La fuite - Défi

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 Un jour, j'étais en voiture avec mon frère, Antoine. Je ne me souviens plus bien où nous avions passé la journée mais, en tout cas, nous étions sur le chemin du retour. Alors qu'il se garait devant la maison, il me prévint que nous serions seuls ce soir là. Maman avait fui et ne rentrerait pas.

 – Un danger rôde... me dit-il pour toute explication, me laissant coi.

 Il aurait probablement mieux valu que nous fuyâmes également. Je l'ignorais à cet instant, mais c'était là la dernière conversation que j'avais avec Antoine. Le moment exact où le danger est entré dans notre demeure m'échappe encore aujourd'hui; mais je me souviens d'avoir était amené de force à l'extérieur, au beau milieu de la nuit. Mes mains avait étaient menottées, et, sans rien n'y comprendre, on m'emmenait vers un véhicule au bout de la rue, sous les yeux d'Antoine qui demeurait silencieux sur le seuil de notre porte d'entrée. L'un des deux hommes qui me poussait à avancer avait posé sa main sur ma taille, ce qui me donna la nausée.

 Je suis entrée dans la voiture sans faire d'histoire. J'étais sans défense.

 On roula un moment, peut-être une heure ou deux, avant d'arriver devant un étrange bâtiment reculé, caché derrière une immense forêt de pins. Je fus traînée de force à l'intérieur, et, à ma grande surprise, je n'étais pas seule. Des tonnes et des tonnes de personnes étaient enfermées ici: des hommes, des femmes, mais surtout des enfants. Mais ce qui était effroyable, c'était que ceux-ci ne semblaient pas en colère ou apeurés, non. Leur regard était fixe, vide de toute émotion. Mon regard croisa celui d'une femme qui s'avançait dans ma direction sans vraiment me voir et je me sentis frémir à ce non-contact visuel.

 Alors, que l'on me menait dans une des salles adjacentes, mes nerfs me lachèrent. Ceci s'est déroulé en trois phases: D'abord, j'hurlai comme si on allait me retirer mes organes. Puis, je laissai échapper deux ou trois injures envers les hommes qui me détenaient et leur famille. Et, enfin, je suppliai pour que l'on me donne des réponses, des larmes de rage coulant le long de mes joues. Et des réponses on me donna:

 – Le fluide contenu dans cette seringue permet de générer des hallucinations semblables à l'univers confus d'un rêve, répondit la blonde en me montrant la dite seringue qu'elle tenait dans sa main droite.

 Cette annonce suscitait énormément de questions et je trouvais tout cela fascinant en mon fort intérieur. Mais à cet instant, une seule question me vint:

 – Pourquoi ?

 La dame vêtue d'une blouse blanche se contenta d'afficher un sourire énigmatique avant de faire un signe de tête aux hommes qui se tenaient toujours derrière moi. Aussitôt, ils me poussèrent à prendre place sur le fauteuil qui nous séparait l'une de l'autre, moi et l'étrange infirmière. Je me débattais, mais leur poigne sur mes bras était trop forte, seules mes jambes tapaient avec frénésie contre le bas du fauteuil.

 – Pourquoi ?! m'époumonai-je une nouvelle fois avant que l'on me plante la seringue dans le bas droit.

 J'étais totalement hystérique, c'était sans doute pour cela qu'une seule seringue ne suffi pas. Il en fallut bien une deuxième pour que je me calme et une troisième avant que je commence à planer complet. On me sort de la pièce et, machinalement, je me dirige vers un bar qui faisait l'angle et que je n'avais pas vu à mon arrivée. Je m'assis sur l'une des chaises hautes, à côté d'une autre femme, et saluai joyeusement le barman. Je décidai alors de commander un verre de vin rouge. Avec le recul, je me rends compte que, même sous seringue, je ne perds pas totalement le sens des priorités.

 Cette femme qui était assise à ma droite, elle semblait parler toute seule. Sur le moment, comme toute personne sensée je me suis dite "Je veux la même chose qu'elle"; mais après un instant je me rendis compte que son discours n'avait rien de cohérent, je ne suis même plus sûr qu'elle utilisait des mots. C'était comme si elle avait pris des sons au hasard et les mélangeaient pour tenter de se faire comprendre. Je me suis mise à douter, et, alors que je regardai le Barman qui posa le verre de vin devant moi, celui-ci n'avait plus rien de réel. Il avait ce qui ressemblait à une trompe d'éléphant au milieu de son visage rougeâtre, dont le menton se terminait en d'immenses tentacules.

 Alors, dans un élan de lucidité, je tenta de fuire cet endroit. À ma grande surprire, la porte s'ouvrit, alors, je me précipitai à l'extérieur, jusqu'à me trouver face à un homme qui tenait une seringue dans sa main gauche. Je ne me souviens plus comment c'était arrivé là, mais, je sortis une arme à feu de la poche de mon manteau. À ce moment, on est en droit de penser que j'avais l'avantage, c'était sans doute vrai. Mais je crois que je n'ai jamais appris à me servir d'une arme. Du coup,plutôt que de tirer, j'ai jugé préférable sur le moment de jeter mon arme sur l'homme qui me barrait la route. Il était probablement aussi surpris par ce stupide retournement de situation que moi mais il parvint tout de même à l'éviter.

 Aussitôt, je m'avançai en secouant la tête de gauche à droite.

 –Vas-y pique moi. S'il te plait. Je veux oublier ça.

 Et ce fut ce qu'il fit. Je me souvins être restée prisonnière de cet étrange bâtiment reculé un bon moment,mais, la vérité, c'est que j'ai totalement oublié comment j'en suis sortie.

C'était peut-être un rêve.

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