Si je suis honnête, Aline mérite des baffes. Menteuse, capricieuse, manipulatrice, toxicomane.

21 ans. Une famille qui s'appelle Aide Sociale à l'Enfance, foyers, familles d'accueil.

Elle demande un sevrage, brutalement, violemment, furieusement. Moi je sais qu'elle n'a nulle part où aller en cette semaine avant Noël et qu'elle espère rester hospitalisée.

Ou peut-être veut-elle cette fois vraiment décrocher de la came.

C'est ce que je plaide pour elle auprès du toubib qui ne voit qu'une gamine totalement et irrémédiablement paumée, qui nous rend responsables en nous insultant la plupart du temps, de sa misère, de son errance, de sa dépendance.

Le 24 décembre, avant de rentrer chez moi, je fais un truc totalement proscrit à l'école de formation de Service Social : je lui offre des chocolats.

Je sais que je me suis laissée embarquer par son histoire, ses larmes, ses yeux noirs et Noël.

Je n'ai que 4 ans de plus qu'elle.

Le 25 décembre, elle fugue du service en emportant du matériel trouvé sur un chariot de soins.

Le médecin du service me dit que je suis encore bien jeune.

Que répondre à cela ?