Final

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Un long silence s’installe dans la salle. Les autres frères de Mardack n’osent même pas le regarder. Les serveurs ont quitté la salle au moment où ils ont entendu le terme « laiteux » sortir de la bouche de Kirad. L’hôte visiblement désappointé et énervé finit par reprendre la parole

- Donc, aucun d’entre vous ne veut que je sois le chef de famille.

- Non, répond Kirad.

- Pas même toi Keraktin ?

- Je suis désolé, mais grand frère, les autres … Balbutie Keraktin

- J’ai compris ne t’en fais pas, coupe Mardack. C’est quelque chose dont vous avez discuté entre vous avant de venir me voir.

- Oui, acquiesce Raskasse. Nous en avons discuté il y a quelques jours au bar de junior. Nous ne voulions pas venir chez toi, dans ton superbe restaurant, et y mettre le bazar dans cette réunion en nous disputant sur le devenir de notre organisation.

- Je comprends mieux tes excuses de tout à l’heure Junior. Donc vous m’avez fait organiser ce repas, fermer le restaurant et dépenser énormément d’argent pour venir discuter d’une chose dont vous aviez déjà décidé dans mon dos.

Junior semble défaillir, sa respiration est haletante et son regard se perd dans le vide, évitant à tout prix celui de son frère.

- Bien… Par contre, reprend l’hôte, il est inutile de vous dire que je refuse catégoriquement votre proposition.

- Tu n’as pas trop le choix, répond Raskasse. Tu connais nos lois. Si tu t’opposes à notre décision collective, tu devras nous affronter tous en duel. Et même si tu arrivais à vaincre le moindre d’entre nous, tu n’es pas assez fort pour espérer l’emporter sur nous tous réunis.

- Ce ne sera pas nécessaire, rétorque Mardack en esquissant un sourire lugubre.

Junior s’effondre de sa chaise sur le sol, ses yeux commencent à rougir alors qu’il est pris d’une violente quinte de toux. Ses autres frères commencent à se lever pour aller l’aider mais ils sont à leur tour pris d’une violente toux et de difficultés à respirer. Peu à peu les membres de la fratrie Noelroc commencent à s’effondrer sur le sol les uns après les autres. Seul Mardack reste assis sur sa chaise à regarder ses frères ramper sur le sol.

- Qu’est-ce que tu nous as fait ? lâche Raskasse à son frère.

- Imbécile d’ork, rétorque le sang-mêlé. Vous venez chez moi et vous mangez, vous buvez et vous fumez sans vous poser de question. Si vous aviez pris le temps d’observer les cigares que vous vous alignez depuis le début de la soirée vous auriez pu remarquer la ricine.

- Du poison ! Tu nous reproches d’agir dans ton dos alors que de toute façon tu avais prévu de tous nous éliminer, tousse Raskasse.

- Vous croyez sincèrement que vous pouvez tenir conseil sans moi sans que je le sache ? Vous êtes des imbéciles ! C’est pour ça que papa voulait que je sois à la tête et pas que vous fassiez les choses dans votre coin comme des idiots arrogants. Et vous pensiez que vous auriez tenu combien de temps avant d’être rasé par une autre famille ou par ces bâtards d’hommes-rats ?

- T’es un lâche ! lance Kirad en essayant de se relever pour faire face à son frère en s’appuyant sur la table. Les autres n’accepteront jamais de suivre un laiteux qui empoisonne ses frères pour éviter de les affronter.

- Oh ça, ils n’ont pas besoin de le savoir ! dit Mardack en se levant de sa chaise.

Il attrape un des cendriers disposés sur la table et commence à fracasser la tête de Kirad afin d’achever son frère puis c’est au tour de junior, son corps ne répond même pas aux coups de Mardack. Le poison avait fait son affaire. Il se dirige vers Raskasse, il prend plus de temps avec lui, transformant petit à petit le visage de son petit frère en une bouillie informe décorée de dents. Il ne reste à présent plus que keraktin, le pauvre est en train de ramper sur le sol pour échapper à son frère. Le poison coulant dans ses veines ne suffit pas à arrêter l’énorme masse de muscles. Mardack le rattrape et le retourne nonchalamment du pied.

- S’il te plaît, ne me tue pas grand frère, supplie Keraktin. Je ne voulais pas faire ça, ce sont les autres qui…

Mais Mardack ne l’écoute pas. Il l’achève d’un énorme coup net de cendrier sur le sommet du crâne.

- Tu étais déjà mort petit frère… Je n’ai fait que te soulager d’une longue et douloureuse agonie ainsi que du fait de devoir me mentir encore une fois.

Ses frères sont à présent tous morts, la nappe de la salle de réception est renversée sur le sol. Les moulures du plafond sont constellées de taches de projection de sang, la vaisselle est éparpillée sur le sol, tout s’est passé comme prévu. Il ne lui reste plus qu’une dernière chose à faire, il se relève, enlève le sang de son visage avant de s’essuyer les mains à une serviette de table. Puis, il se dirige vers le portrait de la mère des frères et le décroche du mur pour le jeter négligemment sur le sol avant de remettre le portrait de sa mère au centre de la pièce.

- C’est terminé ? demande un serveur en ouvrant la porte.

- Oui c’est bon, nettoyez-moi tout ça et fermez le restaurant. Demain, nous n’ouvrirons pas. Ça permettra à tous les employés de se reposer un petit peu. Je vous ferai verser les primes dès demain.

- Merci monsieur.

- Merci à vous, c’est agréable de savoir qu’on peut compter sur quelqu’un.

Une fois la journée de travail terminée et une bonne douche prise, Mardack Noelroc remonte les rues péniblement jusqu’à l’appartement qu’il avait abandonné ce matin. Il monte les marches très lentement jusqu’à la porte de son appartement qu’il ouvre avec ce qui lui reste de force. Elle est toujours là, sa compagne, elle est allongée sur le lit, nue comme elle lui avait promis. Il la réveille tendrement en la prenant entre ses mains d’étrangleurs et la serre contre lui.

- Tu as fait ce que tu avais à faire ? dit-elle.

- Oui… répond-il

- Et ça va aller ?

- Non ça n’ira jamais plus.

Elle saisit sa tête entre ses bras pour le consoler tandis que de grosses larmes coulent le long de ses yeux bleu profond. Les yeux de sa mère…

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