À mon plus beau souvenir

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Très chère et précieuse grand-mère,


C'est toi mon plus beau souvenir d'enfance, ma meilleure nostalgie, ma profonde mélancolie. Cette maison dans laquelle je passais des après-midis entiers à grignoter les gaufrettes qui trainaient sur le meuble de la cuisine, à gribouiller à la craie sur la cheminée, à regarder et à critiquer tout ce qui passait à la télé avec toi. Je me rappelle de ces émissions de cuisine, des dramas coréens, du Livre de la jungle et du Petit Prince dont l'adaptation passait à la télévision. C'était mon dessin animé préféré, et au passage, la première fois que je suis tombée amoureuse d'un personnage fictif.

Je me rappelle de chaque printemps. Lorsque tu nous préparais ces galettes en forme de soleil, qu'on faisait rouler dans l'herbe fleurie et qu'on mettait dans des petits paniers avec des oranges. Je me rappelle des jonquilles et des marguerites qu'on cueillait dans les prairies. Les longues balades en voiture, les frites que tu faisais frire dans une vieille marmite, les meringues et les crèmes glacées achetées chez l'épicier, le pot de mayonnaise Lesieur, le libraire super gentil chez qui j'achetais des fournitures et de quoi dessiner, et sache que je dessine toujours à l'heure actuelle. Les grandes chaises en bois lisse, la bibliothèque et ses livres qui intriguaient l'enfant que j'étais et que je peux lire désormais, le bruit que faisait la porte de la maison quand elle s'ouvrait, les châtaignes qu'on mettait sur le chauffage à feu au lieu de les faire griller dans le four, la chaleur qui se dégageait de la cuisine et dont le souvenir me réchauffe le cœur, la collection de montres de grand-père et sa chaise bleu turquoise sur laquelle j'adorais dessiner, les dessins que tonton imprimait et que je coloriais pour les scotcher sur la porte de sa chambre, il n'avait pas décroché ce Bob l'éponge que j'avais colorié, jusqu'au jour où cette maison n'a plus été celle de mon enfance.

J'ai longtemps cru avoir oublié ces moments qui m'ont construite, mais en me ressassant ces détails et en les énumérant, je me rends compte que je n'ai rien oublié, que tout est encore fortement ancré en moi, au point que j'en pleure en y repensant parfois.

J'espère te revoir encore cet été, je me suis promis de passer beaucoup plus de temps avec toi, même si plus rien n'est comme avant. Grand-père est décédé, tu as déménagé, je ne suis plus un enfant et mon regard sur le monde n'arrête pas de changer. Plus rien n'est comme avant, et je donnerai tout pour revivre encore une fois la joie de te connaître, la joie de passer des après-midis avec toi, la joie de n'être qu'un enfant. Tu te sens très seule désormais, je peux la sentir ta solitude à travers ta voix au téléphone et je ne veux pas rester éloignée de toi plus longtemps. Je veux tellement te revoir, tellement, tellement. Merci pour tout, merci pour mes souvenirs d'enfance, tu en es le plus merveilleux.

Ta petite fille

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