Chapitre V - 1.

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 Perplexe. Confus. Touché. Juste là. Là où ça fait mal mais pas trop. Troublé plus que blessé, Thibault était bouleversé. Il aurait aimé ne pas douter devant cette histoire, devant ces mots. Ces mots si bien choisis et ces sentiments qui auraient pu être les siens aussi bien que ceux d’un autre. Un grognement qui sonnait comme un gémissement franchit le rempart de ses lèvres.

 Il était rentré immédiatement après la séance au parc. Il était trop impatient de lire ce que ce carnet contenait. Alors à peine avait-il enlevé ses chaussures, sa veste et défait les trois premiers boutons de sa chemise qu'il s'était installé sur son grand canapé d'angle en cuir noir, ses mots en mains.

 Son corps commençait presque à se fondre dans le cuir de l’imposant canapé. Plus de trois heures qu’il était assis là sans trouver le courage de se lever. Il ne faisait que lire, douter et relire. Il passait au peigne fin chaque lettre, chaque virgule, tentant en vain d’y voir un indice. Il attendait une révélation. Un passage qui lui indiquerait qu’il avait raison, qu’il n’était pas en train de devenir fou. Il se détestait de se laisser emporter ainsi par ce texte. Par elle. Encore une fois. Il l’entendait déjà rire en lui lançant à la figure une de ses répliques cinglantes. Franchement Thibault ? Comment as-tu pensé une seule seconde que tu allais dominer le jeu ? Il jeta le carnet sur la table basse et frotta plusieurs son visage dans ses mains. Elle avait raison. Il devait reprendre l’avantage et affronter la situation. Elle était le problème, alors elle serait la solution.

 Blottie dans un coin du sofa, Elisabeth essayait de déchiffrer la page 10 du livre qu’elle tenait entre les mains depuis de longues minutes. Mais son esprit refusait de se concentrer sur autre chose que sur les événements de l’après-midi. Elle se repassait la scène en boucle sans trouver de réponse à sa question. Pourquoi lui avait-elle donné son texte ? Rien ne l’y obligeait. Il n’avait pas ce pouvoir sur elle. Plus maintenant. Elle aurait pu résister. Trouver des arguments valables comme le fait qu’il n’était pas réellement son éditeur. Proposer de le donner à Silvia. Tout cela lui semblait si évident maintenant qu’elle était assise loin de lui. Bon sang, qu’est-ce qui s’est passé Liz ?

 La sonnette de la porte d'entrée mit fin à sa réflexion. Elle soupira, excédée. Si Marc n’arrivait plus à trouver la serrure, cela voulait sûrement dire que son repas d’affaire s’était déroulé à merveilles. A moins qu’il ne se soit encore agi du fils des voisins qui venait la supplier de le laisser rentrer chez lui en passant par leur jardin.

 Lorsqu’elle le vit, la mine sévère qu’elle avait préparée pour faire face à l’intru, se mua l’espace d’un instant en un air surpris. Mais, la surprise fit très vite place à la colère et Elisabeth se lança dans une longue tirade furieuse sur la politesse qui voulait qu’on ne vienne pas emmerder les gens à une heure pareille. Il afficha un grand sourire en guise d’excuse et se faufila entre elle et la porte, laissant leurs corps se frôler dans un frisson.

 La porte refermée, elle garda la main sur la poignée durant quelques secondes et expira longuement. Elle devait à tout prix se calmer et le faire partir d’ici. Marc pouvait rentrer d’une minute à l’autre. Thibault et Marc dans la même pièce. Cette image lui donna la nausée.

 Profitant de son effet de surprise, Thibault laisse Liz dans l’entrée et alla inspecter le salon sans attendre d’y être invité. La maison était grande, plutôt jolie, il devait bien le reconnaître. Tout autour de lui était décoré avec goût. Les tons crème des murs et du mobilier se mariaient à merveille avec le parquet en chêne. Chaque bibelot, chaque photographie avaient été disposés avec soin et après une réflexion de la plus haute importance, il pouvait le sentir. Seul le plaid qui reposait nonchalamment sur le canapé lui rappelait que sa Liz vivait ici. Le reste lui rappelait les pages d’un magazine de décoration suédois. Se pouvait-il que la femme qu’il avait aimée ait changé à ce point ? Il secoua la tête, agacé par cette facette qu’il découvrait. Il se tourna pour faire face à Liz qui patientait debout derrière lui, les bras croisés. Il marcha dans sa direction et se posta à ses côtés, tout près.

« Jolie photo. Déclara-t-il dans un sourire moqueur. »

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