ri, nous nous mîmes au travail.

Juliette

16H – Je plissai les yeux face à la difficulté de la traduction d‘espagnol que nous avait donnée Mme Piou. Je levai les yeux de ma copie et commençai à fixer tendrement mon petit ami qui se trouvait en face de moi. Nous étions assis de part et d’autre d’une table basse, nos fesses posées sur des coussins. Malgré mon regard brûlant, il ne levait pas les yeux, trop concentré, pensai-je. Ce que j’aimais le plus était de me perdre dans ses yeux noisettes. Cela faisait un peu plus de 6 mois que nous sortions ensemble, mais nous nous étions très peu embrassés – pas plus de 10 fois –. Je ne pus détourner mon regard pendant de langoureuses minutes, mes yeux voyagèrent de ses yeux à ses lèvres. Je m’amusai de son air embêté et me penchai un peu plus en avant pour essayer de capter son attention. Alex leva la tête quand il me sentit m’approcher. Nos nez pouvaient quasiment se toucher. Il écarquilla les yeux et recula gêné. Je me surpris en train d’éclater de rire.

« Tu as besoin d’aide ? me demanda-t-il avec douceur.

Je m’étirai et me levai pour le rejoindre de l’autre côté de la table basse. Je m’assis à ses côtés et posai ma tête sur ses épaules.

— J’ai bien besoin de faire une pause, annonçai-je. »

Je voulais juste qu’il me câline, mais il n’en fit rien. Je poussai un soupir malgré le fait que je connaissais le drôle d’oiseau. Il n’essayait jamais de faire comprendre aux autres que je lui appartenais, ni ne m’embrassait devant les autres. Quand nous étions seuls, les baisers étaient rares. Pourtant, je m’accrochais à cette relation car il n’en avait jamais fait autant avec ses autres copines. Je le connaissais de vue depuis le collège et il m’avait fait forte impression dès notre première rencontre. Il avait toujours une copine et je ne l’avais approché que lorsque c’était nécessaire car je préférais l’admirer de loin. Mais, quand il s’était séparé de son ex, j’avais sauté sur l’occasion et je lui avais demandé de sortir avec moi. Il avait été surpris mais avait accepté très vite. Cela faisait 6 mois que ce manège durait et je n’avais qu’une envie c’était de passer à la vitesse supérieure. Il me laissa me reposer sur son épaule un certain temps et à un moment donné, il me fit comprendre avec un comportement de gentleman que je devais regagner ma place et reprendre mon travail. Intérieurement, j’étais triste mais regagnais ma place avec un grand sourire sur les lèvres. Je ne voulais pas qu’il me trouve trop collante.

***

18H – Mes parents attendaient dans le salon. Nous avions fini de travailler vers 17H – enfin je crois qu’il lui reste une traduction - et avions passé le reste de la journée dans le jardin à jouer avec sa petite soeur. Ce petit monstre me montrait bien qu’elle ne m’aimait pas mais elle faisait toujours un effort dès que son frère lui faisait les gros yeux. Pourtant, je la trouvais tellement « choupi » et je ne savais pas pourquoi elle me vouait un tel comportement. J’avais fini par penser qu’elle était jalouse car je sortais avec son frère et donc j’avais mis son comportement sur la pointe de la rivalité car elle adorait beaucoup son frère.

je fus surprise de découvrir que nous restâmes manger pour le soir. Ses parents venaient de le proposer à mes parents et puisqu’aucun des deux ne voulait faire à manger ce soir-là, ils avaient accepté avec amabilité l’offre de Clémence et de Patrick.

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