Deuxième voyage (9) — Le calme avant la tempête

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Hedera helix


 Je me réveille en sursaut sur le lit de la chambre étudiante. Mon corps tremble, comme si le froid m’enlaçait. Qu’est-ce que c’était ?! Je n’ai pas rêvé, il y avait des gens dans les piliers ! Avant de partir, l’Avarice m’avait autorisé à voir la fin du conte. C’est donc ainsi qu’il se termine ? Quelle horreur ! Les villageois sont prisonniers dans cet immense couloir ! D’ailleurs, je me demande si toutes les colonnes du bâtiment contiennent chacune un corps humain. Si c’est le cas, combien de personnes seraient enfermées dans ce sanctuaire ?! Dire que je suis passée allégrement devant ces structures, c’est répugnant ! Jamais je n’aurais pensé une telle chose de la Naissance, j’en revient même à la considérer comme mon ennemie. Plutôt que de me sauver, voulait-elle me frigorifier ? Pourquoi a-t-elle fait ça ? Que suis-je pour elle ? Comment considérer notre discussion ? Qui est-elle vraiment ?!

 Des mains chaudes se posent sur mes épaules, je sursaute de peur avant de remarquer la présence de mon partenaire. La surprise et le doute me figent sur place, suis-je vraiment de retour à la dimension originelle ? Mon regard se pose avec insistance sur le Désastre, son visage ne présente aucune trace de Lierre grimpant. Le soulagement allège mon esprit, je suis enfin aux côtés de Gangrène.

  • Tout va bien ? demande-t-il avec étonnement.

Enfin, cette horrible expérience s’est terminée, je ne suis plus en train de fuir, en train de douter. L’émotion me fait verser quelques larmes, je suis incapable de les contenir.

  • Qu’est-ce qui ne va pas ? reprend le Désastre avec affolement, tu as mal quelque part ?!

Cette réaction me fait un bien fou, comme si ce maigre voyage n’avait jamais existé, et que tous ces événements n’étaient ni plus ni moins qu’un mauvais rêve. Décidément, il n’y a qu’avec mon partenaire que je me sens en sécurité. Je voudrais le toucher, m’assurer que cette silhouette est bel et bien la sienne. Mes bras s’avancent vers son torse, je me serre doucement contre lui. Gangrène sursaute légèrement, je pose ma tête sur son épaule. Son corps est chaud, c’est réconfortant, rien à voir avec le froid glacial qui m’emprisonnait les cordes vocales.

 Finalement, je reprends mes mauvaises habitudes. Même si je suis de nouveaux aux côtés du Désastre, je continue de fuir. Quoi que je fasse, quoi que je pense, ce qui s’est passé était une autre part de la réalité. Où que j’aille, cela ne changera pas le monde, ma peur ou encore le fait que l’on veuille me tuer.

 L’émotion revient inonder mes paupières, je resserre mon étreinte, tentant de cacher ces pleurs. Gangrène n’effectue aucun mouvement, les mains toujours posées sur mes épaules.

  • Dis-moi tout Hedera, continue le Désastre avec une voix hésitante. Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as fait un cauchemar ?
  • J’aurais aimé que tout ça ne soit qu’un rêve, déclaré-je en tremblant. Désolée de t’avoir fait peur, je suis juste heureuse de te retrouver.

Après avoir dicté ces mots, mon partenaire recule avec force mes épaules, mettant fin à mon étreinte désespérée. Je me retrouve face à Gangrène, le visage mouillé de larmes. J’ai honte, même dans ces moments je ne peux cacher ma propre faiblesse. Dire que je suis sensée être une partenaire sur qui l’on doit compter, et voilà que je me jette dans les bras du Désastre comme une pauvre gamine.

  • Il me semblait bien que ton sommeil n’eût rien de réparateur. Raconte-moi tout Hedera. Que s’est-il passé ? dit Gangrène en accentuant sa dernière phrase.

Je ne peux même pas dire non face à une telle demande. Tout ce que je veux, c’est me libérer de cette expérience, mais aussi la comprendre. Et pour cela, je suis sûre que mon partenaire saura m’aider. Sans retenue, je lui explique les événements produits depuis mon premier réveil. Gangrène m’écoute avec une oreille attentive, sans rien ajouter. Aucun élément n’est laissé de côté, y compris le passage avec l’imposteur qui s’est fait passer pour lui. Une fois mon explication terminée, le silence recouvre la pièce.

 Mon regard se pose avec curiosité sur le Désastre, son visage est plongé dans une profonde réflexion. Un maigre soupir s’échappe de ses lèvres puis me regarde avec compassion.

  • Ce devait être très dur, je comprends mieux ton état maintenant. Merci de m’en avoir parlé.
  • Tu n’as pas d’avis sur ce que je viens de te raconter ? demandé-je.

À l’écoute de ces mots, le regard de mon partenaire se plisse, laissant sur son visage une expression désagréable.

  • Il est vrai que toute cette histoire paraît incroyable, mais je te crois. Au fond, j’ai beaucoup de questions à te poser. Néanmoins, je préfère me focaliser sur l’essentiel. Hedera, je pense que tu devrais porter attention à l’avertissement de cette… Avarice.

J’apprécie l’ouverture d’esprit de mon partenaire. J’ai beau lui cacher de nombreuses choses, il les accepte en essayant de comprendre. Ce comportement est exemplaire pour ceux qui traversent les mondes. Je devrais d’ailleurs l’appliquer, tout comme lui, je vais me concentrer sur le plus urgent.

  • Tu es sérieux ? l'interrogé-je. Tu penses que Taxus est une menace ?

L’obscurité sur le visage du Désastre s’intensifie.

  • Je ne suis pas certain, mais ce genre de déclaration n’a rien d’étonnant, dit-il avec une expression douloureuse. Hedera, il faut que tu saches que pendant une partie de ton sommeil, j’ai eu une discussion avec Taxus.

La surprise s’installe allégrement sur mes traits, mon partenaire continue :

  • Cette fille est fourbe, je te conseille de ne pas t’en approcher. Néanmoins, grâce à elle j’ai pu me rendre compte de certaines informations. Le mal de monde qui fait revenir tes souvenirs peut être résolu si nous quittons ce monde pour un autre, n’ayant aucun lien avec ton passé, ou bien si tu rentres à la base. De plus, à en croire ses paroles, la malédiction ici serait bien problématique.

Heureusement que Gangrène a su obtenir ces informations, cela nous facilite les choses. Cependant, j’ai comme l’impression qu’il manque quelque chose à cette histoire. D’après les dires du Désastre, Taxus serait une personne fourbe, comment l’a-t-il constaté ? La première impression qu’il avait d’elle était plutôt positive.

  • C’est tout ? demandé-je douteuse. Vous avez seulement discuté de ces sujets ?

L’orbite de mon partenaire s’agrandit subitement, ses lèvres se resserrent. Son regard risque de me fuir une fois de plus. Cette réaction est la même que celle dans les toilettes à notre arrivée. D’ailleurs, il avait réagi ainsi quand je lui avais posé une question sur les Désastres, auraient-ils donc parlé de ce sujet ? Dans un sens, ce genre de situation m’énerve. Gangrène peut discuter de ce qu’il veut avec Taxus, mais se réserve en ma présence ?

  • Je voudrais t’en parler, reprend le Désastre après un long silence. Cependant, je préférerais le faire après notre mission dans ce monde.

Serait-il en train de se rattraper ? Ou s’agirait-il d’une excuse ?

  • Pourquoi donc ? dis-je avec une légère froideur.

Une lueur inquiète envahit son œil, qu’il pose sur ma personne.

  • Je voudrais m’assurer que tu sois en bonne santé, plus nous perdons du temps ici et plus tu risques de te sentir mal.

Ces paroles me surprennent au plus profond de mon être, j’ai même l’impression que les battements de mon cœur s’amplifient. Gangrène s’inquiète… pour moi ? Cette émotion m’avait manqué, elle me rappelle mon tuteur.

— Tu te sens encore mal Hedera ? Ton visage est rouge.

  • C-C-Ce n’est rien, déclaré-je avec un léger affolement. C’est juste que…oui ! La chaleur ! j’ai chaud sous cette couette !

Quelle chance j’ai eu de trouver une excuse aussi rapidement ! Néanmoins, quelque chose ne va pas avec mon raisonnement. Gangrène et cette personne sont très différentes, comment ai-je pu les comparer ?

 Je sors de mes draps, laissant échapper un immense gargouillis du creux de mon estomac. Après toutes ces péripéties, j’en suis venue à oublier ma propre faim. Je n’aurais jamais cru pouvoir expérimenter une telle chose avant de partir en mission. Mes mains se dirigent vers mon sac de voyage, cherchant les rations de survie que j’y avais déposé. Après avoir saisie une salade en boite, mon partenaire m’interpelle :

— J’avais presque oublié de te rendre tes trucs, je les ai utilisés sous la douche.

Dans ses mains tendues se trouvent mon savon, le shampoing solide et une éponge. Il est vrai que je lui avais dit de se laver pendant que je me reposais. D’ailleurs, lorsque je l’ai enlacé de manière désespéré un peu plus tôt, je n’ai pas été gênée par une odeur particulièrement forte. Je récupère mes objets puis renifle légèrement l’air autour de mon partenaire.

  • Jamais je n’aurais cru dire ça un jour, mais tu sens bon Gangrène, c’est un miracle ! m’écrié-je étonnée.

Son visage se teint aussitôt d’une expression vexée, le mépris planant sur son regard.

— J’aurais aimé un compliment plus sincère et nettement moins moqueur.

Je ricane sans retenue, jetant un regard furtif à mon partenaire, celui-ci a une nouvelle fois changé d’expression. Désormais, son visage arbore un sourire bienveillant, lui donnant un air beaucoup plus doux. Ma moquerie est aussitôt remplacée par de la curiosité, le Désastre continue de me regarder, sans dire le moindre mot.

 J’aimerai lui demander la raison d’une telle expression, et pourtant je me retiens. Gangrène est capable de me comprendre par l’observation, je devrais m’entraîner afin de réaliser des prouesses similaires à l’avenir. De cette manière, je serais bien plus sûre en tant que partenaire. Voyons voir, que pourrait bien se cacher derrière ce regard si doux ? D’ailleurs, je me demande si son visage présente une expression brute ou bien un message caché ? Oh non, rien que d’y penser je me sens perdue. Je ne connais pas assez bien le Désastre pour prendre une décision. Minute, son attention est posée sur ma personne, qu’est-ce qui pourrait bien lui donner une telle douceur ?

 Je pose les yeux sur la conserve que je tiens dans ma main droite, mais bien sûr ! Comment puis-je être aussi impolie ? Je me sers moi-même à manger, sans rien proposer à mon partenaire. Après toutes ces aventures, il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’il ait faim lui aussi ! C’était donc ça le message derrière cette expression particulière.

— Tiens, m'exclamé-je en lui tendant la salade, tu peux l’avoir !

L’air bienveillant de Gangrène est aussitôt chassé par l’incompréhension.

— Que…quoi ? demande-t-il perdu.

— Tu me regardais d’un air étrange, c’est parce que tu as faim non ?

Mon partenaire cligne son œil de surprise, en reculant légèrement sa tête.

— Je te regardais ? reprend-il légèrement confus.

— Oui, c’est ce que je viens de dire, répliqué-je avec une légère impatience.

Décidément, je ne suis pas prête de le comprendre. Tant pis, cela ne sert à rien de rester sur cette conversation, mieux vaut penser à des choses bien plus importantes.

 Je pose la conserve entre les mains de Gangrène avant de reprendre une autre salade. Je l’ouvre rapidement et mange avec hâte le contenu. Le Désastre observe d’un œil incompris la petite boite en métal.

— Tu n’étais pas obligé, soupire-t-il. Je peux vivre sans ingérer ce genre de choses.

Ma mâchoire se referme sur la fourchette en plastique présente dans ma bouche. Je pose mon repas sur le lit et ouvre la conserve de Gangrène.

— Tu chais, ché génial de manger les maléfiches, commencé-je avec le couvert dans la bouche.

Je retire la fourchette avec allégresse et reprend :

  • Mais de temps en temps, il faut savoir profiter de la cuisine normale, celle qui nous laisse un bon goût. C’est bien pour le corps, mais aussi pour le moral. À part, si tu n’aimes pas ce plat, bien sûr.

Le visage du Désastre arbore un léger sourire, le regard teinté de tristesse.

— Tu as raison, merci pour le repas, je vais le manger.

Je reprends d’un air satisfait mes légumes, terminant avec vitesse la conserve. Au final, même pendant nos pauses Gangrène garde ses secrets. Son regard triste et ces mots qu’il vient de dicter, j’aimerai bien savoir ce qu’ils cachent.

 J’ai beau penser ça, ce n’est pas mon intention de fuir la situation, je dois trouver une solution au labyrinthe dans lequel j’ai posé pied. Pour cela, le mieux serait de résumer tous les éléments du problème. Taxus baccata aurait cherché à m’embobiner afin de me tuer. J’ignore totalement la raison, à ce sujet l’Avarice n’a pas lâché le moindre mot. En revanche, elle m’avait parlé du fait qu’il était impossible que j’évite la menace que représente cette fausse collègue. Si je me rappelle bien, la Naissance avait déclaré : « La boueuse te collera jusqu’à ce que mort s’ensuive, même lorsque tu ne la vois pas ». Dit comme ça, ces paroles m’ont l’air métaphoriques, voir même complètement illogiques.

 De plus, Taxus n’était pas présente pendant mon sommeil et il n’y avait d’ailleurs aucune raison qu’elle m’observe en silence. Grâce à Gangrène, cette fille ne pouvait pas me voir. Si vraiment elle cherchait à me tuer, alors ne tenterait-elle pas de rester le plus possible à mes côtés ? Mon professeur m’avait dit un jour : « garde tes amis près de toi, et tes ennemis encore plus prêt ». Ce qui se coordonne avec les mots de l’Avarice, et pourtant, rien de cela ne correspond au comportement de Taxus.

 De cette manière, je ne vois pas de problème pour l’esquiver, puisque l’on ne se croise pas. Malgré tout, je ne peux ignorer l’avertissement de la Naissance, même si ces actions sont plus que douteuses. Et Gangrène dans tout ça ? Pourrait-il m’aider à atténuer la menace que représente Taxus ? Je me rappelle que l’Avarice avait lâché quelque chose à propos du Désastre. Elle avait affirmé que si j’étais encore en vie, c’est grâce à lui. Après tout, je suis l’unique cible de Taxus, ce qui veut dire que Gangrène ne risque pas de mourir à cause d’elle. Je me demande, pour quelle raison ? Serait-ce à cause de sa nature ? Le Désastre est l’unique représentant de son espèce, personne ne gagnerait à le perdre. Auquel cas, les malédictions proliféreraient dans l’Univers.

 Ce qui veut dire que Gangrène est le meilleur bouclier à ma disposition, reste plus qu’à savoir comment l’utiliser. Et c’est sur ce point que je dois redoubler de prudence. Si j’en crois les paroles de l’Avarice, alors Taxus et elle seraient des personnes de la même nature. La Naissance m’avait laissé une très forte impression. Son pouvoir glacial, ses mots, ce n’est certainement pas humain ! Étrangement, j’ai comme une vague impression de déjà-vu. Comme si je connaissais au fond de moi une histoire avec des personnalités similaires. J’ai beau forcer, rien ne me vient à l’esprit. Pour l’instant, je vais juste garder cette sensation en tête.

 Je lâche un soupir exténué, le problème de Taxus est bien trop flou, si seulement son mobile était clair. D’ailleurs, cette situation n’aide pas notre mission, nous sommes ici pour vaincre la malédiction.

  • Dis-moi, Gangrène, tu me disais plus tôt que tu avais des informations sur le maléfice de ce monde, c’est la vérité ? l’interrogé-je.

— Je tiens toutes mes sources de Taxus, mais elle n’avait pas l’air de mentir.

Mon esprit reste bloqué sur les paroles du Désastre. Qu’est-ce qu’il a dit ? Je crois que c’est le mot « source ». Pourquoi est-ce que cette sensation de déjà-vu revient ?

  • D’après elle, reprend mon partenaire, je serais incapable de dévorer la malédiction, puisque celle-ci ferait la taille de la voûte céleste.

Je sursaute de surprise face à ces révélations.

  • C’est une plaisanterie ?! m’écrié-je paniquée. Les maléfices peuvent être aussi énorme ?! Et si sa taille est conséquente, est-ce qu’on ne risquerait pas quelque chose dans cette académie ?
  • Justement, je me posais la même question, répond Gangrène d’un air pensif. Apparemment, il y aurait une raison pour laquelle la mer dans laquelle nous sommes ne soit pas affectée. Cela dit, je me demande bien à quoi peut ressembler la surface.

Une telle réalité est effrayante, heureusement que les Désastres existent, même s’il n’y a plus qu’un seul représentant à l’heure actuelle. J’ai encore un mauvais souvenir de ma rencontre avec la malédiction de mon premier voyage, alors une chose aussi immense doit bien provoquer davantage de dégâts dans ce monde. Néanmoins, pourquoi cette mer serait à l’abri de la menace ?

— As-tu une idée concernant l’immunité du lieu ? demandé-je curieuse.

Gangrène fait non de la tête.

— Je n’ai pas pu avoir cette information.

Un soupir désespéré s’échappe de mes lèvres. C’est triste à dire, mais il nous manque énormément de choses pour réussir à mettre un terme à la menace de ce monde. Et la cause de tout ça, c’est moi. Mon rôle consiste à récolter des informations, et c’est Gangrène qui l’a fait à ma place. De nous deux, je suis la seule à communiquer avec les indigènes présent dans les mondes.

 Une révélation se présente aussitôt à mon esprit, cette idée peut paraître risquée mais cela reste une issue. Deux problèmes nous ennuient dans ce monde : Taxus et la malédiction. Normalement, les informations liées aux personnes présentes me reviendraient et le Désastre se chargerait du maléfice. Seulement, compte tenu des circonstances, cela ne nous donnera rien.

— Gangrène, commencé-je déterminée, j’ai une idée. Nous allons changer nos rôles.

— C’est à dire ? me questionne-t-il avec incompréhension.

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, cela me semble la situation la plus sûre.

— Je vais m’occuper de la malédiction, tandis que tu te chargeras de Taxus.

— Tu es sûre de toi ? répond-il avec doute. Sachant que je ne suis pas capable de la retenir.

Cette révélation soudaine me fait grincer des dents, mon geste fut rapidement stoppé par une annonce :

  • Tu tu tu tuuuuuuuuuuu ! Le cours concernant l’histoire marine de l’académie se déroulera dans l’Amphithéâtre Ukzim Zwarri, Je répète…

Mais oui bien sûr ! Nous sommes dans un lieu d’enseignement, et la couverture de ma « collègue » ici est l’apprentissage. Elle n’aura donc pas le choix de se rendre là-bas si elle veut paraître un minimum crédible.

  • J’ai trouvé ! déclaré-je avec force. Je vais m’occuper de distraire Taxus, tout en me renseignant sur la malédiction.

La désapprobation recouvre les traits du Désastre, visiblement dérangé par l’annonce :

— Tu plaisantes ?! Et si elle en profitait pour te tuer ? Laisse-moi au moins t’accompagner !

  • Je n’aurais pas besoin de ta compagnie, car il y a quelque chose que je voudrais que tu fasses, dis-je avec sérieux.

Mon partenaire concentre toute son attention sur ma personne, je continue :

  • Pendant que j’assisterai au cours avec elle, j’en profiterais pour la maintenir. Avec le monde autour, elle ne tentera pas de mouvement meurtrier. Pour éviter la moindre attaque, je resterais toujours dans la masse d’étudiants. En attendant, tu en profiteras pour fouiller l’appartement de Taxus et de découvrir la raison derrière sa volonté de me tuer. Si possible…

Jamais je n’aurais cru arriver à de telles méthodes. Décidément, une menace sur sa vie suffit à changer sa façon de voir les choses. Cependant, je préfère avoir une arme de mon côté.

— Trouve un moyen pour la faire chanter, terminé-je.

Cela peut paraître gros, néanmoins je n’ai pas de meilleure idée. Si seulement j’avais plus d’informations à disposition.

  • Tu as conscience des risques, n’est-ce-pas ? reprend Gangrène avec méfiance. Il se peut que tu ne puisses pas la maintenir, ou encore que je ne trouve rien. D’ailleurs, elle peut tout aussi bien nous prendre la main dans le sac.
  • C’est pour cela que l’on viendra en retard. En espérant que Taxus parte seule pour l’amphithéâtre. Nous frapperons au préalable à sa porte pour être sûre qu’elle n’est pas présente. Dans le cas contraire, j’utiliserai une excuse.

Mon partenaire soupire avec exaspération avant de répondre :

  • Permets-moi d’imposer une condition, nous utiliserons ces horribles annonces sonores pour nous repérer. À la prochaine sonnerie, nous nous retrouverons dans cette chambre, c’est bien clair ?

Je hoche la tête en signe d’approbation. Ce plan est extrêmement risqué, et pourtant Gangrène s’y sent concerné. J’espère sincèrement que tout se passera bien, et surtout que rien de tout cela ne sera vain.

 Je tapote mes joues avec énergie, remettant de l’ordre dans mes pensées. Le temps n’est pas à l’inquiétude, mais à l’action. La sonnerie a déjà retenti, ce qui signifie que notre mission commence. Je remets mes chaussures avec célérité tout en jetant un œil à mon sac. Après y avoir trouvé trois objets, je les tends à Gangrène.

  • Prends-les, déclaré-je, ce sont des bouchons d’oreilles. Cela devrait limiter la douleur que te procure l’écoute des indigènes. Insère-les dans tes conduits auditif.

— Et le troisième objet, demande mon partenaire, un pansement ?

Je souris, tout en lui collant de force le sparadrap.

  • Tu n’avais plus le bout du nez protégé, je préfère t’en remettre un. Les nécroses de ton visage peuvent attirer l’œil des curieux après tout.

— Merci, murmure le Désastre.

Mon regard se pose avec sérieux sur mon partenaire. Son iris croise les miens avec une expression déterminée. Après avoir posé les bouchons d’oreilles, Gangrène répond à mes attentes :

Je suis prêt Hedera, allons y.

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