Chapitre 15. QUARREL

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A midi, j'étais rentrée chez moi. Mais je n'étais pas parvenue à avaler quoi que ce soit au déjeuner. Je me posais toujours autant de questions, je ne pouvais plus faire autrement. J'étais perdue, oui totalement perdue. J'avais une seule certitude : seule la réponse à mes nombreuses questions saurait me tirer de là.

Comme le temps me semblait long, je décidai de retourner chez Andie. Je n'y étais plus allée depuis cette fameuse nuit où le monde m'avait semblé si complexe et cruel. Je n'avais plus envie d'espionner les Brooks, j'en avais probablement déjà trop vu. Je ne pouvais pas comprendre ce qui se passait chez eux mais Andie, je pouvais demander à Andie tout cela. Elle était forcément coupable quelque part. Elle cachait au moins quelque chose. Je ne savais pas pourquoi, tous mes soupçons se portèrent soudainement sur elle.

Je sonnai à la porte. La mère d'Andie m'accueillit chaleureusement. Je montai dans la chambre de cette dernière. Mon regard était noir, mes yeux emplis de haine. Et je ne savais pas exactement quoi lui reprocher. En réalité, cette histoire m'obsédait tellement que j'avais dû, au fond de moi, choisir un coupable au hasard. Andie jouerait donc le rôle du coupable. Quand elle me vit arriver, elle eut un mouvement de recul. Elle me fixait, hébétée.

- Debbie, qu'est-ce que tu as ?

- Comment vont les Brooks ?

- Je ne sais pas, je ne les espionne plus en ce moment. Tout cela est trop douloureux pour moi.

- Tu parles de tes remords ?

- Oui, j'ai des remords. Mais tu es incapable de les comprendre.

- Je sais ce que tu as fait !

Le visage d'Andie se décomposa.

- Comment ça ?

- Je sais tout, Andie. Ce n'est plus la peine de cacher ton crime.

- Mon crime, n'exagère rien. Je ne pouvais rien faire contre cela.

- Bien sûr, tu as tué une personne. Ne réalises-tu pas que c'est grave ?

- Tué ? Je ne l'ai pas tuée, Debbie ! J'ai été lâche certes, mais je ne lui ai jamais fait aucun mal !

- Non, tu ne l'as pas tuée, tu l'as juste poussée à le faire de ses propres mains !

- Attends une minute, de qui parles-tu ?

- De Wendy, évidement.

- Je comprends mieux. Je ne te parlais pas de Wendy, moi. Tu ne sais rien alors.

Elle poussa un soupir de soulagement. Mais je m'entêtai :

- Je sais que tu es derrière la mort de Wendy ! Avoue-le, assume !

- Je n'ai jamais rien fait à Wendy ! C'est à peine si je la connaissais.

- Je te dénoncerais, tu payeras pour ce que tu as fait !

- Tu es complètement folle, je n'ai jamais fait quoi que ce soit à Wendy. Tout est la faute de son père !

- Quoi ? Comment oses-tu encore accuser cet homme alors que tu es consciente de ton acte ? Tu n'en es peut-être pas consciente, en fin de compte. C'est ça, tu es folle.

- Ne pense pas comme eux. Je t'en prie Deborah. Fais-moi confiance. Tu te mets dans un état pas possible. Je comprends que tout ça te fasse du mal, je sais très bien ce que tu ressens. J'ai vécu cette situation moi aussi. Mais c'est le vrai coupable qui doit payer. Je suis innocente.

- Tu n'as pas de preuves.

Je tournais en rond dans la pièce. Andie était-elle innocente, comme elle le prétendait ? Je n'avais aucune preuve pour l'accuser et de même je n'avais aucune preuve pour l'innocenter définitivement.

- Je ne te lâcherai pas, dis-je, tant que tu n'avoueras pas.

- Tu pourras encore attendre longtemps car je n'ai rien à avouer concernant la mort de Wendy. De toute manière, tu es comme les autres, tu penses que je suis folle à lier. Je ne le suis pas Debbie, je sais ce que je dis. Si j'étais réellement folle je te dirais que bien entendu je suis coupable, je serais probablement satisfaite de moi si j'étais une folle sadique et la meurtrière de Wendy. Mais, tu vois, je ne suis pas folle, ni sadique, ni criminelle. Je n'ai rien fait de mal. J'ai parfois fait des erreurs, j'ai caché des secrets mais ils ne regardaient que moi. Concentre-toi plutôt sur les Brooks, c'est un conseil que je te donne. Ils sont les criminels.

- Je ne te crois plus. Je ne suis plus dupe de tes histoires, de tes suspicions. Tu dis tout cela pour me détourner de la vérité. Mais c'est inutile car je sais tout maintenant !

- Bien, dis-moi quelle preuve tu as contre moi alors.

- Tu... tu es la voisine des Brooks.

- Et ?

- Tu les espionnes depuis toujours. Tu n'arrêtes pas de me faire croire qu'il y a une histoire concernant une certaine Jane, mais c'est juste pour que j'oublie ce que j'ai à faire. Je ne t'ai jamais crue, Andie.

- Je commençais à avoir confiance en toi... Je ne sais pas comment te dire que je ne suis pas coupable. Tu ne me crois pas. Alors tu m'en voudras probablement toujours et c'est dommage mais puisque je suis innocente tu n'auras jamais aucune preuve contre moi et je n'aurais pas plus d'ennuis.

- Avoue tout de suite ce que tu as fait et j'essayerai d'être indulgente parce que j'ai déjà trouvé ta compagnie plutôt agréable.

- Je n'ai rien à t'avouer. Combien de fois je devrais encore te le dire ?

- Bien, je pensais que tu tiendrais moins longtemps. Mais puisque tu refuses d'admettre, je vais m'asseoir et attendre patiemment que tu me dises la vérité.

Je m'assis donc sur la chaise du bureau et ne détachai plus mon regard d'Andie. Elle allait forcément finir par céder !

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