Dans l'ombre du phare

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J’ai enfin réussi à atteindre ce lieu. Il m’appelle depuis des années. Avec mon télescope, je vais pouvoir admirer les étoiles, sans oublier cette magnifique lune blanche qui resplendit dans la nuit.

Le vent frais s’engouffre dans mes narines. Une caresse de frissons hérisse mes poils lorsque le phare que je cherchais inlassablement surgit dans mon champ de vision. Le temps semble révolu.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine comme un bélier contre une forteresse. Chaque coup me fait frémir. Mes larmes coulent le long de mes joues. Un goût salé se propage dans ma bouche. Silencieux, je contemple mon rêve d’enfant, si proche de la réalité. Les livres parlent de ce phare comme d’un lieu magique. Ils ont raison.

C’est une grande tour en béton surplombée par une petite coque en son sommet dans laquelle se reflète la pureté du ciel. Le bonheur d’autres vies.

La mer paraît si lointaine. Lorsque je me retrouve devant la petite tour éteinte, j’actionne la poignée de la lourde porte en bois. L’odeur de la poussière me fait tousser. L’humidité de la roche est présente. Un escalier en colimaçon s’envole entre les étages. A vingt ans, je touche mon rêve d’astronome ; grimper sur le phare tant convoité. Celui qui permet de s’évader dans la beauté des étoiles pendant des heures et des heures. Le voyage en avion aura été long, mais payant.

Il suffit de calculer le moment où la lune sera la plus proche de la Terre et d’aller au point au plus haut de celle-ci pour optimiser un maximum le paysage qui s’offre à nous. Un cadeau de l’espace. Un instant qui ne dure que quelques minutes avec pour intervalle de nombreuses années.

Mon cœur bat la chamade lorsque je franchis le deuxième étage. Plus qu’un et j’arrive tout en haut ! Mes mains deviennent moites. Mon grand télescope, maintenu dans un sac sur mon dos, est de plus en plus pesant.

Mon regard atterri dans une salle de cinq ou six mètres carré. Le vieux parquet sombre craque sous mes pieds. Mes yeux sont remplis de constellations. Ils pleurent au travers du verre qui me permet de relier ces milliers de kilomètres à ma petite rétine insignifiante à l’échelle de l’univers.

C’est un paysage impressionnant. Je me rends compte, en cet instant, que cet observatoire est la clé de mon rêve. De tous mes tourments. Un objectif de vie.

Au-delà des mers, le ciel s’étend, si grand, si lointain et magnifique. Les étoiles scintillent, tout comme mon cœur baigné par la chaleur du réconfort. La chaleur de la réussite. Des années de dure labeur. Des centaines d’heures de recherches. Et maintenant, l’accomplissement de toute ma vie.

La lune se reflète dans les verres de mes lunettes, comme me laissant un signe, une voix. Je sais, dorénavant, que je t’étudierai toute ma vie !

Un pique d’adrénaline me saisit. Au travers de mon télescope, j’attrape un message à la dérive ; les étoiles sont mes alliés et la lune, ma reine. À l’issue de cette pensée, les larmes cessent d’affluer et mon visage s’adoucit. Un nouvel objectif vient de naître. Moi, Théo, je veux comprendre l’univers et déceler toute autre forme d’existence. Peut-être même qu’en cet instant, à des millions de kilomètres de là, un être aussi fou que moi, possède la même pensée. Bientôt, notre lien ne tiendra pas uniquement à une même idée. Je t’en fais la promesse, qui que tu sois.

Et, les yeux étincelant de joie, je me replonge dans mon télescope.

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