Le Pendu

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J'étais tranquille chez mes grands-parents quand il est arrivé pour me pourrir la vie. 

Très rapidement, je l'ai appelé Le Pendu.

Ok, je plante le décors pour que vous compreniez.

Première semaine des vacances d'été, je suis en train de décompresser de mes quelques jours d'examens et de mes quelques mois de révisions (bah! oui, brevet oblige). Quand je suis chez mes grands-parents, je couche dans une chambre en bas, la seule au rez-de-chaussée d'ailleurs. Cette pièce m'est réservée, en quelques sortes, et est plutôt simple, avec un lit, une table de chevet, une petite armoire, un miroir et une photo encadrée. Cette photo, c'est Le Baiser de l'Hôtel de ville, de Robert Doisneaux, et elle date de 1950 (enfin, c'est ce qu'il y a marqué). Evidemment, elle est en noir et blanc (c'est 1950 tout de même!) et représente un jeune couple s'embrassant dans une foule (pas très dense la foule, mais bon). J'avais toujours aimé cette photo, je la trouvais... je sais pas trop, romantique je crois. En plus, elle est au-dessus du lit et juste en face du grand miroir, alors, le soir, je me plaisais à les regarder s'embrasser. Sauf que bah voilà, je n'avais jamais remarqué, en presque 10 ans, la silhouette derrière le couple. Juste devant le lampadaire se tient une personne, homme ou femme, je ne peux pas le savoir car elle est enveloppée d'une longue cape sombre et un peu floue sur la photo. Je me suis mise sur mon lit pour me mettre au même niveau et ai été surprise : cette personne n'a pas de pieds. Rien. Elle semble flotter. De plus, sa tête pend en avant comme celle d'un pendu. 

J'avoue, ça m'a fait flipper. En plus, c'était le soir, juste ce qu'il fallait pour mal dormir. Le lendemain, j'avais à peine dormi, mais Le Pendu semblait avoir quitté mes pensées. Mais c'était sans compter sa fourberie. Mon regard s'est perdu dans le miroir et puis, du coin de l’œil, je l'ai revu. 

Et le voilà qui poireaute dans mon esprit toute la journée, jusqu'à mon coucher. Et lorsque j'éteins, il revient à l'assaut. Encore une nuit hantée de cauchemars. 

Je ne pensais pas que je pourrais refaire une nuit tranquille de la semaine, et pourtant...

Au matin, je me suis confrontée au Pendu. Cela peut vous paraître légèrement dérangé ou même carrément fou, mais affronter ses peurs, ça peut permettre de les faire disparaître. C'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé.

Le Pendu et moi, on était en de bons termes durant les trois jours qui ont suivi.

Et à ma sixième et dernière nuit, alors que je venais d'éteindre, j'ai entendu un très léger froissement de tissus. Certaine que le rideau faisait des siennes, j'ai allumé ma lampe de chevet. Rien. Ok, j'étais fatiguée. J'allai à nouveau éteindre lorsque mon regard a été attiré par la photo. Je me suis figée. Le Pendu n'était plus là! 

Un nouveau froissement s'est fait entendre. J'ai tourné la tête, sûre que le rideau allait m'entendre. Dans l'angle, une cape noir, une silhouette floue, des bras tendus en avant... Le Pendu! 

J'étais tranquille chez mes grands-parents quand il est arrivé. 

Très rapidement, je l'ai appelé Le Pendu. 

Mais je le suis devenue. Maintenant, c'est moi, La Pendue, derrière le couple, qui attend son tour, sa victime afin d'être libérée du cadre.

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