La solitude

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Ce jour là, comme chaque soir à l'époque, à peine rentré à la maison, je me précipitai sur l’ordinateur.

Bon, d’accord, je passais déjà mes journées les yeux rivés sur un écran pour le boulot, mais ça n’avait rien à voir. Là, c’était pour le plaisir. Enfin, disons plutôt que ça concernait la vie privée, afin d’éviter les malentendus.

Ma première tâche, tout en passant des vêtements confortables, était de vérifier ma boîte de courrier électronique. Celle-ci comportait, parmi de nombreuses publicités non sollicitées, plusieurs alertes des sites de rencontres auxquels j'étais abonné.

Ensuite, j'allais consulter ces sites, pour savoir qui pouvait bien s’intéresser à moi, ou vers qui le moteur de recherche pouvait m'orienter, en fonction de ses critères plus ou moins arbitraires.

Jusqu’à ce jour, la vie ne m’avait pas gâté en termes de relations amoureuses. Rien de très sérieux ni de très long. En cause, ma timidité maladive, de laquelle j'éprouvais bien des difficultés à me débarasser, et peut-être aussi un physique, si ce n'était désavantageux, du moins pas des plus attirants. Enfin, c'est comme ça que je me voyais.

Désirant profiter des outils mis à ma disposition sur la toile, je m'étais laissé tenter, sur les conseils de ma sœur, qui a trouvé chaussure à son pied sur l’un des plus célèbres sites de rencontres. Très vite, j’avais compris que pour multiplier mes chances, je ne devais pas me limiter à un seul. Et encore plus vite, j’avais compris que chacun avait un public assez ciblé.

Je parcourai les profils avec une rapidité qui me sidérais parfois, quand je réalisais que derrière chacun se cachaient de vraies personnes, et pas seulement quelques mots et une photo soit honnête soit flatteuse.

Certains sites permettaient sans payer de recevoir des messages de la part d’autres membres. De cette manière, j'avais régulièrement des propositions, pour la plupart très stéréotypées et pas souvent alléchantes par rapport à mes propres critères.

Chaque fois que je voyais passer une adresse MSN, par réflexe, je l’ajoutais à ma liste d’amis. On verrait plus tard lors d’une séance nettoyage pour enlever celles qui ne servaient pas.

Attention, j'étais un minimum prudent. J’avais créé un compte spécialement pour ces contacts, ne dévoilant pas ma véritable identité, et ne perturbant pas mon compte principal. Mon pseudo était Bibado, un nom que j’avais trouvé quelques années auparavant à l’occasion d’un jeu de rôle, et que j’utilisais, quand il était disponible, partout où je ne voulais pas mettre mon vrai prénom.

Discuter avec ces inconnues, parfois très succinctement quand ça ne collait pas du tout, ou toute une soirée si ça accrochait un peu plus, m’occupait pas mal de mon temps libre. ça rompt la monotonie de ma solitude.

Parmi les adresses MSN que j’ajoutai ce jour-là, il y en eut une, qui n’attira pas particulièrement mon attention : olivia_pardon@hotmail. fr

Ensuite, je parcourai les nouveaux profils, et procèdai à des « clins d’œil », « flashs » et autres « coups de cœur » en fonction du terme utilisé sur le site concerné.

J’envoyai même quelques messages à certains profils qui m’avaient particulièrement intéressé, autant de victoires sur ma timidité séculaire.

L’anonymat et l’absence de contact physique que procurait internet me permettaient de faire abstraction d’une grande part de ce défaut que je traînais comme un boulet.

Quelques jours plus tard, Olivia a commencé à se connecter sur MSN.

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