Les Ovnis de Daumas

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Francis Delaigues est de permanence à la rédaction. Ce n'est pas l'activité qu'il préfère mais il faut bien qu'une personne récolte toutes les petites infos et faits divers qui arrivent au journal.

Ce matin là la secrétaire de l'accueil l'appelle.

— Francis, écoute vient m'aider depuis 20 minutes j'ai un guss qui me harcèle pour me montrer des photos et vidéos qu'il a tourné cette nuit, il aurait aperçu des ovnis survolant le vallon de au-dessus de Merindol.

 Bon encore un barjot qui croit détenir un scoop extraordinaire et en plus avec des histoires de soucoupes volantes, se dit-il en se dirigeant vers l'accueil du journal.

— Bonjour M.Delaigues, je ne pensais pas tomber sur vous, au moins je vais pouvoir vous expliquer ce que j'ai vu.

Didier Daumas, le voisin de ses parents, qu'est ce qui peut bien l'avoir perturbé à ce point ? pense-t-il.

— Venez avec moi dans mon bureau, je vous offre un café, reprenez votre souffle.
                                                                                                                                                                                                            —Francis, j'ai des choses à vous montrer ! la nuit dernière je n'arrivais pas trouver le sommeil, ce n'est pas la première fois depuis le décès de mon épouse, il y à déjà plus d'un an, heureusement que je travaille encore sinon j'aurai "pété les plombs".

— Vous disiez M.Daumas vous n'arriviez pas à trouver le sommeil !

— Tout à fait, quand ça m'arrive, bien trop souvent, je sors sur la terrasse prendre l'air. Quelque soit le temps, je contemple le Luberon de l'autre côté de la Durance, il m'arrive de veiller jusqu'aux première lueurs de l'aube qui viennent découper les crêtes de la montagne sur le ciel. Ceci pour vous dire que je le connais par coeur ce paysage.

— C'est le Luberon qui vous amène au Journal de si bonne heure M.Daumas.

— Ne vous moquez pas Francis, cette nuit j'ai vu plusieurs ovnis survoler le vallon du "Portalas", c'était un vrai ballet avec des rayons de lumières dans tous les sens.
Cela a duré au moins une demi-heure puis plus rien.

— M.Daumas vous me dites que dormez mal.  Etes vous sûr de ne pas vous être assoupis sur la terrasse, vous avez peut-être rêvé.

— Mon caméscope il a rêvé peut-être ! Le voisin de ses parents vient de poser sur la table l'appareil  qu'il vient de sortir de sa sacoche.

— Vous pouvez regarder sur l'écran du viseur, l'idéal c'est de brancher une  TV.

Francis Delaigues, met en marche l'appareil et visualise les images tournées par M.Daumas, tout correspond à son descriptif.

— C'est trop petit sur le viseur, je vais chercher une TV portative au service des sports, attendez moi ici.

— Je vous avais dit qu'il fallait une TV !

Le Journaliste revient avec une TV dans les bras, ainsi qu'avec un collègue du service des sports.

Les branchements effectués tous les trois s'installent pour visionner les images de M.Daumas.

— Qu'elle heure était-il quand vous avez filmé ? interroge le collègue de Francis.

— Regardez vous -même, c'est sur le film ! L'appareil met automatiquement l'heure et la date

— Donc il était 2h30 ce matin si je lis bien !

— Tout à fait j'étais déjà debout depuis 2h, quand j'ai commencé de voir les premières lueurs, j'ai eu l'idée d'aller chercher le caméscope, c'était surtout mon épouse qui l'utilisait. Je l'ai calé sur la rambarde de la terrasse, j'ai zoomé un peu sur le vallon et j'ai appuyé sur "enregistrer".

J'ai arrêté bien après que les lumières  cessent leur ballet, j'ai encore attendu 1/2 heures, mais j'ai du me résoudre à rentrer je commençais d'avoir sommeil !

Sur les images apparaissent effectivement des rayons de lumières qui dansent au-dessus du vallon. Il n'y a que ces raies lumineuses de visibles, le caméscope n'a enregistré que ces traces lumineuses le reste est complètement noir.

Les deux journalistes se regardent dubitatifs.

— Ce sont peut-êtres des lasers de boite de nuit qui zèbrent le ciel, avance le collègue de Francis.

— Vous me prenez pour un imbécile, Monsieur ! On voit bien que vous ne connaissez pas le secteur sinon vous ne diriez pas de telles âneries s'emporte le M.Daumas. La- bas il n'y a rien, ni maison et encore moins de boite de nuit, vous êtes dans le Parc Naturel Régional du Luberon.

— Calmez-vous M.Daumas, mon collègue formulait une hypothèse.

— Je vous déjà dit que je dormais mal et peu les nuits. Les lasers des boites de nuit je connais, ça vient du sol, si il y en a et illuminent les nuages. Sur le film si vous regardez bien les raies de lumières semblent venir du ciel pour se diriger vers le sol. Si je dis OVNI c'est que pour moi ça correspond à des ovnis, objets non identifiés.
— Bon d'accord, M.Daumas pouvez-vous me confier votre enregistrement, je souhaiterai le confier à un professionnel de l'image, pour l'authentifier et surtout voir si on peut tirer quelques informations sur le type de lumière, repérer l'endroit où se trouvaient les lumières.

— Merci Francis, je vous laisse même mon appareil, concernant l'endroit je sais très bien où c'est, même de nuit , je l'ai encore regardé ce matin aux jumelles.

— M.Daumas dès que j'ai fais analyser tout ça je vous rappelle et on va voir sur place, ça vous va ?

— Super, merci Francis de m'avoir pris au sérieux.

Si cela n'avait pas été Daumas le voisin et ami de ses parents, Francis n'aurait peut-être jamais jeté un oeil aux images apportées.

Mais là, devant la force du témoignage et les images quand même assez troublantes car inexplicables à priori, il décide d'appeler un collègue à France 3, Marseille, Thomas Duteil,  chef opérateur vidéo, pour lui montrer les images et ce qu'il en pense.

Le rendez-vous fût pris le surlendemain, Francis lui apportera le camèscope et la cassette en personne.

— Bonjour Francis, il faut vraiment un évènement exceptionnel pour que tu descendes à Marseille, depuis que tu travailles à Vaucluse Matin on ne se voit plus.

— Tu as raison Thomas, le travail, la famille le quotidien on se fait vite mangé et on oublie les copains.

— Alors tu me les montre ces images d'ovnis !

— Oh ! Tu sais, moi ça ne me branche pas trop ces histoires d'ovnis, si ce n'était ce brave voisin de mes parents que je connais depuis tout  gosse, je n'en t'aurai même pas parlé.

— Et tu ne serais encore pas venu à Marseille, plaisante Thomas, en branchant le caméscope sur sa table de montage pour enregistrer les fameuses images.

— Tu as raison cela fait une bonne occasion de se retrouver

— Il est bien équipé ton voisin son petit camèscope sony est d'une bonne qualité, ça change des films tournés avec les smartphones qui sont souvent horribles. On est parfois obligé de les passer aux "actus" car on a rien d'autre sous la main.

— Tu penses pouvoir en tirer quelque chose.

— Oui, déjà comme l'image est bonne on va pouvoir zoumer à l'intérieur, cela nous permettra de voir ces lumières de plus près.

— Perso ce que je vois ce sont des lumières qui de baladent dans la nuit. On ne voit pas à quoi elles sont raccrochées et se dirigent vers le sol.

— Je vais extraire une de ces lumières pour la grossir et la travailler. Tiens ! Regarde ces faisceaux ont une température de couleur tout à fait comparables à nos lampes LED que nous utilisons maintenant pour éclairer les tournages.

— Tu penses à des projecteurs ?

— On va essayer de voir ce qu'ils éclairaient, si il y avait des lumières c'est bien pour éclairer quelque chose.

— Moi je ne vois rien sur ces images au sol c'est tout noir.

— Normal, pour tes yeux c'est tout noir, mais les capteurs des camèras captent, selon leur sensibilité bien sûr, des reflets de lumières,  souvent le noir n'est pas vraiment noir. Je vais traiter l'image pour essayer si ce noir veut bien se dévoiler un peu.

— Super, on commence d'apercevoir la cime des arbres par endroit, c'est extraordinaire ton appareil.

— Tu pourrais presque faire la même chose avec ton ordi, il faudra que je t'apprennes.

— On peut continuer !

— Maintenant que j'ai appliqué l'effet qui nous permet de distinguer un peu la forêt et la ligne de crêtes en arrière plan, je vais propager cet effet sur toutes les images du film, ça va prendre un petit moment, cela représente beaucoup de calculs, heureusement que nous sommes équipées de "babasses puissantes".

— Tu penses obtenir quoi avec ce traitement ?

— Sur le film de ton petit père Daumas, on ne voit que des rayons lumineux qui se baladent sur un fond noir, de fait sans repère difficile déjà de voir si ces rayons sont sur un même plan, si ils avancent, reculent etc.. Après traitement j'espère que l'on commencera à les voir évoluer dans un paysage.

— Thomas il me vient une idée, pendant que ta "babasse mouline", j'aimerai voir si par hasard les voitures "Google" qui filment les routes pour street-view ne sont pas passées sur la route située dessous la propriété du voisin de mes parents de chez lui la route est à 100 mètres.

— Tu penses à quoi Francis exactement ?

— Daumas m'a indiqué qu'il a posé le caméscope sur la murette de sa terrasse en direction du vallon du Portalas. Si les voitures sont passées en dessous de chez lui, on pourra obtenir le paysage vu de sa terrasse et ainsi comparer avec les images de ta console de montage.

— OK, viens j'ai l'ordi dans le bureau à côté.

Francis, qui connait bien sur l'adresse de M.Daumas, tape les coordonnées dans Google Maps et là, mais il en était presque sûr, toutes les routes du Luberon sont quadrillées par les voitures Google, apparait la route qui passe dessous la maison.

— Ton idée était bonne, Francis, il ne nous reste qu'à effectuer plusieurs vues en zoomant sur le massif forestier, ce ne sera très net, mais cela sera suffisant pour faire du repérage. Je transfert les copies d'écran sur le réseaux interne, je vais ainsi les récupérer sur ma "babas".

Le temps de leur recherche sur le web, la machine de Thomas vient de terminer la propagation de l'effet demandé à tout le film. Celui-ci, après avoir réalisé une copie de sauvegarde de toutes les données, lance le film.

— Ah, voilà qui est mieux s'exclame Francis, au moins on aperçoit ce que survole ces lumières.

— On voit même assez bien, regarde lui indique thomas, ces lumières traversent même les feuillages des arbres, elles ne sont pas du tout tronquées comme on pouvait le penser à la première vision.

— C'est étonnant, on dirait que les lumières se regroupent pour aller dans une même direction !

— Francis je vais superposer les copies d'écran que l'on vient de prendre du paysage avec le film, maintenant que l'on distingue les crêtes au-dessus de ces lumières.

Après quelques tâtonnements, Thomas arrivent à faire correspondre l'horizon du Luberon vu de jour avec celui du film, désormais ils peuvent savoir exactement l'endroit que survolait les lumières captées par M.Daumas.

— C'est bien la vallée du Portalas, il avait raison ton petit père ! S'exclame Thomas.
Mais si tu veux mon avis, ces lumières n'ont rien d'objets volants non identifiés. Regarde je viens de faire un arrêt sur image, les rayons vont deux par deux avec un écartement similaire, j'ai repéré en fait 4 paires de rayons.

— Tu penses à quoi Thomas ?

— A des drones munis de projecteurs, et si ce sont bien des drones, ils étaient à la recherche de quelque chose, dans ces taillis qui couvrent la montagne.

— On tient enfin une explication logique, mais Thomas, ces drones ils doivent être gros et puissants pour porter des projecteurs !

— Maintenant il existe de superbes machines, France 3  en possède une qui embarque une caméra déjà lourde. Il en existe des plus grosses encore sur le marché sans parler de ceux de l'armée. Ce ne sont pas des joujoux, je peux te l'assurer.

— Tu viens de me dire que les rayons vont par paire, comme on peut estimer la distance où opéraient ces drones, on doit pouvoir obtenir une idée du diamétre de ces engins.

— Effectivement, Francis, il va falloir que je ressorte mes cours de trigonométrie, mais ça se calcule.

— Alors au boulot !

Les deux amis viennent de se prendre au jeu pour découvrir l'énigme de ces rayons lumineux.

— Voilà , Francis, si mes calculs sont justes avec une marge d'erreur de plus ou moins 10 cm , ces drones devaient mesurer entre 1,50m et 1,70m, entre les projecteurs, cela représente déjà de belles machines et il y en a quatre. Je ne sais pas qui les fait voler mais il dispose de moyens importants. Faire voler des drones de nuit c'est une sacré logistique, du matériel et des professionnels aguerris. Cela s'apparenterait  plus à une opération militaire.

— Thomas je viens de faire une connexion. C'est dans ce vallon, il y a 8 jours que l'on a découvert les corps de deux malheureux randonneurs dévorés par un fauve ou une bête énorme, peut-être un sanglier, enfin on ne sait pas encore trop ce que sait. Les autorités ont peut-être  découvert quelque chose et réalisées une opération nocturne pour la capturer sans affoler les populations.

— Oui je m'en souviens bien ! Nous n'avons pas pu faire d'images, ni approcher les familles, c'était le "black out" sur cette affaire. Tu comptes aller voir ce que les drones ont survolé ?

— Un peu, mon gars, j'y fait un saut dès cet après-midi !

— Francis, verrais-tu  un inconvénient à ce que je t'accompagne avec un caméraman ? J'en parle à mon rédac chef, ça m'étonnerait qu'il y soit opposé compte tenu des éléments que nous avons. Mais c'est à toi de décider, c'est quand même toi qui est au début de ce coup là.

— Il faudrait que j'en parle aussi à ma hiérarchie, je verrai, une fois qu'on sera sur place, si  on ne trouve rien, ça m'évitera des remarques. Si on débouche sur quelque chose, on trouvera bien un accord entre nos rédactions.

Thomas et Francis se séparent pour le déjeuner, le temps que le journaliste de France 3 obtienne le caméraman souhaité. Ils se donnent RV sur le parking des studios de la chaine à 14h.

Le trajet Aix en Provence-Mérindol leur prend environ 45 minutes. Les voitures s'engouffrent en direction d'un hameau d'où part le sentier qui grimpe au Portalas.

Thomas descend de sa voiture une tablette en main.

— J'ai installé sur mon IPAD les copies d'écran d'hier et de plus elle est connectée en 4G, cela va nous donner un idée très précise du lieu où nous sommes par rapport à la situation des drones que nous avons détectés.

Le collègue de Thomas commence de réaliser quelques panoramiques sur la montagne du Luberon.

— Nous n'avons qu'un chemin devant nous, il serait plus prudent de laisser les voitures au hameau, de toute façon ces maisons semblent bien fermées pour l'instant.

— Je ne sais ce que vous en pensez les gars, mais j'ai l'impression que ce chemin a été élargi par des tracteurs récemment, fait remarquer le caméraman, en montrant les buissons complètement écrasés de chaque côté du sentier.

— En tous cas les drones avec leurs projecteurs devaient se trouver dans cette direction, continuons, nous pourrons peut-être rejoindre l'endroit où tout c'est arrété, car les lumières se sont bien éteintes, M.Daumas a continué de filmer au moins 10 minutes après leur disparition et il n'y a plus aucune lueur pendant ce laps de temps.

— Tu as raison Thomas avançons, déjà ce chemin élargi, cela semble bizarre, quand l'ONF trace des coupe feux, tout est bien nettoyé avec des engins de chantier.

— D'après la situation que j'ai calculé et notre position GPS nous devrions approcher de l'endroit où les lueurs ont cessé de briller.

— Je me demande bien ce que ces drones, enfin si ce sont des drones d'après vos déductions pouvaient bien chercher de nuit, ici dans ces collines couvertes de garrigue et petits chênes, interroge le caméraman.

— Nous n'avons aucune certitude mais il se pourraient bien que ce soit lié à l'horrible découverte des randonneurs au Portalas, souligne Francis.

— Hé ! Apostrophe Thomas ! Regardez le sol les gars, je ne sais pas combien il pouvait y avoir de véhicules ici, mais ils ont bien aplati la végétation, c'est une vraie clairière, on dirait presque un rond de charbonnier.

Le caméraman commence de faire quelques images, il repère des traces de pneus assez large et puis une tache brunâtre qui semble disparaitre sous la végétation.

— Thomas, Francis, venez, regardez cette grosse tâche elle part de la piste vers la végétation écrasée.

— Cela me semble vraiment du sang séché, d'ailleurs il y encore quelques mouches et fourmis qui s'agitent autour, précise Thomas.

— Entre les enregistrements de ces lueurs qui ne peuvent être que des drones, ensuite les traces que nous venons de découvrir,  je pense qu'il s'est déroulé ici des évènements inexpliqués. Thomas il me semble plus prudent d'alerter la police sur ce que nous avons découvert ici, je connais bien le commissaire d'Apt.

— Ok ! Tu as raison, appelle le, nous avons suffisamment d'images pour le convaincre.

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