Chapitre "l'enfance c'est mieux"

5 minutes de lecture

Une fois que l’adrénaline redescend, je me sens soudain beaucoup plus faible. La tribu est maintenant en état de fête ! Le chef a décidé de fêter le retour de sa petite-fille et de mon intégration à la tribu.

Plus de retour en arrière, je suis obligé de me montrer à la hauteur. Je viens de manger un humain. Je tourne la tête un instant pour voir autour de moi. Le village est magnifiquement bien entretenu. La forêt l’entoure tel un manteau magique et discret. Je ne peux m’empêcher de comparer cet endroit au village des schtroumpfs. Introuvable !

Je me retourne vers la tribu, mais je ne trouve plus Saliana. Je tourne sur moi-même, à la recherche de ma belle. Je la vois assise avec les femmes de la tribu. Elle a une grande feuille sur les genoux. Nolan, il va falloir que tu te socialises !

Je marche dans la terre pour rejoindre un groupe de cinq hommes armés de lances. Ils discutent en rond. Je m’approche doucement. Je dois passer cette peur et cette langue que je ne comprends pas.

Avant que j’aie pu m’approcher suffisamment. Trois lances se baissent devant moi. Je lève les mains, un sourire nerveux se dessine sur mes lèvres. Je ne suis pas le bienvenu. Ce qui est ridicule aussi, c’est que je suis bien plus grand qu’eux.

J’entends quelqu’un qui court vers moi. Je pense que c’est Saliana. Je recule un peu des bouts pointus et certainement empoisonnés.

Une main puissante me tire en arrière et c’est un autre homme qui se place devant moi, pour me protéger. Il parle avec les cinq guerriers. Les lances se relèvent et je suis tiré avec l’homme qui vient de me sauver. Il me parle dans sa langue. Je ne comprends pas un mot mais je souris lorsqu’il se tourne vers moi.

C’est un homme, plutôt un jeune homme. Il doit avoir seize ans maximum. Je me sens soudain vieux avec mes vingt-cinq ans. Le jeune homme a de long cheveux noirs et la peau bronzée. On voit sur son dos, un début de tatouage noir. Il semble représenter une sorte d’insecte flippant. Il porte quelques bijoux, certainement des ossements humains. Je l’aime bien parce qu’il n’est pas effrayant. Ses yeux sont foncés, mais il ne m’inspire pas de la peur comme les autres hommes de cette tribu.

Nous passons devant la cage des touristes. Quelque chose m’attrape les pieds et je tombe en avant, mangeant de la terre et des feuilles.

— Traitre ! Fait nous sortir de là ! Menace Marin qui me tient la cheville.

Je le regarde, je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’une sorte de machette lui coupe la main. Je hurle aussi fort que lui qui souffre. Tout le village se tourne vers nous. Les hommes avec les lances ricanent dans leur coin, se moquant certainement de moi. Saliana soupire un peu et retourne à sa tâche avec sa feuille. Seul le chef m’ignore royalement.

Je regarde le membre pendre à ma cheville. Mon ami de seize ans attrape la main, il tient fièrement la machette. Il me sourit amicalement et me tenant le membre sectionné de mon congénère comme réconforts à ma peur. Je ne bouge pas, toujours sur le ventre dans la terre. C’est tellement horrible…

Mon ami soupire, il pose sa machette sur un tronc et m’aide à me relever. Tenant toujours la main. Je vais vomir, je me fais violence pour ne pas m’évanouir sur place.

Nous arrivons vers un petit groupe. Je me rends compte que ce sont des enfants. Le jeune me fait signe de m’assoir sur ce morceaux de tronc coupé. Il parle aux enfants qui comprennent parfaitement ce qu’il dit.

Je suis donc avec les enfants mâles de la tribu pour apprendre à tailler dans des os. Et lorsque mon ami, le jeune ou le petit garçon qui se tient à ma droite prend quelque chose. Ils me le montrent et disent le mot. J’ai vite compris que je devais répéter ce qu’ils disent pour comprendre. Je commence à intégrer. Je me sens étrangement bien avec eux. Les enfants ont entre trois et dix ans. Le jeune est les plus âgés. Il montre comment devenir un homme de la tribu.

Je prends beaucoup de plaisir à tailler mon morceau d’ossement humain. C’est étrange comme situation, mais je ne me sens plus aussi mal qu’avant.

Lorsque mon os ressemble enfin à un pique solide que j’ai consolidé avec un bout de bois. Mon ami nous montre comment former une lance qui tient la route.

Des mains délicates viennent se poser sur mes épaules. Je vois un vieux vernis à ongle rouge qui commence à s’effriter. Je sais tout de suite que c’est Saliana. Elle sent bon. J’aime cette femme. Elle regarde les enfants et leur parle doucement. Ils rigolent. Le jeune me sourit et montre la main de Marin qui trône au centre de notre cercle.

— Tu te familiarises bien avec l’environnement ?

— Je fais de mon mieux. Je sais comment on dit le mot bois.

Saliana pose un baiser sur ma joue souriant. Elle voit que je fais des efforts. Et avec les enfants, c’est plus agréable qu’avec les gros malabars qui se fichaient de moi parce que je hurle lorsqu’une main est coupée. Pardon, mais d’où je viens, il n’est pas coutume de trancher le membre des autres.

J’ai donc maintenant une lance capable en théorie de me permettre de chasser. Les enfants, les plus jeunes court autour de moi en rigolant. Je regarde mon ami de seize ans. Il m’observe en souriant amicalement. Il est tant qu’on se présente. Parce qu’il se lève, me tire par la main. Je me lève aussi. Je suis grand devant lui. Il pose sa main gauche sur son cœur.

— Kirinio.

Je l’imite, posant moi aussi ma main gauche sur mon cœur. Je le regarde en souriant.

— Nolan.

Nous entendons comme des petits cris aigus venir de derrière nous. Comme si un oiseau était en train de s’étouffer, je suppose qu’un oiseau fait ce bruit lorsqu’il s’étouffe. Kirinio m’attrape par la main et court vers le bruit. Les enfants nous dépassent aussi en courant et en rigolant.

Les enfants se jettent dans les bras de leur mère. Kirinio s’arrête. Il me montre Saliana derrière le groupe des femmes. J’avance vers elle. Ma petite amie pose un baiser sur ma joue et me montre les mères qui tirent leurs enfants vers ce qui semble être le centre du village. L’endroit où il y a le feu.

— Les femmes appellent leurs enfants avec ces petits cris. Dans la forêt, c’est très pratique. Tu t’es fait un ami qui semble bien t’apprécier. Et tu ne comprends toujours rien ? Ce n’est pas grave. Ce soir, c’est la fête. Alors il va y avoir un grand festin, avec pleins de danses pour les esprits de la forêt. La fête commence dans quelques minutes, lorsque le soleil commencera à décliner.

J’ai eu une très grosse journée et très longue. Je n’ai pas remarqué que le soleil baissait. J’avais passé toute la journée à lutter contre la fatigue qui m’accablait. Je pense pouvoir encore repousser cette fatigue un moment.

Et plus, ce serait très mal vu, si je m’en vais. Il vaut mieux tout faire pour se faire aimer. Il en va de ma survie.

Annotations

Vous aimez lire zenerice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0