Salut toi,

Je ne sais pourquoi mais j'ai décidé de te saluer pour une fois. De faire preuve d'une politesse que j'avais effacée te concernant.

Et c'est là que tu me demandes pourquoi je t'ai écrit ces mots.

Va savoir, j'écoute actuellement une chanson qui me fait penser à toi.

Et plein de souvenirs me viennent en tête d'un coup...

Tu te rappelles ? Mais si... De ces chansons qu'on aimait tous les deux. Le portrait, Petite Emilie.

Mais le plus marquant fut quand tu es venu me voir en me disant:

"J'aime la nouvelle là... Rien qu'une fois"

Tu avais réussi à m'atteindre en une phrase. Alors comme ça le grand comique de service était romantique ? C'était assez aberrant mais suffisamment plausible pour un être naïf comme moi.

"Rien qu'une fois,

Toi et Moi,

Rien qu'une nuit,

Je t'en prie."

Pas vraiment mon type de musique habituel si on en regardait ma playlist.

Une âme de romantique exacerbée par ta présence. Oui, petit être naïf devait être aussi bien amoureux pour aimer une chanson pareil. Fleurs bleues et pâquerettes n'étaient pas mes grandes amies, mais peut-être quand on est enfant, elles le deviennent l'espace d'un stupide instant.

C'est niais. Dire qu'à cette époque je ne savais même pas ce que ça signifiat. Niais... C'était sûrement pour décrire quelque chose de joli.

Oh ne crois pas que j'aimais te voir romantique. C'était l'inverse. Je devais sûrement deviner de temps en temps que c'était bien trop exagéré.

En même temps...

"Quand je te vois mon coeur bat."

Ah bon ? T'étais un humain bien spécial alors ?

Ah... C'était pour dire que tu ne pouvais pas vivre sans moi ?

C'était débile quoi.

Tu sais, la chanson tourne toujours.

Je la mets en boucle et ton nom vient, accompagné d'autres.

Ne te sens pas spécial non plus.

Mais t'es le premier qui m'est venu aujourd'hui. Demain, ce sera sûrement un autre.

Parfois je t'oublie, parfois je me rappelle de toi.

Ah c'est à ce moment de ma lettre où on dit "petit être naïf et romantique est devenu acerbe et mauvais à cause d'un amour malheureux".

Je t'arrête tout de suite. J'ai juste grandi.

Et je ne sais toujours pas ce qu'est l'amour.

J'ai vraiment cru l'apprendre auprès de toi, notamment quand j'ai franchi une certaine barrière.

On la connaît cette barrière.

Pas toi, tu me diras.

Mais si... Cette barrière. Celle où ça en est limite un proverbe.

J'avais oublié que tu n'avais pas un esprit très littéraire, et que les proverbes et toi formaient une somme qui valait tout sauf un.

Pourtant pour me sortir des phrases telles que:

"Je ne pourrai rien faire sans toi"

T'étais pas mal doué.

Enfin, je parlais de cette barrière qui séparait la haine de l'amour;

Et c'est à cet instant que ça fait "tilt !" dans la tête du lecteur.

Petit être naïf et romantique a connu la haine.

Ce fut fugace.

Oui, un an de haine c'est fugace pour des années de vie.

Je t'ai tout de même détesté plus longtemps que je t'ai aimé.

"Aimé", c'est un grand mot. J'ai surtout suivi une illusion. Faut dire que ce n'était pas vraiment l'oasis du désert que j'ai vu là. Mais plutôt un cactus desséché qui m'a donné un peu d'espoir avant de voir que l'eau n'y était pas.

Tu sais que j'aime les métaphores.

Ah non... Tu ne savais pas. Tu ne me connaissais pas si bien que ça.

Et oui, petit être naïf et romantique aimait écrire.

Je dois t'avouer qu'écouter en boucle a fini par me lasser. J'ai donc fini de l'écouter.

Si j'ai fini de l'écouter, ça veut dire que j'ai fini de te parler.

Et tu sais que je me lasse très vite d'une discussion avec toi.

Félicite moi plutôt pour avoir pris la peine de t'écrire ces mots.

Tu veux peut-être connaître ma chanson ?

Mais avant que je te la dise, tu sais il y a d'autres temps j'aurais eu des tas de choses à dire. J'aurais sûrement épanché une certaine haine, de la tristesse.

Mais le pire, j'aurais avoué que tu me manquais. Oui, c'était pour ça que je t'en voulais et que parfois ça revient quand j'écoute cette chanson là. Tu me manquais.

Et d'une manière, petit être naïf et romantique est fier de ce que tu as accompli. Il te souhaite le meilleur.

Mais nouvel être qui a compris n'en a que faire et trouve une forme d'injustice à ce que tu puisses réussir.

C'est pour ça que la chanson que j'écoute en ce moment se nomme...

I hate everything about you

Lis un jour les paroles peut-être que tu comprendras pourquoi parfois je pense à toi.

Sur ce,

Je ne souhaite plus vraiment te saluer, donc je ne le ferai pas,

Un petit être qui aurait aimé rester naïf