Les idées se bousculent dans ma tête. Elles sont accompagnées d’une multitude d’images, de personnages qui discutent, qui agissent. Je les vois clairement comme s’ils étaient à mes côtés et me parlaient. Je les entends clairement, que je sois entourée de silence ou avec mon casque sur les oreilles.

Mon imagination est en ébullition comme une casserole d’eau sur le point de déborder.  Le problème est cependant là : la casserole ne veut pas déborder. Les mots ne veulent pas apparaître au bout de mon stylo dans mon carnet à idées.

Le curseur clignote sur la page Word et semble me narguer.

Mes doigts tentent de lutter contre cette panne et commencent à taper quelques mots. Péniblement. Comme lorsqu’on tente de démarrer sa voiture mille et une fois, sachant pertinemment que la batterie est à plat.

Mes doigts continuent sans cesse de s’agiter sur le clavier et mes yeux n’osent pas regarder le texte qui prend forme – ou plutôt qui se déforme. Car ce texte, je le sais, n’aura pas de lien avec le reste de l’histoire. Juste les noms de mes personnages seront reconnaissables. Mais eux-mêmes me jugeront, déformés par la piètre qualité qu’aura alors prise mon récit.

Pendant ce temps, mes yeux ne fixent que le clavier. Ils observent simplement mes doigts qui courent sur les touches à une vitesse inouïe, allant droit dans le mur.

Finalement, les choses s’arrêtent brusquement lorsque mes yeux lisent par un pur hasard la dernière phrase écrite. Elle sonne tellement artificielle. Tellement forcée que cela me fait mal au cœur.

Je soupire. Je clique sur la petite croix rouge sans un regard pour le reste du texte.

Quelques jours plus tard, je me relis. Et je me dis que la page aurait bien dû rester blanche.