Novembre 2012, Paris

Nuisette de satin noir et teint pâle ou blafard dans le reflet du miroir qui s’éclaire au-dessus de la vasque claire… Démaquillage, cernes et fatigue, des dents qu’on brosse avec l’énergie qu’on n’a plus, tard dans la nuit, et puis l’ignoble époux qui s’encadre derrière elle dans la glace, qui remonte le tissu sur ses hanches, qui dévoile la nudité de cette intimité qu’elle ne souhaite pas lui offrir ce soir.

— Arrête, William. S’il te plaît, arrête. J’ai pas envie, je suis vannée...

Il ne l’écoute pas, il décide. Que sa volonté soit faite, et tant pis si elle ne la partage pas, c’est l’homme qui domine. Il en a toujours été ainsi, non ? Alors, ses larges paluches continuent de l’explorer là où elle ne veut pas.

— Non, Will ! S’il te plaît , non…

Elle allume tout ce qui bouge, elle n’a pas cessé de les allumer à ce dîner mondain. Tous, tous les mecs qui la mataient et bandaient pour elle ; tous, sans l’ombre d’un doute. C’est ce qu’il lui dit, c’est ainsi qu’il se justifie en permanence quand l’irrépressible désir de la baiser l’envahit et le pousse à la prendre contre son gré. Elle a beau nier, le supplier, feindre de ne pas comprendre son procès d’intention, elle n’y coupera pas ; inconsciemment elle le sait. Comme à chaque fois, excuse de l’alcool mauvais ou pas. Et puis les dégradantes insultes qu’il assène si bien, cette culpabilisation systématique qu’il lui érige toujours en trophée, ces soupçons d’infidélité dès qu’il a le dos tourné… Il l’assomme de sa litanie pour la pénétrer d’autorité, sans aucun égard pour elle. Sa verge dressée contre le séant de sa belle force alors le passage entre ses lèvres, humides malgré elle, et s’y enfonce d’un seul coup, en levrette imposée. Désormais, il n’entendra plus ses ultimes supplications, ses cris, en deviendra sourd. Il n’y aura plus que sa queue brutalisant sa chatte, sa main enserrant son cou à chacun des va-et-vient malmenant ce corps si frêle, réduit à l’état de simple objet sexuel. La souffrance de sa femme sous son joug l’indiffère. C’est lui qu’il regarde dans le miroir, la toute-puissance de sa domination charnelle, sa soumission à elle. C’est ça qui le fait jouir...

Sa besogne achevée, l’homme se retire, machinal. Elle gardera longuement en elle les stigmates de cette meurtrissure. Ils ne s’effacent pas avec le temps, ils s’additionnent. Comme autant de coïts enchaînés, d’éjaculations précoces. Guère plus de trois minutes en tout à chaque fois. Trois minutes interminables...