l'Arche Infernale.

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Olivier et son père Marc, partis tôt de Mérindol avant même le lever du jour, s'étaient lancés dans une randonnée qui devait les conduire sur les crêtes du petit Lubéron, au bord de la forêt de cèdres.

Encore abritées du soleil, les pentes abruptes des collines boisées du massif du Lubéron conservaient un air vif en ce début de printemps.

— Olivier, admire les crêtes de notre Luberon, le soleil illumine les cèdres, nous allons bientôt sentir la chaleur de ses premiers rayons.

— J'espère bien, on se les gèle depuis sur ce chemin !

— Tu verras quand on va grimper en direction de l'arche du Portalas, tu ne plaindras plus du froid.

— Au fait qui l'a construit cette fameuse arche ?

— Tu te moques de moi, c'est pas vrai ! On dirait que tu ne sais pas qu'est cette curiosité naturelle, elle existe depuis des centaines de milliers d'années.

— Depuis le temps que tu m'en parles, je ne l'ai jamais vu de mes yeux.

— Tu vas voir quand on sera arrivé au pied, c'est gigantesque, ce sera le récompense du chemin.

— Bo, on accélère alors !

— Hé Hô, je n'a pas vingt ans comme toi !

Accélérant le pas, le Portalas leur apparait au loin. Il ne se détache pas encore de la falaise.

Plus Marc et Olivier progressent sur le chemin, plus ils sont intrigués par des cris de choucas qui remplissent l'air.

— Dis moi Dad c'est un HLM à bestioles ton arche, écoute ses cris !

— C'est bizarre toutes les fois où je suis venu, c'était un silence impressionnant au contraire.

— Ils on dû y construire des nids tu ne crois pas.

— Cela m'étonnerait ce n'est pas la période, j'aimerai bien savoir ce qui les attire si nombreux ici.

— Si tu veux le savoir, il n'y a qu'un moyen c'est de monter sous cette arche, tu ne penses pas ?

Les cris des choucas, mais aussi des corbeaux qui ont l'air de chamailler avec eux résonnent étrangement dans ce décor fantastique issu de l'âge glaciaire.

— Dad, il faudrait faire taire ces bestioles, on en s'entend même plus parler.

— Olivier, il ne te resterait pas quelques pétards que tu avais accroché à la voiture du Marié, le weekend dernier.

— Attend, je pose mon sac ! Avec un peu de chance, je ne fais pas trop de ménage dans mes affaires. Tiens on a de la chance, en voilà un chapelet mais ils ne sont pas bien gros.

— Super, je vais monter plus haut pour allumer le chapelet, avec la résonance de l'archelles pétards vont faire un bruit de détonations de fusil. Les oiseaux devraient prendre la poudre d'escampette.

Marc grimpe de quelques mètres allume la mèche du chapelet et se bouche les oreilles. Une véritable rafale de mitraillette se déclenche sous l'arche et une nuée d'oiseaux noirs s'éparpillent et s'envolent en direction des falaises qui les surplombent.

— La voie est libre, crie Marc, je vais essayer de trouver ce qui les a fait venir ici.

Attends moi là je te ferai signe.

Il s'aide de ses mains, il s'agrippe aux touffes de thyms et chênes verts chétifs, pour se hisser en direction de la plateforme située sous le Portalas.

Une odeur de charogne commence à se faire sentir, cela ne l'étonne qu'à moitié, tous ces oiseaux sont aussi des charognards, il y a peut-être un sanglier blessé lors des battues d'hiver qui est venu crever par ici, en déduit Marc.

Arrivé sur l'escarpement rocheux qui fait office de plateforme, il se redresse et distingue deux masses informes au premier abord. Il s'approche et ce qu'il voit avec l'odeur pestilentielle dégagée lui provoquent un hurlement de terreur, il se termine par des hoquets de vomissements qui viennent s'épancher à ses pieds sur des corps mutilés, éventrés, les visages dévorés.

— Papa qu'est ce qui se passe, ça ne va pas ! Répond-moi, tu es malade ?

Sans réponse de de son père, Olivier grimpe à son tour au pied de l'arche, le hurlement de son père à fait place à un silence malsain.

Soudain, il aperçoit son père penché les deux mains sur les genoux, il n'a pas encore vu les corps et ne comprend ce que peut avoir son père.

— Dad c'est moi, tu es malade, attends j'arrive.

— Non, Olivier n'approche pas, je t'en supplie !

C'est déjà trop tard, Olivier se redresse. Son père debout au milieu de deux masses informes et puant la mort, il à l'impression de surgir dans un cauchemar, spectateur d'un film d'horreur.

Marc se précipite vers lui.

— Vite redescendons, ne restons pas là !

Se tenant l'un l'autre par la main, ils dévalent la pente jusqu'au rocher où ils ont laissé leurs sacs à dos.

Accrochés l'un à l'autre s'embrassant comme pour se réveiller d'un horrible cauchemar, les joues humides de leur pleurs, ils restent ainsi un long moment.

Les cris des choucas se rapprochant de l' arche les ramènent sur terre.

— Papa qu'est ce c'est ? Pour quoi as tu crié ?

— Ce sont…ce sont des restes humains dévorés, enfin je crois, il ne reste plus rien, même pas de visage, c'est ce qui attire les charognards de choucas pies et corbeaux.

— Dad on ne reste pas là on se casse, ça me fou la trouille tout ça !

— Moi aussi, on remonte vite au parking de la Forêt de cèdres et on appelle les flics, en tous cas on ne redescendra pas la-bas.

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