7. Ochlophobie

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J'avais parcouru plus de la moitié de la route qui me séparait de mon objectif. Je n'allais pas encore assez vite à mon goût : elle avait besoin de moi et je n'étais pas à ses côtés. Et si jamais elle rencontrait un de ces cadavres ambulants pendant que je n'étais pas là ? Et si...? Je secouai la tête, il ne fallait pas que je pense comme cela sinon j'allais devenir folle. Je jetai un coup d'œil à ma droite : Shirahoshi regardait le sable qui bordait l'autoroute. Il y a quelques semaines à peine, cela devait probablement être une bande herbeuse, longée d'arbres comme le long de toutes les voies rapides.

Au détour d'un virage, les voies étaient complètement bouchées. Je ralentis la voiture et m'arrêtai à une vingtaine de mètres des dernières voitures. La nuit commençait à tomber et il n'y avait pas d'autre chemin : nous allions être obligées de passer par là. L'obscurité allait poser problème, il fallait que j'inspecte le terrain pour éviter que l'on se fasse surprendre. Shirahoshi tourna la tête vers moi, l'air inquiète. Je lui demandai de me passer le matériel de la boîte à gants avant de sortir sans un bruit.

  • Si jamais tu voies ma lampe clignoter deux fois, tu verrouilles tout et tu te caches, ordonnai-je à la jeune fille avant de refermer doucement ma portière.

J'étais entourée de silence ; j'étais prête à réagir au moindre son. Je parcourai rapidement la distance jusqu'aux voitures les plus proches. Je passai la main sur la poussière qui recouvrait la vitre arrière et ne vis rien à l'intérieur. Je regardai aux alentours, un peu plus loin il y a avait un bus au milieu de la voie. Parfait, je pourrais alors avoir une vue d'ensemble de la zone là haut. Je progressai doucement, oreilles à l'affût, une main sur la crosse de mon pistolet et l'autre tenant la lampe de poche pointée devant moi. Après avoir vérifié que les environs étaient vides, je m'approchai d'un mini van et grimpai sur le toit en me servant du pneu comme tremplin. Une fois sur le toit, je sautai sur le bus placé latéralement. J'avais une bonne vue sur les alentours grâce à cette position surélevée. J'allais au bout du bus, la tôle du toit émettant un léger bruit sous mes pas. Je plaçai les lunettes à vision nocturne que j'avais récupérées sur mon visage et observai. Tout me sembla calme. Je regardais dans toutes les directions et ne vis rien. Je m'apprêtai à redescendre quand je remarquai un mouvement une centaine de mètres devant moi.

Quelque chose émergeait d'entre deux voitures. Je distinguais une, deux, non trois... Trop approchaient pour être comptés correctement : une horde avançait lentement vers nous. Je retirai mes lunettes et rejoignis d'un pas vif l'autre bout du toit du bus. Je sortis la lampe de poche que j'avais coincée dans la ceinture de mon pantalon et l'allumai brièvement deux fois en direction de ma voiture. Shirahoshi devait maintenant être cachée et avoir verrouillé les portières. La voiture semblerait abandonnée comme toutes les autres sur le bord de cette route. De là où j'étais les zombies ne pourraient pas me voir mais ils pouvaient toujours me sentir, il fallait donc que je me cache dans un endroit clos ou alors que je sente moins la chair fraîche... Je me dépêchai de descendre du bus par l'arrière et avançais parmi les voitures.

Je vis alors une caisse très basse de pare-chocs, je me ruai vers elle et me glissai dessous. Je tirai comme une forçonnée sur les tuyaux, une fuite d'huile ou d'essence couvirait mon odeur. Je n'étais là que depuis une bonne minute quand j'entendis les grognements des zombies de la horde qui approchaient. Je tâchais de faire le vide et de calmer ma respiration le plus possible. Je tournai la tête pour voir leurs pieds décharnés se traîner lentement autour de la voiture. Bien. Aucun ne semblait m'avoir vue jusqu'à présent. J'essayais de compter les paires de pieds qui me dépassaient ; la horde était composée de plus d'une trentaine d'individus et leur nombre augmentait. Il me serait impossible de les repousser à moi toute seule. Je détestais ne pas pouvoir intervenir de la sorte mais morte, je ne pourrais sauver personne. Je pris donc mon mal en patience et après de longues minutes, je ne vis plus aucun pieds passer près de ma cachette. J'attendis encore un peu, histoire d'être sûre et roulai en dehors de mon abri. Je mis prestemment mes lunettes à vision nocturne pour vérifier que la voie était libre. Je ne vis rien du côté d'où venait la horde, ils semblaient tous passés. Je me tournai de l'autre côté, les dernières silhouettes avaient dépassé ma voiture depuis plus d'une centaine de mètres.

Je retournai alors d'où je venais et toquai à la vitre. Shirahoshi sortit de sa cachette et m'adressa un petit signe de tête pour me dire que ça allait. Je la fis descendre et ensemble, nous fouillâmes les voitures avant de les déplacer pour dégager une voie de la route. Je commençais par enlever le frein à main et poussai à partir de la portière conducteur et la jeune fille poussait derrière. Un demi-bidon d'essence rejoignit les réserves dans mon coffre. Une fois un passage dégagé, nous remontâmes en voiture et je nous remis en route...

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